Littérature

Jean-Paul Sartre, Huis clos : résumé, personnages et analyse

Page d'introduction à la critique de lecture sur Huis clos de Jean-Paul Sartre, avec un récapitulatif, une présentation des personnages et une étude thématique.
Ecrit par Les Résumés

Huis clos est une pièce de théâtre écrite par Jean-Paul Sartre, un auteur français, en 1944. Elle met en scène trois personnages : Garcin, Inès et Estelle, qui se retrouvent ensemble dans une chambre close après leur mort. Bien qu’ils soient morts, ils ne sont ni au paradis ni en enfer, mais plutôt dans une sorte de purgatoire où ils sont condamnés à passer l’éternité ensemble.

Selon la philosophie existentialiste de Sartre, l’être humain a une liberté absolue et est responsable de ses propres actions. Il n’y a pas de force supérieure, comme une divinité ou une transcendance, qui dirige l’humanité. Les individus sont donc seuls face à leur existence et doivent trouver leur propre sens de la vie.

Explorons cette œuvre du 20ème siècle ensemble et découvrons pourquoi pour Sartre, “l’enfer, c’est les autres”.

Résumé détaillé scène par scène de Huit clos de Jean-Paul Sartre

Scène 1

Garcin est conduit par le Garçon dans un salon de style Second Empire, sans fenêtre et sans issue. Bien qu’il n’y ait aucun instrument de torture et que le bourreau est absent, Garcin se rend vite compte qu’il est bel est bien dans une sorte d’”enfer”. Il n’y a pas d’objet du quotidien, pas de miroir, pas de lit. Garcin demande une brosse à dents, une demande vaine et grotesque. Pourquoi se brosserait-il les dents ? Garcin apprend que la lumière est toujours allumée. Il demande s’ils l’éteignent de temps en temps, le Garçon ne se rappelle pas qu’il l’est déjà éteint à cet étage. Garcin essaie de soulever la lampe pour la casser, mais celle-ci est bien trop lourde. Il essaie la sonnette pour voir si elle marche. Elle fonctionne parfaitement pour le plus grand étonnement du valet. Toutefois, il avoue à Garcin qu’elle est souvent capricieuse avant de partir.

Scène 2

Garcin est seul. Il s’approche de la statue de bronze et la caresse de la main. Il s’assied, puis se relève. Il va vers la sonnette et appuie dessus, mais celle-ci ne fonctionne pas. Il essaie plusieurs fois, mais en vain. Il se dirige alors vers la porte et essaie de l’ouvrir, mais elle résiste. Il appelle.
Le Garçon ne répond pas à Garcin, et ce dernier commence à frapper à la porte pour se faire entendre. Il finit par capituler et va s’asseoir. La porte s’ouvre et Inès entre avec le Garçon.

Scène 3

Le Garçon explique à Inès que Garcin est déjà au courant de tout ce qu’il y a à savoir sur la pièce et il sort sans les présenter. Inès demande à Garcin où est Florence et lui fait comprendre que s’ils cherchent à la faire souffrir en la privant de cette femme, c’est raté. Inès explique que Florence était une sotte et qu’elle vit mieux sans elle. Garcin lui explique qu’il n’est pas le bourreau et se présente en tant que Joseph Garcin, un publiciste et homme de lettres. Inès se présente sous le nom d’Inès Serrano. Cette dernière pense que ceux qui les ont enfermés ont l’air d’avoir peur. Elle se renseigne pour savoir si on peut sortir de cette pièce, mais Garcin lui explique que la porte est verrouillée.
Comprenant que sa présence importune Inès, Garcin souhaite se faire tout petit et décide de se taire. Inès arpente la pièce. Toutefois, ses tics de visage agacent Inès qui lui demande d’arrêter. Mais Garcin étant en proie à la peur, c’est plus fort que lui. Il décide de se cacher le visage avec ses mains.

Scène 4

Estelle entre dans la pièce avec le garçon. En voyant Garcin qui dissimule son visage, elle le confond avec une autre personne et pense qu’on lui fait une farce. Quand Garcin montre son visage, elle rit de sa méprise. Elle trouve le décor de la pièce affreuse. Elle souhaiterait s’asseoir, mais son canapé et celui d’Inès ne vont pas avec la couleur bleue de sa robe. Seul celui où est assis Garcin conviendrait parfaitement bien. Garcin se lève et laisse Estelle s’asseoir à sa place. Elle se présente en tant qu’Estelle Rigault. Elle indique au Garçon qu’ils n’ont plus besoin d’eux.

Scène 5

Que font-il là

Nous apprenons dès le début de la scène que les trois personnages sont morts, mais ne s’étant jamais senti aussi vivant, Estelle propose qu’ils s’appellent les absents. Estelle a été emportée par la pneumonie, Inès vient de Paris et est morte à cause du gaz, Garcin a reçu douze balles dans la peau. Il vient de Rio. Il laisse sa femme qui doit se douter qu’il est parti. Toutefois, il sait qu’elle ne pleurera pas. Elle ne pleurait jamais. Absorbé par ses pensées, Garcin finit par se rasseoir sur le canapé d’Estelle. Il s’excuse lorsqu’il s’en rend compte.
Garcin a trop chaud et finit par enlever son veston. En voyant sa chemise, Estelle dit ne pas apprécier. Inès avoue ne pas beaucoup apprécier les hommes. Estelle se demande pourquoi ils les ont réunis. Estelle se demande s’ils ne se connaissent pas. Elle leur demande s’ils n’ont pas côtoyé les Dubois-Seymour qui accueillent les gens du monde entier dans leur château en Corrèze.
Mais cela est impossible. Inès était employée des postes et Garcin n’a jamais quitté Rio. Pour Inès, même s’ils ne se connaissent pas, il n’y a aucun hasard. Ils attendent quelque chose. Estelle déteste qu’on puisse attendre quelque chose d’elle. En général, quand cela arrive, elle préfère faire l’inverse de ce qu’on lui demande.

Les bourreaux

Estelle explique qu’elle était une pauvre orpheline, élevée par son frère cadet. Un vieil ami de son père, un homme riche et bon, lui a demandé sa main. Son frère étant devenu malade, elle a accepté pour pouvoir s’occuper de lui. Elle a vécu comme ça pendant de nombreuses années jusqu’à ce qu’elle rencontre l’homme qu’elle devait aimer. Quand il a voulu qu’elle parte avec lui, elle a refusé et elle a fini par attraper la pneumonie.
Garcin explique qu’il a été fusillé. Inès estime que c’est un héros et demande des détails sur sa femme. Garcin explique qu’il l’a tiré du ruisseau. Inès est amusée de la situation. Pour elle, s’ils sont présents dans cet “enfer”, c’est qu’ils ont forcément quelque chose à se reprocher. Puis elle finit par comprendre qu’ils sont les bourreaux entre eux.

L’autre en tant que miroir

Garcin refuse d’être le bourreau et propose qu’ils aillent chacun dans leur coin sans se parler. Estelle accepte, mais veut un miroir. Inès en avait un, mais en cherchant dans son sac, elle ne le retrouve plus. Estelle est dépitée à l’idée de vivre l’éternité sans miroir. Elle ne sent exister que parce qu’elle se voit. Elle se dit qu’elle a sûrement dû mettre son rouge à lèvre de travers. Inès propose à Estelle d’être son miroir et de la guider pour mettre son rouge à lèvre. Inès lui dit que c’est excellent et qu’elle lui plaît. Estelle le comprend, mais se demande si cela lui plairait à elle également. Inès montre clairement son attirance pour Estelle et elle se rapproche d’elle. Toutefois, Estelle préférerait que Garcin la regarde ce qui irrite Inès.

Tous les trois sont responsables

Garcin leur demande de revenir au calme et souhaite qu’ils continuent de s’ignorer. Toutefois, l’irritation d’Inès continue et elle souhaite observer Garcin et Estelle. C’en est trop pour Garcin qui commence à devenir un peu trop entreprenant pour Estelle avant de révéler les infamies qu’il a faites. C’était un ivrogne qui prenait plaisir à martyriser sa femme psychologiquement. Il n’avait aucun scrupule à coucher avec d’autres femmes. La femme de Garcin a fini par mourir de chagrin.
Inès avoue qu’elle a détourné progressivement Florence de son mari afin de la séduire. Ce dernier est mort en se faisant renverser par un tramway. C’était le cousin d’Inès et elle n’a pas hésité à le pousser sur les rails. Puis, elle avoue qu’elle a continué à faire souffrir Florence pour lui dire qu’ils avaient tué son mari. Une nuit, Florence a allumé le gaz et elle est repartie se coucher. Garcin demande à Estelle ce qu’elle a fait. Après avoir résisté un petit temps, elle finit par avouer qu’elle a une relation avec un autre homme que son mari. Enceinte, elle est partie en Suisse pour le rejoindre. Elle a accouché d’une fille. Son amant était content, mais pas elle. Estelle a fini par noyer son bébé au plus grand désespoir de son amant qui s’est finalement suicidé d’une balle dans la tête. Les trois personnages comprennent qu’ils sont réunis parce qu’ils sont responsables de la mort de personnes qu’ils aimaient.

L’Enfer, c’est les autres

Inès aimerait qu’Estelle soit séduite par elle, mais cette dernière n’a d’yeux que pour Garcin. Écoeurée, elle les regarde se séduire et se dire des mots doux. Garcin explique qu’il devait aller à la guerre, mais qu’il a préféré partir. Manque de chance, il a été arrêté à la frontière. Garcin se demande s’il n’a pas été lâche et il demande son avis à Estelle qui se fiche bien de tout cela du moment qu’il est auprès d’elle. À un moment, Garcin en a marre des deux femmes et souhaite partir. Il tambourine à la porte et celle-ci finit par s’ouvrir. Garcin ne veut plus y aller et se tourne vers Inès, en délaissant Estelle, pour qu’elle réponde à sa question : a-t-il été lâche ? Comprenant qu’Inès le verra toujours, il refuse de s’offrir à Estelle. Cette dernière se dit que cela peut s’arranger et elle saisit le coupe-papier pour s’en prendre à Inès. Cette attitude fait beaucoup rire Inès étant donné qu’elle est déjà morte. Ils comprennent qu’ils sont tous les trois dans le même bateau et que “l’enfer, c’est les autres”.

Présentation des personnages

Joseph Garcin est le premier à arriver dans le salon. C’est un journaliste et un homme de lettres qui a été fusillé pour avoir déserté. Ce “héros”, qui n’en est pas un, est en réalité un homme porté sur la boisson qui maltraitait sa femme psychologiquement simplement parce qu’il le pouvait et que cela lui procurait du plaisir. C’est également un lâche, car il s’est caché derrière son pacifisme pour fuir la guerre où il avait peur de mourir. Dans la pièce, il se rapproche d’Estelle et se méfie énormément d’Inès.

Inès Serrano est une lesbienne. Elle est plus clairvoyante que les deux autres, mais également plus agressive. Elle arrive juste après Garcin, mais ne montre que du mépris pour lui dès le début. Quand Estelle arrive, elle tente de la séduire en vain. Inès a poussé son cousin sous les rails d’un tramway pour se rapprocher de sa femme, Florence. Pendant des mois, elle a tout flambé en elle en lui expliquant qu’elles étaient toutes deux responsables de la mort de son mari. Une nuit, Florence est partie allumée le gaz sans qu’Ines ne soit au courant et elle est revenue s’allonger auprès d’elle.

Estelle Rigault est une jeune femme mondaine aux yeux verts qui a épousé un vieil ami de son père, un homme riche pour s’occuper de son frère malade. Ce dernier s’était occupé d’elle lorsqu’ils étaient pauvres et orphelins. Elle finit par rencontrer un homme qui devient son amant. Ils ont une longue aventure et elle finit par tomber enceinte. Pour cacher sa grossesse à son mari, elle fuit en Suisse avec son amant. Elle accouche d’une petite fille qu’elle décide de tuer au plus grand désespoir de son amant. Ce dernier décide de se donner la mort. Très séductrice, cette femme égoïste tente de se rapprocher de Garcin, mais leur relation est vouée à l’échec.

Le Garçon est un personnage anonyme qui n’est présent que pour amener les personnes dans le salon. Il introduit tour à tour Garcin, puis Inès et enfin Estelle. Grâce à Garcin, on apprend que lors des jours de sortie, le Garçon rend visite à son oncle, le chef des Garçons, qui habite au troisième étage. Le Garçon explique également à Garcin que derrière la porte se trouve un long couloir et qu’au bout de ce couloir, il y a d’autres chambres et d’autres couloirs ainsi que des escaliers.

Analyse de l’oeuvre

Au cours de la pièce, ces personnages se rendent compte qu’ils sont condamnés à passer l’éternité ensemble, et qu’il n’y a aucune échappatoire possible. Ils sont confrontés à leur propre solitude et à leurs relations conflictuelles, qui sont exacerbées par le fait qu’ils sont enfermés ensemble.
D’un point de vue philosophique, Huis clos explore plusieurs thèmes importants, notamment la liberté et la responsabilité individuelle, la relation entre l’être et le monde, et l’existence de l’autre.
En particulier, la pièce souligne l’importance de la liberté individuelle et de la responsabilité de chacun pour ses propres actions. Les personnages de Garcin, Inès et Estelle sont confrontés à la réalité de leurs choix et de leurs responsabilités, et doivent affronter les conséquences de leurs actes.
De plus, la pièce met en avant la relation entre l’être et le monde, en montrant comment les personnages sont confrontés à leur propre solitude et à leur incompréhension de leur place dans le monde.
Enfin, Huis clos explore également la notion de l’autre et de la façon dont nous percevons et nous confrontons aux autres. Les personnages de la pièce sont confrontés à leur propre subjectivité et à la subjectivité de l’autre, et doivent apprendre à coexister avec ces différences.

Dans la pièce de théâtre Huis Clos, les personnages sont confrontés à leur propre culpabilité au lieu d’être envoyés en Enfer. La promiscuité forcée dans laquelle ils se trouvent les oblige à révéler leurs véritables pensées et leurs crimes à l’autre et à subir leur jugement.
L’enfer, c’est les autres” exprime clairement le fait qu’il n’est pas possible d’exister sans le regard ou le jugement des autres. Les personnages ne peuvent pas évoluer à cause d’une tierce personne qui leur fait obstacle. Estelle ne peut pas avoir Garcin à cause d’Inès, et cette dernière ne peut pas avoir Estelle à cause de Garcin.

En résumé, Huis clos est une pièce profondément philosophique qui interroge les thèmes de la liberté, de la responsabilité individuelle, de la relation entre l’être et le monde, et de l’existence de l’autre.

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