Littérature

Philippe Dumas, Contes à l’envers, La Belle au doigt bruyant : résumé, personnages et analyse

Première page de la synthèse analytique sur La Belle au doigt bruyant de Philippe Dumas (Contes à l'envers), avec un résumé, une exploration des personnages clés et une étude thématique.
Ecrit par Les Résumés

Dans La Belle au doigt bruyant, Philippe Dumas collabore avec Boris Moissard pour proposer une réécriture moderne et originale du conte de La Belle au bois dormant. Explorons ensemble ce conte qui figure dans le recueil Contes à l’envers.

Résumé détaillé de Contes à l’envers – “La Belle au doigt bruyant” de Philippe Dumas

Le jeune “prince” de Rouen

Clément est un jeune garçon qui habite à Rouen avec ses parents. Sa mère le considère comme un jeune prince, et comme tout prince, il est en quête de sa princesse. Toutefois, trouver une princesse n’est pas chose aisée. Il a été rejeté d’un “château abadonné”, On lui a fait des remontrances parce qu’il a embrassé une femme endormie, “victime d’un sortilège”, il a confondu un mannequin avec une princesse.

Louise, la “princesse” de Barentin

Non loin de Rouen se trouve la ville de Barentin, où réside Louise. Lorsque celle-ci est née, tout le monde s’est réuni autour d’elle pour l’admirer, mais la tante Elisabeth, qui n’avait pas été invitée, est arrivée. En prenant Louise dans ses bras, elle lui a jeté un “sortilège” avant de partir, annonçant que lorsqu’elle grandirait, elle serait piquée par une aiguille, la plongeant elle, ainsi que son entourage, dans un profond sommeil. Le cousin Bertrand, qui s’y connaissait en sortilèges, a tenté de conjurer le sort. Toutefois, par précaution, les aiguilles de toutes sortes ont été interdites dans la famille de Louise.

Le malheur arriva

Louise grandit normalement jusqu’au jour où elle se pique le doigt avec l’aiguille de l’électrophone chez une amie. Au lieu de s’endormir, elle se met à danser et continue toute la nuit chez elle. Le lendemain, son père remarque que tout le monde dans la rue a été contaminé par cette folie contagieuse, y compris les élèves de l’école et leur voisin M. Marelle. Le père s’aperçoit que cette “folie” est contagieuse et très vite, il se met à les suivre. La situation devient tendue, on met la rue en quarantaine et les autorités envisagent de bombarder la rue pour la remplacer par un centre commercial.

Le baiser du “prince

En apprenant la nouvelle, le “prince” Clément enfourcha son vélo et se dirigea vers la fameuse rue de Barentin. Après avoir embrassé Louise, le sortilège fut rompu, et ce, avant que les bombardiers n’entrent en scène. Tout redevint à la normale et, trois mois plus tard, Clément, surnommé “le bienfaiteur du genre humain“, épousa Louise. Ils furent très heureux ensemble et ils eurent beaucoup d’enfants.

Présentation des personnages

Clément est un jeune garçon de treize ans qui habite à Rouen avec ses parents. Il est à la fois courageux et intrépide. Il s’imagine, ou peut-être l’est-il réellement, être un prince. Il est en quête d’une aventure et aimerait tellement trouver la princesse qu’il lui faut. Il essaie tant bien que mal, néanmoins trouver une princesse au XXe siècle, ce n’est pas évident. Dans ce conte, Clément n’est pas vraiment un prince comme il y a dans les livres. Toutefois, pour sa mère, il représente son petit prince à elle. Clément incarne la part d’imagination et de créativité que les jeunes enfants ont, construisant un monde dans lequel il s’imagine être le héros.

Louise est une jeune fille, habitant à Barantin avec ses parents, qui a eu la malchance de voir sa tante lui prédire un sinistre destin. Cette belle jeune fille aux yeux bleus grandit et fait la fierté de ses parents. Sa famille est admirée jusqu’à Rouen. Malgré le fait qu’on l’éloigne de tout objet pointu pour se protéger, elle n’a pas pu échapper à sa prédiction. Comme dans les contes, le destin est inéluctable et Louise finit par se piquer le doigt, réalisant ainsi la prophétie à un détail près. En effet, grâce au contre-sort de son cousin Bertrand, elle danse et joue de la musique plutôt que de s’endormir. Louise représente la fatalité en montrant que les événements prédits ne peuvent être évités.

Les parents de Louise, Bernard et Florence, organisent une grande réception à l’occasion du baptême de leur fille. La tante Elisabeth arrive pour gâcher leur plaisir, annonçant le destin funèbre de Louise. Les parents font tout leur possible pour préserver la santé de leur fille mais celle-ci finit quand même par se piquer le doigt. Dans ce conte, les parents de Louise illustrent le fait que, même si nous tentons de protéger notre enfant envers et contre tout, nous ne pouvons le protéger de tout. Note particulière au père de Louise qui nous permet, en tant que lecteur, de nous rendre compte que l’enchantement se propage en dehors de l’immeuble.

Tante Elisabeth est une parente indésirable qualifiée de “langue de vipère” et de “femme honnie de tous”. Elle s’invite d’elle-même pour la réception en l’honneur du baptême de sa nièce afin de lui faire de mauvaises prédictions. Ce personnage incarne la “sorcière”.

Le cousin Bertrand est un autre parent de Louise. En ayant des connaissances en sortilèges, il tente de réaliser un contre-sort visant à protéger Louise. Ce personnage incarne “l’adjuvant”, ou la “bonne fée”, il est celui qui aide la “princesse”.

M. Tabac est le voisin du dessous de la famille de Louise. Le père de cette dernière le rencontre le lendemain où sa fille a dansé toute la nuit. Il s’attend à ce qu’il lui fasse des remontrances, toutefois, M. Tabac salue poliment Bernard avant de partir au boulot comme si rien ne s’était passé durant la nuit. Ce personnage laisse supposer que l’enchantement est en train de se propager dans l’immeuble toutefois rien n’est indiqué explicitement à ce stade.

M. Marelle est le voisin du dessus que Bernard retrouve chez lui en compagnie de sa fille et de tous les élèves de son école qui sont en train de chanter et danser. M. Marelle illustre que l’enchantement se propage sur les petits et les grands.

Analyse de l’oeuvre

Une réécriture de La Belle au bois dormant

Contrairement au conte de la Belle au Bois dormant qui ne se concentre que sur la princesse Aurore, l’auteur français a fait le choix de mettre la figure masculine à l’honneur en faisant intervenir le “prince” Clément dès le début du récit. Tout comme le conte original, la fée maléfique/la tante Elisabeth décide de s’inviter à un événement en l’honneur de la naissance de la Princesse Aurore/Louise, alors qu’elle n’est pas conviée. D’autre part, dans le conte originel, la fée maléfique précise que la princesse Aurore se piquera le doigt à l’âge de seize ans tandis que Tante Élisabeth reste vague.

Le roi/Les parents de Louise éloignent tout ce qui pourrait déclencher le maléfice. Toutefois, dans les deux contes, les enfants n’en font qu’à leur tête. La princesse Aurore découvre une pièce secrète où elle trouve un fuseau et Louise tente de manipuler l’aiguille de l’électrophone. Le sort des deux personnages est complètement différent. Dans le conte original, la Princesse Aurore finit par plonger dans un sommeil profond tandis que Louise se met à être bruyante et à danser sans s’arrêter une seule fois. Dans les deux cas, les protagonistes ont besoin du baiser du prince charmant pour rompre le maléfice.

Un conte qui se veut moderne

Dans Le Conte de La Belle au doigt bruyant, Dumas modernise le conte de la belle au bois dormant en y ajoutant de nombreux détails qui ancrent l’histoire dans une temporalité proche de l’auteur.
Clément reçoit un vélo pour ses treize ans, celui-ci remplace le fidèle destrier des preux chevaliers des contes. Tout comme Didi, son chien, qui prend les traits de son fidèle écuyer lorsqu’il est en route pour Barentin. Sur le sol du jardin du “château abandonné”, Clément tombe sur une “quantité de boîtes de conserve”. L’auteur utilise la métaphore de “débris d’armures” pour illustrer les autres détritus afin de rester dans le champ lexical propre au conte. Durant ses péripéties pour trouver une demoiselle qui aurait besoin de ses compétences magiques de “prince”, Clément confond un mannequin en plâtre avec une princesse.

Tout comme dans La Belle au Bois Dormant, Louise finit par se piquer le doigt mais contrairement à la princesse du conte originel qui est blessé par le fuseau* d’un rouet, la jeune fille du conte de Dumas est blessée par l’aiguille de l’électrophone. Cet appareil permettant d’écouter de la musique à partir de disques vinyle est inventé dans les années 30. Contrairement au conte original, l’aiguille de l’électrophone n’est pas ensorcelée.

* fuseau : un petit bâton ou une broche utilisée pour maintenir la laine ou le fil tendu pendant le filage.

Le ridicule des autorités compétentes

Face à la contagion causée par le sortilège de Tante Élisabeth, qui rend les gens bruyants et fous, le gouvernement est désemparé. Au vu de l’attitude des gens, leur réaction semble excessive : “la rue fut condamnée, mise en quarantaine derrière un rideau de barbelé“. Il semble y avoir une volonté de censure, comme si Dumas suggérait que le bonheur doit rester discret. En outre, les pompiers sont appelés sur place pour “noyer le potin“, ce qui renforce cette idée de censure. “L’Assemblée nationale s’était saisie de l’affaire et avait voté la destruction de la rue frénétique […] il ne s’agissait ni plus ni moins que de la raser, après élimination physique de ses occupants”. Le gouvernement a donc l’intention de tuer et de raser la rue sous prétexte que les gens dansent et font du bruit. Au vu de la situation pacifique, ces mesures drastiques peuvent sembler ridicules.

À la frontière entre le réel et l’imaginaire

Dans le conte La Belle au doigt bruyant, Dumas nous plonge dans un conte ancré dans un cadre réel.

Nous nous apercevons que nous sommes dans un conte dès les premières lignes de l’histoire : “Il était une fois un prince charmant qui habitait à Rouen, en Seine-Maritime”. Ce type de formulation est propre au conte. D’ailleurs, dans cette formulation, le terme “charmant” peut être associé au caractère “sympathique” de Clément. Cette histoire se situe dans une zone géographique déterminée, à Rouen et une de ses villes proches, Barentin en Normandie. Contrairement au conte qui se situe dans “un pays fort lointain”. D’autre part, dès les premières lignes, l’auteur nous précise que le caractère princier de Clément n’est vu qu’à travers les yeux d’une mère pour son fils. Durant le passage où Clément découvre “un château abandonné” ou lorsqu’il tente de conjurer le sort de cette “victime d’un sortilège”, l’auteur nous plonge dans l’imagination propre d’un enfant de treize ans qui se met à jouer un rôle dans lequel il se prend pour le héros de l’histoire. La réalité prend donc le pas sur le caractère fantastique, propre au conte. “Une fois, Clément passa devant une palissade : peut-être cachait-elle quelque forêt maudite, abritant un palais de la Belle aux bois dormants ? […] N’écoutant que son courage, Clément donna l’assaut. Mais une porte s’ouvrit sur les imprécations de la concierge : – Vas-tu me fiche le camp, sale voyou !”, “il avisa dans un jardin public une princesse qui dormait sur un banc, victime d’un sortilège. Clément […] lui fit un baiser : l’endormie se réveilla, mais en poussant des cris d’orfraie”, “Clément avait bien cru trouver enfin la compagne idéale. Elle était couchée toute nue sur le bord du trottoir […] Clément découvrit qu’il s’agissait d’un mannequin de plâtre”.

Dans la deuxième partie du conte, l’aspect fantastique prend le pas sur la réalité. Suite au sortilège lancé par Tante Élisabeth qui, dans l’histoire incarne la sorcière, les parents de Louise qui croient fermement en son pouvoir sont complètement déconcertés. “Et elle s’en fut en claquant la porte, laissant l’assistance absolument consternée.”. Les parents qui prennent les choses au sérieux trouvent de l’aide auprès du cousin Bertrand qui s’y connaît “en magie, enchantements, pratiques noires”. Ici, nous n’avons plus à faire à un gamin, mais à un adulte qu’on écoute, car il dispose de connaissance suffisante pour réaliser un “contre-sort” pour protéger Louise. Superstition ou réelle prise en compte d’un quelconque pouvoir mystique ? Quoi qu’il en soit, on recommande à la famille de s’éloigner “autant que possible” de “tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une aiguille” au point que la famille de Louise décide de ne plus coudre de boutons lorsqu’il en manque sur leur vêtement. L’aspect fantastique revient sur le devant de la scène au moment où Louise se pique le doigt avec l’aiguille de l’électrophone, déclenchant alors le sortilège qui ne sera rompu que lorsque le “prince” (Clément) lui fera un baiser. Le conte se clôture par la formule propre aux contes : “ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants”. Toutefois, Dumas y ajoute “tous fort calmes et silencieux” pour souligner que le sortilège a bel et bien été rompu.

Les Autres Histoires de Contes à L’Envers

La Belle Histoire de Blanche Neige 

Le Petit Chaperon Bleu Marine 

Le Don de la Fée Mirobola 

Conte à Rebours 

Le Pommier de Pomanchou 

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