Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, Un Normand : résumé, personnages et analyse

Couverture du dossier de lecture avec le résumé de Un Normand tiré des Contes de la Bécasse de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

Dédiée à Paul Alexis, un auteur français qui fut le disciple d’Emile Zola, Un Normand est une nouvelle de Guy de Maupassant. À l’origine, cette nouvelle a été publiée sous son nom de plume “Maufrigneuse” dans la revue Gil Blas le 10 octobre 1882. L’année d’après, on la retrouve dans le recueil Contes de la Bécasse.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “Un Normand” de Guy de Maupassant

Le narrateur chevauchait à grande allure sur la route de Jumièges après avoir quitté Rouen. Il était émerveillé par le magnifique paysage qui s’offrait à lui. Son compagnon, qui était originaire du coin, semblait ne pas faire attention au paysage. Il avait en tête de lui faire découvrir la chapelle au père Mathieu, un homme qu’il considérait être “le plus beau des Normands“. Ce dernier était un ancien sergent-major qui était revenu dans son village natal et avait été nommé gardien d’une chapelle protégée par la Vierge. En raison du grand nombre de filles enceintes qui la visitaient régulièrement, il avait surnommé la Vierge “Notre-Dame du Gros-Ventre“. Bien que le père Mathieu ne croyait pas en la sainteté de la Vierge, il était prudent et avait inventé une prière qu’il vendait sous le manteau, car elle avait été interdite par le clergé. Cependant, le père Mathieu prétendait que la prière était bénéfique pour les femmes qui la récitaient, car elle leur permettait de trouver rapidement un mari.
Le père Mathieu était insatisfait de ses revenus et avait décidé de fabriquer et de vendre des statuettes en bois représentant des saints, qu’il avait sculptées lui-même. En raison de sa connaissance approfondie des caractéristiques de chaque saint, il était fréquemment consulté pour savoir quel saint utiliser dans une situation donnée. De plus, en raison de ses penchants pour l’alcool, il était surnommé “La Boisson“, et avait inventé le “saoulomètre“, un appareil qui lui permettait de gérer son niveau d’ivresse avec une grande précision en indiquant la quantité exacte d’alcool qu’il avait bu.

Le narrateur et son compagnon arrivèrent à destination où ils furent accueillis par le père Mathieu bien embêté qu’ils arrivent un jeudi. En effet, ce jour-ci, il était occupé à attendre la consultation de sa patronne. Il appela sa femme, Mélie, qui ne répondit pas. Il expliqua que cela est dû au fait qu’il s’était trouvé, selon son saoulomètre, dans les quatre-vingt-dix hier et qu’elle n’était pas contente après lui. En voyant le saint crotté, cela n’empêcha pas les deux femmes de se prosterner. La femme du père Mathieu est arrivée pour les insulter. Son mari s’est fâché contre elle et il les a invités à prendre un délicieux déjeuner. Il leur racontait des histoires de miracle en buvant du cidre lorsqu’ils furent dérangés par deux vieilles femmes qui cherchaient le Saint Blanc. Après l’avoir cherché en vain, le père Mathieu, bien embêté demanda à sa femme où il avait pu le mettre. Sa femme lui rappela qu’il l’avait utilisé pour boucher le trou de la cabine à lapin. Il s’excusa auprès des deux femmes en leur expliquant que personne n’étaient venu réclamer ce saint depuis presque deux ans. Il nettoya le saint pendant que les deux vieilles femmes priaient. Il retourna vers ses convives pour leur expliquer que les saints ne perdaient jamais leur valeur. Ils ont bu ensemble et le père Mathieu a plaisanté sur son saoulomètre.

Présentation des personnages

Le narrateur de cette nouvelle est un personnage anonyme qui nous accompagne dans sa découverte de la campagne normande. Il est présenté comme un observateur attentif de la beauté du paysage, mais également de l’étrange personnage qu’est le père Mathieu. Contrairement à son ami qui connaît bien la région, le narrateur est un étranger et est donc le témoin privilégié des récits humoristiques et des pratiques insolites de Mathieu. C’est un personnage neutre qui ne juge pas les événements qu’il observe, mais les raconte de manière objective. Son rôle est de partager avec le lecteur sa rencontre avec des personnages pittoresques en nous livrant des histoires locales.

Le compagnon du narrateur est un personnage secondaire qui est originaire de la région. Il joue un rôle important dans la découverte de la région par le narrateur en lui présentant les différents aspects de la Normandie, notamment le fameux “le père Mathieu“. C’est grâce à lui que le narrateur peut obtenir des informations précieuses sur cet homme.

Le père Mathieu est un ancien sergent-major devenu gardien d’une chapelle miraculeuse, surnommée “Notre-Dame du Gros-Ventre”, car elle est fréquentée principalement par les filles enceintes. Bien qu’il ne croie pas beaucoup à sa patronne, il la ménage par prudence. Il gagne de l’argent grâce à une prière qu’il a inventée et des statuettes de saint qu’il a fabriquées. Ainsi, il se montre opportuniste et affiche un certain scepticisme quant à la foi.Le père Mathieu est avant tout un homme qui a des penchants pour l’alcool. Il boit beaucoup et a inventé le “saoulomètre”. Il prétend n’avoir jamais atteint le mètre, mais comme ses idées ne sont jamais claires lorsqu’il arrive à quatre-vingt-dix, il ne sait pas réellement si c’est vrai. Le père Mathieu incarne un personnage haut en couleur, attachant et drôle. Il représente également une certaine forme de syncrétisme religieux, où la croyance populaire se mélange avec les pratiques et les interdits de l’Église. Son personnage est emblématique de la culture normande et de son folklore, ainsi que de la complexité des relations entre la religion et les croyances populaires dans certaines régions de France.

Mélie est la femme du père Mathieu. Elle a tendance à hurler des insultes à son mari lorsque celui-ci rentre ivre à la maison. Bien qu’elle apparaisse plusieurs fois dans la nouvelle, son rôle reste secondaire. Toutefois, Mélie est importante pour la compréhension de l’histoire, car elle est présentée comme la victime de l’alcoolisme de son mari. Elle est souvent en colère contre lui, mais elle est également inquiète pour sa santé et elle tente de le raisonner lorsqu’il est en état d’ébriété. Elle permet d’illustrer les conséquences de l’alcoolisme sur la vie conjugale et familiale.

Les deux vieilles femmes sont à la recherche de la statuette de saint Blanc. Leur apparence suggère une certaine fragilité. Elles ont une grande foi dans les pouvoirs miraculeux des saints pour guérir. Elles représentent les croyants simples et dévots qui cherchent de l’aide spirituelle pour faire face aux difficultés de la vie. Vis à vis de la nouvelle, elles offrent un contraste frappant qui souligne la tension entre la piété sincère et les pratiques religieuses commerciales ou opportunistes.

Analyse de l’oeuvre

Analyse thématique

La Religion

Dans la nouvelle Un Normand, la religion est omniprésente dans la chapelle du père Mathieu, que ce soit à travers la statue de la Vierge, les prières écrites par le Père Mathieu ou encore les nombreux saints qui y sont représentés.
Toutefois, la religion est présentée de manière ironique et comique. Le Père Mathieu est décrit comme un personnage peu respectueux envers la Vierge, il lui a attribué le nom de “Notre-Dame du Gros-Ventre“, mais qui la ménage par prudence. Il croit en elle, au cas où elle pourrait réellement exister mais il n’a pas réellement foi en elle. Les prières qu’il a composées sont des chefs-d’œuvre d’ironie involontaire, où la raillerie se mêle à la peur du Saint. De même, les saints représentés dans la chapelle sont décrits comme des cabotins jaloux les uns des autres, qui disposent de spécialités pour guérir certaines maladies. Le père Mathieu est un homme opportuniste qui se sert de la religion pour se faire de l’argent. Ce n’est pas un grand croyant, à la différence des deux vieilles femmes qui viennent le voir pour obtenir les faveurs de Saint Blanc. En effet, le père Mathieu a utilisé cette statuette pour un autre usage étant donné que plus personne ne le demandait. “C’est égal, quand j’ai mis saint Blanc aux lapins, j’croyais bien qu’i n’f’rait pu d’argent. Y avait deux ans qu’on n’le d’mandait plus. Mais les saints, voyez-vous, ça n’passe jamais.“. Cette phrase illustre bel et bien le personnage de cet “homme d’église” qui occupe une fonction dont il se fiche. Le Père Mathieu passe plus de temps à noter, chaque jour, le degré de son ivresse, à l’aide de son “saoulomètre“, qu’à s’investir dans une vie spirituelle. Néanmoins, cet homme d’église est consulté par de nombreux adeptes, grâce à son savoir sur les saints.

Grâce à sa nouvelle, Maupassant sous-entend qu’il ne voit que des superstitions dans la religion.

L’alcoolisme

Dans sa nouvelle, Maupassant dépeint l’alcoolisme sous l’angle de la culture normande. Le personnage principal, le père Mathieu, a développé un penchant pour l’alcool, une obsession qui lui a valu de créer son propre système de mesure de l’ivresse, le “saoulomètre. Il note chaque jour, avec soin, le degré de son ivresse et sait exactement quand il a dépassé ses limites. Son appareil est d’”une grande précision”, comme le souligne le compagnon du narrateur.
L’auteur traite des conséquences de l’alcoolisme sur la vie du père Mathieu et de sa femme. Celle-ci est en colère à chaque fois qu’il rentre ivre et le menace de le frapper quand il atteint le stade de l’ivresse où il ne peut plus mesurer son degré d’ivresse. Ce qui désespère le père Mathieu qui n’a jamais réussi à “atteindre le mètre” sur son saoulomètre. D’autre part, les penchants alcooliques du père Mathieu sont la raison pour laquelle il s’éloigne de la vie spirituelle. Il a tendance à négliger ses obligations dominicales pour boire de nombreux verres d’alcool.

Un Normand dépeint l’alcoolisme comme une partie intégrante de la culture normande. Le père Mathieu boit du cidre, une boisson régionale, qu’il préfère à tous les autres liquides.

La culture normande

La culture normande est mise en avant dans cette nouvelle à travers différentes descriptions. Tout d’abord, la ville de Rouen est décrite comme “la ville aux églises, aux clochers gothiques, travaillés comme des bibelots d’ivoire”, faisant référence à l’architecture gothique qui est caractéristique de la Normandie. La vue de la Seine, des falaises, des prairies et de la forêt dépeint également la beauté naturelle de la région normande.

De plus, la nouvelle parle de la chapelle de “Notre-Dame du Gros-Ventre” (la Vierge Marie) et de son gardien, le père Mathieu, qui incarne l’aspect superstitieux et la culture populaire normande. Le compagnon du narrateur le décrit comme “le plus beau Normand de la province, et sa chapelle une des merveilles du monde“. Le père Mathieu est un homme à la fois rusé et ironique. La prière composée par le père Mathieu pour la “Bonne Vierge” est également un exemple de l’humour et de l’ironie typiques de l’esprit normand. Toutefois, le Père Mathieu entretient une certaine forme de respect pour la Vierge au cas où elle existerait réellement. En effet, la nouvelle aborde avec une certaine ironie, la peur secrète de l’influence des esprits surnaturels dans la vie quotidienne.

Le père Mathieu est également inventeur du “saoulomètre“, un instrument qui mesure son ivresse, ce qui montre son goût pour le cidre, boisson typique de la région. La nouvelle fait également référence aux “pommes d’abricots” nécessaires à la fabrication du cidre.

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