Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, Aux Champs : résumé, personnages et analyse

Page de garde du dossier de lecture résumant Aux Champs des "Contes de la Bécasse" de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

La nouvelle Aux Champs est une variation sinistre sur le thème de l’avarice normande. Publiée le 31 octobre 1882 dans Gil Blas, elle a été compilée dans le recueil Contes de la Bécasse découvrons cette œuvre de Maupassant qui se révèlent être l’une des plus cruelles de l’auteur français.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “Aux Champs” de Guy de Maupassant

L’histoire raconte la vie de deux familles pauvres vivant dans des chaumières voisines. Les Tuvache ont trois filles et un garçon, tandis que les Vallin ont une fille et trois garçons. Les deux familles travaillent dur pour élever leurs enfants, qui sont nourris de soupe, de pommes de terre et de peu de viande. La vie est difficile pour tous, mais ils restent très solidaires entre eux jour. Un jour, Mr et Mme Henri d’Hubière voient les enfants en passant près des champs en voiture. Ne pouvant pas avoir d’enfants, Mme Henri d’Hubières tombe amoureuse des enfants. Elle commence à rendre visite aux familles et à leur apporter des friandises. Elle finit par demander à la famille Tuvache de prendre Charlot, leur fils, afin de l’adopter et de lui offrir un avenir meilleur. Les Tuvache refusent et sont offensés par l’offre de Mme d’Hubières. Cependant, les Vallin acceptent l’offre en échange d’une rente de cent francs par mois et d’un paiement initial de cent francs. Les papiers sont signés en présence du maire et d’un voisin. Durant les années qui suivirent, les Vallin et les Tuvache ne peuvent plus se supporter. La mère Tuvache se sent fier de ne pas avoir vendu son fils. Tous les jours, elle trouve un moyen de les calomnier. En grandissant, Charlot devient fier d’être l’enfant qui n’a pas été vendu. De son côté, Jean grandit heureux et prospère et les Vallin jouissent de la rente des cent francs par mois. Les Tuvache, quant à eux, continuent de vivre pauvrement en étant fier de leur décision. Un beau jour, Jean Vallin revient rendre visite à ses parents biologiques en tant que jeune adulte. Charlot, alors âgé de vingt et un, et vivant une vie misérable, l’aperçoit. Lui qui était si fier de ne pas avoir été vendu devient jaloux en voyant les signes de richesse de Jean. Il sait qu’il aurait pu être à sa place. Triste et énervé que ses parents l’aient privé d’une vie aussi belle, il décide de les quitter en leur expliquant qu’il ne pourra plus jamais rester avec eux sans le leur reprocher. Il sort de sa maison en pleine nuit en traitant ses parents de “Manants“.

Présentation des personnages

Les Tuvache sont une famille de paysans qui vivent dans une petite maison. Ils ont quatre enfants, dont les deux aînés ont six ans et les deux cadets ont quinze mois environ. Les Tuvache font face à des difficultés économiques et nourrissent leur famille du mieux qu’ils peuvent. La mère Tuvache refuse de vendre son fils à Mme Henri d’Hubières. Elle estime cet acte abominable et son mari partage sa position. Lorsqu’ils s’aperçoivent que les Vallin n’hésitent pas à vendre leur enfant, les Tuvache coupent tout contact avec eux. La famille Tuvache se sent supérieure et ne cessent de calomnier les Vallin. Les Tuvache sont des parents aimants et attachés à leur famille, mais confrontés à des difficultés économiques. Ils pensent que leur famille est assez forte et soudée pour se serrer les coudes dans l’adversité. Ils ne comprennent pas la réaction de leur fils quand celui-ci décide de les quitter après avoir vu en Jean, le fils des Vallain, la personne qu’il aurait pu devenir.

Charlot est l’enfant que l’on ne veut pas vendre. Il incarne l’amour parental et l’attachement familial. Habitué à entendre sa mère calomnier les Vallin avec tant de fierté, Charlot se sent fier, en grandissant, d’avoir pu rester avec ses parents biologiques. Toutefois, lorsqu’il voit arriver Jean avec des signes extérieurs de richesse. Charlot, jaloux, en veut à ses parents. Il est resté dans la misère et dans la pauvreté toute sa vie alors qu’il aurait pu avoir la chance de vivre une vie belle et magnifique. Il finit par quitter ses parents en les insultant. Charlot incarne l’ingratitude des enfants pour leurs parents. Il ne se rend compte que de ce qu’il a perdu en faisant abstraction de toutes les richesses immatérielles que lui a apportées sa famille : l’amour, l’attachement.

Les Vallin sont les voisins des Tuvache. Tout comme eux, ils vivent une vie pauvre et misérable. Toutefois, ils ne sont pas fermés à la proposition de Mme Henri d’Hubières et arrivent même à augmenter le montant de la rente. Ils échangent donc sans scrupule leur enfant afin de pouvoir avoir une vie plus confortable. Ils vont même jusqu’à se dépêcher de signer toutes les formalités afin de pouvoir obtenir les choses promises plus rapidement. Leur enfant part en pleurant avec M. et Mme Henri d’Hubières, mais cela n’a pas l’air de les déranger. Bien au contraire, ils sont satisfaits de leur affaire. Cette décision est jugée scandaleuse par les Tuvache qui décident de rompre tout contact avec eux. Les Vallin s’en moquent étant donné que, progressivement, leur train de vie s’améliore. Lorsque leur fils Jean vient les revoir des années plus tard, ils sont heureux. Le père s’adresse même à son fils comme s’il n’était parti que depuis quelques mois. Ils profitent d’un repas tous ensemble.

Jean Vallin est l’enfant qui sert de rente à ses parents. Ces derniers ne l’abandonnent pas mais ils se servent de lui pour saisir l’occasion d’avoir une meilleure vie. Jean Vallin est donc arraché à ses parents pour vivre avec M. et Mme Henri d’Hubière. Son départ se fait dans les pleurs étant donné qu’il ne veut pas quitter ses parents. Jean grandit dans le luxe et l’aisance et lorsqu’il revient après de nombreuses années, il semble être mal à l’aise avec ses parents biologiques et leur mode de vie.

Madame Henri d’Hubières est une jeune femme riche et sans enfant qui s’arrête un jour devant les deux chaumières des Tuvache et des Vallin avec son mari Monsieur Henri d’Hubières. Elle est touchée par leur situation difficile et surtout par la beauté et l’innocence des enfants qu’elle voit grouiller devant leur porte. Elle se lie d’amitié avec eux et revient plusieurs fois pour leur apporter des friandises et des cadeaux. Elle propose aux parents des Tuvache d’adopter leur petit garçon, Charlot, en échange d’une somme d’argent et d’une rente mensuelle pour les parents. Ces derniers refusent catégoriquement, outrés à l’idée de “vendre” leur enfant. Madame d’Hubières persiste et se tourne alors vers les Vallin, chez qui elle réussit finalement à adopter leur fils Jean en échange d’une rente mensuelle et d’une somme d’argent. Ce personnage incarne une certaine image de la charité et de la générosité, mais cette image est mise à mal par sa proposition indécente d’adopter un des enfants. Cela peut être perçu comme une tentative d’achat de l’enfant. Elle apparaît aussi comme une femme riche et capricieuse qui veut satisfaire ses propres désirs sans se soucier des conséquences pour les autres.

Le notaire a pour rôle de certifier légalement l’accord conclu entre les Vallin et les d’Hubières et est responsable de la gestion de la rente que les Vallin recevront en échange.

Le maire ainsi qu’un voisin du quartier seront présents en tant que témoins lors de l’acte d’adoption, ils serviront à attester de manière officielle cette démarche.

Analyse de l’oeuvre

Le schéma narratif

Situation initiale Près d’une colline et non loin d’une source d’eau chaude, résident deux familles paysannes (les Tuvache et les Vallin) qui coexistent pacifiquement malgré leur pauvreté. Chacune des familles compte quatre enfants.
Élément perturbateur Un couple M. et Mme Henri d’Hubière s’arrête en voiture devant les deux maisons où les enfants jouent. La femme, n’ayant pas d’enfants est émue. Ils reviennent plusieurs fois, et lors d’une visite, la femme aborde les Tuvache et leur demande si elle peut adopter leur fils Charlot.
Péripéties 1 La Famille Tuvache refuse
2 Les Vallins acceptent la demande
3 Rupture entre les familles et insultes de Mme Tuvache envers la famille Vallin. Elle juge leur décision scandaleuse.
Dénouement Heureuse, Mme Henri d’Hubière repart avec l’enfant.
Situation Finale Les Vallin ont vécu une vie plus confortable. Jean revient et a pu jouir d’une belle vie. Les Tuvache se sont confortés dans la misère et Charlot quitte la maison parce qu’il leur en veut de lui avoir privé de ce qu’a pu avoir Jean.

Analyse littéraire

Le thème principal de la nouvelle est celui de l’adoption et de la vente d’enfants. Maupassant montre comment les parents, même pauvres, peuvent être attachés à leurs enfants et refuser de les vendre, même si cela pourrait leur apporter un soulagement financier. En revanche, il montre également que certains parents peuvent être prêts à vendre leurs enfants pour de l’argent. En outre, la nouvelle aborde les thèmes de l’argent, de la pauvreté, de la hiérarchie sociale et du pouvoir de l’argent, qui peut permettre à une personne riche d’adopter un enfant contre la volonté de ses parents biologiques. Maupassant dénonce également la condition des classes pauvres, obligées de vivre de soupe et de pommes de terre, ainsi que les préjugés des classes riches envers les classes pauvres.

Dans Aux Champs, M. et Mme Henri d’Hubières adoptent un discours généreux pour faire en sorte que les parents puissent accepter l’impensable. Après le premier refus des Tuvache, M. Henri d’Hubières, voyant sa femme déboussolée, tente de mieux leur expliquer la situation : “Alors M. d’Hubières intervint : “Ma femme s’est mal expliquée. Nous voulons l’adopter, mais il reviendra vous voir. S’il tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera notre héritier. Si nous avions, par hasard, des enfants, il partagerait également avec eux. Mais, s’il ne répondait pas à nos soins, nous lui donnerions, à sa majorité, une somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement déposée en son nom chez un notaire.“”. Néanmoins, les parents restent catégoriques. Ils ne veulent pas “vendre” leur enfant, ils trouvent cela ignoble que ces personnes aient pu penser qu’ils allaient accepter. “Vous voulez que j’vous vendions Charlot ? Ah ! mais non ; c’est pas des choses qu’on d’mande à une mère, ça ! Ah ! mais non ! Ce s’rait une abomination.“. Ce refus révèle le caractère de Mme Henri d’Hubière : “Mme d’Hubières, éperdue, se mit à pleurer, et, se tournant vers son mari, avec une voix pleine de sanglots, une voix d’enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits, elle balbutia : — Ils ne veulent pas, Henri, ils ne veulent pas !“. Elle montre que c’est une femme capricieuse qui pense que, sous prétexte qu’elle a de l’argent, elle pourrait obtenir ce qu’elle veut. Les Henri d’Hubières essaient même d’amadouer les parents en leur signifiant que ce serait un privilège pour leur enfant : “Mais, mes amis, songez à l’avenir de votre enfant, à son bonheur, à…“. Dans ses paroles, M. Henri d’Hubières sous-entend, implicitement, que leur enfant ne pourra jamais connaître le bonheur dans cette vie misérable.

Toutefois, dans cette nouvelle, le couple Tuvache incarne l’amour familial. Un attachement qui ne se retrouve pas parmi toutes les familles comme on peut le constater chez les Vallin : “Cent francs par mois, c’est point suffisant pour nous priver du p’tit ; ça travaillera dans quéqu’z’ans ct’éfant ; i nous faut cent vingt francs.“. Les Vallin profitent de la situation pour marchander et Mme Henri d’Hubières est tellement heureuse qu’ils aient accepté, qu’elle leur offre cent francs directement. Le choix du terme est assez intéressant puisque le narrateur précise : “Mme d’Hubières, trépignant d’impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait enlever l’enfant, elle donna cent francs en cadeau pendant que son mari faisait un écrit.“. Le terme “enlever” souligne bel et bien ce qu’est en train de faire Mme Henri d’Hubière. Elle profite de sa situation sociale en “achetant” un enfant de la classe inférieure pour palier à un caprice, celui d’avoir un enfant. Quand ce dernier est enfin à elle, Mme Henri d’Hubières repart avec Jean comme s’il s’agissait d'”un bibelot désiré d’un magasin“.

Si cette nouvelle peut susciter des réactions vives, il est capital de ne pas juger puisqu’au fond, personne n’est mauvais dans cette histoire. D’autre part, il est très difficile de savoir qui a raison. En effet, les Tuvache peuvent se glorifier de ne pas avoir vendu leur enfant. Toutefois, ils ont continué à vivre une vie misérable alors qu’ils avaient eu l’opportunité de jouir d’une vie plus confortable. De plus, leur enfant qu’ils étaient si fier de ne pas avoir “vendu“, se retournent contre eux, après avoir vu la condition de Jean, considérant qu’ils lui ont gâché l’opportunité de sa vie. “Oui, j’vous le r’proche, que vous n’êtes que des niants. Des parents comme vous ça fait l’malheur des éfants. Qu’ vous mériteriez que j’vous quitte.“. Néanmoins, on peut déceler une pointe d’ingratitude chez Charlot qui ne se rend pas compte que, bien qu’il n’ait pas joui d’une situation confortable, il n’a jamais manqué d’amour. Cependant, qui peut lui reprocher la déception d’avoir pu être ce qu’il ne sera jamais ?
Les Vallin peuvent sembler cupides, toutefois, ils ont su saisir l’occasion et, en le faisant, ils ont pu jouir d’une situation beaucoup plus confortable.

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