Petite discussion avec une momie est une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, un auteur américain, dont la première publication remonte à avril 1845. Traduite en français par Charles Baudelaire, cette œuvre se retrouve dans l’anthologie Nouvelles histoires extraordinaires. Penchons-nous sur cette œuvre du fantastique du 19ème siècle.
Résumé détaillé de Petite discussion avec une momie d’Edgar Allan Poe
Une invitation
Le narrateur commence son histoire en nous expliquant qu’il avait une forte migraine et qu’il voulait dormir. Après un repas assez léger, bien que sa femme puisse soutenir le contraire, le narrateur a mis son bonnet de nuit et s’est endormi.
Le narrateur commençait tout juste à s’endormir lorsqu’il a entendu la sonnerie de la porte. Sa femme est venue l’avertir qu’il avait reçu une invitation à assister à l’examen de la momie de son ami, le docteur Ponnonner. Ce dernier avait obtenu l’autorisation de démailloter et même d’ouvrir la momie si nécessaire. L’examen aurait lieu la nuit à onze heures et seulement quelques amis seraient présents. La momie se trouvait actuellement chez son ami.
L’examen
En apprenant ça, le narrateur s’est dépêché de s’habiller et s’est rendu au domicile de son ami. Quand il arriva, il y avait de nombreuses personnes et l’examen avait déjà commencé.<:P>
La momie en question avait été trouvée dans une tombe près d’Éleithias, dans les montagnes de la Libye, par le capitaine Arthur Sabretash. Elle avait été déposée au musée dans le même état que lorsqu’elle avait été trouvée, c’est-à-dire avec la bière intacte. Elle avait été exposée au public pendant huit ans, mais seulement à l’extérieur. Et aujourd’hui, le narrateur et quelques amis du docteur étaient invités à assister à l’examen de cette momie.
Il y avait une grande boîte oblongue sur la table qui est faite de papyrus dur et décorée de peintures funèbres. Elle contenait des hiéroglyphiques phonétiques qui formaient le mot “Allamistakeo” et qui avaient été traduits par M. Gliddon, un ami présent du docteur.
Après avoir ouvert chacune des caisses, les personnes découvraient enfin le corps, qui était enveloppé dans une gaine de papyrus recouverte de plâtre peint et doré. La gaine était ornée de peintures représentant des sujets liés aux devoirs de l’âme et à sa présentation aux divinités, ainsi que de portraits de personnes embaumées. Il y avait également une inscription en hiéroglyphes phonétiques donnant le nom et les titres du défunt et de ses parents.
Le corps momifié portait des colliers en perles de verre autour du cou et de la taille, et sa peau, d’une teinte rougeâtre, était remarquablement préservée sans aucune odeur. Des prothèses oculaires en verre avaient remplacé les yeux naturels. L’embaumement avait été réalisé avec de l’asphalte et diverses résines parfumées. Contrairement à la pratique courante où les viscères étaient retirés par des incisions dans le crâne et le flanc, ici, aucune trace de telles interventions n’était apparente. Avant d’être embaumé, le corps avait été soigneusement rasé, nettoyé et traité avec du sel.
Le réveil de la momie
Ne trouvant pas de trace d’ouverture, le docteur Ponnonner décida de préparer ses instruments de dissection mais le narrateur fit remarquer qu’il était déjà deux heures passées. Ils consentirent à réaliser l’examen interne au lendemain. Quelqu’un lança l’idée de faire une expérience avec la pile de Volta en appliquant l’électricité au corps. Après avoir réussi à mettre à nu une partie du muscle temporal, ils se rendirent compte qu’il n’y avait aucune réaction galvanique. Pendant l’expérience, quelqu’un remarqua que les yeux de la momie étaient couverts par les paupières et n’étaient pas en verre comme ils l’avaient initialement supposé. Cette découverte fut surprenante pour tout le monde.
Ils décidèrent de faire une expérience en coupant l’orteil de la momie et en lui appliquant de l’électricité. Quand ils le firent, la momie retira son genou et donna une ruade au docteur Ponnonner, qui fut projeté par la fenêtre. Le docteur Ponnonner fut retrouvé indemne sur l’escalier et était plus motivé que jamais à continuer les expériences.
Le corps avait été animé par l’électricité et avait ouvert les yeux. La momie s’était assise et avait adressé un discours en égyptien à ses examinateurs, les accusant de conduite impolie et de lui avoir enlevé ses vêtements et ses bières. Il critiquait particulièrement le docteur Ponnonner et s’attendait à une meilleure conduite de la part de M. Gliddon et M. Buckingham, qui parlaient couramment l’égyptien et qui étaient censés être amis des momies. Il considérait avoir été traité de manière brutale, critiquant le docteur Ponnonner de lui avoir tiré son nez.
Le discours de la momie avait surpris et offensé les membres de la société, qui ne montraient cependant pas de signe de peur ou de confusion. Le docteur Ponnonner avait l’air en colère, M. Gliddon ajustait sa chemise, et M. Buckingham baissa la tête et mit son pouce dans sa bouche. Le narrateur pensa que la réaction des membres de la société était naturelle et qu’il n’y avait rien de particulièrement irrégulier dans le comportement de la momie. Il se mit simplement hors de portée du poing de l’Égyptien.
La discussion avec la momie
L’Égyptien s’étant réveillé, il parlait avec M. Gliddon et M. Buckingham. Ils avaient dû utiliser des images pour faire comprendre certains mots et concepts modernes à l’esprit de l’Égyptien d’un autre âge. M. Buckingham avait même dû enlever sa perruque pour expliquer le concept de Whig à l’Égyptien.
La momie accepta les excuses de la société et les scientifiques ont dû réparer les dommages causés par leur examen.
La momie, qui s’appelait Allamistakeo, avait été mal estimée en termes d’âge et en réalité avait seulement 7 siècles. Elle révéla qu’elle avait été conservée dans du mercure bichlorure et non de l’asphalte. Elle avait également expliqué comment elle avait été emballée et enterrée, et leur avait appris que les Égyptiens avaient une technique avancée pour la conservation des corps. La conversation continua sur divers sujets, y compris l’histoire de l’Égypte et les différences culturelles entre l’Égypte et les États-Unis.
Le comte Allamistakeo, la momie égyptienne, expliqua à la société qu’il avait été embaumé vivant il y a environ 5500 ans et qu’il était encore en vie. Il raconta que, dans son époque, il était courant pour les gens de se faire embaumer ainsi à dessein, en morcelant leur vie naturelle en tranches de quelques siècles chacune. Lorsqu’ils ressuscitaient, ils trouvaient souvent que leur travail avait été perdu ou altéré et devaient alors le réécrire et le mettre à jour en fonction des nouvelles traditions et connaissances de l’époque. Cette pratique avait été abandonnée car elle était coûteuse et fastidieuse, mais il restait encore des momies vivantes dans les catacombes.
Le savoir de la momie
S’ensuit une conversation entre la société de scientifiques et la momie qui est interrogé par le narrateur et d’autres membres de la compagnie sur les connaissances et les capacités des anciens Égyptiens. La momie répondit en racontant des anecdotes sur les progrès réalisés par les anciens Égyptiens dans des domaines tels que la phrénologie, le magnétisme animal et le calcul des éclipses. Le narrateur et les autres membres de la compagnie interrogèrent également la momie sur la fabrication du verre et la construction des bâtiments dans l’Égypte ancienne. La momie répondit en soulignant l’architecture et les techniques de construction avancées des anciens Égyptiens, notamment leur capacité à construire des portiques à 24 colonnes et à sculpter l’onyx avec une précision microscopique. À la fin du passage, la momie évoqua la pratique de l’embaumement en Égypte ancienne et l’utilisation de composés chimiques pour préserver les corps des défunts.
La défaite de la momie
Le docteur demanda à la momie si les Égyptiens avaient compris la fabrication de certaines pilules. La momie baissa la tête, indiquant une défaite. Ne supportant pas l’humiliation de la momie, le narrateur décida de prendre congé. En rentrant chez lui, il se rendit compte qu’il était tard. Le lendemain matin, le narrateur se leva tôt et écrivit ces notes avant de décider de se faire embaumer pour plusieurs siècles, car il était frustré par sa vie actuelle et anxieux de savoir qui sera élu Président en 2045.
Présentation des personnages
Le narrateur reçoit une invitation de son ami, le docteur Ponnonner, pour examiner une momie. Dès le début, il est décrit comme étant sous l’effet de l’alcool et, à la fin, il émerge de son état, ce qui pourrait indiquer que toute l’histoire n’est qu’un rêve induit par l’ivresse. Aucun détail supplémentaire n’est fourni sur le narrateur; son nom, son âge et son aspect physique demeurent inconnus.
Le docteur Ponnonner est l’ami du narrateur et l’un des pseudo-savants qui participent à l’examen de la momie. Nous ne savons pas grand-chose sur lui, si ce n’est qu’il est décrit comme étant un “véritable médecin” et comme ayant de “merveilleux remèdes-miracles“, bien que cela puisse être ironique et que l’histoire puisse être présentée de manière sarcastique.
La momie, nommée Allamistakeo, est ancienne de plusieurs millénaires, quatre ou cinq mille ans pour être précis. Elle a été découverte par le capitaine Sabretash dans les montagnes de Libye, au-dessus de la ville de Thèbes. Durant une soirée, cette momie est le sujet d’étude d’un groupe d’amis pseudo-érudits du docteur Ponnonner. Ils parviennent à la ramener à la vie à l’aide d’une pile voltaïque. À son réveil, Allamistakeo s’exprime en ancien égyptien, reprochant à ses réanimateurs leur manque de délicatesse. Elle leur révèle que son temps était bien plus avancé que le leur, considérant la momification comme une forme de repos face à l’excès de longévité de son époque. Avec une pointe de sarcasme, elle souligne l’ignorance des pseudo-savants en histoire et en sciences. Finalement, ils la convainquent d’admettre son ignorance des prétendus remèdes miraculeux du docteur Ponnonner.
M. Gliddon et M. Buckingham sont des pseudo-savants décrits comme étant des amis du docteur Ponnonner. Ils participent à l’examen de la momie avec lui. Ils sont présentés comme des égyptologues amateurs et se ridiculisent eux-mêmes en essayant de contrer les arguments de la momie, qui est vieille de quatre ou cinq mille ans.
Le capitaine Arthur Sabretash est un personnage décrit comme étant celui qui a découvert la momie dans les montagnes de Libye, au-dessus de Thèbes.
Analyse de l’oeuvre
La nouvelle constitue une critique humoristique de la science et de la prétention des autoproclamés experts de l’époque de Poe. Ces “pseudo-savants” ridiculisent une momie millénaire, Allamistakeo, tout en se vantant d’avoir la clé de toutes les connaissances, alors qu’en réalité, leur compréhension est limitée. Lorsqu’ils réveillent Allamistakeo, la momie les réprimande pour leur manque de délicatesse et leur révèle que sa propre époque était en réalité bien plus avancée que la leur. Elle décrit la pratique de la momification comme une interruption bienvenue dans le cours d’une existence exceptionnellement étendue.
Dans Petite discussion avec une momie, Edgar Allan Poe emploie les éléments du fantastique pour se moquer du positivisme ambiant de son temps ainsi que de l’autosatisfaction née des supposées percées technologiques, politiques et scientifiques. Les personnages, présentés comme des savants de façade, incarnent cette suffisance en dénigrant une momie plusieurs fois millénaire et en tentant vainement de lui prouver qu’ils détiennent le savoir supérieur, révélant ainsi leur propre ignorance et leur manque d’une approche scientifique véritablement méthodique et rigoureuse.
Poe utilise l’histoire de la momie pour mettre en lumière l’arrogance et la vanité des pseudo-savants et pour souligner l’importance de la connaissance et de la compréhension de l’histoire. Il utilise également l’ironie et le sarcasme pour ridiculiser les pseudo-savants et pour souligner leur ignorance. Toutefois, la momie finit par capituler en avouant qu’elle ne connaissait pas les “merveilleux” remèdes-miracles du docteur Ponnonner, mettant ainsi en évidence leur manque de connaissances et de compréhension réelles.
En plus de son thème satirique, Petite discussion avec une momie est également intéressante du point de vue de la forme littéraire. L’histoire est racontée par le narrateur, qui est alcoolisé au début et qui se réveille à la fin, laissant suggérer que toute l’histoire pourrait être le rêve éthylique du narrateur. Cela ajoute une couche de mystère et de confusion à l’histoire et laisse ouverte la possibilité que tout ce qui se passe dans l’histoire n’est peut-être pas réel.