Littérature

Rudyard Kipling, Histoires comme ça, Le Crabe qui jouait avec la mer : résumé, personnages et analyse

Face frontale de la revue analytique de Le Crabe qui jouait avec la mer de Kipling comportant un condensé, un tableau des protagonistes, et une étude.
Ecrit par Les Résumés

Le conte Le Crabe qui jouait avec la mer (The Crab that Played with the Sea) de Rudyard Kipling, un auteur britannique d’origine indienne, est un conte qui a été publié pour la première fois dans le recueil Histoires comme ça. Ce conte relate l’histoire du Doyen des Magiciens, également appelé l’Aîné des Magiciens selon les versions, qui a ordonné aux animaux de jouer leur propre rôle et d’obéir à l’Homme. Toutefois, le Crabe, ne l’entendant pas de cette oreille, décide de jouer avec la mer. Cette histoire vise à expliquer le phénomène des marées et des vagues tout en étant un conte étiologique qui cherche à expliquer l’origine des pinces du crabe. Partons à la découverte de ce conte du XXème siècle écrit par l’auteur du Livre de la Jungle.

Résumé détaillé du recueil Histoires comme ça – “Le Crabe qui jouait avec la mer” de Rudyard Kipling

Au commencement des temps, le Doyen des magiciens invita tous les animaux à participer à un jeu. Chaque animal devait apprendre à jouer selon sa nature : l’Éléphant devait faire l’Éléphant, le Castor devait se comporter comme un Castor, la Vache devait jouer au jeu de la vache, etc. L’Homme, accompagné de sa fille assise sur ses épaules, demanda au Doyen à quel jeu il devait jouer. Ce dernier lui répondit qu’il était trop malin pour participer à un jeu aussi simple. L’Homme demanda alors si les animaux lui obéiraient, ce à quoi le Doyen acquiesça.
Cependant, le Crabe Pau Amma, qui ne voulait pas obéir, profita de l’échange entre l’Homme et le Doyen pour se cacher au fond de la mer. La fille de l’Homme le vit, mais garda le silence. Dans les jours qui suivirent, tous les animaux jouèrent et, sous la supervision du Doyen des magiciens, ils modelèrent l’environnement pour qu’il ressemble à celui que nous connaissons aujourd’hui.

Tout se passait bien, mais un jour, l’Homme se plaignit au Doyen des magiciens que la mer était le seul élément qui ne lui obéissait pas. Chaque jour, le niveau de la mer montait, inondant tout sur son passage, avant de redescendre. Intrigué, le Doyen des magiciens décida de trouver qui était responsable de ce phénomène. Avec l’Homme et sa petite fille, il prit la mer en pirogue et interrogea les poissons, les oiseaux, le pêcheur de la lune, le rat, mais aucun ne semblait être à l’origine de ce mouvement. Finalement, la petite fille révéla qu’elle avait vu Pau Amma se cacher au fond de la mer lors de la répartition des rôles. En effet, le crabe était bien caché et ne sortait qu’une fois par jour, remuant ainsi toute la mer de par sa taille imposante.

En voyant les ravages qu’il faisait, il crut qu’il était important. Le Doyen des magiciens lui retira sa carapace et il se retrouva nu et mou. Sans défense, il savait qu’il était une proie facile. Le Doyen des magiciens négocia avec le crabe pour qu’il respecte ses engagements. Celui-ci se défendit en expliquant que cette histoire n’était pas de sa faute, mais de celle de l’Homme et de sa fille. L’Homme lui promit que lui et ses enfants seraient aussi à l’aise sur terre que dans l’eau et sa petite fille accepta de lui donner des ciseaux (pinces) pour qu’il puisse casser des noix et des coquilles. Enfin, le Doyen consentit à lui redonner sa carapace à condition qu’il ne la perde qu’une seule fois par an. Pau Amma accepta tous ses cadeaux et le Doyen des magiciens le fit tout petit.

En tant que personnage paresseux, l’Homme demanda au Doyen des magiciens que le Pêcheur de la Lune fasse osciller la Mer dans un sens et dans l’autre afin qu’il n’ait pas à pagayer. Ainsi naquirent les vagues, et les crabes se virent dotés de pinces pour s’agripper aux rochers et profiter des noix et des coquillages.

Présentation des personnages

Le Doyen des Magiciens se présente comme un homme sage qui crée un jeu auquel les animaux sont invités à participer. Il supervise le déroulement du jeu afin que chaque animal ait un rôle bien défini dans ce monde. Son objectif est de façonner la terre avec l’aide des animaux présents. En tant que figure d’autorité, il s’assure que tous les animaux comprennent bien leur rôle et obéissent à l’homme. Il est également chargé de résoudre les problèmes pour créer un monde meilleur. Bienveillant et soucieux de maintenir l’équilibre de la vie, il est prêt à prendre des mesures drastiques pour y parvenir. Bien qu’il ne soit pas le créateur, il incarne la divinité et le surnaturel dans ce conte.

Le Crabe Pau Amma n’est pas un crabe ordinaire. En tant que roi de son espèce, il est le plus gros crabe qui puisse exister, “plus haut que la fumée de trois volcans“. Lorsqu’il sort de la mer pour se nourrir, il remue l’eau si violemment qu’elle vient inonder des pans de terre. Pau Amma est un personnage rusé qui profite de l’échange entre l’Homme et le Doyen pour ne pas se voir attribuer de rôle, incarnant ainsi la désobéissance. Il est également un fin négociateur, comme en témoigne son comportement lorsqu’il est pris en train de jouer avec la mer.

L’Homme, en tant que fils d’Adam, est considéré comme l’unique animal qui ne joue pas. Selon le Doyen des Magiciens, l’Homme est trop intelligent pour jouer comme les autres animaux. Cette caractéristique lui permet d’avoir un pouvoir absolu sur les autres animaux. Cependant, lorsqu’il constate que la Mer ne lui obéit pas, l’Homme se plaint auprès du Doyen pour obtenir un contrôle total sur son environnement. Cette attitude reflète un besoin de contrôle sur son environnement, ce qui lui permet de bénéficier des bienfaits de la terre sans trop d’efforts. L’homme est donc paresseux, ce qui est souligné vers la fin du conte.

La fille de l’Homme est une enfant curieuse et attentive. En effet, elle est la seule à remarquer que le Crabe Pau Amma se cache au fond de la mer. Toutefois, elle ne le dira que lorsqu’ils chercheront le responsable qui joue avec la mer. Dans la résolution du conflit avec le crabe Pau Amma, elle accepte de lui faire don de ses ciseaux pour qu’il puisse casser des noix et des coquillages.

Les autres animaux (l’éléphant, le castor, le rat et la vache) symbolisent l’obéissance. Ils sont présents pour aider le Doyen des magiciens à modeler la terre. Très impliqués dans leurs tâches respectives, ils s’assurent qu’ils font les choses comme il faut lorsque le Doyen des magiciens vient observer leur travail.

Le pêcheur de la lune est celui qui a pour rôle d’agir sur la mer en créant des marées et des vagues.

Analyse de l’oeuvre

Schéma narratif

Situation initiale Au commencement des temps, le Doyen des magiciens invite tous les animaux à participer à un jeu, où chaque animal doit jouer selon sa nature.
Élément perturbateur Le Crabe Pau Amma refuse d’obéir et se cache au fond de la mer.
Péripétie L’Homme se plaint au Doyen des magiciens que la mer est le seul élément qui ne lui obéit pas et le niveau de la mer monte chaque jour, inondant tout sur son passage avant de redescendre. Le Doyen et l’Homme interrogent les animaux pour découvrir l’origine de ce phénomène, et la fille de l’Homme révèle que Pau Amma est responsable.
Dénouement Le Doyen des magiciens retire la carapace de Pau Amma pour le rendre sans défense et négocie avec lui pour qu’il respecte ses engagements. L’Homme et sa fille font des promesses au crabe, et le Doyen accepte de lui redonner sa carapace à condition qu’il ne la perde qu’une fois par an.
Situation finale L’Homme demande au Pêcheur de la Lune de faire osciller la mer dans un sens et dans l’autre pour ne pas avoir à pagayer, et les crabes sont dotés de pinces pour s’agripper aux rochers et profiter des noix et des coquillages.

Une fable sur l’équilibre naturel et la coexistence avec l’homme

Le conte Le Crabe qui jouait avec la mer de Rudyard Kipling est une fable morale qui souligne l’importance de respecter l’équilibre naturel. Le Doyen des magiciens, en tant que figure d’autorité, désigne les tâches aux différents animaux pour façonner la terre et obéir à l’Homme, la seule créature intelligente. On observe une nette distinction entre l’Homme, qui symbolise le pouvoir absolu sur les animaux, et ces derniers, qui coopèrent pour maintenir l’équilibre de la vie tout en permettant à l’Homme de contrôler son environnement sans effort.

Ce qui est intéressant, c’est que l’Homme est lui aussi un animal, tout autant que la Vache ou l’Éléphant, mais le Doyen ne lui assigne aucun rôle à jouer étant donné qu’il est trop malin et donc, implicitement, intelligent, pour s’occuper de telles affaires. Cependant, on peut supposer que l’auteur sous-entend que l’Homme n’a pas sa place dans cet équilibre naturel et est le seul qui ne sert à rien. En fin de compte, l’Homme ne fait que jouir d’un environnement qui tourne autour de sa petite personne et des animaux qui lui doivent obéissance. Ainsi, l’Homme peut être vu comme cet animal redoutable qui ne cherche qu’à exploiter les ressources et menace tout un écosystème.

Le Crabe Pau Amma se montre récalcitrant sur l’idée d’un Homme tout-puissant au pouvoir absolu. Outre la désobéissance, il peut représenter les conséquences de l’exploitation de la nature par l’homme. En remuant la mer, il provoque des inondations et met en danger la vie des autres animaux et des êtres humains. Cette situation rappelle les effets négatifs du changement climatique, de la pollution et de la destruction des écosystèmes naturels sur la planète. En prenant des mesures pour rétablir l’équilibre naturel, le Doyen des magiciens montre qu’il est possible de trouver un consensus où l’homme et la nature peuvent travailler l’un avec l’autre pour un avenir plus sain et plus écologique. Plutôt que de dominer la nature, l’homme peut coexister avec elle.

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