Bonjour à tous, je suis Madame Faridani, votre guide passionnée à travers les récits marquants de la littérature d'anticipation. Aujourd’hui, nous partons pour un futur inquiétant avec le résumé de Ravage de René Barjavel.
Publié en 1943, ce roman de science-fiction nous transporte dans un monde ultramodernisé où la technologie règne en maître. Mais que se passerait-il si tout s'arrêtait soudainement ? C’est la question que pose Barjavel à travers l’histoire de François Deschamps, un jeune ingénieur, témoin de l’effondrement brutal de la civilisation moderne suite à la disparition totale de l’électricité.
Avec Ravage, l’auteur soulève des thèmes essentiels : la fragilité de nos sociétés technologiques, le retour à la nature et la quête d’un mode de vie plus authentique. Êtes-vous prêts à explorer un monde où l’homme doit réapprendre à survivre sans machines ni confort moderne ?
"Ravage" est l’un des premiers romans français à aborder la question du progrès technologique avec un regard critique. René Barjavel y invente même le concept du "paradoxe du grand-père", devenu un classique dans les récits de voyage dans le temps.
Points clé de ce résumé sur
Ravage
René Barjavel (1911-1985) est un auteur français majeur de la science-fiction. Connu pour ses œuvres visionnaires, il interroge le progrès technologique et ses conséquences sur l’humanité. Ravage, publié en 1943, est l’un de ses romans les plus emblématiques.
Ravage
1943
Science-fiction / Roman d'anticipation
Ravage a été publié en pleine Seconde Guerre mondiale, une période marquée par les avancées technologiques et les craintes liées à leur usage. Barjavel y exprime ses angoisses face aux dérives du progrès industriel et à la fragilité des sociétés modernes, dépendantes de la technologie.
La critique du progrès : Barjavel questionne la dépendance de l’homme aux machines et la perte des savoir-faire traditionnels.
Le retour à la nature : Après l’effondrement de la civilisation, les survivants doivent renouer avec un mode de vie primitif et plus authentique.
La survie et la résilience : François Deschamps incarne la figure du héros qui lutte pour survivre et reconstruire un nouveau monde.
La fragilité de la société : Le roman met en lumière la vulnérabilité d’un monde trop dépendant de l’électricité et des infrastructures modernes.
"Ravage" a été initialement publié en 1943 dans le journal collaborationniste Je suis partout. Cette publication durant l'Occupation a suscité des débats sur les influences idéologiques présentes dans le roman, notamment en ce qui concerne la critique du progrès technologique et le retour à une société plus rurale.
Résumé intégral sur Ravage
Résumé court du roman de René Barjavel
Une métropole moderne s’effondre brutalement lorsqu’une panne d’électricité inexpliquée plonge la ville dans le chaos. Sans énergie, tout s’arrête : lumières, voitures, eau, communications. La société sombre rapidement dans la panique et la loi du plus fort s’installe. Les services d’urgence, contraints d’utiliser des chevaux, peinent à gérer la situation tandis que la faim pousse les habitants à des actes désespérés.
Dans ce décor apocalyptique, François Deschamps, un jeune chimiste issu d’une famille paysanne, devient un héros inattendu. Fort de son bon sens rural et de ses compétences pratiques, il décide de quitter la ville pour rejoindre sa famille à la campagne. En chemin, il croise Blanche, son amie d’enfance, et Jérôme, un riche industriel dépassé par les événements. Ensemble, ils entreprennent un périlleux voyage semé de dangers naturels et humains.
Arrivés à destination, François fonde une nouvelle société déconnectée de la technologie, organisée autour de valeurs rurales strictes et de règles rigides. Mais lorsque le progrès tente de faire surface à travers l’invention d’une simple machine agricole, François, terrifié par un éventuel retour au chaos technologique, condamne l’inventeur, provoquant sa propre mort.
Cette histoire interroge notre dépendance à la technologie et soulève une réflexion profonde : peut-on échapper au progrès sans compromettre l’avenir ? Elle rappelle que l’équilibre entre tradition et innovation est fragile et que fuir le changement n’empêche pas son retour inévitable.
Résumé détaillé sur Ravage
La catastrophe inattendue
Un jour, dans une métropole totalement dépendante de l'énergie, tout bascule. L'électricité disparaît soudainement sans aucune explication. Les conséquences ? Catastrophiques :
- Les lumières s'éteignent brutalement.
- Les voitures sont immobilisées.
- Les distributeurs d'eau cessent de fonctionner.
- Les communications sont coupées, même la radio ne répond plus.
Le monde découvre alors, horrifié, à quel point il est dépendant de l’électricité.
La société en chute libre
Avec l'absence totale d'énergie, la panique s’installe. Les services d'urgence, incapables d’utiliser des véhicules modernes, se déplacent à cheval. Et les habitants, pris dans la spirale de la faim et du désespoir, se livrent à des actes impensables :
- Les réfrigérateurs étant hors service, la nourriture pourrit.
- Les gens affamés attaquent même les chevaux pour survivre.
La loi de la jungle s’impose, où seuls les plus forts survivent. Compassion et bienveillance ? Totalement oubliées.
Un héros inattendu : François Deschamps
François Deschamps, un jeune homme issu d'une famille paysanne, devient le héros malgré lui. Parti en ville pour étudier la chimie, il n’a jamais perdu le bon sens et le savoir-faire rural. Quand le chaos éclate, il sait qu'il doit rejoindre sa famille à la campagne.
Sur sa route, il croise deux personnages clés :
- Blanche Rouget, son amie d’enfance fidèle et courageuse.
- Jérôme Seita, un riche industriel impuissant, abandonné par ses employés.
François devient le leader naturel du groupe, grâce à ses compétences pratiques et son bon sens.
Un voyage périlleux vers la survie
Avec Blanche, Jérôme et d'autres survivants, François entame un périple dangereux vers la campagne. Le chemin est semé d'embûches :
- Des tempêtes violentes et des sécheresses extrêmes.
- Des incendies ravageant les paysages.
- Des hommes devenus fous de faim et de pouvoir.
Mais grâce à sa force et à son ingéniosité, François guide le groupe jusqu’à un lieu isolé où ils peuvent recommencer à zéro.
La naissance d'une nouvelle société
Dans ce nouveau monde, François fonde une société sans technologie, basée sur des valeurs rurales et un mode de vie quasi-féodal :
- Une organisation patriarcale stricte.
- La polygamie autorisée pour assurer la pérennité du groupe.
- Des règles rigides pour maintenir l'ordre.
François devient un leader respecté, mais son attachement à ces principes le rend vulnérable à la peur du changement.
La tragédie finale
Lorsqu'un jeune inventeur présente une machine pour faciliter le travail des champs, François est terrifié. Il y voit un retour au cauchemar technologique. Pris de panique, il condamne l’inventeur à mort. Mais ce dernier, en légitime défense, tue François.
Malgré tout, les survivants détruisent la machine, respectant la dernière volonté de François. Mais le cycle est inévitable : tôt ou tard, la technologie renaîtra, et avec elle, les risques d’une nouvelle catastrophe.
Les leçons de cette histoire
Cette histoire nous pousse à réfléchir :
- Sommes-nous trop dépendants de la technologie ? 🤔
- Quels sont les vrais piliers d'une société durable ? 🌍
- Peut-on vraiment fuir le progrès sans en payer le prix ? ⚡
François Deschamps nous laisse un message profond : l’humanité oscille toujours entre progrès et destruction. La clé ? Trouver l’équilibre. ⚖️
L'étude des personnages de ce roman de René Barjavel
Présentation des personnages de ce résumé sur Ravage
Personnage | Description | Rôle |
---|---|---|
François Deschamps |
Jeune homme de 22 ans, originaire de la campagne. Il est courageux et volontaire. | Protagoniste principal, symbole du retour aux valeurs essentielles face à l'effondrement de la civilisation. |
Blanche Rouget |
L'amie d'enfance de François, âgée de 17 ans. Elle est influençable mais retrouve le droit chemin aux côtés de François. | Figure de l'amour et du soutien, elle incarne la pureté et l'attachement aux racines. |
Jérôme Seita |
Directeur d'une importante société de radio, homme riche et influent, jouant un rôle clé dans la vie de Blanche. | Représentant du monde moderne et de ses excès, symbole des dérives technologiques. |
Narcisse, Georges, André, Martin, Pierre et Teste |
Les compagnons de François lors de la fuite après la catastrophe. Parmi eux, seuls Pierre et Narcisse survivront. | Symboles des liens humains et de la solidarité face à l'adversité. |
Paul |
Ce descendant de Narcisse est un homme raisonnable et prudent. Il épouse la fille de François et devient chef de la communauté. | Figure de la continuité et du renouveau après la catastrophe. |
Denis |
Jeune inventeur talentueux, apparaissant à la fin du roman. | Symbole de l'espoir et de l'innovation au sein de la nouvelle société. |
Ravage est un roman d'anticipation de René Barjavel qui explore les dangers d'une société dépendante de la technologie. À travers le parcours de François, l'auteur met en avant l'importance du retour aux sources et des valeurs humaines face aux dérives du progrès.
Analyse des personnages de Ravage
François Deschamps – Le héros au grand cœur
François Deschamps, 22 ans, c’est ce gars simple du milieu rural qui respire le courage et la détermination. Son rêve ? Intégrer une prestigieuse école de chimie agricole à Paris. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu...
Dans un monde où l’électricité règne en maître, une panne mondiale bouleverse tout. Le chaos s’installe, et c’est là que François montre sa vraie force. Il prend les devants et devient le leader dont tout le monde a besoin. Pas de super-pouvoirs, juste du charisme et une volonté d’acier.
Avec un petit groupe de survivants, il affronte :
- La famine qui ronge les villes dévastées
- Les maladies qui s’étendent rapidement
- Les attaques de pillards prêts à tout pour survivre ⚔️
Malgré tout ça, François garde le cap et ramène tout le monde à la campagne. Là, il réussit à rebâtir une communauté agricole solide et autosuffisante. Un vrai retour aux sources !
François, c’est l’image parfaite du type qui sait encaisser les coups et continuer d’avancer. Il nous rappelle à quel point la nature et les vraies valeurs comptent quand tout s’écroule autour de nous.
Blanche Rouget – L'artiste en quête de sens
Blanche Rouget, 17 ans, c’est la fille pleine de rêves qui voit Paris comme la ville de tous les possibles. Amie d’enfance de François Deschamps, elle rêve d’une carrière artistique sous les projecteurs. Mais les choses dérapent vite...
À Paris, elle croise le chemin de Jérôme Seita, un directeur de radio influent. Flattée et séduite par ses promesses de succès et de luxe, elle accepte sa proposition de mariage, laissant derrière elle ses racines et François.
Mais voilà, le monde s’effondre quand la catastrophe frappe. Fini les paillettes et les illusions. Seule et vulnérable, Blanche réalise à quel point ce monde artificiel est fragile.
Heureusement, François débarque et la sauve. Ensemble, ils entament un périple loin de la ville en ruines. Pendant leur fuite, Blanche redécouvre :
- La simplicité de la vie rurale
- La valeur des liens du passé
- L’importance de l’authenticité face aux faux-semblants
Blanche évolue énormément au fil du roman. D’une jeune fille influençable, elle devient une femme forte, en quête de sens et d’authenticité.
Jérôme Seita – Le maître des ondes au pied d’argile
Jérôme Seita est l’archétype parfait du businessman qui règne sur son empire. À la tête d’une grande entreprise de radiodiffusion, il incarne la modernité à outrance et le matérialisme sans limites.
Charismatique mais manipulateur, il utilise son pouvoir d’influence pour tirer les ficelles dans l’ombre. Quand il croise Blanche Rouget, il voit en elle bien plus qu’une jeune fille ambitieuse : une conquête de plus à ajouter à son tableau. Pour ça, pas de scrupules ! Il n’hésite pas à écarter François Deschamps, qu’il perçoit comme un obstacle à ses plans.
Mais tout s’écroule quand la panne mondiale frappe. Sans électricité, sans ondes, Jérôme perd tout ce qui faisait sa force. Adieu confort moderne, adieu pouvoir.
Face à cette nouvelle réalité, Jérôme se retrouve démuni. Il incarne alors la fragilité d’une société trop dépendante de la technologie.
En résumé, Jérôme Seita c’est :
- Un homme de pouvoir prêt à tout pour arriver à ses fins
- Un symbole de la dépendance technologique
- La preuve vivante que sans électricité, même les plus puissants tombent
Narcisse, Georges, André, Martin, Pierre et Teste – Le crew de l’exode
Quand François Deschamps décide de fuir un Paris dévasté, il ne part pas tout seul. Il est vite rejoint par six compagnons de route : Narcisse, Georges, André, Martin, Pierre et Teste. Chacun a sa personnalité bien marquée et des compétences qui se complètent à merveille.
Ensemble, ils forment une véritable micro-société soudée, où la solidarité devient la clé de la survie. Leur périple n’a rien d’une promenade de santé : entre les dangers naturels (faim, maladies) et les menaces humaines (pilleurs, violences), chaque jour est un combat.
Au fil du voyage, les liens se renforcent mais les épreuves laissent des traces. Finalement, seuls Pierre et Narcisse parviennent au bout du chemin, rejoignant le village natal de François.
Ce groupe incarne des valeurs fortes :
- Amitié – Un soutien mutuel face à l’adversité
- Loyauté – Rester unis malgré les dangers ️
- Sacrifice – Donner de soi pour protéger les autres
Leur parcours est un vrai concentré d’humanité, où la fraternité devient une arme aussi puissante que n’importe quelle technologie.
Paul – Le leader discret mais efficace
Paul, descendant de Narcisse, n’est pas du genre à faire de grandes déclarations. C’est un gars réfléchi et prudent, toujours à peser le pour et le contre avant d’agir. Il devient un personnage clé après la reconstruction de la communauté menée par François Deschamps.
En épousant la fille de François, Paul ne fait pas qu’unir deux familles, il assure la continuité des valeurs que François avait instaurées : entraide, respect de la nature et solidarité.
Mais les choses prennent un tournant dramatique quand François entre en conflit avec Denis, un jeune inventeur un peu trop audacieux. Ce face-à-face se termine tragiquement par la mort de François. C’est là que Paul se révèle : sans forcer, il prend les rênes de la communauté et devient naturellement le nouveau chef.
Pourquoi Paul est-il le bon leader ? Parce qu’il sait :
- Faire preuve de sagesse dans les moments critiques
- Mettre en avant son sens du devoir envers la communauté
- Assurer la stabilité et la prospérité du groupe
Paul incarne la figure du leader calme mais solide, celui sur qui tout le monde peut compter quand la tempête frappe.
Denis – L'inventeur audacieux qui bouscule les règles
Denis débarque à la toute fin du roman, mais il laisse une sacrée empreinte ! Jeune forgeron ingénieux, il est animé par une énorme soif de progrès. Pas du genre à se contenter de la routine, Denis se met en tête de ramener la technologie dans un monde qui avait tourné la page. Comment ? En créant une machine à moteur – un symbole fort du retour à l'ère industrielle.
Mais là où Denis voit une opportunité, François Deschamps perçoit une menace. Ayant vécu les horreurs provoquées par la dépendance technologique, François craint que l’histoire se répète. Le choc des idéologies est inévitable et tourne au drame : lors d’une confrontation tendue, Denis tue François dans un geste de défense.
Mais la communauté, encore marquée par les erreurs du passé, n’est pas prête à pardonner. Denis est exécuté, devenant le symbole d’une question essentielle :
- Jusqu’où aller dans la quête de progrès ?
- Peut-on trouver un équilibre entre tradition et modernité ?
- Faut-il toujours payer le prix fort pour innover ?
Le personnage de Denis soulève ces dilemmes sans offrir de réponse simple. Il incarne ce tiraillement éternel entre avancer et préserver.
Analyse de Ravage : Décryptage d'une dystopie visionnaire
Contexte historique et influences idéologiques : Le roman miroir de l'Occupation
Écrit en pleine Seconde Guerre mondiale et publié sous l'Occupation allemande en 1943, Ravage porte les marques profondes d’une époque troublée. Barjavel y insère des thématiques proches du régime de Vichy, tout en adoptant une approche critique qui brouille les pistes.
Le roman aborde plusieurs thèmes clés :
- Le culte du chef incarné par François, un leader charismatique qui reconstruit une société agraire tout en flirtant dangereusement avec l’autoritarisme.
- Le retour à la terre, un idéal prôné par le régime, que Barjavel revisite à travers une société post-apocalyptique où l’agriculture devient la base d’une nouvelle civilisation.
- La méfiance envers le modernisme, critiquée à travers l’effondrement brutal du monde technologique et industriel.
Cette ambivalence est renforcée par le contexte de publication. Les premières éditions comportaient une épigraphe de Céline, retirée après la Libération, illustrant l’influence complexe de la collaboration intellectuelle sur le texte.
Le roman reflète aussi les mentalités des années 1940, notamment par :
- Des stéréotypes raciaux, comme la désignation de l'« empereur noir », révélateurs des préjugés de l’époque.
- Une vision patriarcale qui alimente le récit sans pour autant constituer un manifeste idéologique.
Ravage reste ainsi un miroir déformé de son époque, oscillant entre critique sociale et héritage des mentalités d’alors.
Une critique prophétique de la dépendance technologique
Barjavel signe dans Ravage une satire puissante contre une société technicienne où l’humain devient l’esclave de ses propres inventions. La panne électrique mondiale agit comme un révélateur brutal : sans machines, l’humanité se retrouve désemparée, incapable de survivre.
Le roman souligne cette déshumanisation à travers une citation marquante, attribuée à Céline dans les premières éditions :
Les hommes épris de matière sont maudits. Lorsque l’homme divinise la matière, il se tue."
Barjavel fait preuve d’une étonnante clairvoyance en anticipant certaines évolutions technologiques qui sont devenues notre quotidien :
- La nourriture synthétique avec des steaks cultivés in vitro, préfigurant la viande de laboratoire.
- Les objets jetables en « plastec », une vision avant-gardiste de notre société du tout-jetable.
- Les écrans 3D et les livres audio, devançant l’essor des technologies numériques actuelles.
Cette critique du progrès s’inscrit dans un courant intellectuel des années 1930-40, influencé par des penseurs comme Bernanos (La France contre les robots) et René Guénon (La Crise du monde moderne), qui dénonçaient déjà les dérives d’une modernité déshumanisante.
Avec Ravage, Barjavel nous pousse à réfléchir : jusqu’où l’homme peut-il aller avant que ses créations ne se retournent contre lui ?
Écologie avant l'heure : Une collapsologie involontaire
Considéré aujourd’hui comme un précurseur de l’écologie politique, Ravage dépeint un monde qui s’effondre sous le poids de ses propres excès. Barjavel décrit un effondrement systémique provoqué par des choix humains déconnectés de la nature.
Les causes de cette catastrophe sont multiples :
- La surconsommation énergétique qui pousse la société à ses limites, jusqu’à la panne fatale.
- L’artificialisation des modes de vie, où tout est mécanisé et automatisé, déshumanisant le quotidien.
- La rupture du lien Homme-Nature, qui laisse l’humanité vulnérable face aux caprices de son environnement.
La catastrophe électrique agit comme une forme de purification brutale, presque darwinienne. Barjavel illustre cette idée avec une phrase marquante :
La Nature est en train de tout remettre en ordre."
Cette vision moralisatrice du désastre, vue comme un châtiment divin contre l’orgueil technologique, fait écho aux thèses collapsologiques modernes, qui alertent sur les risques d’un effondrement global.
Pourtant, à l’époque de sa publication, peu prenaient ces idées au sérieux. Les contemporains de Barjavel y voyaient surtout un divertissement fantaisiste, preuve que la conscience écologique a besoin d’un contexte historique précis pour émerger pleinement.
Structure narrative et procédés stylistiques : Entre conte philosophique et thriller apocalyptique
Le roman Ravage combine plusieurs registres avec une véritable maîtrise cinématographique. Barjavel jongle habilement entre différents tons et ambiances pour offrir au lecteur une expérience riche et immersive.
Le récit s’articule autour de plusieurs temps forts :
- Un prologue utopique qui présente un Paris de 2052 aux prouesses technologiques impressionnantes, où la modernité règne en maître.
- Un basculement thriller qui plonge dans le chaos urbain : émeutes, épidémies et même scènes de cannibalisme viennent rompre la quiétude initiale.
- Une épopée biblique lors de l’exode vers les Cévennes, évoquant des récits mythiques de fuite et de survie.
- Une conclusion pastorale à la fois utopique et nostalgique, où la nature reprend ses droits et l’homme retrouve un mode de vie plus simple.
Barjavel excelle dans les descriptions sensorielles, immergeant le lecteur au cœur de son univers. On sent presque les odeurs putrides des cadavres, la soif brûlante qui tenaille les personnages ou encore la morsure du soleil cévenol sur la peau.
Son style alterne entre un lyrisme poétique et des phrases plus mordantes. Il passe d’images douces comme :
La nuit était douce, pleine d’étoiles et du parfum des foins coupés."
À des punchlines cyniques, marquant la critique du progrès :
Le progrès n’est qu’une lente préparation de la catastrophe finale."
C’est cette combinaison unique de styles et de registres qui donne toute sa force au roman.
Postérité paradoxale de Ravage
Classé parmi les œuvres fondatrices de la science-fiction française, Ravage a laissé une empreinte durable dans la littérature. Son influence se retrouve clairement dans plusieurs romans majeurs qui ont suivi.
Parmi les œuvres directement inspirées, on retrouve :
- Malevil de Robert Merle (1972), qui explore lui aussi un monde post-apocalyptique où la nature reprend ses droits.
- La Route de Cormac McCarthy (2006), un récit poignant sur la survie dans un univers dévasté.
- Les nombreux romans de Michel Jeury, qui s’inscrivent dans cette lignée de science-fiction spéculative.
Ravage trouve également un nouvel écho face aux crises contemporaines, comme les pandémies ou l’effondrement énergétique. Ces thématiques en font un objet d’étude transdisciplinaire, analysé par divers spécialistes :
- Les collapsologues, tels que Pablo Servigne, qui explorent les risques d’effondrement de nos sociétés.
- Les historiens de la SF, comme Natacha Vas-Deyres, qui replacent le roman dans l’évolution du genre.
- Les philosophes de la technique, notamment Bernard Stiegler, qui s’interrogent sur les impacts du progrès technologique.
Mais lire Ravage aujourd’hui demande un double regard :
- Littéraire : pour apprécier son inventivité formelle et sa force visionnaire.
- Historique : pour comprendre le contexte idéologique des années 1940 qui a influencé sa conception.
C’est cette richesse de lecture qui fait de Ravage un classique intemporel, toujours d’actualité.
Leçons contemporaines : Ce que Ravage dit de notre présent
Ravage soulève des questions brûlantes qui résonnent encore fortement au 21e siècle. Barjavel ne se contente pas de raconter un effondrement, il pousse aussi à la réflexion sur les défis majeurs de notre époque.
Le roman interroge plusieurs enjeux essentiels :
- Résilience collective : Comment une société peut-elle se reconstruire après un choc systémique ? Le roman explore les mécanismes de survie et les liens humains mis à l’épreuve.
- Autonomie alimentaire : Doit-on revenir à une agriculture traditionnelle ou continuer à dépendre des technologies avancées ? Ce dilemme est au cœur du récit.
- Gouvernance : Quel système politique garantit la survie ? Le roman oppose un leadership autoritaire à l’idée d’une démocratie participative.
La mise en garde contre l’hybris technologique est plus que jamais d’actualité à l’ère du réchauffement climatique et de l’intelligence artificielle. Barjavel anticipe les dérives possibles d’un monde qui s’en remet trop aux machines.
La dernière réplique du roman résonne comme un avertissement et un espoir :
Nous recommencerons. Mais nous ne referons pas les mêmes erreurs."
Un défi lancé directement à notre génération, nous invitant à réfléchir à la manière dont nous façonnons notre avenir.
Ravage : un laboratoire narratif entre peurs, espoirs et questionnements intemporels
Ravage n’est pas seulement un roman d’anticipation. C’est un véritable laboratoire narratif où s’expriment à la fois nos peurs les plus profondes et nos espoirs les plus fous. Barjavel y explore les grands questionnements humains tout en tissant un récit captivant.
Le livre nous pousse à réfléchir sur plusieurs thématiques universelles :
- La peur de l’effondrement : Et si tout s’arrêtait du jour au lendemain ? Le roman met en scène cette angoisse d’une société qui repose trop sur la technologie.
- L’espoir de renaissance : Malgré la catastrophe, il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Barjavel montre qu’après le chaos, la reconstruction est possible.
- La lutte entre progrès et nature : Le récit interroge sur l’équilibre fragile entre avancées technologiques et respect du monde naturel.
C’est cette capacité à questionner des enjeux intemporels qui fait de Ravage une œuvre majeure. Le roman dépasse largement son époque pour continuer à parler aux générations futures.
En fin de compte, Barjavel nous rappelle que la grande littérature n’a pas de date de péremption. Elle continue d’évoluer avec nous, expérimentant sans cesse nos craintes et nos espoirs.
En vrai le livre est vraiment bien, je l’ai découvert en cours grâce à mon prof de français, et je ne suis vraiment pas déçu.