Claudine à l’école est une œuvre intemporelle de Colette, une auteure française, parue en 1900, qui plonge le lecteur dans l’univers d’une jeune fille audacieuse du nom de Claudine. Elle vit à Montigny, un petit village de Bourgogne, et nous raconte ses aventures et mésaventures à l’école avec une franchise désarmante. Entre la directrice, Mlle Sergent, ses camarades aux personnalités diverses et les émois adolescents, Claudine navigue avec espièglerie et candeur. Ce roman, au ton à la fois humoristique et mélancolique, est une véritable peinture de la vie rurale à la fin du XIXe siècle, où les jeux innocents côtoient les premières découvertes de l’amour. Découvrons cette œuvre ensemble.
Résumé de “Claudine à l’école” de Colette
Plumes, billes et confidences : le journal d’une jeune fille à Montigny
Au cœur du village de Montigny, niché entre forêts et prés, vit Claudine, une adolescente de quinze ans. Son père, un intellectuel passionné, semble davantage absorbé par ses recherches sur les mollusques plutôt que par l’éducation de sa fille. Néanmoins, Claudine ne cesse de surprendre par son intelligence et ses talents, notamment en écriture et en musique. Elle passe de longues heures dans la bibliothèque paternelle, dévorant tant les classiques que les ouvrages contemporains. Déjà impressionnante pour son âge, sa culture littéraire se révèle au quotidien.
Mais c’est à l’école du village que Claudine trouve sa véritable source de bonheur. En effet, Claudine fréquente la petite école de Montigny, qui constitue le cœur des aventures narrées dans ce roman de Colette. Le récit est présenté tel un journal intime de l’adolescente. Ses journées s’animent de promenades aux côtés de sa sœur de lait, Claire, à qui elle confie ses émois amoureux.
À l’école, Claudine retrouve ses fidèles amies : Anaïs, Marie Belhomme et les jumelles Jaubert. Elles font partie des élèves les plus âgées visant l’obtention du Brevet élémentaire à la fin de l’année, diplôme marquant la fin des études pour de nombreux élèves à la fin du XIXe siècle.
Malgré cela, elles s’adonnent encore à des plaisirs enfantins, courant dans la cour, jouant aux billes et mâchonnant leurs crayons scolaires. À quinze ans, des sentiments et des émotions complexes commencent à émerger. Et même si ces adolescentes sont loin d’être totalement naïves, elles ne parviennent pas encore à décrypter entièrement leurs ressentis. Toutefois, les adultes qui gravitent autour d’elles déchiffrent déjà les nuances de cette phase transitionnelle.
Entre changements et chuchotements
L’année scolaire débute avec d’importants bouleversements : l’ancien bâtiment scolaire est détruit pour être remplacé par un édifice moderne. De plus, le corps enseignant accueille de nouvelles figures. Mlle Sergent, femme au caractère affirmé et à l’apparence austère, est accompagnée de la douce Mlle Aimée Lanthenay ; toutes deux s’occuperont des filles.
Du côté des garçons, il y a Antonin Rabastens, un Marseillais confiant en son propre charme, et Armand Duplessis, rapidement affublé du surnom de “Richelieu“. Avec l’arrivée de ces enseignants à Montigny, une complicité émerge rapidement entre Claudine et Mlle Lanthenay, empreinte de gestes tendres et d’embrassades. Cependant, Mlle Sergent intervient et signifie à Mlle Lanthenay qu’elle ne doit plus voir Claudine.
Ainsi, il devient évident que Mlle Sergent souhaite garder Aimée pour elle seule. L’atmosphère au sein de l’école se teinte d’étrangeté, les élèves perçoivent une relation naissante entre les deux enseignantes, à peine voilée.
Se sentant trahie, Claudine rend la vie difficile aux deux femmes, percevant leurs démonstrations d’affection comme répugnantes, avec la complicité d’Anaïs et de Marie Belhomme.
La désillusion de Duplessis
De son côté, Armand Duplessis semble aveugle à la situation entre Mlle Lanthenay et Mlle Sergent. Il succombe rapidement au charme d’Aimée, et ils forment ensemble un couple attachant, allant jusqu’à annoncer leurs fiançailles. Cependant, la donne change avec l’arrivée inattendue du docteur Dutertre. Aspirant à une carrière politique et rêvant d’un siège de député, il visite fréquemment l’école. Sous prétexte de sa qualification médicale, il examine attentivement les élèves plus âgées, dont Claudine avec ses yeux perspicaces et son allure distincte.
Cependant, c’est Aimée Lanthenay qui retient particulièrement son attention. Cela devient tellement évident que les élèves eux-mêmes en prennent conscience. Lorsque Duplessis découvre sa fiancée dans les bras du docteur Dutertre, il agresse physiquement ce dernier en lui cassant la figure. Il se met également à insulter Mlle Lanthenay ainsi que Mlle Sergent. Pour éviter tout scandale, le docteur Dutertre fait muter l’instituteur ailleurs.
L’arrivée de Luce Lanthenay
Les jours s’écoulent. L’intimité entre la directrice et son assistante est évidente pour tous. Le charismatique Antonin Rabastens enseigne le chant aux élèves les plus âgés, se croyant irrésistible dans ses tentatives de séduction. L’école accueille une nouvelle venue, Luce, la cadette d’Aimée Lanthenay. Elle commence aussi à se préparer pour le Brevet. Tout aussi affectueuse et enjôleuse que sa sœur, elle cherche à se lier d’amitié avec Claudine. Mais cette dernière prend plutôt plaisir à la taquiner et à la maltraiter. Toutefois, les deux finiront par devenir bonnes amies.
Le Brevet
Claudine mûrit et progressivement s’éloigne des jeux et des insouciances de l’enfance. Le temps de passer le Brevet approche rapidement. Mlle Sergent accompagne les candidates sur le lieu de l’examen pendant toute la durée de cette épreuve.
Les jeunes candidates sont d’abord soumises à des tests écrits, qui déterminent leur éligibilité pour les oraux. Malgré la chaleur, la complexité des examens avec des exercices ardus, des dictées embrouillées, des questions extrêmement difficiles et des matières qui semblent déconnectées de la réalité quotidienne, Claudine et la majorité de ses amies réussissent. De retour à Montigny, une célébration majeure est en préparation : un ministre, proche du docteur Dutertre, est attendu en visite !
Le scandale de la mère de Mlle Sergent
L’anticipation envahit la petite ville à mesure que chacun s’affaire à organiser les festivités. Les élèves de l’école s’investissent pendant des heures à confectionner des fleurs en papier pour décorer les murs du nouvel établissement. L’arrivée du ministre transforme Montigny en un lieu de joie et de festivité.
La fête bat son plein : repas, rires, danses et divertissements. Certains, dont le docteur Dutertre, abusent manifestement de l’alcool. Emporté par l’euphorie et l’ivresse, il s’éclipse un long moment avec la directrice. C’est alors que la mère de cette dernière crée un scandale en surprenant les deux en tête-à-tête. Elle expulse brutalement le docteur mal vêtu. Cet épisode cocasse et audacieux marque la fin de cette chronique rurale, symbolisant le passage de Claudine de l’enfance à l’âge adulte. Bientôt, elle quittera Montigny pour la capitale.
Présentation des personnages
Claudine, quinze ans, vit dans un petit village bourguignon. Elle est fille unique, son père est un savant malacologiste et sa mère est morte. Claudine est une jeune fille originale et indépendante. Elle est passionnée de lecture, aime la campagne et a un caractère affirmé. À l’école, Claudine est une élève douée mais paresseuse. Elle se lie d’amitié avec ses camarades, mais se heurte aussi à l’autorité des adultes. Elle est partagée entre son enfance, qu’elle aime, et l’âge adulte, qui l’attire et l’effraie à la fois. Nous pouvons dire que Claudine est une jeune fille qui se cherche et qui s’interroge sur sa place dans le monde. Elle est tiraillée entre son enfance, qu’elle aime et l’âge adulte, qui l’attire et l’effraie. Claudine est attirée par les filles et les garçons. Elle découvre sa sexualité et s’interroge sur sa nature. C’est une jeune fille indépendante et libre qui refuse les conventions sociales et s’affirme comme une femme moderne.
Mlle Sergent, qui se prénomme Olympe, prend la direction de l’école de Montigny, remplaçant l’ancienne directrice que Claudine appréciait. Bien que d’apparence ingrate, c’est une institutrice compétente, mais son caractère acerbe et sa tendance à s’énerver rapidement la desservent. Dès le début, elle essaie de se rapprocher de Claudine en lui faisant des avances à peine voilées, mais face au rejet de cette dernière, elle commence une relation avec son adjointe, Aimée. Cette liaison est très visible, et Mlle Sergent néglige parfois ses responsabilités d’enseignante pour se consacrer à ses moments intimes avec Aimée. La bisexualité de Mlle Sergent est suggérée par sa proximité avec la responsable d’une pension. De plus, elle est également attirée par le docteur Dutertre, un conseiller cantonal. Elle devient jalouse lorsqu’il s’approche d’autres élèves. Claudine, qui désapprouve les actions de Mlle Sergent, s’oppose souvent à elle. Pourtant, Mlle Sergent reconnaît le fait que Claudine soit une bonne élève et elle n’hésite pas à lui confier des responsabilités. À un moment donné, Mlle Sergent admet avoir voulu faire de Claudine sa favorite, mais elle ne l’a pas fait étant donné que cette dernière a refusé ses avances. Cela est surprenant et complètement inapproprié compte tenu de leur différence d’âge et de statut. Les actions et les désirs de Mlle Sergent la placent en dehors des normes sociales traditionnelles de son époque. Lorsqu’elle est prise en flagrant délit avec le docteur Dutertre par sa propre mère, cette dernière, qui jusque-là fermée les yeux sur la sexualité débridée de sa fille, l’humilie publiquement.
Mlle Aimée Lanthenay est une jeune femme d’origine modeste. Elle a grandi dans un milieu familial difficile, avec une mère abusive. De petite taille, elle a des traits imparfaits, mais elle dégage un charme certain. Elle est naturellement chaleureuse et est en quête de tendresse. Au début, elle est attirée par Claudine, avec qui elle a une relation ambiguë. Elle est ensuite séduite par Mlle Sergent, avec qui elle vit une relation amoureuse passionnée. Bien qu’elle soit attirée par les femmes, elle n’hésite pas à flirter avec les hommes. Elle est d’ailleurs fiancée à Armand Duplessis, un enseignant honorable. Cependant, Aimée n’est pas une femme fidèle et elle et se retrouve impliquée dans les plans de Mlle Sergent, qui la pousse vers un autre homme. Cela cause finalement la rupture de ses fiançailles avec Duplessis. Aimée ne semble pas être affectée par cette rupture. Elle profite de son statut privilégié auprès de Mlle Sergent, délaissant quelque peu ses responsabilités professionnelles. Lors d’un bal à la fin du récit, elle s’amuse avec de beaux danseurs, savourant leur attention. Mais un scandale survient, la bouleversant au point de la faire quitter le lieu en larmes. Aimée est une femme complexe et ambivalente. Elle est à la fois charmante et attachante, mais elle est aussi influençable et instable. Elle semble naviguer dans la vie sans prendre de décisions fermes, se laissant entraîner dans différentes situations sans montrer une grande passion ou détermination. Sa vie semble être faite de facilités et d’affections.
Luce Lanthenay, la sœur d’Aimée, intègre l’école de Montigny en milieu d’année. Cette jeune fille qui paraît en avoir treize a toujours été dans l’ombre de sa sœur. En effet, elle est souvent perçue comme étant moins attrayante et moins brillante. En effet, ses notes scolaires sont décevantes. Claudine l’intimide. Pourtant, elle désire profondément son amitié. Elle lui écrit même une lettre, exprimant son souhait d’avoir une relation complice comme celle de sa sœur Aimée avec Mlle Sergent. Luce cherche avant tout à être reconnue et aimée, mais elle a adopté une attitude passive face aux situations et aux personnes. Dès son apparition, elle endure les cruautés d’Anaïs sans défense, et désigne Claudine comme sa principale persécutrice. Bien que cette dernière la maltraite physiquement, Luce se montre docile et recherche le contact physique avec elle. Elle confesse qu’elle aime le frisson de la peur en l’absence de réel danger. Sa relation avec Claudine reflète des nuances de sadomasochisme. Son désir est de vivre avec Claudine une relation similaire à celle observée entre sa sœur et Mlle Sergent. Cependant, lors d’un bal, Luce démontre également son attirance pour les hommes, soulignant ainsi sa bisexualité.
Anaïs est très proche de Claudine. Elle a un talent inné pour faire rire les gens. Connue pour sa duplicité, cette jeune fille à l’allure effilée a une prédilection pour les fournitures scolaires. Elle entame des liaisons avec les jeunes hommes du coin. Elle savoure la souffrance d’autrui, prend plaisir à l’échec de Marie Belhomme, joue des tours cruels à ses camarades lors des annonces de résultats d’examen, et n’épargne pas Luce à son arrivée. La seule personne qu’elle redoute est Claudine, qui n’hésite pas à la gifler sans qu’elle n’ose riposter.
Marie Belhomme est une fille naïve. Bien qu’elle ait quinze ans, elle en paraît huit. Sa pureté fait d’elle une victime idéale pour les taquineries, mais son innocence intrinsèque atténue la cruauté de ses camarades. Sa fraîcheur contraste avec Anaïs, et son esprit un peu rigide lui fait échouer à l’examen du brevet élémentaire.
Claire est la sœur de lait de Claudine. Elle ne fréquente plus l’établissement scolaire et passe ses journées à garder son troupeau, incarnant la bergère rêveuse d’histoires d’amour. Elle désire un amour presque féerique, cherchant des déclarations dignes des romans. Bien qu’elle ait de nombreux prétendants, elle ne s’abandonne jamais totalement à leurs désirs. Elle s’interroge sur la raison pour laquelle ses relations ne durent pas, car pour elle, l’amour est purement romantique et poétique, loin des attentes physiques de ses prétendants. Claire se dessine comme une figure presque idéalisée. Elle est la bergère ingénue, à contre-courant des écolières rusées et bien au fait des affaires de cœur. Elle établit un pont entre Claudine et la ruralité, que cette dernière s’apprête à délaisser pour Paris à la fin de l’année. Auprès de Claire, Claudine retrouve cette simplicité qu’elle n’a pas à Montigny.
Antonin Rabastens est un professeur des garçons, fraîchement arrivé. Son accent du Sud, singulier dans ce petit village de Bourgogne, est retranscrit avec humour par Colette. Cet homme jovial aime se mettre en avant. Il est responsable du cours de chant pour les filles aînées de l’école. Il essaie de les séduire, et bien qu’il se considère comme irrésistible, il est plutôt maladroit dans ses approches. Les jeunes filles s’amusent à le charmer, mais n’hésitent pas à se moquer de lui. À la fin du livre, il devient le prétendant de Claire. Si ce personnage prête à sourire sous la plume de Colette, il ne faut pas oublier la gravité de ce qu’il fait. En effet, il porte un regard inapproprié sur ses élèves. Aujourd’hui, ses manières lui auraient valu des sanctions pires que l’exclusion.
Armand Duplessis donne des cours aux garçons. Tout comme Rabastens, il vient tout juste d’arriver. Son patronyme évoque l’illustre ministre de Louis XIII, ainsi, on le surnomme “Richelieu“. Sa silhouette élancée et ses membres démesurés lui valent également le surnom de “Compas“. Rapidement, il est épris d’Aimée Lanthenay. Il lui fait la cour de manière passionnée et finit par la demander en fiançailles. Toutefois, leurs projets de mariage volent en éclats lorsqu’il la surprend dans les bras de Dutertre. Il est le seul à s’offusquer des comportements instaurés par Mlle Sergent à l’école. Blessé, il dénonce publiquement Aimée et la directrice. Pour apaiser la situation, Dutertre s’arrange pour qu’il soit muté ailleurs.
Le docteur Dutertre n’est pas n’importe qui, c’est un conseiller cantonal, qui aspire à devenir député. Cet homme de pouvoir exerce aussi la profession de médecin. Il réalise les visites médicales des élèves toutefois, il en profite pour les regarder de manière inappropriée et se “rincer l’œil“. Il faut dire que Dutertre a une sexualité débordante. Il n’est pas capable de maintenir son côté nymphomane et, en tant que prédateur sexuel, il entretient une relation avec de nombreuses femmes : Mlle Sergent, Mlle Lanthenay. Du fait de sa position sociale, il n’hésite pas à faire des propositions indécentes aux jeunes élèves, notamment Claudine. Ainsi, ce personnage incarne le prédateur sexuel. Bien plus qu’un séducteur compulsif à la fois nymphomane et pédophile.
Analyse de l’oeuvre
Claudine à l’école est un roman qui dérange. Non par son style d’écriture qui se révèle plutôt simple, mais par rapport aux choses inimaginables qui se produisent au sein de l’école.
L’école de la perversion
Le corps enseignant a une attitude assez perverse. Loin de là l’idée de condamner la relation entre Mlle Sergent et Mlle Lanthenay. Toutefois, leur intimité se révèle plus n’être qu’un désir ardent d’une pure sexualité plutôt que d’amour. À l’instar du docteur Dutertre qui apparaît comme un nymphomane. Quoi qu’il en soit, malgré leur penchant sexuel, on ne peut pas vraiment leur en porter rigueur étant donné qu’ils sont adultes et “responsables“.
Là où ça devient dérangeant, c’est qu’ils reproduisent cette dynamique intime avec leurs élèves. C’est à cet instant précis que tout devient malsain. En effet, Mlle Sergent affirme à Claudine qu’elle lui a faite des avances, Aimée se laisse caresser par Claudine de manière plutôt ambiguë. Dutertre regarde les jeunes filles de manière inappropriée, à l’instar de Rabastens. Ici, nous avons à faire à un cadre où l’adulte, plutôt que d’aider les jeunes adolescentes à s’épanouir et à trouver leur voie dans leur propre sexualité, ne fait que les perdre, voire les pervertir. Nous sommes clairement dans une dynamique malsaine où le corps enseignant profite des jeunes adolescentes.
D’une part, nous avons la naïveté, l’insouciance et l’innocence des jeunes adolescentes et d’un autre côté, nous avons ce corps enseignant qui profite pleinement de leur statut pour exercer leur penchant sexuel. Il est intéressant de noter qu’à travers cette perversion, le corps enseignant délaisse totalement sa fonction première : éduquer les jeunes filles, tant dans leur épanouissement que dans leur scolarité. L’enfant n’est alors plus un être en devenir, mais un objet de désir sexuel que les adultes rêvent d’avoir.
Un désir imaginé
Pour autant, il est important de signaler qu’aucun “crime” n’est réellement commis. Dutertre, Mlle Sergent, Mlle Lanthenay et Rabastens souhaitent tous et toutes assouvir leurs pulsions, mais celles-ci ne restent qu’un désir. À aucun moment, il n’est assouvi, même si par moment, on frôle la limite de l’inacceptable comme lorsque Mlle Lanthenay se laisse caresser par Claudine ou lorsque cette dernière est isolée dans un coin par Dutertre. C’est dans ce contexte que les jeunes filles évoluent et passent du monde enfantin des jeux insouciants au monde des adultes.
Toutefois, ce monde des adultes qu’elles côtoient est loin d’être sain, elles se retrouvent piégées dans un monde où éphébophiles (des personnes attirées par des adolescent(e)s) et pédophiles cherchent activement leurs proies.
Que se serait-il passé si Claudine avait accepté les avances de Mlle Sergent ? Que serait-il advenu entre Mlle Lanthenay et Claudine si cette dernière était moins insouciante ?
À travers ces dynamiques, nous prenons vite conscience que ces figures d’autorité cherchent à pervertir les jeunes filles pour leur propre bien. Ils n’ont aucune dose d’empathie pour celles qu’ils éduquent. Ils ne cherchent qu’à assouvir leurs propres pulsions, ce qui crée une barrière assez mince entre le psychopathe et le pédophile. Il est intéressant de noter que dans cette histoire, l’auteur ne condamne rien. L’histoire est racontée comme cela, sans prise de position. C’est une histoire qui, malheureusement, a pu arriver, arrive certainement et risque d’arriver par la suite. En ce sens, Claudine à l’école apparaît comme une œuvre universelle, même si les faits décrits dérangent et sont plutôt malsains, à la limite de la légalité.