Littérature

Denis Diderot, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient : résumé et analyse

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Ecrit par Les Résumés

Publiée en 1749, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient est un essai philosophique sur les perceptions visuelles de Denis Diderot, un écrivain français réputé pour de nombreux ouvrages et pour avoir participé à l’élaboration de l’encyclopédie. Dans cette lettre, Diderot explore la condition des aveugles, la nature de la perception et les conséquences de la perte de la vue sur l’expérience humaine. Dès sa publication, cette œuvre a provoqué un scandale en raison de son contenu controversé. Étudions ensemble l’une des œuvres les plus influentes de Diderot qui incarne la philosophie des Lumières.

Résumé détaillé de Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient de Denis Diderot

Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient

Diderot explore la perception du monde et la compréhension des concepts tels que la beauté, la symétrie et les machines modifiant la perception d’objets, en engageant une conversation avec un aveugle-né passionné de chimie et de botanique. Malgré son handicap, cet aveugle démontre une grande capacité de raisonnement et une perception différente de la morale et de la métaphysique. La discussion met en lumière les différences entre les personnes aveugles-nées et les personnes voyantes quant à la formation d’idées basées sur leurs expériences sensorielles et leurs perceptions abstraites du monde.

L’exemple de Saunderson

Le récit cite l’exemple de Saunderson, un aveugle-né ayant accompli des prouesses dans les belles-lettres et les sciences mathématiques, soulignant ainsi le potentiel des aveugles-nés et l’importance de développer des méthodes de communication adaptées. Diderot décrit le système ingénieux de représentation des chiffres et figures géométriques utilisé par Saunderson, basé sur un carré divisé en quatre parties égales et neuf points numérotés.

En dépit de son handicap, Saunderson était un mathématicien talentueux et un professeur efficace à l’Université de Cambridge, enseignant des sujets variés tels que l’optique et la lumière. Il avait des idées claires sur des sujets complexes tels que l’infini et pouvait percevoir les changements atmosphériques grâce à son sens du toucher développé. L’auteur aborde également les limites rencontrées par les écrivains pour exprimer leurs idées.

L’auteur mentionne un épisode où Saunderson, sur son lit de mort, a discuté de l’existence de Dieu avec un ministre, remettant en question la perfection de la création divine. Toutefois, sur son lit de mort, il s’est mis à implorer Dieu. Ironiquement, l’auteur souligne que certains hommes voyants n’ont pas de meilleures raisons de croire en Dieu que Saunderson.

Il suggère qu’on pourrait apprendre énormément sur la vision et les sens en interrogeant un aveugle doté de bon sens et en comparant leurs expériences avec celles des voyants. Diderot met en doute les bénéfices d’une opération qui consisterait à rendre la vue à un aveugle et propose qu’un interrogatoire mené par des académiciens compétents soit nécessaire pour comprendre les expériences d’un aveugle qui recouvre la vue.

Débat philosophique autour des aveugles

Diderot explore ensuite la question posée par M. Molineux concernant la capacité d’un aveugle de naissance à distinguer un cube et un globe par le toucher. Il se demande s’il pourrait les distinguer visuellement après avoir acquis la vue. Plusieurs philosophes, comme Locke et l’abbé de Condillac, ont donné leur avis sur cette question, avec des opinions divergentes.

Il examine les expériences hypothétiques menées sur des personnes aveugles de naissance qui acquièrent la vue, en évoquant leur capacité potentielle à reconnaître les objets qu’elles ont touchés auparavant. Il soulève des questions intéressantes sur la manière dont les individus aveugles de naissance pourraient percevoir et interpréter les objets lorsqu’ils acquièrent la vue. Il note de quelle façon ces perceptions et ces interprétations peuvent varier en fonction de leur éducation et de leurs connaissances préalables.

Diderot termine en soulignant l’ignorance humaine face à des questions fondamentales comme la nature de la matière, de l’esprit et de la pensée, et se demande pourquoi les gens continuent à lire et à écrire malgré cette ignorance.

Addition à la lettre précédente

Diderot évoque sa Lettre sur les aveugles dont il est satisfait, bien qu’il reconnaisse qu’elle pourrait être améliorée. Toutefois, par crainte de l’altérer, il préfère ne pas la retravailler. Il admet être pusillanime et paresseux, préférant préserver l’intégrité de son œuvre.
Ce texte explore divers aspects de la perception et des sens, notamment le toucher et la vue, à travers plusieurs exemples :

  • I. Un artiste talentueux évalue la rondeur des pignons par le toucher plutôt que par la vue, en les faisant rouler entre ses doigts pour détecter les inégalités.
  • II. Un aveugle identifie les couleurs des tissus au toucher.
  • III. Malgré son handicap visuel, un individu compose des bouquets avec une grande délicatesse.
  • IV. Un appareilleur aveugle dirige avec succès un atelier à Amiens.
  • V. Un homme se rase sans miroir pour avoir une main plus sûre. L’auteur suggère que l’aveugle, ignorant les dangers, peut être plus intrépide.
  • VI. L’auteur mentionne un forgeron, un patient de Daviel*, qui, après avoir retrouvé la vue, a eu de la peine à s’adapter. Diderot se demande si la vue est réellement essentielle à notre bonheur.
  • VII. Daviel soigne de nombreux patients indigents et attire une foule curieuse et instruite. Diderot décrit une opération émouvante où un patient reconnaît immédiatement sa mère après avoir retrouvé la vue.

L’histoire de Mélanie de Salignac

La huitième partie est dédiée à Mélanie de Salignac, une jeune fille presque aveugle de naissance. Malgré son handicap, Mélanie est très intelligente et dispose d’une finesse d’esprit rare. Elle juge les gens par leur voix et estime leur taille en fonction de la provenance du son. Mélanie ne souhaite pas voir, considérant que son handicap lui apporte l’aide et la compassion dont elle a besoin. Elle pense que la musique est la plus belle des langues et que les personnes qui voient ne peuvent pas l’apprécier autant qu’elle.

Mélanie est décédée à vingt-deux ans d’une tumeur cachée, mais elle a laissé derrière elle un héritage d’amour, de talent et de persévérance. Elle avait des compétences remarquables en musique, en danse, en mathématiques ainsi qu’en travaux manuels. Elle possédait un bon sens de l’humour et une gentillesse admirable. Ses opinions religieuses sont inconnues, car elle les a gardées secrètes par respect pour sa mère.

* Jacques Daviel est un célèbre médecin renommé pour avoir mis au point une méthode d’extraction du cristallin dans la chirurgie de la cataracte. Il était l’ophtalmologue personnel du roi Louis XV.

Analyse de l’oeuvre

Biographie de l’auteur

Né le 5 octobre 1713 à Langres, Denis Diderot est issu d’une famille bourgeoise. Son père, Didier Diderot était maître coutelier et sa mère, Angélique Vigneron était fille d’un maître tanneur. Destiné à épouser une carrière ecclésiastique, Denis Diderot s’échappe de l’emprise parentale en allant étudier à Paris en 1728. Quatorze ans plus tard, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau. En 1743, Diderot entame sa carrière littéraire en traduisant The Grecian history de Temple Stanyan. Par la suite, il a écrit de nombreux romans, mais également des pièces de théâtre et des essais, dont Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient qui a été écrit en 1749. Dans cet essai sur la perception visuelle, cet auteur des Lumières utilise l’histoire de l’aveugle de naissance pour s’interroger sur la capacité de l’être humain à comprendre le monde qui l’entoure. Il remet en question les notions traditionnelles de vérité et de certitude. Destiné à tenter de répondre à la question d’un de ses amis, cette lettre a été publiée sans son autorisation ce qui lui a valu des problèmes avec les autorités, notamment religieuses. L’ouvrage était considéré comme étant subversif et dangereux ce qui lui a valu d’être emprisonné un mois après la publication de son ouvrage, à l’âge de trente-six. Il restera enfermé pendant trois mois au donjon de Vincennes. Toutefois, abattu par la situation, il obtiendra le droit de visite à partir du 21 août.

Un ouvrage qui ne passe pas

Dans ce texte, Diderot partage une conversation avec un aveugle de naissance, il utilise la forme d’un dialogue pour que ça soit plus authentique et émouvant pour le lecteur. Soucieux de ne pas imposer ses idées, Diderot explore différentes perspectives et diverses théories pour que le lecteur puisse se faire sa propre opinion. La Lettre sur les aveugles est donc une expérience philosophique unique qui met l’accent sur la réflexion et la sensibilité.

Diderot parle des aveugles et de la façon dont ils perçoivent le monde, en montrant que leur sensibilité est différente de celle des voyants. Il explique que chaque sens est unique et ne peut pas être comparé aux autres. Les aveugles apprennent et comprennent le monde en se basant sur leur sensibilité et leur contact avec les choses, ce qui leur donne une vision et une morale différentes de celles des voyants.

Diderot remet en question une théorie de Descartes et parle des débats entre les philosophes sur la façon dont on communique avec nos sens. Il préfère parler directement avec un aveugle pour mieux comprendre leur sensibilité, plutôt que de prendre parti dans le débat. Sa lettre, appelée La Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, met en avant l’idée que chaque personne a une connaissance sensible unique et que tout est relatif. Cette lettre a suscité beaucoup de débats et de controverses à l’époque.

En effet, La Lettre sur les aveugles de Diderot a fait beaucoup de bruit à l’époque, notamment dans les institutions religieuses qui ont très mal reçu l’essai philosophique, car il remet en question l’existence de Dieu. Diderot parle de la croyance des aveugles en Dieu et explique que si on n’a pas eu d’expérience directe avec quelque chose, on ne peut pas vraiment y croire. Il critique également l’idée que tout dans la nature est parfait, en soulignant les imperfections comme les personnes aveugles. Pour expliquer l’évolution et la nature du monde, Diderot utilise le matérialisme et suggère que la croyance en un Être Suprême est le fruit de l’imagination et de l’arrogance humaine. Il invite à moins d’orgueil et plus de philosophie dans notre approche des phénomènes naturels difficiles à appréhender.

Diderot pense que dans le domaine métaphysique, la morale dépend de la sensibilité et n’est pas universelle. Pour illustrer cette idée, il imagine une fausse conversation entre un aveugle, Nicholas Saunderson, et un ministre. Le ministre essaie de prouver l’existence de Dieu en utilisant la beauté de la nature et la perfection du corps humain, mais Saunderson ne trouve pas cela convaincant, car il ne peut pas voir ces preuves. Cette conversation inventée à laquelle il a attribué de fausses sources afin de renforcer son argument, a fortement déplu à l’académie anglaise.

A propos de l'auteur

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