Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, En Mer : résumé, personnages et analyse

Page initiale du dossier littéraire avec un résumé de En Mer des Contes de la Bécasse de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

Dédiée à Henry Céard, un auteur célèbre, En mer est une nouvelle du 19ème siècle écrite par Guy de Maupassant sous son nom de plume “Maufrigneuse“. Elle a d’abord été publiée le 12 février 1883 dans la revue Gil Blas avant d’apparaître dans le recueil Contes de la Bécasse. Découvrons ensemble cette nouvelle de cet auteur français.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – En Mer de Guy de Maupassant

La nouvelle commence par un fait divers relatant l’histoire d’un bateau qui s’est brisé sur les roches, tuant les hommes à l’intérieur. Le narrateur s’interroge sur ce Javel, il se demande s’il ne s’agit pas du même homme qui a connu un drame dix huit ans en arrière.
À l’époque, Javel aîné, le patron d’un chalutier, était parti en mer avec son frère cadet (Javel Cadet), quatre hommes et un mousse. Une tempête les obligea à faire de nombreux allers-retours entre les côtes anglaises et françaises. Au bout de cinq ou six jours, le temps se calma et Javel aîné ordonna qu’ils pêchent, même si les vagues étaient encore hautes.
Le chalutier chancela et le bras de Javel Cadet se coinça dans la corde. L’un des matelots suggéra de la couper pour sauver la main de Javel Cadet, mais son frère refusa, car cela risquait de détruire le chalutier, ce qui était inenvisageable pour Javel aîné. Ce dernier tenta de dégager le bras de son frère en manoeuvrant le bateau ou en mouillant l’ancre, mais il était trop tard. Lorsqu’il récupéra son bras, celui-ci était en bouillie.
Javel Cadet tenta de soigner sa blessure, mais très vite la gangrène attaqua son bras. Il décida alors de se couper le bras lui-même. Les matelots voulaient le jeter à la mer, mais Javel Cadet décida de le garder. Il le plaça dans la saumure pour le conserver. Lorsqu’ils arrivèrent sur terre, Javel Cadet alla voir un médecin qui lui annonça que sa blessure cicatrisait bien. Il se dirigea ensuite vers le chalutier pour récupérer son bras et le ramener chez lui. Sa femme et ses enfants considérèrent ce membre comme un “débris”. Javel Cadet fit venir un menuisier pour prendre les mesures de son bras, et dès le lendemain matin, il l’enterra. À partir de ce jour, il arrêta de naviguer et trouva un emploi dans le port. Lorsqu’on l’interrogeait sur sa blessure, il expliquait que son frère avait refusé de couper la corde, et que s’il l’avait fait, il aurait encore son bras. Toutefois, Javel Aîné tenait bien plus à son chalutier.

Présentation des personnages

Javel aîné est un marin expérimenté et courageux. Il possède un chalutier et a pour frère, Javel Cadet. Il incarne la dureté de la vie en mer et la force de caractère nécessaire pour y survivre. Dans la nouvelle, cet homme doit faire un choix difficile : sauver le bras de son frère ou son bateau. En choisissant son chalutier, Javel Aîné montre la loyauté envers son bateau. Toutefois, les conséquences sont tragiques pour son frère. Ce personnage prouve les sacrifices que les marins pêcheurs sont prêts à faire pour leur travail et leur mode de vie. La scène de l’amputation du bras est un exemple de la brutalité de la vie en mer, mais aussi de la force de caractère des marins pêcheurs face à l’adversité.

Javel cadet est présenté comme un marin qui travaille sur un bateau de pêche avec son frère aîné. Pendant qu’ils étaient en train de pêcher, Javel cadet perd son bras. Ce personnage incarne la résilience, la ténacité et la loyauté. En effet, malgré la douleur intense qu’il a subie, il témoigne d’une grande détermination en prenant soin de sa blessure, en la lavant avec de l’eau de mer et en veillant à ce qu’elle ne s’infecte pas. Il manifeste une loyauté inébranlable envers son frère et son équipage. Il illustre les valeurs et les défis de la vie en mer, ainsi que la solidarité et l’amour fraternel.

Les cinq membres de l’équipage (les quatre matelots et le mousse) ne sont pas aussi développés que les frères Javel, mais ils sont décrits comme des matelots qui ont aidé à tirer les amarres du chalut et à baigner la blessure de Javel cadet. Ils ont également participé à l’enterrement du bras détaché de Javel cadet. Ces hommes représentent des marins courageux et déterminés, qui font face à des tempêtes et à des drames en mer, tout en faisant preuve de solidarité et d’entraide.

La femme et les enfants de Javel Cadet ne sont que personnages secondaires. Toutefois, leur présence est significative. Ils apparaissent brièvement, mais leur regard sur le bras amputé de Javel Cadet en fait un symbole poignant de la fin d’un temps et de la dureté de la vie des marins.

Le menuisier est seulement chargé de prendre les mesures pour le cercueil du bras amputé de Javel cadet.

Le sacristain n’est pas un personnage central de la nouvelle. Il s’impose plutôt comme une figure de soutien dans la scène de l’enterrement du bras détaché de Javel cadet. Il est mentionné comme tenant le cadavre sous son aisselle, ce qui indique qu’il est impliqué dans la préparation de l’enterrement.

Analyse de l’oeuvre

La thématique de la mer

La mer est le thème principal de cette nouvelle. Elle est à la fois fascinante et dangereuse, capable de provoquer des malheurs et des drames pour les pêcheurs et leurs proches. Les dangers de la mer sont mis en évidence à travers les difficultés rencontrées par le chalutier et son équipage pendant la tempête, ainsi que le naufrage qui coûte la vie à cinq hommes. L’écrivain français met en valeur l’importance de la pêche pour les communautés maritimes à travers la description du chalutier, de son fonctionnement et de la variété des espèces qu’il capture. Bien qu’elle permette de nourrir les populations côtières, la pêche maritime est présentée comme un travail difficile et dangereux. En mer, les tempêtes et les accidents surviennent rapidement, et les marins risquent leur vie. Dans cette nouvelle, l’accident met également en lumière les tensions économiques qui existent entre les pêcheurs et les patrons. Pour ces derniers, chaque capture représente un enjeu financier crucial, ce qui crée des conflits. Javel Aîné en est conscient, et il sait que sa loyauté envers son bateau a un prix salé, le bras de son frère. Néanmoins, perdre son chalutier signifierait pour lui perdre un investissement trop important.
D’autre part, la thématique de la mer n’évoque pas seulement les dangers liés aux métiers de pêcheur. C’est également l’occasion pour Maupassant d’illustrer la solidarité et l’entraide des matelots face à l’adversité, et ce, même si cela ne permet pas d’empêcher le drame final.

La relation entre frères

Le rapport entre les frères Javel dans cette nouvelle est complexe et empreint de tension. Les deux frères travaillent ensemble sur un chalutier, avec Javel aîné comme patron et Javel cadet comme membre d’équipage. Lorsque Javel cadet se blesse gravement pendant une pêche, son frère est confronté à un choix difficile : couper la corde pour sauver le bras de son frère ou sauver le chalut qui représente une valeur financière importante.

En décidant de sauver le chalut plutôt que de couper la corde, Javel aîné montre sa loyauté envers son bateau au détriment de la loyauté familiale. La rancœur et la colère chez Javel cadet ne sont pas perceptibles. Si elles existent, nous pouvons dire qu’elles ne sont pas explicitées. Toutefois, la fin de la nouvelle montre que Javel cadet blâme, en un certain sens, son frère pour l’amputation de son frère : “Si le frère avait voulu couper le chalut, j’aurais encore mon bras, pour sûr. Mais il était regardant à son bien.“. Ainsi, Javel cadet comprend l’acte de son frère en tant que matelot, mais en tant que frère, il y a une certaine déception sur le fait qu’il ait choisi son chalutier plutôt que son frère. D’autre part, la fin de la navigation pour Javel Cadet illustre également cette rupture entre les deux frères.

La solidarité

Dans cette nouvelle, Maupassant met en avant la solidarité qui peut émerger au sein d’un groupe confronté à une situation difficile, telle qu’une tempête en mer. Lorsque Javel cadet a le bras coincé, les marins font preuve d’une forte solidarité en travaillant ensemble pour tenter de sauver le bras de leur camarade même si cela signifie risquer la perte du chalut et donc de l’argent pour le patron Javel aîné. Toutefois, Javel aîné refuse de perdre son chalutier et prend la décision de sacrifier le bras de son frère. Ainsi, les matelots se révèlent être plus empathiques que le patron. La relation entre les membres de l’équipage est très forte et dépasse les liens de sang. Cela fait référence à l’importance de la relation à l’autre dans la construction de l’identité explicitée par le philosophe Emmanuel Levinas. Les matelots soutiennent Javel cadet tout au long de sa blessure, et ce, jusqu’à son retour à terre. Ils participeront à l’enterrement de son bras amputé.

Cette solidarité peut être interprétée à travers le concept de “communauté” dans la philosophie, où les individus sont liés les uns aux autres par des liens sociaux et des intérêts communs. Pour le philosophe Jean-Jacques Rousseau, la communauté est ce qui permet aux individus de trouver leur place dans la société et de se réaliser en tant qu’être humain. Dans cette nouvelle, l’équipage du chalutier est une communauté de pêcheurs, dont la survie dépend de leur collaboration et de leur solidarité face aux éléments naturels.

La notion de valeur

Bien que l’argent ne soit pas un thème central, il constitue l’une des raisons pour lesquelles Javel aîné refuse de couper la corde, sacrifiant ainsi le bras de son frère. Toutefois, au-delà de l’aspect monétaire, c’est surtout la notion de valeur intrinsèque qui est exploitée dans cette nouvelle. En choisissant de sauver son frère, Javel aîné risque de perdre un bien précieux qui lui permet de gagner sa vie : sans ce chalutier, il perd sa source de revenus, ce qui est inenvisageable pour lui.
La notion de valeur apparaît également chez Javel cadet qui refuse de jeter son bras à la mer. Il décide de le conserver dans de la saumure pour le récupérer et l’enterrer. Il justifie sa décision en expliquant que ce bras est à lui.
En Mer soulève donc des questions éthiques, notamment en ce qui concerne la valeur de la vie humaine et la primauté des intérêts économiques.

La symbolique du terme “débris

Dans cette nouvelle, le terme “débris” est utilisé pour symboliser la destruction et la perte que les personnages ont subie. Les débris du bateau représentent la fragilité et la vulnérabilité de la vie humaine en mer. Ils rappellent aux lecteurs que même les navires les plus robustes peuvent être détruits en un instant par les caprices de l’océan.

De même, le bras amputé de Javel cadet est un débris de son propre corps. Il symbolise sa perte et sa douleur, ainsi que les conséquences irréversibles que peut avoir un accident en mer. Le fait que ce débris soit toujours présent sur lui, même après sa guérison, montre que les cicatrices émotionnelles de l’accident continuent de le hanter. La perte de son bras est une marque indélébile de l’expérience traumatisante qu’il a vécue. D’autant plus que le terme “débris” peut faire référence au rapport entretenu par les deux frères. En préférant sauver son bateau, Javel aîné a sacrifié le bras de son fils, réduisant à l’état de “débris” leur relation fraternelle.

Bien que l’histoire commence avec un événement réel, l’utilisation de termes tels que “débris” et l’enterrement du bras de Javel cadet suggèrent une signification plus profonde. L’histoire met en lumière la façon dont les rites déviants peuvent perturber l’ordre du monde et ne peuvent s’opposer au retour vengeur de l’esprit du mort inapaisé. En mer établit un lien analogique entre les “débris du bateau” et les “débris de corps“, ce qui renforce l’idée que les personnages sont tous liés par la mort et la destruction. Malgré son apparence réaliste, En mer est un récit riche en symboles et en significations cachées.

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