Littérature

Nathalie Sarraute, Enfance : résumé, personnages et analyse

Couverture de la fiche de lecture sur Enfance de Nathalie Sarraute, comprenant un résumé, une étude des protagonistes et une interprétation critique.
Ecrit par Les Résumés

Bienvenue dans l'univers introspectif et fragmenté de ce résumé sur Enfance, une œuvre autobiographique singulière de Nathalie Sarraute, publiée en 1983.

Ce livre nous plonge dans les souvenirs épars de l'auteure, de sa naissance en Russie jusqu'à son entrée en sixième à Paris. Loin d'une narration linéaire, *Enfance* se construit autour d'un dialogue entre la narratrice et son double critique, remettant constamment en question la véracité et l'interprétation des souvenirs évoqués.

À travers cette exploration mémorielle unique, Sarraute dissèque les sensations fugaces, les "tropismes", ces mouvements intérieurs pré-verbaux qui façonnent la perception enfantine. Elle aborde les thèmes de la mémoire, du langage naissant, de la construction de l'identité, de la relation complexe avec ses parents divorcés, et de la quête de vérité au cœur du récit de soi.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Publié alors que Nathalie Sarraute avait plus de 80 ans, "Enfance" est sa seule œuvre ouvertement autobiographique. Sa structure unique, un dialogue entre l'auteure et une voix intérieure sceptique qui interroge la fiabilité de ses propres souvenirs, en fait une exploration radicalement honnête et novatrice de la mémoire et du genre autobiographique, se distinguant nettement de ses romans précédents axés sur le "Nouveau Roman".

Les points essentiels pour comprendre ce résumé d'Enfance

Nathalie Sarraute, écrivaine française d'origine russe, figure majeure du Nouveau Roman. Reconnue pour son exploration des "tropismes" (mouvements psychologiques subtils et fugaces) et son style dépouillé cherchant à capter la matière brute de la conscience.

Enfance

1983

Autobiographie. Bien que Sarraute soit associée au Nouveau Roman, cette œuvre est unique par son caractère autobiographique explicite, tout en conservant une approche expérimentale de la mémoire et de l'écriture.

Enfance retrace les souvenirs morcelés de Sarraute, de sa naissance en Russie jusqu’à son entrée en sixième à Paris. Entre père et mère séparés, elle explore sa mémoire à travers un dialogue intérieur entre récit et voix critique. C’est sa seule œuvre autobiographique, écrite à plus de 80 ans.

La mémoire et sa fiabilité : Le dialogue constant souligne la nature subjective, lacunaire et parfois trompeuse du souvenir.

Le langage et les sensations : L'effort pour traduire en mots les impressions pré-verbales ("tropismes"), les premiers apprentissages, les malentendus liés au langage.

La construction de l'identité : L'émergence de la conscience de soi à travers les expériences, les relations, les perceptions du monde extérieur.

Les relations familiales complexes : Le rapport à la mère, au père, à la belle-mère (Véra), marqué par l'amour, l'incompréhension, le sentiment d'être partagée.

La quête de vérité : Le livre met en scène la difficulté et l'exigence de l'écriture autobiographique pour approcher une forme de vérité du ressenti passé.

La perception du monde par l'enfant : Restitution des moments de joie, de peur, d'étonnement, de découverte propres à l'enfance.

LE SAVIEZ-VOUS ?

La structure d’« Enfance » repose sur un dialogue entre deux voix : l’une se souvient, l’autre questionne. Ce dispositif met en lumière une recherche exigeante de la vérité sensible, où le doute et la mémoire avancent main dans la main.



Résumé complet sur Enfance de Nathalie Sarraute

Résumé court de l'ouvrage autobiographique de Nathalie Sarraute

"Enfance" de Nathalie Sarraute est un roman autobiographique unique, structuré en 70 chapitres, chacun représentant une unité mémorielle autonome. L'œuvre se présente comme un album de souvenirs et de "tropismes", ces mouvements psychiques subtils, sans organisation logique ou chronologique. Sarraute privilégie l'intensité et la spontanéité des sentiments, refusant de reconstituer son enfance de manière ordonnée. La narratrice vit ses premières années entre son père, qui rencontre Vera, et sa mère, accompagnée de Kolia. Les souvenirs oscillent entre des moments de tendresse et des confrontations à la dureté, notamment chez ses grands-parents ou lors d'une opération traumatisante.

  • Vie majoritairement chez le père avec Vera et Hélène (Lili), marquée par des tensions familiales et une difficulté à trouver sa place.
  • École et relations tendues avec la belle-mère et la demi-sœur, accentuées par des conflits scolaires et un premier deuil.
  • Distance croissante avec la mère, culminant dans une lettre critique, et rapprochement progressif avec Vera.

Avant son entrée au lycée Fénelon, la narratrice réalise que son enfance s'est arrêtée, marquant la fin d'une époque.

Résumé détaillé d'Enfance

Une structure mémorielle unique : l'album de souvenirs

Ce roman à deux voix, celles de la narratrice et de son "double", se compose de 70 chapitres, encadrés par trois pages d'introduction et une conclusion. Chaque chapitre constitue une unité mémorielle autonome et cette œuvre se présente comme un album d'images et de tropismes, dépourvus d'organisation logique et chronologique. L'auteur, en refusant se reconstituer l'enfance de façon ordonnée, fait le choix de l'intensité et de la spontanéité des sentiments.

Première période (chapitres 1 à 26) : entre père et mère (2 à 6 ans)

Dans les Chapitres 1 à 26, de 2 ans à 6 ans, elle vit seule avec son père qui par la suite rencontrera Vera, ou bien avec sa mère et son compagnon Kolia.

Le dialogue intérieur comme point de départ (chapitres 1-2)

Les Chapitres 1 et 2 renvoient à un dialogue de la narratrice avec elle même et évoquent son possible projet d'autobiographie. Durant ces deux chapitres elle se trouve dans un hôtel en Suisse avec son père. Elle y apprend l’allemand et retient qu'elle déchire alors un fauteuil avec des ciseaux. Elle ne garde pas de beaux souvenirs de cette période durant laquelle on la force à manger et où elle n'a pas de lien particulier avec son père et sa belle mère.

Instantanés parisiens et premiers chocs (chapitres 3-7)

Au cours des Chapitres 3 à 7, elle vit rue Flatters, à Paris chez sa mère, près d'un jardin public. Elle goûte au jardin du Luxembourg, et elle est opérée des végétations, ce qui la traumatise. Elle apprend que sa grand-mère paternelle va arriver. C'est aussi la période où elle réclame un petit frère.

Moments doux-amers avec la mère (chapitre 8)

Chapitre 8, Elle partage de "beaux souvenirs d'enfance" avec sa mère, notamment une visite en voiture à cheval à son oncle avocat en Russie. Elle évoque sa grande et belle maison, sa gentillesse, mais aussi sa propre maladie et sa mère qui commence déjà à se détacher et se montre agacée de devoir rester à son chevet en lui lisant La case de l'oncle Tom.

Le refuge d'ivanovo et la figure paternelle (chapitre 9)

Le Chapitre 9 se situe à Moscou. Elle vit avec son père dans le cocon d'Ivanovo, grand chalet en bois digne des contes de Noël. La narratrice se souvient des maisons sous la neige, de l'absence de sa mère et de la tendresse de son père qui la surnomme affectueusement Tachok, qui lui donne ses médicaments avec de la confiture pour dissimuler leur mauvais goût, qui lui offre une poupée et Michka, son ours fétiche, qui lui chante des berceuses pour l'endormir. Elle se remémore les fois où elle allait le chercher à son usine de produits chimiques.

Confrontation à la dureté (chapitre 10)

Le Chapitre 10 se situe chez ses grands-parents où elle se rend avec son père. La petite fille qu'elle est alors se trouve effrayée par la dureté des propos de son père à leur égard alors qu'ils sont venus les accueillir malgré le froid.

Retour parisien : entre visites et fêtes (chapitres 11-15)

Du Chapitre 11 au Chapitre 15, la narratrice revient vivre à Paris avec sa mère. Elle se souvient d'une promenade heureuse avec son père venu la visiter et lui présenter sa nouvelle femme (Vera) ainsi que d'un tour de manège et d'un mariage où elle était invitée.

Saint-pétersbourg : immersion littéraire et froideur ambiante (chapitres 16-26)

Chapitres 16 à 26, elle est avec sa mère à Saint-Petersbourg. Elle y rencontre Kolia, son nouveau compagnon, et aussi Gacha, sa nouvelle bonne. La narratrice se souvient d'une période où les livres prennent une grande place dans sa vie mais aussi d'une ambiance glacée et d'objets effrayants comme un tableau qui se trouvait dans sa chambre et qu'il a fallu couvrir. Elle se remémore également avec amertume la visite d'un homme qui se montre critique et cassant envers son travail d'écriture et lui conseille d'apprendre l'orthographe avant d'écrire.


Seconde période (chapitres 27 à 70) : l'installation chez le père et la distance maternelle

Dans les Chapitres 27 à 70 : Elle vit majoritairement chez son père et ses liens avec sa mère qui s'en éloigne se délitent peu à peu.

Le retour à paris : une place difficile à trouver (dès 8 ans)

Chapitres 27 à 70 : La narratrice a 8 ans. Elle retourne à Paris auprès de son père qui lui réserve un accueil mitigé. Il a une nouvelle compagne, Vera, qui est enceinte d'une fille, Hélène (Lili), à qui l'on donne sa chambre et après qui elle semble passer pour son père. Elle ne se sent pas chez elle auprès de son père et de sa belle-mère qui le lui fait bien sentir, ce qui accentue la blessure de l'absence de sa mère qui lui manque. Au fil du temps, malgré les nouveaux amis qu'elle rencontre, rien n'efface la tristesse de ne pas avoir sa place et de voir qu'on lui préfère sa sœur.

L'école, la famille recomposée et les mots qui blessent (dès 10 ans)

A dix ans elle rentre à l'école où les mathématiques lui posent des problèmes mais elle est toujours accompagnée et aidée par son père. Par ailleurs, elle refuse la proposition de sa mère de la reprendre et déclare préférer rester avec son père malgré des relations tendues avec sa belle mère qui lui distille des paroles peu aimantes : elle lui apprend qu'elle a été abandonnée, lui répond qu'elle ne la déteste pas uniquement parce que c'est une enfant et refuse que Nathalie l'appelle maman.

Avec Lili, sa demi-sœur, les relations ne sont guère mieux. En effet, la petite déchire et jette son ours Mischka. Auprès d'elle, les gouvernantes se succèdent et ne restent jamais très longtemps tant l'enfant est difficile et capricieuse.

Conflits, deuil et nouveaux liens

Durant ces années de pré-adolescence, elle se confronte à l'injustice de ses professeurs qui ne reconnaissant pas ses talents pour l'écriture, ce qui la met très en colère. Elle vit également son premier deuil avec son oncle préféré décédé et se rapproche beaucoup de la mère de Vera qui lui raconte beaucoup d'histoires, puis de Vera qui progressivement devient plus proche et gentille avec elle qu’auparavant.

La relation maternelle : distance et rupture

Au cours de ces derniers chapitres, elle reçoit une visite de sa mère, qu’elle rencontre à l’hôtel. Elle est devenue très distance et la narratrice mesure le fossé qui les sépare désormais. Elle repartira quelques jours plus tard sans avoir renoué de liens maternels avec Nathalie. Pire, l'été suivant, elle lui envoie une lettre où elle la considère comme un « monstre d’égoïsme ». Trois ans plus tard, sa mère reviendra à Royan puis repartira de nouveau en Russie au début de la guerre.

Le seuil de l'adolescence : la fin d'une époque

Enfin, avant sa rentrée au lycée Fénelon, sur la route du retour de vacances, elle réalise que son enfance s'est arrêtée.

Analyse des protagonistes d'Enfance

Présentation des personnages de l'autobiographie de Sarraute

Personnage Description Rôle
Natasha / Nathalie
Personnage principal et narratrice, dont l'identité se façonne à travers ses relations. Aussi appelée Tachok, Tachotchek ou Pigalitza. Représente une identité fragmentée, explorant la complexité mémorielle et identitaire de l'enfance à travers une structure éclatée.
Ilya Evseitch
Père de Natasha, intellectuel russe installé à Paris, offrant un repère affectif et culturel. Figure paternelle stable, mêlant autorité douce et attachement sincère, en contraste avec la figure maternelle.
La mère de Natasha
Absente physiquement mais influente, femme forte et indépendante, créant une tension entre admiration et sentiment d'abandon. Représente une absence présente, influençant profondément la construction identitaire de Natasha.
Kolia
Compagnon de la mère de Natasha, symbolisant la recomposition familiale. Matérialise les changements émotionnels et bouleverse les repères affectifs de Natasha.
Véra
Compagne du père de Natasha, ajoutant une complexité émotionnelle au récit. Figure maternelle alternative, en concurrence affective avec le souvenir de la mère, intensifiant les luttes internes de Natasha.
Hélène / Lili
Demi-sœur de Natasha, fille de Véra et du père de Natasha, incarnant une présence ambivalente. Reflète les nouvelles configurations familiales, imposant une adaptation émotionnelle constante entre rejet et recherche de lien.
Niania, Gacha, Adèle
Personnel domestique participant activement à l'éveil affectif et éducatif de Natasha. Offrent une sécurité émotionnelle discrète mais essentielle, contrastant avec les bouleversements familiaux.
Famille élargie
Figures comme Gricha Chatounovski, Iacha, Aniouta, Varia, Alexandra Korlovna et Lola, formant un réseau complexe autour de Natasha. Renforce l'attachement aux racines russes tout en soulignant l'écart avec la culture française, porteurs de valeurs et d'imaginaires issus d'un ailleurs.
Cercle social et éducatif
Figures secondaires mais marquantes comme Lucienne Panhard, Pierre, Micha, Mr Ianov, Mr Bilit, Mr Georgin, Mr Laran, Miss Philips, Mr et Mme Florimond. Enrichissent l'univers de références intellectuelles et affectives de Natasha, façonnant sa vision du monde et ses interactions.
Dr Kevilly et Dr Lesage
Figures médicales apparaissant en filigrane, incarnant la fragilité physique de l'enfant. Symbolisent la vulnérabilité corporelle de Natasha, renforçant la dimension intime et organique de l'enfance décrite.

Les personnages d'Enfance : étude détaillée et analyse des relations

Natasha / Nathalie : Une identité fragmentée

Natasha est le personnage principal et la narratrice. C'est une œuvre autobiographique. Elle est aussi appelée Tachok, Tachotchek ou Pigalitza. Son identité se façonne à travers ses relations.

L’écriture de Sarraute évite le « Je » des récits classiques. Elle repose sur une structure éclatée. Cette structure reflète la complexité de la mémoire et de l'identité enfantines. Cette stratégie narrative rejette clairement l’unité illusoire du sujet.

Natasha se voit comme une entité préverbale. Elle existe avant le langage. Ce personnage vit dans un espace sensoriel et psychique lié aux tropismes. Elle incarne un équilibre précaire. C'est un équilibre entre le physique et le mental, et entre l’infini des sensations et la précision du mot.

Cette position particulière influence tout son rapport au monde. Elle est tiraillée par des influences multiples : familiales, culturelles, émotionnelles. Natasha se construit donc par fragments. Elle évolue dans un paysage mouvant de souvenirs partiels, souvent contradictoires.

La richesse de cette narration réside dans la dualité constante de la voix. Le « je » de l’adulte dialogue avec l’enfant qu’elle fut, interrogeant à chaque page la véracité des souvenirs. Cette démarche fait de Natasha un personnage en perpétuelle redéfinition.

Ainsi, elle ne représente pas une héroïne figée, mais plutôt une mosaïque de sensations, influencée et façonnée par les regards des adultes qui l'entourent, et par les mots qu'elle tente de saisir.

La relation au langage et aux tropismes

Le rapport que Natasha entretient avec le langage est intimement lié à sa perception du monde. Elle est marquée par une hypersensibilité aux tropismes : ces mouvements invisibles, ressentis avant même la pensée consciente, donnent toute leur intensité à ses expériences.

Chaque interaction devient alors une exploration psychologique en soi. Le langage n’est jamais un outil évident : il est tentative, quête, parfois même obstacle à la vérité émotionnelle.

En cela, Natasha incarne une enfance où l’indicible prévaut, et où chaque mot prononcé tente d’atteindre une sensation qui lui échappe déjà. C’est dans cette tension que réside toute la beauté fragile du personnage.

Le cercle familial : figures parentales et nouvelles unions

Ilya Evseitch : la figure paternelle

Présent tout au long du récit, Ilya Evseitch, père de Natasha, s'impose comme une figure d'ancrage. Intellectuel russe installé à Paris, il offre à sa fille un repère affectif et culturel après la séparation des parents.

Sa voix paternelle s'entrelace à celle de Natasha, conférant au récit une profondeur unique. Il incarne une forme de stabilité, mêlant autorité douce et attachement sincère, en contraste avec la figure maternelle plus instable.

La mère : une absence présente

La mère de Natasha est à la fois silencieuse et envahissante. Bien qu’absente physiquement, elle reste gravée dans la mémoire de sa fille, influençant profondément sa manière de penser et de ressentir.

Femme forte, libre et singulière, elle défie les stéréotypes traditionnels de la maternité. Son indépendance crée chez Natasha une tension entre admiration et sentiment d'abandon.

Ce décalage constant suscite des émotions contradictoires, rendant la figure maternelle particulièrement marquante et ambivalente dans la construction de l’identité de l’enfant.

Kolia : le compagnon maternel

Kolia, bien que discret, occupe une place symbolique dans le récit. En tant que compagnon de la mère, il matérialise la recomposition familiale à laquelle Natasha doit s’ajuster.

Sa présence accentue les changements émotionnels dans le quotidien de Natasha, bouleversant ses repères et ses attentes affectives.

Véra : la belle-mère complexe

Véra devient une figure maternelle alternative, souvent en concurrence affective avec le souvenir de la mère. Ce conflit de loyauté intensifie les luttes internes de Natasha.

En filigrane, Sarraute explore ici les tropismes, ces micro-mouvements psychiques à peine perceptibles. La relation à Véra devient un terrain fertile pour observer les nuances de l’attachement et du rejet.

Hélène / Lili : La demi-sœur

Hélène, dite Lili, fille de Véra et du père de Natasha, incarne une présence nouvelle et ambivalente. Elle est tour à tour rivalité, curiosité et fratrie inattendue.

La dynamique entre Natasha et sa demi-sœur reflète les nouvelles configurations familiales : elles imposent à l’enfant une adaptation émotionnelle constante, entre rejet et recherche de lien.

À travers cette relation, Sarraute met en lumière les mécanismes subtils de la cohabitation affective dans un monde où les rôles traditionnels sont constamment redéfinis.

Les figures périphériques : un réseau d'influences

Le personnel domestique : Niania, Gacha et Adèle

Dans l’univers intime de Natasha, Niania, Gacha et Adèle tiennent un rôle bien plus profond que de simples domestiques. Elles participent activement à son éveil affectif et éducatif, devenant parfois des figures de substitution parentale.

À travers elles, se révèlent aussi les hiérarchies sociales et les rapports de classe qui structurent l’enfance de Natasha. Ces interactions racontent beaucoup sur le contexte historique et culturel du récit.

La famille élargie : entre Russie et France

Les figures familiales comme Gricha Chatounovski, Iacha, Aniouta, Varia, Alexandra Korlovna et Lola forment un maillage complexe autour de Natasha, une présence éclatée mais chargée de mémoire.

Ce réseau familial, bien qu’épisodique, renforce l’attachement à ses racines russes tout en soulignant l’écart croissant avec la culture d’accueil française. Les liens sont parfois faibles, mais toujours porteurs de valeurs et d’imaginaires issus d’un ailleurs.

Le cercle social et éducatif

Le quotidien de Natasha s’entoure aussi de figures secondaires mais marquantes : Lucienne Panhard, Pierre, Micha pour l’amitié ; Mr Ianov, Mr Bilit pour les fréquentations paternelles ; ou encore Mr Georgin, Mr Laran, ses professeurs, pour la sphère scolaire.

Ce tissu relationnel enrichit son univers de références intellectuelles et affectives. Chacune de ces figures façonne, à sa manière, la vision du monde de la jeune fille et sa manière d’interagir avec les autres.

Les Docteurs Kevilly et Lesage : une autorité médicale

Dr Kevilly et Dr Lesage n’apparaissent qu’en filigrane, mais leur rôle est crucial : ils incarnent la fragilité physique de l’enfant et la nécessité de soin dans une vie en constant bouleversement.

À travers eux, Sarraute évoque subtilement la vulnérabilité corporelle de Natasha, renforçant la dimension intime et organique de l’enfance décrite dans l’ouvrage.

La Narration Fragmentée : Une Structure à Voix Multiples

Dans « Enfance », la construction des personnages ne peut être séparée de la forme narrative éclatée choisie par Nathalie Sarraute. Loin du modèle autobiographique classique, le récit adopte une forme dialogique, où le « je » se dédouble et se confronte à lui-même.

Ce procédé donne naissance à un dispositif à deux voix : l’une raconte, l’autre questionne. Cette tension constante brouille la frontière entre souvenir et invention, mettant en lumière les failles et la malléabilité de la mémoire.

Le Dialogue Entre Mémoire et Doute

La structure dialogique du récit donne à voir une mémoire sans cesse remise en question. À chaque souvenir formulé, une voix intérieure s’élève : « Est-ce que c’est vraiment arrivé comme ça ? ». Ce va-et-vient permanent crée une richesse émotionnelle et psychologique inédite.

En procédant ainsi, Sarraute met en lumière les zones d’ombre de l’enfance, celles que les mots peinent à atteindre. Les personnages surgissent par éclats, comme des reflets, révélant les limites du souvenir et les distorsions du temps.

Cette narration à voix multiples brise les conventions du genre autobiographique. En donnant une place centrale au doute, l’écrivaine invente une manière neuve de raconter : plus sincère car plus incertaine.

Une étude des personnages : entre tropismes et identité fragmentée

Dans « Enfance », Nathalie Sarraute dépasse les codes classiques de l’autobiographie. Son écriture ne vise pas seulement à raconter l’enfance de Natasha, mais à questionner les processus profonds de construction de soi à travers les figures qui l’entourent.

Chaque personnage devient un miroir partiel, un prisme à travers lequel se réfléchissent des sensations, des tensions, des élans. Plutôt qu’un récit linéaire et nostalgique, l’autrice propose une plongée novatrice dans les strates de la mémoire, de ses failles à ses réinventions.

Plutôt que d’enchaîner des portraits détaillés, Sarraute fait le choix de s’attarder sur les « tropismes » : ces mouvements psychiques subtils qui échappent au contrôle et précèdent souvent la parole. C’est là, dans ces micro-réactions, que la vérité intime se niche.

Chaque interaction devient une expérience sensorielle et psychologique, entre le dit et le tu, entre le visible et le ressenti. Les personnages ne sont pas fixes : ils vibrent, glissent, déstabilisent, révélant ainsi l’incertitude de l’enfance face au monde adulte.

Analyse littéraire complète d'Enfance : entre souvenirs fragmentés et dialogisme intérieur

Plongée fascinante dans les méandres de la mémoire d’enfance, l’œuvre autobiographique de Nathalie Sarraute bouleverse les cadres du récit de soi traditionnel. Parue en 1983, « Enfance » retrace les onze premières années de l’auteure à travers un prisme littéraire singulier et novateur.

Ce texte se distingue non seulement par son originalité formelle, mais aussi par son intensité sensorielle. Sarraute y explore les sensations préverbales, ces impressions fugitives qui précèdent la formulation consciente. Loin de la narration linéaire, l’œuvre se construit à travers une structure dialogique et fragmentée.

Étudiée depuis plus de vingt-cinq ans dans les établissements scolaires et universitaires, « Enfance » est devenue une référence incontournable de la littérature française contemporaine. Son étude éclaire les enjeux de la mémoire, de l'identité et de la langue.

Ce parcours d’analyse permettra de mieux comprendre pourquoi « Enfance » s’impose comme un texte majeur du XXe siècle, à la fois exigeant, poétique et profondément humain.

L'innovation narrative : le dialogisme comme principe structurant

La dualité des voix narratives comme moteur du récit

La particularité la plus frappante d'"Enfance" est sa structure dialogique unique. L'autobiographie traditionnelle utilise la première personne. Sarraute, elle, adopte un procédé original. C'est le dialogue entre deux instances du moi. Cette conversation intérieure alterne la première et la deuxième personne. Cela crée un dédoublement du "je" autobiographique. Une première voix raconte les souvenirs. Une seconde voix l'interroge. Elle la met en garde, la pousse à être plus précise ou conteste ses affirmations. Ce dialogue intérieur permet à Sarraute de questionner continuellement. Elle questionne la véracité et l'exactitude de ses souvenirs. Cela introduit une dimension réflexive. Elle transcende le simple récit autobiographique.

Cette technique narrative originale n'est pas un simple artifice littéraire. Elle traduit la méfiance de l'écrivaine. Une méfiance envers les pièges de la mémoire. Elle représente aussi sa volonté. Celle de se rapprocher de l'authenticité de l'expérience vécue. Le surmoi littéraire de Sarraute s'exprime ainsi. Il s'exprime à travers ce dialogue. Ce dernier transforme le récit autobiographique. Il devient une véritable mise en scène théâtrale de la conscience.

La fragmentation comme reflet de la mémoire d'enfance

"Enfance" se caractérise également par sa structure fragmentée qui mime le fonctionnement même de la mémoire. L'œuvre se présente comme "un collage d'images autonomes par des chapitres discontinus", rejetant délibérément la linéarité chronologique stricte au profit d'une organisation qui privilégie les sensations et les impressions fortes qui ont marqué l'enfance de l'auteure.

Cette fragmentation n'est pas le fruit du hasard mais correspond à une conception profonde de l'expérience enfantine chez Sarraute. Les souvenirs surgissent par bribes, par flashs sensoriels, comme des îlots de conscience dans l'océan du temps. Cette technique permet à l'auteure de capturer l'essence même de la perception enfantine, caractérisée par son immédiateté et son intensité, avant que le langage et les conventions sociales ne viennent la formater.

L'écrit dialogique musical : une polyphonie de voix

Le récit d'"Enfance" se construit également comme une véritable polyphonie où résonnent de multiples voix. Au-delà du dialogue entre les deux instances narratives, l'œuvre fait affleurer "les voix implicites qui ont marqué le passé de l'auteure – les voix de la mère, du père et de la belle-mère, Véra". Ces différentes voix constituent une trame sonore complexe qui accompagne et enrichit le récit principal.

Cette musicalité du texte, cette orchestration des différentes voix qui traversent la conscience de l'enfant puis de l'adulte qui se souvient, fait d'"Enfance" une œuvre profondément moderne qui anticipe les recherches contemporaines sur la polyphonie narrative. Sarraute parvient ainsi à créer un texte où la mémoire n'est pas seulement contenue dans les mots mais aussi dans la musicalité même du récit, dans ses rythmes et ses silences.

Les thématiques fondamentales dans Enfance : entre langage et sensation

L'enfant et le rapport au langage : être à la frontière

La particularité la plus frappante d'"Enfance" est sa structure dialogique unique. L'autobiographie traditionnelle utilise la première personne. Sarraute, elle, adopte un procédé original. C'est le dialogue entre deux instances du moi. Cette conversation intérieure alterne la première et la deuxième personne. Cela crée un dédoublement du "je" autobiographique. Une première voix raconte les souvenirs. Une seconde voix l'interroge. Elle la met en garde, la pousse à être plus précise ou conteste ses affirmations. Ce dialogue intérieur permet à Sarraute de questionner continuellement. Elle questionne la véracité et l'exactitude de ses souvenirs. Cela introduit une dimension réflexive. Elle transcende le simple récit autobiographique.

Cette technique narrative originale n'est pas un simple artifice littéraire. Elle traduit la méfiance de l'écrivaine. Une méfiance envers les pièges de la mémoire. Elle représente aussi sa volonté. Celle de se rapprocher de l'authenticité de l'expérience vécue. Le surmoi littéraire de Sarraute s'exprime ainsi. Il s'exprime à travers ce dialogue. Ce dernier transforme le récit autobiographique. Il devient une véritable mise en scène théâtrale de la conscience.

Les relations familiales complexes : entre amour et déchirement

Les relations familiales occupent une place prépondérante dans "Enfance". L'œuvre explore notamment les relations de l'enfant avec sa mère biologique, son père et sa belle-mère Véra. Ces relations sont présentées dans toute leur complexité, mêlant tendresse et incompréhension, proximité et distance.

La relation avec Véra, en particulier, constitue un axe important du récit. Belle-mère de l'auteure, Véra apparaît comme une figure ambivalente qui contribue significativement à la formation de la personnalité de l'enfant. À travers cette relation, Sarraute explore les thèmes de l'adaptation, de la rivalité mais aussi de l'apprentissage et de la transmission.

Ces relations familiales ne sont jamais présentées de manière simpliste ou manichéenne. Au contraire, Sarraute s'attache à restituer toute leur subtilité et leur ambiguïté, montrant comment elles contribuent à façonner la sensibilité et la personnalité de l'enfant en devenir.

La construction identitaire à travers la mémoire sensorielle

"Enfance" peut être lu comme le récit d'une construction identitaire à travers les méandres de la mémoire sensorielle. Sarraute privilégie les sensations, les impressions, les émotions fugaces plutôt que les grands événements biographiques. Ce sont ces petits riens du quotidien, ces micro-événements souvent négligés par l'autobiographie traditionnelle, qui constituent selon elle l'essence même de l'expérience enfantine.

La mémoire sensorielle joue ici un rôle fondamental. Les odeurs, les sensations tactiles, les impressions visuelles fugaces sont autant de points d'ancrage pour la mémoire. Sarraute parvient à restituer ces sensations avec une précision extraordinaire, créant un effet d'immédiateté qui donne au lecteur l'impression de vivre ces expériences en temps réel.

Cette plongée dans la mémoire sensorielle n'est pas gratuite : elle permet à l'auteure d'explorer la façon dont ces impressions premières ont contribué à forger sa sensibilité et sa vision du monde. Le récit autobiographique devient ainsi une archéologie de la sensibilité, une exploration des fondements les plus profonds de l'identité.

L'esthétique sarrautienne : entre Nouveau Roman et autobiographie

Les tropismes : une écriture de l'infiniment petit

Le concept de "tropisme" est central. Il l'est dans toute l'œuvre de Sarraute. Ce concept trouve dans "Enfance" un terrain d'application fertile. Les tropismes sont des mouvements intérieurs quasi imperceptibles. Ils existent avant la conscience claire. Ils sont la matière première de l'écriture sarrautienne8.

Dans "Enfance", les tropismes se lient à la sensibilité particulière de l'enfant. L'enfant peut percevoir des nuances subtiles. Il perçoit aussi des variations infimes dans son milieu. Il les sent avant de pouvoir les formuler consciemment. L'écriture de Sarraute vise à capturer ces mouvements fugaces. Elle capture aussi ces impulsions préconscientes. Celles-ci sont, pour elle, l'essence même de l'expérience humaine.

Cette attention se porte sur l'infiniment petit. Elle vise ce qui se joue dans les interstices de la conscience. Cela rend "Enfance" une œuvre profondément originale. Elle renouvelle ainsi le genre autobiographique. Elle renouvelle également l'exploration de la psyché enfantine.

Les figures de style : une écriture sensible et précise

L'écriture de Sarraute dans "Enfance" se caractérise par sa richesse stylistique. Née en 1900 et décédée en 1999, cette écrivaine d'origine russe est devenue "l'une des figures féminines les plus importantes de la littérature française du XXème siècle"6. Son style unique se manifeste pleinement dans "Enfance".

Les figures de style employées par Sarraute ne sont jamais gratuites mais servent toujours son projet d'écriture : capturer avec la plus grande précision possible ces mouvements intérieurs presque imperceptibles, ces sensations fugaces qui constituent l'expérience vécue. Métaphores, comparaisons, hypallages et autres figures sont mises au service d'une exploration minutieuse de la sensibilité enfantine.

Cette richesse stylistique participe à la création d'une prose poétique unique, à la fois précise et suggestive, qui parvient à donner forme à l'informe, à exprimer l'inexprimable des sensations premières.

Entre Nouveau Roman et autobiographie : une œuvre charnière

"Enfance" occupe une place particulière dans l'œuvre de Sarraute et dans l'histoire littéraire. Publiée en 1983, alors que l'auteure avait déjà 83 ans, cette œuvre a pu apparaître à certains critiques comme une rupture avec l'esthétique de ses romans précédents. Pourtant, comme le souligne la source8, il convient plutôt d'envisager "l'écriture autobiographique et l'écriture romanesque sous le signe de la continuité".

Figure importante du Nouveau Roman depuis la publication de "L'Ère du soupçon" en 19566, Sarraute transpose dans l'autobiographie les techniques narratives et les préoccupations esthétiques qui caractérisent son œuvre romanesque. Le motif de l'enfance, présent dans toute son œuvre, trouve dans ce récit autobiographique son expression la plus aboutie.

"Enfance" apparaît ainsi comme une œuvre charnière qui réconcilie les expérimentations formelles du Nouveau Roman avec l'exploration intime du vécu personnel. Cette synthèse réussie fait de ce texte une référence incontournable pour comprendre l'évolution de l'autobiographie contemporaine.

La postérité d'Enfance : un classique contemporain

Une œuvre étudiée à tous les niveaux académiques

L'importance d'"Enfance" dans le paysage littéraire contemporain se mesure notamment à sa présence massive dans les programmes scolaires et universitaires. Comme le souligne la source, cette œuvre "est étudiée de la troisième à l'université depuis vingt-cinq ans", ce qui témoigne de sa richesse et de sa capacité à parler à des lecteurs d'âges et de niveaux différents.

Cette présence dans les cursus d'enseignement s'explique par les multiples niveaux de lecture qu'offre le texte. Pour les plus jeunes lecteurs, l'évocation de l'enfance et des relations familiales peut constituer un point d'entrée accessible, tandis que les lecteurs plus avancés peuvent apprécier les subtilités de la construction narrative et la profondeur des questionnements existentiels.

L'étude de cette œuvre a donné lieu à de nombreuses approches critiques, depuis l'analyse structurale jusqu'à la psychanalyse, en passant par la stylistique et la poétique. Cette multiplicité des approches témoigne de la richesse d'un texte qui continue à stimuler la réflexion et l'analyse.

Une influence durable sur l'autobiographie contemporaine

L'influence d'"Enfance" sur l'autobiographie contemporaine est considérable. En remettant en question les conventions du genre autobiographique traditionnel, Sarraute a ouvert la voie à de nouvelles formes d'écriture de soi, plus fragmentées, plus réflexives, plus attentives aux mécanismes mêmes de la mémoire et de la narration.

Le procédé du dialogisme, en particulier, a inspiré de nombreux auteurs contemporains soucieux d'introduire dans leurs récits autobiographiques une dimension critique et réflexive. De même, l'attention portée par Sarraute aux sensations et aux impressions fugaces a contribué à renouveler l'écriture autobiographique, en l'orientant davantage vers l'exploration de l'expérience vécue dans sa dimension la plus immédiate.

Continuité et rupture dans l'œuvre sarrautienne

"Enfance" occupe une place particulière dans l'œuvre de Sarraute. Comme le suggère la source, plutôt que de voir dans ce texte une rupture avec l'esthétique des romans précédents, il convient d'y percevoir une continuité profonde. Le motif de l'enfance, "délicieusement imprécis", apparaît comme une "force centripète" qui traverse toute l'œuvre sarrautienne.

Cette continuité se manifeste notamment dans l'attention portée aux tropismes, ces mouvements intérieurs fugaces qui précèdent la conscience claire et qui constituent la matière première de l'écriture de Sarraute. Dans "Enfance", ces tropismes sont associés à la sensibilité particulière de l'enfant, à sa capacité à percevoir des nuances infinitésimales dans son environnement.

Ainsi, loin d'être une anomalie dans la production de Sarraute, "Enfance" apparaît comme l'aboutissement logique de sa recherche littéraire, comme le lieu où convergent et s'épanouissent pleinement les préoccupations qui ont animé toute son œuvre.

Pourquoi lire Enfance en 2025 ?

"Enfance" de Nathalie Sarraute s'impose comme une œuvre majeure de la littérature française du XXème siècle, qui renouvelle profondément le genre autobiographique tout en s'inscrivant dans la continuité des recherches littéraires de son auteure. Par sa structure dialogique innovante, sa fragmentation narrative qui mime le fonctionnement de la mémoire, et son attention portée aux sensations et aux impressions fugaces, ce texte offre une plongée fascinante dans l'univers de l'enfance et dans les mécanismes complexes de la conscience.

Au-delà de son intérêt formel et stylistique, "Enfance" nous touche par son exploration sensible des relations familiales, du rapport au langage et de la construction identitaire. L'universalité de ces thèmes, conjuguée à la singularité du regard sarrautien, explique la pérennité d'une œuvre qui continue à être lue, étudiée et commentée plusieurs décennies après sa publication.

Pour les étudiants et les chercheurs en littérature, "Enfance" constitue un terrain d'investigation particulièrement fertile, à la croisée de multiples approches critiques. Pour le lecteur ordinaire, c'est avant tout une expérience de lecture unique, qui nous invite à redécouvrir notre propre enfance à travers le prisme de la sensibilité exceptionnelle de Nathalie Sarraute.

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