La tragédie Andromaque a été écrite par le dramaturge français Jean Racine et jouée en 1667 au château du Louvre. Elle se compose de 5 actes et de 1 648 alexandrins. Cette œuvre représente des amours à sens unique qui mènent au drame et à la mort.
Résumé scène par scène de la pièce Andromaque de Racine
Retrouvez le résumé des scènes des 5 actes de l’œuvre Andromaque de Racine.
Acte I : Scène 1
Pylades vient d’être retrouvé par Oreste, fils d’Agamemnon, à la cour de Pyrrhus, fils d’Achille et souverain d’Épire. Pylade soupçonnait qu’Oreste avait finalement connu la mort tant désirée à cause de la tempête qui avait séparé leurs navires près de l’Épire six mois auparavant. Il s’extasie et demande pourquoi Oreste et son envoyé grec sont venus en Epire.
Pylades est déconcerté quand Oreste prétend être venu par amour. Il avait cru qu’Oreste avait perdu tout intérêt pour la fille d’Hélène de Troie lorsque la princesse Hermione l’avait rejeté à Sparte. Hermione se trouve actuellement en Épire, prête à épouser Pyrrhus, à qui elle est fiancée.
Pylades prétend alors que Pyrrhus est en fait amoureux de son esclave et ancienne adversaire Andromaque, mais qu’elle ne cesse de le rejeter. Furieux, il fait la cour d’abord à Hermione, puis à Andromaque. Même si Hermione présente une attitude ouvertement moqueuse à l’égard de cet acte, elle en est très affligée et souhaite même parfois qu’Oreste intervienne pour la sauver. La ligne de conduite la plus sage pour Oreste est d’exiger avec véhémence la reddition d’Astyanax. Furieux, Pyrrhus déclinera par la suite, et la distance entre lui et Hermione, qui l’aime, s’accroîtra.
Acte I : Scène 2
Après quelques compliments d’ouverture, Oreste formule sa demande lorsque Pyrrhus et son ancien maître Phoenix apparaissent. Pyrrhus doit comprendre que tant qu’un homme de la lignée d’Hector est en vie, les Troyens seront dressés contre le reste de la Grèce, et ils ne seront pas tranquilles.
Acte I : Scènes 3-4
Pyrrhus demande à Andromaque si elle vient lui rendre visite en passant, mais elle lui répond qu’elle ne fait qu’aller donner son baiser quotidien à son enfant qui est retenu captif. Andromaque sanglote parce que Pyrrhus ne peut imposer une punition aussi sévère. Il l’informe qu’un envoyé grec est arrivé pour demander l’exécution de son fils. Est-elle condamnée à perdre tout ce qui lui est cher dans la vie, toujours à cause de Pyrrhus ? Pyrrhus affirme qu’il a déjà refusé leur requête et qu’il continuera à défendre Astyanax, même au prix d’une nouvelle guerre de Troie. Mais Andromaque lui doit indiscutablement quelque chose en retour. Va-t-elle rejeter son offre ?
Acte II : Scène 1
Hermione n’est pas certaine de son désir de rendre visite à Oreste alors qu’elle se confie à son amie Cléone. Elle a souvent désiré sa présence, mais elle se sent humiliée qu’il soit témoin du rejet de Pyrrhus. En méprisant Pyrrhus pour la façon dont il l’a traitée, elle exprime le fait qu’elle ne soit pas sûre de l’aimer encore.
Si Pyrrhus rejette leurs requêtes, le père d’Hermione lui a ordonné de quitter l’Épire avec la délégation grecque. S’il revenait vers elle, mais il ne le fera pas, la seule chose qu’elle puisse faire pour se venger est de persuader les Grecs de demander l’exécution d’Andromaque également. Cléone s’y oppose, prétendant qu’il est clair qu’Andromaque n’est pas en faute et ne désire pas Pyrrhus.
Acte II : Scènes 2-4
Oreste répond à Hermione qui lui demande si c’est l’amour ou le devoir qui l’a conduit à lui rendre visite en disant qu’il a survécu malgré toutes ses tentatives pour l’oublier et trouver la mort parmi de durs barbares. Il répond à Hermione qui lui rappelle qu’il a des choses plus importantes à faire en Épire que de parler de barbares et d’amour, en ajoutant que Pyrrhus a refusé d’abandonner Astyanax. C’est pourquoi il est venu tenter sa chance auprès d’elle, même s’il sait que c’est inutile.
Acte II : Scène 5
Phoenix est heureux que Pyrrhus ait fait passer le devoir avant l’amour, mais Pyrrhus pense encore à sa dernière conversation avec Andromaque, où elle n’a pu parler que de son fils et de son défunt Hector. Elle croit sans doute encore que Pyrrhus reviendra vers elle, mais comme il est maintenant fiancé à Hermione, elle pourrait développer une certaine jalousie. Il n’a cependant dit que la moitié de ce qu’il devait dire sur sa rage face à son manque de reconnaissance. Elle prétend qu’il la persécute alors qu’il lui a tout donné, y compris son enfant, son cœur et son trône.
Acte III : Scènes 1-2
Pylade tente de calmer un Oreste furieux qui a pris la décision d’enlever Hermione. Oreste méprise également Pyrrhus, affirmant que Pyrrhus ne s’intéressait pas à Hermione jusqu’à ce qu’Oreste lui avoue son amour pour elle. Alors qu’Hermione se préparait à l’accueillir, Pyrrhus a été la cible de sa fureur.
Pylade prétend qu’Hermione aime toujours Pyrrhus et ne le quittera jamais et que Pylade ne fait que se tromper lui-même. Oreste ferait mieux de la fuir car s’il l’enlève, elle le méprisera pour le reste de sa vie.
Acte III : Scènes 3-4
Cette contrainte singulière éveille les soupçons de Cléone, qui dit à Hermione qu’Oreste est peut-être nuisible. Elle se sent mal pour lui car il semble que Pyrrhus n’ait décidé d’épouser Hermione qu’après la venue d’Oreste. Hermione le réfute en disant que si Pyrrhus l’épouse, ce sera parce qu’il l’aime et que cela la rendra heureuse.
Andromaque demande à Hermione de convaincre Pyrrhus de ne pas renoncer à Astyanax. Elle lui dit qu’elle sera mère un jour et qu’elle devrait être capable de comprendre la douleur d’une mère. La mère d’Hermione, Hélène de Troie, avait été protégée des Troyens hostiles par Hector, et Hermione peut maintenant lui rendre un service similaire.
Acte III : Scènes 5-7
Céphise conseille à Andromaque de suivre le conseil ironique d’Hermione, et Pyrrhus se présente réellement avec Phénix, prétendument en route pour rencontrer Hermione. Cependant, il reste suffisamment longtemps pour qu’Andromaque surmonte sa réticence, implore son pardon et confesse son arrogance passée. Sans lui, Andromaque n’aurait jamais embrassé les genoux d’un maître, laisse-t-elle entendre.
Elle déclare qu’elle va se suicider après qu’il l’ait rejetée, affirmant savoir qu’elle le déteste et qu’elle détesterait même son propre enfant s’il dépendait de Pyrrhus pour sa survie. Pyrrhus est pleinement conscient qu’il est responsable de toute sa misère, y compris de la mort de son père, de sa famille, de son époux et de sa ville. Elle continue cependant à vivre pour son fils, et est heureuse que, s’il doit être esclave, il ait trouvé un propriétaire respectable. Tout espoir perdu, elle ne souhaite plus que retrouver son époux dans sa tombe.
Acte III : Scène 8
Céphise implore Andromaque d’accepter la proposition de Pyrrhus, car cela permettra de sauvegarder Astyanax et de lui redonner une position noble ; même Hector serait favorable à une telle union. Mais l’image de Pyrrhus telle qu’Andromaque l’a vue pour la première fois – trempé dans le sang de ses proches et de son peuple, se frayant un chemin à travers les corps de ses frères alors que les cris des morts résonnaient tout autour de lui – reste un souvenir obsédant pour la princesse. Non, elle préfère de loin être sa dernière victime plutôt que de le prendre pour époux.
Acte IV : Scène 1
Céphise est ravie de croire que sa maîtresse retrouvera bientôt sa splendeur d’antan, maintenant qu’Andromaque a juré d’épouser Pyrrhus. Pyrrhus est prêt à accéder à toutes ses requêtes ; en fait, il a ordonné que sa propre garde royale surveille Astyanax pendant que Pyrrhus lui-même est laissé sans défense. Céphise objecte qu’il reste encore beaucoup de temps quand Andromaque insiste sur le fait qu’elle doit voir son fils.
Elle est sur le point de voir Astyanax pour la dernière fois, mais Andromaque déçoit ses espoirs. Elle a juré d’épouser Pyrrhus, mais elle a l’intention de s’engager juste après le mariage. Pyrrhus, impulsif mais honnête, continuera à tenir sa promesse de défendre son enfant. Ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra accomplir ses devoirs envers Astyanax, Pyrrhus et le défunt Hector. Céphise doit encore vivre afin de garder un œil sur Astyanax, de partager avec lui les récits de ses braves ancêtres, et de converser avec lui au sujet de sa mère.
Acte IV : Scènes 2-4
Cléone, la confidente d’Hermione, s’inquiète des passions cachées dans son immobilité. Hermione a demandé Oreste après avoir appris le changement d’avis de Pyrrhus, et il s’est présenté. A condition qu’il tienne sa promesse, elle quittera l’Epire avec lui – mais seulement si elle n’est pas rejetée et sans défense – et elle exige de savoir s’il le fait. Pyrrhus doit être tué par Oreste.
Oreste est incrédule. Pyrrhus l’offense, et il est prêt à persuader la Grèce de lui faire la guerre, mais pas à le tuer. Un tel acte serait une trahison alors qu’Oreste sert d’ambassadeur à la cour d’Épire ; de plus, la vie de Pyrrhus est sacrée puisque Pyrrhus est protégé par une divinité.
Oreste voyage pour accomplir sa mission mais décide d’assassiner Pyrrhus personnellement. Hermione ignore les avertissements de Cléone qui lui dit qu’elle se ruine au profit de son ressentiment et de son besoin de vengeance.
Acte IV : Scènes 5-6
Pyrrhus se présente pour offrir à la princesse qu’il abandonne toute consolation possible. Il affirme qu’il avait l’intention de respecter sa promesse de l’épouser, malgré le fait que leurs pères aient planifié leur mariage sans aucun sentiment d’amour de part et d’autre.
Ironiquement, Hermione répond que les excuses sont à la hauteur de l’insulte, et elle se moque de Pyrrhus pour son comportement erratique et son mépris des promesses faites. Naturellement, il s’attend à ce qu’elle lui pardonne. Il a assassiné beaucoup de gens : La petite fille Polyxena, et le vieux père d’Hector. Qui peut refuser quoi que ce soit à un tel héros ?
Phoenix conseille à Pyrrhus d’être prudent car Hermione pourrait se venger. Pyrrhus, lui, ne pense qu’à retrouver Andromaque.
Acte V : Scènes 1-2
Restée seule, Hermione confesse sa colère envers Pyrrhus, dont les excuses étaient froides et insensibles, ainsi que sa peur à l’idée qu’elle puisse un jour être tenue responsable de sa mort. Lorsque Cléone arrive, il l’informe que la marche vers le temple a commencé. Pyrrhus, qui semble indifférent et rayonnant de joie, marche fidèlement derrière Andromaque, qui n’est ni heureuse ni triste.
Cléone dit qu’Oreste et ses Grecs sont déjà arrivés au temple, mais elle ne sait pas s’il va porter le coup de grâce ou non, car il hésite de peur d’être connu comme un assassin et un régicide. Hermione crie de rage qu’elle est certaine qu’il laissera passer la situation. Hermione est incapable de persuader ne serait-ce qu’un seul homme de la venger comme sa mère Hélène de Troie a trouvé des centaines de guerriers pour se battre et mourir pour elle. Elle va aller elle-même tuer Pyrrhus ou peut-être Oreste.
Acte V : Scène 3
Quand Oreste arrive, il découvre Pyrrhus mort devant l’autel. La délégation grecque en colère a entouré Pyrrhus alors qu’il plaçait la couronne sur la tête d’Andromaque et jurait amitié et paternité à Astyanax, le reconnaissant comme le souverain légitime de Troie, et Oreste lui-même n’a pas pu porter de coup.
Hermione s’écrie : “Qu’ont-ils fait ?” et Oreste s’excuse en disant que ce n’est pas lui qui a exercé sa vengeance mais les autres Grecs. Cependant, Hermione lui ordonne de se taire car elle le trouve repoussant. Pourquoi a-t-il tué l’homme qu’elle aimait ? Qui lui a donné l’ordre de le faire ?
Oreste répond : “Toi-même.” Mais Hermione le réprimande pour avoir cédé à une dame jalousement folle. Au lieu de cela, avant de suivre ses ordres, il aurait dû comprendre ses véritables émotions et confirmer une nouvelle fois qu’elle était sérieuse. À l’exception d’Oreste, Pyrrhus serait encore en train de débattre entre Andromaque et Hermione. Pyrrhus pourrait même être en train de tomber amoureux d’Hermione ou d’agir comme s’il l’était. Son ambassade a été mortelle, ce qui a conduit Pyrrhus à choisir Andromaque. Elle fait ses adieux à Oreste et déclare qu’elle abandonne définitivement sa famille et la Grèce.
Acte V : Scènes 4-5
Oreste se demande ce qui lui arrivera quand il restera seul : Hermione le méprise maintenant parce qu’il est devenu un tueur par amour pour elle.
Oreste est exhorté à courir vers les navires alors que Pylade entre dans la pièce avec quelques guerriers grecs. Les habitants de l’Épire font la guerre aux Grecs sous les ordres de leur nouvelle reine, Andromaque. Pylades demande à Oreste s’il a l’intention de mourir aux côtés d’Hermione alors qu’il prétend devoir la suivre. Oreste demande : ” Est-elle morte ? “, et Pylade répond qu’elle s’est suicidée en poignardant le cadavre de Pyrrhus. Oreste sent des rivières de sang autour de lui et remarque l’obscurité autour de lui après avoir entendu la nouvelle. Il croit voir Pyrrhus, qui est revenu d’entre les morts et embrasse Hermione, qui est jalouse d’Oreste. Pylades et les troupes grecques l’emmènent après que Pylades ait déclaré qu’il était devenu fou.
Présentation des personnages
Plusieurs personnages se succèdent dans cette œuvre.
Andromaque
Prisonnière de Pyrrhus, l’un des conquérants de Troie, et veuve d’Hector. Elle doit prendre l’atroce décision de renoncer à son fils unique, Astyanax, ou d’épouser Pyrrhus.
Pyrrhus
Pyrrhus est décrit comme un conquérants de Troie ayant pris Andromaque, l’épouse d’Hector, dans le cadre du butin de la guerre de Troie.
Hermione
Elle est fille d’Hélène de Troie et de Ménélas. Elle et Pyrrhus sont fiancés, et elle l’aime.
Oreste
C’est le fils d’Agamemnon. Il est tellement épris d’Hermione qu’il est prêt à tuer Pyrrhus pour gagner son affection. Il devient fou lorsque sa conformité fait qu’elle le méprise au lieu de l’aimer.
Astyanax
Il s’agit du fils d’Hector et d’Andromaque. Il ne fait jamais d’apparition sur scène, bien qu’il soit crucial pour l’intrigue. Son exécution est demandée par les Grecs, et Pyrrhus l’utilise comme un outil pour courtiser Andromaque.
Pylade
C’est un copain dévoué qui soutient Oreste sans réserve dans toutes ses tentatives.
Phénix
Confident de Pyrrhus.
Céphise
Confidente d’Andromaque.
Cléone
Confidente d’Hermione.
Analyse de l’œuvre
Dans Andromaque, une tragédie sur la folie et l’aveuglement de l’amour non partagé dans une chaîne de quatre individus, Racine a substitué le réalisme à l’héroïsme. Après la guerre de Troie, l’Épire est le cadre du drame. La veuve troyenne Andromaque, dont le roi Pyrrhus est vainement amoureux, et la princesse grecque Hermione ont recours à la force, aux menaces et au chantage affectif pour communiquer leurs véritables sentiments à leurs proches.
Cependant, cette méthode de communication échoue en fin de compte, car l’insécurité profondément ancrée des personnages les rend égocentriques et impassibles à l’empathie. À la fin de la pièce, tous les personnages, à l’exception d’Andromaque, ont péri à cause du meurtre, du suicide et de la folie. La pièce de Racine est unique en ce qu’elle contredit l’histoire traditionnelle de la guerre de Troie en permettant à une reine troyenne de vaincre les Grecs. Les spectateurs d’Andromaque étaient bien conscients qu’ils assistaient à une interprétation fraîche et puissante de la condition humaine, dans laquelle les relations intenses sont considérées comme fondamentalement politiques, tant dans leurs motifs que dans leurs manifestations.
Par rapport aux œuvres antérieures de Racine, Andromaque est d’une facture plus experte : son exposition est un modèle de clarté et de concision ; le jeu de l’amour, de la haine et de l’indifférence est organisé de manière subtile mais convaincante ; la rhétorique est vigoureuse mais proche du discours normal ; et l’utilisation inventive du hors-scène pour attirer l’attention du public du visuel vers l’imaginaire est remarquable. Cette dernière stratégie a fini par être la préférée de la poétique de Racine.