Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, La Rempailleuse : résumé, personnages et analyse

Page de garde du dossier de lecture avec une synthèse de La Rempailleuse tirée des Contes de la Bécasse de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

Publiée pour la première fois dans Le Gaulois le 17 septembre 1882, La Rempailleuse de Guy de Maupassant a ensuite été intégrée au recueil Contes de la Bécasse, un an plus tard. Partons à la découverte de cette passion insaisissable qui est l’une des plus grandes histoires d’amour que l’écrivain français a écrites.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “La Rempailleuse” de Guy de Maupassant

Le marquis de Bertrand organise, avec sa femme, un dîner de chasse réunissant onze chasseurs, huit jeunes femmes et le médecin du pays. La discussion tourne autour de l’amour, et la question est de savoir s’il est possible d’aimer plusieurs fois. Les hommes affirment que la passion peut frapper plusieurs fois la même personne, tandis que les femmes considèrent que l’amour vrai ne peut tomber qu’une seule fois sur un mortel. On prie le médecin a tranché et il se met à raconter l’histoire d’une jeune femme dont les parents étaient rempailleurs.
Un jour, alors qu’elle n’avait que onze ans, elle rencontra un garçon, le petit Chouquet, qui pleurait parce qu’on lui avait volé deux liards. De bon cœur, elle lui donna toutes ses économies et elle l’embrassa à plusieurs reprises. Ils se revirent ensuite chaque année. La jeune fille lui donnait toutes ses économies et elle l’embrassait. Cela a continué comme cela jusqu’à ce que le petit Chouquet aille au collège. Ce dernier fit mine de ne pas la reconnaître ce qui lui brisa le cœur. Toutefois, tous les ans, elle continua à se rendre à son village pour le croiser. Elle ne le saluait pas et il faisait semblant de ne pas la reconnaître. Quand ses parents sont morts, elle reprit le métier de ses parents et devint rempailleuse à son tour. Le petit Chouquet, quant à lui, avait bien grandi et était devenu pharmacien.

Un jour, elle l’a vu au bras d’une femme. Elle a compris qu’il s’était marié. Le cœur anéanti, elle voulut se suicider dans la mare, mais elle fut repêchée par un ivrogne qui l’emmena à la pharmacie. Chouquet prit soin d’elle en continuant de ne pas la reconnaître. La rempailleuse était comblée, il lui avait parlé, ceci lui suffisait amplement. Elle prit l’habitude de commander dans sa boutique, cela lui donnait l’occasion de discuter avec lui.
Toute sa vie, elle ne pensa qu’à lui. Elle réalisa des économies et au printemps, elle trouva la mort. Elle avait bien précisé au médecin qu’elle souhaitait léguer, ses économies à Chouquet soit la somme de deux mille trois cent vingt-sept francs. Le médecin donna vingt-sept francs au curé pour organiser l’enterrement puis il se rendit chez Chouquet. Ce dernier se sentit humilié d’avoir été aimé par cette vagabonde, lui et sa femme se sentirent indignés jusqu’à connaître la somme qu’elle lui avait léguée. À l’époque, le salaire d’un travailleur moyen était de trois francs par jour. Chouquet et sa femme acceptèrent l’argent.

Pour le docteur, cette histoire représente l’amour dans sa plus pure des formes. La marquise conclut en affirmant que seules les femmes sont capables d’aimer réellement.

Présentation des personnages

Les personnages du diner

Le médecin du pays est un ancien médecin parisien à la retraite. Les invités du dîner le sollicitent pour qu’il donne son avis sur la question de savoir si on peut aimer plusieurs fois ou non. Bien qu’il n’ait pas d’opinion tranchée, il suggère que la question de savoir si l’on peut aimer plusieurs fois ou non est une affaire de tempérament. Puis il se met à raconter une histoire sur la passion non partagée, d’une de ses patientes, la rempailleuse pour le pharmacie du bourg, Monsieur Chouquet, qui a duré jusqu’à sa mort, soit cinquante-cinq ans.

Le marquis de Bertrans et sa femme, la marquise, sont les hôtes d’un dîner au cours duquel un débat sur l’amour est soulevé. Le marquis soutient que l’on peut aimer plus d’une fois, tandis que les femmes du groupe, dont sa femme, affirment que le véritable amour ne frappe qu’une fois. Ils ne servent que de contexte à l’histoire du médecin sur la rempailleuse de chaise. À la fin de l’histoire, la marquise affirme que seules les femmes sont capables d’aimer réellement.

Les chasseurs et les femmes n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire. Ils ne servent qu’à donner leur approbation ou leur désaccord sur la notion de l’amour.

Les personnages de l’histoire du médecin

La rempailleuse est une vieille femme qui a vécu toute sa vie sur les routes en tant que fille de rempailleurs de chaises. Elle a rencontré le petit Chouquet alors qu’elle n’était âgée que de onze ans. Elle est tombée amoureuse de lui et a continué à l’aimer pendant cinquante-cinq ans, et ce, même après avoir découvert qu’il s’était marié. Pendant toutes ces années, elle a économisé de l’argent pour lui offrir après sa mort. Elle est morte dans la misère et la solitude, mais elle a laissé un héritage de plus de deux mille francs à Chouquet. Ce dernier a réagi avec colère et indignation à cette nouvelle, se sentant outragé par l’amour d’une personne qu’il considérait comme inférieure à lui. Toutefois, il n’a pas hésité à accepter l’argent qui, pour l’époque, représentait une belle somme. La rempailleuse incarne l’amour inconditionnel, l’amour vrai et absolu, qui dure toute une vie, sans espoir ni attente de réciprocité.

M. Chouquet est un personnage clé de la nouvelle. Enfant, il rencontre la jeune fille des rempailleuses. Il n’accepte d’être embrassé que parce qu’elle lui donne de l’argent en échange. On pourrait dire que c’est une forme de prostitution. Cependant, étant donné que les personnages sont des enfants, il est inapproprié d’utiliser le terme “prostitution” pour décrire la situation. Le comportement matérialiste de Chouquet est déjà bien ancré depuis son enfance. Plus tard, il délaisse la rempailleuse en faisant mine de ne pas la reconnaître. Il devient pharmacien du bourg. C’est un homme vaniteux et superficiel qui est marié et semble être fier de sa réussite. C’est également un homme qui a été aimé par la vieille rempailleuse de chaises pendant toute sa vie, sans jamais rien savoir de ses sentiments. Obsédé par sa réputation et son statut social, il méprise les classes inférieures et, tout comme sa femme, il est indigné de savoir qu’une “gueuse” comme la rempailleuse a cultivé un amour pour lui durant toutes ces années. Il n’a aucune compassion pour elle et voit cela comme une insulte à son honneur. Cependant, malgré les critiques sévères envers la rempailleuse, le couple a accepté l’argent qu’elle leur a légué en prétendant agir par bonté d’âme, ce qui peut sembler hypocrite. : “Mais, puisque c’était sa dernière volonté, à cette femme… il me semble qu’il nous est bien difficile de refuser. […] Nous pourrions toujours acheter avec ça quelque chose pour nos enfants.

Analyse d’oeuvre

La Rempailleuse est animée d’un amour puissant qui perdure pendant cinquante-cinq ans sans jamais faiblir. Sa passion pour le pharmacien Chouquet est si intense qu’à la vue de sa femme, elle est poussée au bord du suicide. Le simple regard ou mot gentil de cet homme suffit à la combler de bonheur, et elle lui lègue tout ce qu’elle possède malgré son indifférence envers elle.
Dans cette nouvelle, l’argent et l’amour sont étroitement liés, l’argent étant la seule preuve d’amour que la Rempailleuse puisse offrir. Le thème de l’argent est donc essentiel dans cette histoire, car Maupassant souligne que la richesse ou la pauvreté détermine la place de chacun dans la société, ainsi que les personnes qu’il peut aimer.

Peut-on aimer plusieurs fois ?

La nouvelle aborde le thème de l’amour à travers une discussion entre les convives, qui se demandent si l’amour peut survenir plusieurs fois ou s’il ne frappe qu’une seule fois. Les hommes sont enclins à penser que la passion peut frapper plusieurs fois, tandis que les femmes affirment que l’amour véritable ne peut surgir qu’une fois dans une vie. Le marquis, qui a connu de nombreuses passions, soutient l’idée que l’on peut aimer plusieurs fois avec intensité. Le docteur qui est appelé à donner son avis, relate l’histoire d’une longue passion non-réciproque qu’une vieille rempailleuse de chaises avait vouée à un pharmacien qui l’avait repoussée.
La rempailleuse met en évidence la vision romantique de l’amour qu’ont les femmes, qui considèrent que l’amour véritable est unique et ne peut être remplacé. Leur opinion est fondée sur la poésie et l’émotionnel plutôt que sur des faits avérés. Les hommes, quant à eux, sont plus pragmatiques et considèrent que la passion peut survenir plusieurs fois.

Maupassant n’est pas le seul auteur à s’être interrogé sur la question. En effet, dans son livre Les Liaisons dangereuses, publié en 1782, l’écrivain français Choderlos de Laclos fait intervenir la marquise de Merteuil, qui est représentatif de la vision des hommes de l’époque qui considéraient que les femmes ne pouvaient aimer qu’une seule fois. D’autre part, dans Les Fleurs du Mal (1857), Charles Baudelaire explore les thèmes de l’amour et de la passion. Il décrit l’amour comme une maladie qui consume l’âme et le corps de celui qui en est atteint, et suggère que la passion ne peut être vécue qu’une seule fois. Frédéric Beigbeder, dans L’Amour dure trois ans (1997), explore la question de l’éphémère de l’amour et de la passion, et suggère que ces sentiments ne peuvent durer que pendant une période limitée de temps.

Dans La rempailleuse, Maupassant illustre la vision de l’amour véritable que les femmes ont. Elle est tombée amoureuse du pharmacien Chouquet alors qu’elle était enfant et n’a jamais cessé de l’aimer jusqu’à sa mort. Son amour pour lui était si intense qu’elle a travaillé toute sa vie pour économiser de l’argent qu’elle a fini par lui léguer. Sa passion pour lui était à sens unique, car il ne partageait pas ses sentiments et était même marié. Cette histoire met en évidence l’idée romantique que l’amour véritable est unique et peut être éternel.

La thématique de l’argent

La thématique de l’argent impacte fortement cette nouvelle. En effet, dès la rencontre entre la fille des rempailleurs et Chouquet, s’installe un système de “troc” où les deux enfants obtiennent ce qu’ils veulent. De l’argent pour un peu d’affection. Ce rapport à l’argent sera très déterminant dans la vie de la rempailleuse puisque toute sa vie sera conditionnée ainsi. Pour son amour non partagé, elle s’oubliera pour économiser un maximum d’argent pour apporter la seule preuve véritable de la passion qui l’habite pour l’homme dont elle est éprise.
Il est important de souligner la différence notable du rapport à l’argent entretenu par les deux personnages principaux. La rempailleuse y voit un moyen de prouver à l’homme qu’elle aime, tout l’amour qu’elle a eu pour lui durant toutes ces années. Pour Chouquet, ce n’est qu’un moyen d’obtenir encore plus que ce qu’il a déjà.

D’autre part, dans cette nouvelle, l’argent s’impose comme quelque chose qui divise. Du fait de sa condition sociale inférieure, la rempailleuse ne peut pas espérer épouser l’homme qu’elle aime. Bien que le rapport à l’argent soit très clairement vécu de manière très différente lorsqu’ils sont enfants, lorsqu’ils grandissent, cela les divise encore plus. Ils n’appartiennent pas à la même classe sociale. La rempailleuse entretient donc un amour impossible avec un homme qui, de surcroît, se révèle être cupide et matérialiste. Toutefois, “le cœur a ses raisons que la raison ignore et la Rempailleuse n’aimera que lui tout au long de sa vie.

Autres Nouvelles des Contes de La Bécasse

La Bécasse

Ce Cochon de Morin 

La Folle

Pierrot

Menuet 

La Peur

Farce Normande

Les Sabots

En Mer

Un Normand

Le Testament

Aux Champs 

Un Coq Chanta

Un Fils

Saint-Antoine

L’Aventure de Walter Schnaffs

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

5 (1)

Aucun vote, soyez le premier !

A propos de l'auteur

Les Résumés

Laisser un commentaire