Littérature

Voltaire, Jeannot et Colin : résumé, personnages et analyse

Page d'introduction de l'essai de lecture analytique sur Jeannot et Colin de Voltaire englobant un récapitulatif de l'oeuvre, un profil des figures, et une évaluation.
Ecrit par Les Résumés

Publiée en 1764, cette œuvre de Voltaire relate l’histoire de deux jeunes écoliers, Jeannot et Colin. Le premier, fils d’un riche marchand de mulets, ne connaît pas la misère et vit aisément. Le second, fils d’un modeste laboureur, profite de la vie même si celle-ci n’est pas tous les jours facile. Ce récit de l’auteur français fait ressortir des valeurs morales comme l’intégrité, l’humilité et l’amitié véritable.

Résumé de Jeannot et Colin de Voltaire

La majorité des habitants de la ville d’Issoire connaissaient tous Jeannot et Colin comme étant des meilleurs amis malgré la différence de leur statut. Les deux camarades étaient toujours ensemble et se moquaient bien des préjugés de ceux qui les entouraient.

Un jour, le père de Jeannot offrit à son fils un sublime habit avec une lettre dont le contenu a élevé ce premier au titre de Monsieur le Marquis de la Jeannotière. Après avoir reçu ce présent, Jeannot changea radicalement de comportement envers son ami Colin. Il prit la décision, avec l’accord de son père d’arrêter ses études et de venir à Paris.

Ascension de M. de La Jeannotière

Jeannot a pu accéder au statut d’homme du monde grâce à la noblesse et la richesse de son père. La fortune vient subitement à son père, qui était parti à Paris pour assister à un procès, fait la rencontre d’un riche entrepreneur des hôpitaux de l’armée qui l’aida dans ses activités. Grâce à leur partenariat, les affaires du père de Jeannot devinrent fructueuses si bien qu’il entama une reconversion professionnelle. Ayant acquis une incroyable richesse en très peu de temps, il s’acheta le titre de marquis. Avec les lettres de noblesse en sa possession, Monsieur de la Jeannotière demanda à son fils de le rejoindre à Paris pour l’inculquer aux mondanités. Avant de partir, Jeannot, vêtu du nouvel habit envoyé par son père, prend un air hautain et supérieur qui attriste profondément Colin.

Heureux et fier de l’ascension de son ami, Colin a décidé de lui écrire une lettre pour le féliciter. Mais celui-ci ne reçut aucune réponse, car Monsieur le Marquis avait d’autres choses plus importantes à faire. Colin s’en désola, mais n’ait aucunement jaloux de la réussite de Jeannot.

L’éducation reçue par le jeune noble

Le père de Jeannot crut bon de confier son fils à un gouverneur qui se chargea de son éducation au quotidien. Ses parents voulaient donner le meilleur enseignement qui soit à leur fils et ne lésinaient pas sur les moyens. Ils avaient prévu de nombreux projets ambitieux pour ce dernier et voulaient les concrétiser à tout prix. Monsieur le Marquis voulait que son héritier apprenne le latin et recourut à un célèbre écrivain. Jeannot lui en dissuada : il n’était pas essentiel de parler une langue étrangère. En revanche, il valait mieux se concentrer sur la langue maternelle. La géographie, elle non plus, n’a pas rencontré les effets escomptés. Le gouverneur stipula que le Marquis ne risquait pas de perdre ses terres et saurait se déplacer entre Auvergne et Paris sans aucun danger. Toutes les matières sont passées en revue : le calcul d’une éclipse n’avait aucune utilité, car son apparition était déjà évoquée dans le calendrier, on n’avait pas besoin de connaître l’histoire passée, qui faisait office de fables. La pratique des arts n’était pas enseignée au jeune seigneur.

En fin de compte, la décision finale était que le cerveau du marquis ne devait pas être saturé avec des connaissances futiles. Son écusson suffisait pour le faire briller dans la haute société. Mais le gouverneur refroidit ses ardeurs en répliquant que tout le monde pouvait s’approprier facilement un blason. La danse et le chant, pourquoi pas ? Le jeune seigneur voulait donc rayonner dans ces activités-là. Il se mit même à écrire ses propres compositions et faisait corriger les erreurs de vers en payant un professionnel dédié. Ses parents souhaitaient que Jeannot plaise à tous, tâche accomplie, vu qu’il s’exécuta en essayant de parler avec éloquence, du moins, c’est ce qu’il pensa. Les femmes s’attroupaient autour de lui telles des abeilles autour d’une ruche. Ses œuvres et sa signature sont même apparus dans les journaux littéraires de la ville. Son père désireux de lui acheter une charge, voulait le faire percer dans les ordres. Sa mère, elle, revendiqua un régiment pour son fils. Une jeune veuve tenta le tout pour le tout d’entrer dans les bonnes grâces des époux de la Jeannotière. Stratège, elle envisagea de séduire le jeune marquis et réussit son coup. Le mariage somptueux sera pour très bientôt. Il fut annoncé en grande pompe.

La chute

Hélas, personne n’est maître de son avenir et personne n’avait pensé que la fortune pouvait disparaitre en si peu de temps. Le jeune marquis qui goûtait aux joies du mariage et de l’amour fut vite redescendu sur terre à l’annonce de la ruine de son père et de son emprisonnement. Toutes les richesses accumulées par la famille s’étaient envolées. Les domestiques ont également pris leur part sans se soucier des éventuelles répercussions. Le marquis n’avait pas la possibilité de payer les dettes qu’il avait souscrites auprès des créanciers. Ces derniers ne s’étaient pas gênés pour se faire rembourser en emportant ses dernières affaires.

Il s’était tourné vers sa promise pour lui venir en aide. Mais grande fut sa surprise lorsque celle-ci lui dit d’engager sa mère comme femme de chambre. Il n’en revenait pas, étant donné qu’il pensait qu’elle avait bon cœur et était une personne de confiance. L’amant de son épouse proposa à Jeannot de l’enrôler dans son armée. Le gouverneur qui était aux petits soins pour lui auparavant, l’a rabaissé en lui offrant un poste de gouverneur d’enfants. Comme il n’avait plus d’endroit où aller, il se résigna à accepter l’offre. Il alla frapper à la porte du confesseur de sa mère pour lui demander du secours. Indifférence et froideur l’ont accueilli. Il tenta le coup chez d’autres connaissances, mais elles avaient toutes la même réaction. Aucun soi-disant ami ne voulait lui prêter main forte.

Les retrouvailles

Le jeune seigneur ne parvenait pas à rassembler ses esprits. C’est avec ses pensées tourmentées qu’il voyait venir un équipage inhabituel : une banne couverte accompagnée de quatre charrettes avec chacune un chargement volumineux. Les occupants du tombereau n’étaient autres que Colin, son ami d’enfance et sa femme brune, douce et gentille. Ils roulaient à une faible vitesse, donnant le temps à Colin de reconnaître son ami. Grande fut sa joie, vu qu’il n’hésita pas à sauter de sa chaise pour étreindre son ami. Jeannot se remémora de son dédain d’autrefois et son abandon. Il se mit à lui raconter son histoire sans omettre le moindre détail.

Les deux camarades rejoignirent à pied l’hôtel où étaient descendus Colin et sa femme. Ce dernier dirigeait une manufacture dans leur pays d’antan et excellait dans l’art de la négociation. Quand il apprit les déboires de son ami, il prit Jeannot sous son aile. Il sortit également le père de son ami de sa cellule et ramenait les parents au pays où ils ont pu reprendre leur ancienne activité. Jeannot épousa la sœur de Colin et promit intérieurement de ne plus jamais se laisser gagner par la vanité.

Les personnages

Colin : est le fils d’un laboureur qui loge dans les alentours d’Issoire. Son père gagne sa vie modestement. Le jeune garçon est humble et aime véritablement son ami Jeannot. Optimiste, il possède une vraie joie de vivre qui se ressent à travers ses actions. Même s’il admire les richesses de Jeannot et de sa famille, il n’est pas envieux et jaloux envers son ami. En revanche, il est attristé et se désole du comportement suffisant et dédaigneux de Jeannot en son égard lorsqu’il entre dans le beau monde. La lettre envoyée par Colin complimenta Jeannot, c’est une preuve de sa bonne foi et de la sincérité de ses sentiments ainsi que de son amitié fidèle. Le jeune homme est devenu un homme mûr au visage frais et arrondi, toujours souriant et gai. Grâce à son courage et à sa motivation, il a réussi à se faire une place dans la société et est devenu stable du point de vue économique. Le bonheur a frappé à sa porte et il a su le garder. Quand il a rencontré Jeannot, il ne lui a pas fait de reproches. Au contraire, il lui a pardonné et l’a accueilli comme le ferait un véritable ami.

Jeannot : est le fils d’un riche marchand de mulets et est issu d’Issoire en Auvergne. Lorsque son père s’appropria le statut de marquis, le jeune garçon a commencé à prendre un air hautain et s’est mis à regarder son ami de haut. Son brusque changement de caractère révèle tout de sa personnalité. Il abandonna ses études et a entrepris de s’installer à Paris pour renforcer son prestige. Il perdit de vue ce qui était réellement important pour lui. Il croyait que tout le monde enviait ses qualités supérieures et semblait être au-dessus de tout. Jeannot se trompait visiblement, car personne sauf Colin ne l’estimait à sa vraie valeur. Quand il arrive à Paris, Jeannot adopte une vie moderne et passe ses journées à perfectionner sa voix et ses chansons. Attiré par les charmes d’une jeune veuve, il la demande en mariage sans savoir que celle-ci ne veut que sa fortune. Lorsque l’entreprise de son père tombe en faillite et celui-ci est emprisonné, il se rend compte qu’il n’a pas de véritables amis. Abattu, il retrouva son ami d’enfance, qui malgré son comportement ne lui a pas tourné le dos. Jeannot regretta amèrement son attitude passée avec Colin et ressentit de la honte. Il a eu droit à son bonheur lorsqu’il retourna à Issoire et devint le beau-frère de Colin. Il reprend sa vie d’avant en ayant retrouvé du travail auprès de Colin.

Analyse de l’œuvre

La première édition du livre Jeannot et Colin est publiée en avril 1764 dans les Contes de Guillaume Vadé. Le contenu présente le philosophe et écrivain français François-Marie Arouet, connu sous le pseudonyme Voltaire. Le texte dresse également le portrait des interprètes du récit, Jeannot, Colin et les parents de Jeannot. Ce conte philosophique est très répandu au XVIIIe siècle, car il met en avant un aspect moral rare. Les philosophes de cette époque utilisaient aussi ce genre narratif pour s’exprimer face à leurs lecteurs et survoler la censure dont leur œuvre en fait l’objet.

À ses débuts, le récit ne rencontre pas un succès lors de sa publication. Il est ensuite adapté au théâtre en 1780 par Florian. Au fil du temps, d’autres adaptations ont été créées avec des réductions de texte. La lecture du livre est moralisatrice. Il est classé par la suite dans la catégorie conte pour enfants. Actuellement, c’est une aide pédagogique incontournable qu’on retrouve dans toutes les écoles.

Le texte constitue une épigramme de l’éducation, puisqu’il montre du doigt l’injustice du système qui met à l’honneur les hautes sphères de la société de l’époque. Il réprimande l’inutilité des sciences abstraites qui sont considérées comme des disciplines réelles. L’œuvre voltairienne relate les aventures des deux personnages et les épreuves qu’ils ont traversées pour conserver leur amitié. Elle met en scène l’ascension soudaine de Jeannot et sa famille dans la haute société et leur statut de nouveaux riches. On y retrouve également leur chute quand leur fortune leur est enlevée. Cet ouvrage renferme de belles leçons de vie et démontre que le bonheur n’est pas dans la vanité, mais dans l’amitié, l’amour et le savoir. C’est dans l’adversité que Jeannot a découvert ses vrais amis.

Le texte affiche le spectacle du monde comme il l’est vraiment : descriptif minutieux de la vie parisienne, mise en scène de l’ascension et de la descente aux enfers de Jeannot qui ignore les codes de la vie, constat d’un monde où l’argent est roi et d’une société endurcie, sans pitié.

La morale de cette œuvre reste valable jusqu’à aujourd’hui : « toutes les richesses et la fortune de ce monde ne remplacent pas un bon ami ». L’auteur insiste sur le fait que les différenciations et les préjugés sociaux sont inutiles. C’est un fervent défenseur de l’égalité entre tous les hommes tout au long de son existence.

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