Le Traité sur la tolérance de Voltaire, publié pour la première fois en 1763, est un plaidoyer vigoureux en faveur de la tolérance religieuse et une dénonciation du fanatisme religieux. Voltaire écrit ce texte dans le contexte de l’affaire Calas, un scandale judiciaire où Jean Calas, un protestant fut accusé à tort du meurtre de son fils. Pour avoir empêché son fils de se convertir au catholicisme, Jean Calas fut torturé et exécuté sur la base d’allégations peu fondées. Étudions cette œuvre ensemble de l’un des plus grands auteurs français de l’époque des Lumières.
Résumé chapitre par chapitre de Traité sur la tolérance de Voltaire
Chapitre 1 – “Histoire abrégée de la mort de Jean Calas“
Jean Calas, un commerçant protestant de Toulouse, âgé de soixante-huit ans, est accusé à tort du meurtre de son fils Marc-Antoine. Toutefois, ce dernier s’est apparemment suicidé. Cette affaire suscite une indignation publique en raison des erreurs judiciaires et des éléments religieux. Elle met en lumière les dangers de la passion et du fanatisme dans le processus judiciaire. Le public réclame vengeance pour cette injustice au nom de la justice.
Après le suicide de Marc-Antoine Calas à Toulouse, une rumeur de meurtre motivé par sa conversion présumée au catholicisme se propage dans un climat religieux tendu. Des accusations fantaisistes, telles qu’un complot protestant régional pour tuer les convertis, surgissent. La justice locale, influencée par la foule, emprisonne la famille Calas et leur ami Lavaisse. Cela transforme une tragédie familiale en crise religieuse et judiciaire. La mort de Marc-Antoine est exploitée pour en faire un martyr catholique, malgré son suicide. Cela alimente la haine envers sa famille protestante et scelle le destin de Jean Calas, son père.
Dans un climat de fanatisme à Toulouse, la famille Calas est injustement accusée de parricide lors d’un procès marqué par la partialité. Jean Calas est condamné à mort malgré l’absence de preuves solides. Toutefois, il maintient son innocence jusqu’à sa mort tragique sur la roue. Après son exécution injuste, sa famille est libérée, mais son fils Pierre est contraint d’abjurer sa foi protestante. La veuve Calas se rend à Paris pour plaider sa cause et obtient le soutien d’avocats éloquents. Leur plaidoyer suscite la sympathie à travers l’Europe. Il met la pression sur le conseil pour corriger cette erreur judiciaire. Malgré la résistance de certains, une réflexion émerge sur la tolérance et la compassion. Elle souligne l’importance d’une approche humanitaire et rationnelle dans la religion et la justice.
Chapitre 2 – “Conséquences du supplice de Jean Calas<“
Voltaire critique sévèrement les confréries religieuses, notamment les pénitents blancs, les accusant d’avoir engendré des injustices graves. Il les accuse d’avoir alimenté la haine et la persécution dans la société, en se basant sur une fervente opposition aux huguenots. Il met en garde contre le danger potentiel d’un fanatisme accru au sein de ces groupes. Il évoque des scénarios où les imaginations sont manipulées par des représentations effrayantes et extrêmes de la foi. Voltaire condamne l’usage d’uniformes distinctifs, arguant qu’ils alimentent la division et pourraient inciter à une guerre civile des esprits. Il plaide pour la prise de conscience des tragédies historiques nées des disputes doctrinales. Il espère éveiller un sentiment de discernement et de compassion chez les lecteurs.
Chapitre 3 – “Idée de la Réforme du seizième siècle“
Voltaire explore les abus et la corruption de l’église à l’époque de la Renaissance. Il souligne les méfaits de divers papes et des dépenses extravagantes financées par les impôts du peuple. Il traite également de l’oppression violente des hérétiques qui étaient critiques envers ces abus et prônait un retour à des valeurs chrétiennes plus authentiques. Malgré le massacre cruel et inhumain de ces hérétiques, l’auteur note que leur opposition aux abus de l’église a finalement conduit à une renaissance intellectuelle et à un progrès social. Le chapitre s’achève en questionnant si la tolérance et la liberté de conscience auraient conduit à des catastrophes aussi grandes que celles générées par la persécution religieuse.
Chapitre 4 – “Si la tolérance est dangereuse ; et chez quels peuples elle est pratiquée“
Voltaire invite à la douceur envers ceux qui s’expriment en mauvais français. Il évoque les conflits passés entre catholiques et protestants. Il souligne que la société a évolué, appelant à éviter la cruauté. Il refuse que les atrocités du passé dictent le présent. Il vante la tolérance religieuse et cite des exemples historiques. Il plaide pour la paix et l’humanité. Ainsi, Voltaire prône la tolérance religieuse en citant des exemples d’harmonie religieuse en Alsace, en Angleterre et dans l’Empire Ottoman. Il souligne les avantages de la tolérance pour la cohésion sociale et les dirigeants religieux et politiques. Il cite des cas historiques, comme en Russie et en Chine, où la coexistence pacifique a été favorisée en contrôlant les groupes intolérants. Il encourage la réflexion pour promouvoir la tolérance et l’harmonie sociale.
Chapitre 5 – “Comment la tolérance peut être admise“
Voltaire défend ardemment une plus grande tolérance religieuse. Il souligne les nombreux avantages qu’elle pourrait apporter, tant sur le plan social qu’économique. Il s’appuie sur l’histoire pour démontrer que la diversité religieuse peut coexister pacifiquement grâce à des lois justes. Il plaide en faveur d’une réforme des lois restrictives du passé et encourage l’adoption du rationalisme contemporain. Selon lui, cela permettrait d’éviter les erreurs historiques liées à l’intolérance et de promouvoir l’unité et la paix au sein de la société. Voltaire conclut en exprimant l’espoir que ceux qui se sont exilés pour des raisons religieuses puissent retourner dans leur pays d’origine. Il considère cette démarche comme étant bénéfique pour l’État et en accord avec les principes d’humanité et de raison.
Chapitre 6 – “Si l’intolérance est de droit naturel et de droit humain“
Voltaire affirme que le droit naturel, guidé par le principe de ne pas infliger aux autres ce que l’on ne voudrait pas subir, constitue le fondement des droits humains. Selon cette perspective, l’intolérance religieuse et la coercition sont en contradiction totale avec ces droits, qu’il qualifie d’absurdes et de barbares. Il met en avant l’idée que contraindre ou menacer quelqu’un pour l’amener à adopter des croyances spécifiques représente une violation des principes fondamentaux du respect mutuel et de la dignité humaine. Il compare cette forme d’intolérance à une barbarie sauvage. Il va jusqu’à la considérer plus terrible que le comportement des prédateurs dans la nature.
Chapitre 7 – “Si l’intolérance a été connue des Grecs“
Voltaire examine la manière dont les anciens peuples, notamment les Grecs, abordaient la religion et la tolérance religieuse. Malgré la multiplicité des dieux et des croyances, une certaine harmonie et un respect mutuel régnaient, même en période de conflit, où les divinités de l’ennemi étaient honorées. Il souligne une remarquable liberté de pensée de cette époque, caractérisée par une tolérance envers différentes croyances. Il se penche sur le cas particulier de Socrate, le seul individu condamné pour ses convictions. Il suggère que sa punition était davantage liée à des rivalités personnelles qu’à de l’intolérance religieuse.Enfin, Voltaire réfute un argument récent justifiant la Saint-Barthélemy. Il insiste sur le fait que la guerre sacrée évoquée n’était pas liée à des désaccords religieux, mais à un conflit territorial. Ces exemples historiques sont utilisés par l’auteur pour plaider en faveur de la tolérance religieuse et s’opposer à l’intolérance.
Chapitre 8 – “Si les Romains ont été tolérants”
Voltaire aborde la question de la tolérance religieuse dans la Rome antique. Il met en lumière une période où la diversité des croyances était permise et les persécutions rares. Il souligne que des figures telles que Cicéron et Lucrèce pouvaient exprimer librement leur scepticisme envers les dieux sans craindre de représailles. L’auteur remet en question le mythe de la persécution des chrétiens par les Romains. Il cite des exemples tels que le traitement équitable de saint Paul par le système juridique romain. Il avance que les premières persécutions des chrétiens étaient principalement le fait des Juifs, et non des Romains. Voltaire souligne que l’intolérance et les persécutions envers les chrétiens ont véritablement émergé plus tard, notamment sous le règne de Néron. Toutefois, il insiste sur le fait qu’elles étaient davantage liées à des circonstances politiques de l’époque plutôt qu’à des questions de croyance religieuse.
Chapitre 9 – “Des Martyrs“
Voltaire remet en question les raisons des persécutions des premiers chrétiens. Il suggère qu’elles n’étaient pas liées à leur foi en raison de la tolérance religieuse à l’époque romaine. Il évoque des conflits individuels et des motivations politiques comme causes possibles des persécutions. Il cite le cas de saint Laurent.
De plus, il conteste l’idée que les persécutions étaient liées uniquement à la foi chrétienne, soulignant des comportements violents de certains chrétiens envers d’autres religions comme déclencheurs. Voltaire met en doute l’ampleur des persécutions, notant des périodes de paix dans l’Église. Il traite du sens original du terme “martyr” qui signifiait “témoignage” et non “supplice”. Il cite des exemples de chrétiens comme Tertullien et Origène qui n’ont pas été martyrisés malgré leur engagement religieux. Il souligne également la tolérance dont ont parfois bénéficié les chrétiens pour pratiquer leur foi librement.
Voltaire examine les persécutions des premiers chrétiens, notant la complexité de leurs causes, mêlant politique, relations personnelles et tensions religieuses. Il présente des exemples, comme saint Grégoire Thaumaturge et saint Cyprien. Il illustre le contraste entre les persécutions réelles et les récits historiques. Il met en évidence la nuance dans la répression religieuse. Ainsi, il souligne l’influence des tensions politiques et des accusations personnelles. De plus, il remet en question la véracité de la légende de la légion thébaine, pointant des incohérences historiques et conclut qu’elle devrait être considérée comme un mythe manipulant la crédulité.
Chapitre 10 – “Du danger des fausses légendes et de la persécution“
Voltaire critique la crédibilité de certaines histoires de martyrs chrétiens recensées par des historiens et théologiens. Il remet en doute les récits extravagants et souvent invraisemblables qui entourent la persécution des chrétiens dans l’Antiquité romaine. Il souligne des incohérences flagrantes et des ressemblances frappantes avec d’autres récits mythologiques. De plus, il compare les persécutions antiques présumées avec les violences bien réelles et attestées exercées par les chrétiens à différentes époques, et notamment durant les guerres de religion. Il appelle à un esprit critique et évoque les dangers des croyances aveugles basées sur des légendes et des miracles inventés, arguant que cela peut conduire à un rejet de la religion, et même à l’athéisme. En fin de chapitre, Voltaire plaide pour une foi basée sur des vérités plus tangibles et encourage à l’humanité et à la tolérance.
Chapitre 11 – “Abus de l’intolérance“
Voltaire dénonce l’intolérance religieuse et l’usage de la violence pour imposer une croyance religieuse. Il met en lumière les contradictions historiques et théologiques au sein même de la chrétienté. Selon lui, la coercition et la violence vont à l’encontre des enseignements fondamentaux du christianisme. Il souligne que l’imposition d’une croyance religieuse engendre plus d’hypocrites que de véritables croyants. En fin de compte, il critique la sacralisation de la violence dans l’histoire religieuse. Il appelle à une tolérance et une compréhension mutuelle basées sur la charité et l’humilité.
Chapitre 12 – “Si l’intolérance fut de droit divin dans le Judaïsme, et si elle fut toujours mise en pratique“
Voltaire aborde la notion de droit divin et les lois données par Dieu aux Juifs, y compris les rituels et les restrictions alimentaires. Il examine la gradation des commandements divins à travers différentes périodes. Ainsi, il met en lumière des contradictions dans les Écritures concernant la tolérance religieuse des Juifs pendant leur exode d’Égypte, notamment une certaine tolérance pour le polythéisme à cette époque. Il explore la relation des Israélites avec l’intolérance religieuse et l’idolâtrie. Pour ce faire, il cite divers récits bibliques et souligne des moments de coexistence pacifique avec d’autres groupes religieux. Il met en avant la latitude en matière de pratiques religieuses et suggère une vision de Dieu qui va au-delà des frontières d’une seule communauté. Il appelle à une compréhension plus large et inclusive de la divine providence.
Chapitre 13 – “Extrême tolérance des Juifs“
Voltaire analyse l’évolution de la perception de l’immortalité de l’âme et des récompenses et châtiments post-mortem dans la doctrine judaïque. Pour ce faire, il utilise les enseignements de Moïse jusqu’aux divergences de croyances au sein des groupes comme les sadducéens, les pharisiens et les esséniens. Moïse préconisait principalement des récompenses et punitions terrestres, tandis qu’avec le temps, des croyances en l’au-delà se sont développées. Ainsi, cela a créé une variété de perspectives au sein de la communauté juive. Il souligne une certaine tolérance qui existait malgré des divergences doctrinales significatives. Voltaire invite à une réflexion sur cette coexistence relativement paisible des différentes croyances, même dans le contexte de lois rigoureuses et parfois violentes.
Chapitre 14 – “Si l’intolérance a été enseignée par JESUS-CHRIST“
Voltaire discute de l’utilisation d’une parabole évangélique comparant le royaume des cieux à un festin de noces pour clarifier l’intolérance et la persécution. Il soutient que cette interprétation est erronée, soulignant que la parabole concerne le royaume céleste et non une justification de la violence terrestre. Il met en avant que cette allégorie vise à illustrer la prédication du salut et la résistance à la sagesse et à la vertu, plutôt qu’à justifier la violence ou l’intolérance.
Il analyse une autre parabole où un homme invite diverses personnes à un festin. Il s’oppose à une interprétation littérale de “contrains-les d’entrer“. Selon lui, cela devrait être compris comme une incitation à persuader plutôt qu’à forcer. Voltaire met en garde contre une lecture trop littérale de la parabole, soulignant que l’invitation au festin symbolise un appel à suivre les enseignements de Jésus, pas à justifier la violence ou la contrainte.
Voltaire déconstruit les passages bibliques souvent utilisés pour justifier l’intolérance et la persécution religieuse, soulignant qu’ils sont abusivement interprétés. Il insiste sur le fait que ces passages ne prônent pas la persécution, mais sont mal compris ou manipulés pour justifier la violence. Il appelle à une interprétation plus respectueuse et tolérante des écritures. Il met en avant la douceur et la tolérance prêchées par Jésus à travers des anecdotes bibliques. Voltaire explore les derniers moments de la vie de Jésus, montrant sa résilience face à la mort et comment il a été accusé à tort de perturber l’ordre public. Il conclut en encourageant la tolérance, suivant l’exemple de Jésus qui a préféré être un martyr plutôt qu’un bourreau.
Chapitre 15 – “Témoignages contre l’intolérance“
Voltaire met en avant des citations de diverses figures religieuses et philosophes à travers l’histoire, arguant contre l’usage de la force et de la contrainte en matière de religion. Ces citations soulignent une idée commune : la foi et la religion ne doivent pas être imposées, et la persuasion doit être privilégiée à la violence. Il appelle à la tolérance et à l’indulgence. Il insiste sur le fait que l’intolérance est une absurdité qui ne sert pas les intérêts de ceux qui cherchent à répandre leur foi.
Chapitre 16 – “Dialogue entre un mourant et un homme qui se porte bien“
Dans cette scène dramatique, Voltaire fait intervenir un homme en bonne santé qui tente de forcer un mourant à changer ses convictions religieuses. Il essaie de le faire signer un document pour valider des croyances particulières en échange d’un enterrement décent et de la sécurité financière pour sa famille. L’homme mourant, malgré sa faiblesse, résiste fermement. Il met en avant l’importance de la sincérité et la foi en Dieu. La scène met en lumière la cruauté et l’hypocrisie du bourreau. Ce dernier est motivé par un gain personnel, illustrant ainsi un abus de pouvoir et un manque profond d’humanité et de compassion.
Chapitre 17 – “Lettre écrite au jésuite Le Tellier, par un bénéficier, le 6 Mai 1714“
Dans cette lettre adressée à un Révérend Père, l’auteur présente de manière détaillée et méthodique un plan pour éliminer les ennemis de “Jésus et sa Compagnie“. Il y inclut différentes factions religieuses telles que les huguenots, les luthériens et les jansénistes. Pour les éliminer, il réfléchit à des moyens extrêmes comme la pendaison, l’assassinat et l’empoisonnement, entre autres. Il avance des arguments théologiques pour justifier ses propositions violentes. Il finit par calculer le coût financier de son plan, en cherchant à démontrer qu’il est faisable. Le ton de la lettre est fanatique et impitoyable, mettant en lumière un zèle religieux extrême et un mépris total pour la vie humaine.
Chapitre 18 – “Seuls cas où l’intolérance est de droit humain“
Voltaire explore la notion de tolérance, soulignant que le fanatisme est une source de troubles dans la société et mérite d’être sanctionné. Il cite des exemples de comportements fanatiques de différents groupes religieux. Selon lui, ces actions extrêmes, menées au nom de la foi, devraient être réprimées pour maintenir la paix et l’ordre dans la société. Il met en lumière des formes extrêmes de fanatisme où la foi est poussée à ses extrémités. Cela mène à des actions moralement répréhensibles et criminelles, comme le meurtre d’enfants dans le but de garantir leur salut éternel, ou des justifications théoriques pour le vol et le meurtre. Il conclut en stipulant que dans de telles situations d’intolérance extrême, la répression semble être la seule solution raisonnable.
Chapitre 19 – “Relation d’une dispute de controverse à la Chine“
Un mandarin chinois intervient dans une dispute bruyante entre un jésuite, un Danois et un Hollandais, tous trois chrétiens mais de confessions différentes, à propos des décisions du concile de Trente. Malgré ses efforts pour les inciter à s’entendre, les trois hommes continuent de se disputer, incapable de trouver un terrain d’entente. La situation s’aggrave lorsqu’un autre acteur, un missionnaire jacobin, entre en scène et se dispute avec le jésuite. Exaspéré, le mandarin les envoie tous en prison, ordonnant qu’ils y restent jusqu’à ce qu’ils parviennent à un accord, ou au moins qu’ils fassent semblant de se réconcilier. Cela met en lumière l’intolérance et l’incapacité de ces hommes à vivre en harmonie malgré leurs croyances communes.
Chapitre 20 – “S’il est utile d’entretenir le peuple dans la superstition“
Voltaire met en avant l’idée qu’il vaut mieux croire en des superstitions non-meurtrières que de n’avoir aucune religion. En effet, selon lui, la crainte religieuse peut prévenir les comportements immoraux. Cependant, une fois qu’une religion pure est adoptée, la superstition devient dangereuse. Il discute de l’évolution de la perception des superstitions et des croyances religieuses inexactes au fil du temps. Il souligne le mouvement vers une adoration plus spirituelle et véridique. Voltaire critique l’absurdité des superstitions passées, se moque des récits fantastiques, et encourage le raisonnement critique et la tolérance.
Chapitre 21 – “Vertu vaut mieux que science“
Pour Voltaire, la religion vise à rendre les gens heureux dans cette vie et la suivante. Pour le bonheur futur, il faut être juste, et pour le bonheur ici-bas, être indulgent. Imposer une pensée uniforme en métaphysique est futile. L’empereur Constantin avait raison de critiquer les disputes théologiques. Le monde chrétien a souffert pendant trois cents ans à cause de ces querelles inutiles. Constantin aurait dû poursuivre ses efforts pour la paix au lieu de céder à la pression des théologiens. Ces disputes ont ouvert la porte à des fléaux qui ont dévasté l’Occident. Les invasions barbares ont fait moins de mal que ces querelles destructrices.
Chapitre 22 – “De la tolérance universelle“
Voltaire précise qu’il faut tolérer les autres, les considérer comme des frères, même s’ils ont des croyances différentes. Les querelles religieuses sont absurdes, car comment pouvons-nous prétendre connaître le destin éternel des autres ? Il n’appartient pas à des êtres aussi petits que nous de décider de la damnation éternelle des autres. Nous devons respecter la foi de chacun et espérer en la miséricorde de Dieu. Ne devrions-nous pas alors éviter de juger et de condamner les autres ? Le fanatisme religieux divise les hommes et crée des discordes inutiles. Au jour du jugement, Dieu sera le seul à décider du destin de chacun, et nous devrions nous efforcer d’être bons envers nos semblables plutôt que de les condamner.
Chapitre 23 – “Prière à Dieu“
Voltaire s’adresse à Dieu et implore sa miséricorde. Il demande que les erreurs inhérentes à la nature humaine ne causent pas de calamités et de haine entre les hommes. Il appelle à la tolérance, à l’entraide et à la fraternité entre les êtres humains, malgré leurs différences de croyances, de langues, d’usages, de lois et d’opinions. Il souhaite que les hommes se considèrent comme des frères. Il rejette la tyrannie sur les âmes et le brigandage. Il appelle à la paix et à la reconnaissance de la bonté divine dans toutes les langues et cultures à travers le monde.
Chapitre 24 – “Post-scriptum“
Voltaire critique un pamphlet prônant la persécution religieuse. Il souligne les évolutions d’opinion de figures religieuses telles que saint Augustin et Bossuet. Il insiste sur l’importance de la douceur et de la tolérance. Il exprime son désaccord avec l’auteur du pamphlet, le qualifiant de mauvais raisonneur. Voltaire s’inquiète de l’influence possible de cet ouvrage sur le gouvernement. Il remet en question la logique de sacrifier le bonheur d’une minorité au profit de la majorité.
Il critique également les exagérations des historiens et les tentatives de minimiser les maux reprochés. Il évoque les croyances de Louis XIV en sa capacité de conversion, les abjurations trompeuses de Pellisson, et les activités du prince d’Orange pour recruter des réfugiés français. Il mentionne les préoccupations liées aux manufactures françaises aux Pays-Bas et rappelle les témoignages des intendants sur les conséquences négatives de la révocation de l’édit de Nantes. Il conclut en soulignant les dangers de l’intolérance malgré son absence de condamnation explicite par Jésus-Christ, en appelant à la paix.
Chapitre 25 – “Suite et conclusion“
En 1763, le Conseil d’État à Versailles, dirigé par le chancelier et assisté des ministre d’État, a examiné l’affaire des Calas avec impartialité et a ordonné que le Parlement de Toulouse envoie les documents du procès. Le roi a approuvé cette décision, montrant ainsi humanité et justice. Les auteurs soulignent l’importance de la tolérance religieuse et appellent les juges à reconnaître leur erreur. Une lettre exprime des inquiétudes quant aux conséquences de la publication du traité sur la tolérance de Voltaire. En effet, celui-ci risque de nuire davantage que d’aider la famille des Calas. Les juges pourraient se sentir offensés et réclamer la censure du livre, déclenchant ainsi des réactions furieuses de fanatiques.
Cependant, Voltaire défend son livre. Il évoque la possibilité qu’il soit brûlé par les juges de Toulouse, et affirme que cela n’aura aucun impact sur l’affaire Calas. Il souligne que son ouvrage n’influencera pas les décisions juridiques et appelle à la tolérance et à la compassion. Il affirme que la nature nous unit malgré nos différences et exhorte à l’harmonie et à la justice plutôt qu’à la division.
“Article nouvellement ajouté – Dans lequel on rend compte du dernier arrêt rendu en faveur de la famille Calas“
Pendant deux longues années, de mars 1763 jusqu’au jugement final, le fanatisme l’a emporté sur l’innocence, malgré les procédures laborieuses. La condamnation hâtive de Calas a finalement été annulée par une assemblée de près de quatre-vingts juges après de nombreuses délibérations et l’intervention de M. de Crosne. Cette période était marquée par d’autres événements majeurs en France, tels que l’expulsion des jésuites et des problèmes financiers présumés. La chambre des requêtes de l’hôtel a pris en charge le cas des Calas, avec les mêmes magistrats ayant déjà examiné les préliminaires de la révision. La veuve de Jean Calas, son fils, et le sieur de Lavaisse ont été renvoyés en prison, mais les preuves utilisées pour les condamner ont été réexaminées.
Le mémoire de M. de Beaumont et celui du jeune M. de Lavaisse ont joué un rôle crucial dans la révision du procès des Calas. Malgré la menace de supplice, Lavaisse a refusé de mentir pour sauver sa liberté. Le 9 mars 1765, l’innocence des Calas a été unanimement reconnue par les juges, réhabilitant ainsi la mémoire du père. La famille a été autorisée à intenter des poursuites contre les juges de Toulouse et à réclamer des dommages-intérêts. Cette révélation a engendré une joie universelle à Paris, d’autant plus que cela coïncidait avec le jour où Calas avait été exécuté trois ans plus tôt. Le roi a généreusement accordé 36 000 livres, dont 3 000 pour la servante vertueuse. Cette histoire souligne l’importance de la tolérance dans une époque marquée par la superstition et les persécutions religieuses.
Biographie de l’auteur
Voltaire, dont le nom de naissance est François-Marie Arouet, est né le 21 novembre 1694 à Paris est considéré comme l’un des plus grands philosophes et écrivains de l’époque des Lumières. Cette période est marquée par un fort accent sur la raison, le scepticisme envers la tradition et la foi, et un engagement en faveur de la science et de la progression intellectuelle.
Dans sa jeunesse, Voltaire reçoit une éducation chez les Jésuites au collège Louis-le-Grand. Il est éduqué dans une famille bourgeoise et commence dès son plus jeune âge à faire preuve d’un esprit critique acéré.
Entre 1711 et 1726, Voltaire commence à écrire des poésies et des pièces de théâtre. Ses critiques à l’encontre des institutions françaises et de certaines personnalités le conduisent à des périodes d’emprisonnement et d’exil. Il séjourne en Angleterre où il découvre les œuvres de Newton et de Shakespeare. Après son retour en France, Voltaire connaît un grand succès en tant que dramaturge et écrivain. Il s’engage également dans des affaires lucratives, qui le rendent financièrement indépendant.
Dans ses dernières années, Voltaire s’engage de plus en plus dans les questions philosophiques et sociales. Il écrit de nombreux textes en faveur de la tolérance, de la liberté de pensée et contre l’obscurantisme religieux.
Le Traité sur la tolérance a été publié en 1763, en réponse à l’affaire Calas, un cas judiciaire scandaleux. Dans cette affaire, un innocent, Jean Calas, a été torturé et exécuté sur la base d’accusations infondées, partiellement ancrées dans le préjugé religieux. En effet, Calas était protestant dans une France majoritairement catholique.
Analyse de l’oeuvre
Comment Voltaire réussit-il à éveiller la conscience collective à travers l’affaire Calas ?
L’intolérance religieuse sous la loupe de Voltaire
Dans le Traité sur la tolérance, Voltaire fait preuve d’une argumentation rigoureuse et systématique. Dans cet essai philosophique, il aborde le sujet de l’intolérance religieuse sous plusieurs angles pour construire un argumentaire solide. En effet, Voltaire dissèque avec précision les divers éléments de l’affaire Calas. Il examine minutieusement les preuves, le témoignage et les faits tels qu’ils ont été présentés lors du procès de Jean Calas. Il fait également appel à des preuves historiques et philosophiques pour défendre sa thèse. Cela témoigne d’un effort concerté pour appuyer ses arguments avec des bases factuelles solides. Cette approche rationnelle est caractéristique de la période des Lumières, où la raison et l’analyse critique étaient élevées au-dessus de la superstition et du dogmatisme.
L’ironie comme arme de déconstruction des préjugés religieux
Le style de Voltaire est imprégné d’ironie mordante, un outil qu’il utilise pour mettre en lumière les contradictions et l’hypocrisie des institutions religieuses et judiciaires de son époque. Il dépeint l’absurdité des préjugés religieux et des pratiques judiciaires arbitraires, souvent en exposant les contradictions inhérentes à leurs actions ou doctrines. Par exemple, il se moque de l’argument selon lequel la France était une nation “très catholique“, alors que des actions intolérantes et cruelles étaient menées au nom de la religion. Ce ton ironique ne sert pas uniquement à critiquer, mais aussi à engager le lecteur dans une réflexion profonde sur les incohérences de l’époque. Ainsi, Voltaire met à nu les absurdités des préjugés et des discriminations religieuses.
L’art du pathos chez Voltaire
L’usage du pathos, soit l’art d’éveiller des émotions chez le lecteur, est habilement manié par Voltaire tout au long du traité. En dépeignant de manière détaillée les souffrances de Jean Calas et de sa famille, Voltaire cherche à éveiller une empathie profonde chez le lecteur. Il l’invite à ressentir l’horreur et l’injustice subies par les Calas. Ce faisant, il parvient à humaniser les victimes de l’intolérance religieuse. Il permet ainsi une identification émotionnelle du lecteur avec les Calas. Cette stratégie d’appel à l’émotion sert à renforcer son argumentation en faveur de la tolérance et de la justice. Cela crée un puissant élan moral pour sa cause. Ce style engageant, alliant émotion et raison, contribue à faire du Traité sur la tolérance un vibrant plaidoyer pour la tolérance et la réforme judiciaire.
Quelles sont les thématiques abordées par Voltaire dans son Traité sur la tolérance ?
Intolérance religieuse
Dans le Traité sur la tolérance, l’intolérance religieuse occupe une place centrale. Voltaire critique vigoureusement l’intolérance religieuse institutionnalisée qui était monnaie courante à son époque. Il dénonce en particulier l’injustice systématique commise contre les protestants par la majorité catholique. En explorant l’affaire Calas, Voltaire démontre comment les préjugés religieux ont pu fausser le cours de la justice. Cela a conduit à la condamnation et à l’exécution injuste d’un homme innocent. Il met en lumière les dangers du fanatisme religieux, appelant à une approche plus tolérante et humanitaire de la religion. Voltaire insiste sur la nécessité de respecter la diversité des croyances. Il prône l’harmonie entre différentes confessions religieuses, suggérant que la tolérance peut contribuer à une société plus paisible et juste.
Rationalité versus superstition
Voltaire dresse un contraste net entre la rationalité, représentative de l’esprit des Lumières, et la superstition, qui alimente et perpétue l’intolérance. Il dénonce les croyances irrationnelles et les préjugés qui alimentent la peur et la méfiance entre différents groupes religieux. Voltaire utilise la logique et la raison pour démanteler les arguments des intolérants. Il montre comment la superstition peut mener à des actes de cruauté et d’injustice. En soulignant les incohérences et les absurdités des croyances superstitieuses, Voltaire fait appel à la rationalité de ses lecteurs. Il les encourage à adopter une approche plus réfléchie et plus éclairée à l’égard des questions de foi et de morale.
Justice et injustice
En se concentrant sur le procès de Jean Calas, Voltaire engage une exploration profonde des concepts de justice et d’injustice. Il utilise cette affaire tragique comme un prisme pour examiner les défauts du système judiciaire de son époque. Il critique la corruption, les préjugés et l’ignorance qui y régnaient. Voltaire dépeint le système judiciaire non pas comme un instrument de justice, mais comme un outil d’oppression au service des puissants. Il insiste sur la nécessité d’une réforme profonde du système judiciaire. À travers une analyse minutieuse du procès, il met en lumière les failles judiciaires. Ainsi, il souligne l’absence de preuves solides et l’utilisation de la torture pour obtenir des aveux. Ce thème est crucial, car il s’attache non seulement à dénoncer une injustice spécifique, mais cherche à mettre en lumière des failles systémiques profondes nécessitant des réformes urgentes pour garantir la justice et l’équité dans la société.