Littérature

Racine, Andromaque : résumé, personnages et analyse

Couverture introductive du bilan de lecture à propos de Andromaque de Racine avec un résumé par scène, un recensement des personnages, et une exploration littéraire.
Ecrit par Les Résumés

Bienvenue dans l'univers passionné et tragique de ce résumé sur Andromaque, une tragédie classique majeure de Jean Racine, représentée pour la première fois en 1667.

Cette pièce nous transporte en Épire, après la chute de Troie. Andromaque, veuve d'Hector et captive de Pyrrhus, roi d'Épire, est confrontée à un dilemme insoluble : épouser Pyrrhus pour sauver son fils Astyanax, ou rester fidèle à la mémoire de son époux au risque de sacrifier son enfant. Autour d'elle s'entremêlent les destins d'Oreste, venu réclamer Astyanax au nom des Grecs et amoureux d'Hermione, elle-même fiancée éconduite de Pyrrhus et objet de son amour non partagé.

À travers cette œuvre emblématique du classicisme français, écrite en alexandrins, Racine explore les thèmes de la passion dévastatrice, du dilemme tragique, de la raison d'État opposée aux sentiments, et de l'héritage écrasant de la guerre. Préparez-vous à plonger au cœur d'une intrigue où l'amour, le devoir, la vengeance et la fatalité s'affrontent inexorablement.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Dès sa création en 1667 à l'Hôtel de Bourgogne, "Andromaque" a connu un succès retentissant. La pièce fut jouée devant le roi Louis XIV et sa cour, et elle consacra Jean Racine comme l'un des plus grands dramaturges de son temps, rivalisant directement avec Corneille. Son succès immédiat et durable en a fait l'une des pièces les plus étudiées et représentées du répertoire classique français.

Points essentiels pour mieux comprendre ce résumé d'Andromaque

Jean Racine (1639-1699), dramaturge majeur du classicisme français sous le règne de Louis XIV. Réputé pour la pureté de sa langue, la profondeur psychologique de ses personnages et la rigueur de ses tragédies en vers alexandrins.

Andromaque

1667 (Première représentation)

Classicisme (Tragédie classique française). Mouvement littéraire et artistique du XVIIe siècle prônant la raison, l'ordre, la mesure, et l'imitation des Anciens.

Andromaque se déroule après la guerre de Troie, dans la cour de Pyrrhus, roi d'Épire et fils d'Achille. Andromaque, veuve du héros troyen Hector et captive de Pyrrhus, doit choisir entre épouser ce dernier pour sauver son fils Astyanax, ou rester fidèle à Hector au péril de la vie de son enfant. L'intrigue est compliquée par une chaîne amoureuse sans issue : Oreste aime Hermione, qui est fiancée à Pyrrhus mais délaissée par lui ; Pyrrhus aime Andromaque, qui ne peut oublier Hector. Oreste arrive en ambassade pour réclamer la mort d'Astyanax au nom des Grecs.

La passion fatale : L'amour non partagé comme force destructrice (Oreste → Hermione → Pyrrhus → Andromaque).

Le dilemme tragique : Le choix impossible auquel sont confrontés les personnages, notamment Andromaque (devoir maternel vs fidélité conjugale).

La raison d'État vs. les sentiments : Les décisions politiques (ambassade d'Oreste, mariage de Pyrrhus) sont constamment influencées ou court-circuitées par les passions personnelles.

La fatalité et l'héritage : Les personnages sont prisonniers de leur passé (la guerre de Troie) et de leurs passions.

La violence et la vengeance : La fureur d'Hermione bafouée, la mission meurtrière d'Oreste.

La fidélité et la mémoire : L'attachement indéfectible d'Andromaque au souvenir d'Hector.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Pour écrire Andromaque, Racine s’inspire du chant III de L’Énéide de Virgile, mais s’éloigne d’Euripide en laissant Astyanax en vie, créant ainsi le dilemme central de sa tragédie.



Résumé intégral sur Andromaque

Résumé court de cette pièce de Racine

Dans un climat de tensions amoureuses et politiques, Oreste vient en Épire réclamer la mort d’Astyanax et tenter de récupérer Hermione, délaissée par Pyrrhus, fou d’amour pour Andromaque. Cette dernière, fidèle à Hector, rejette le chantage de Pyrrhus : sauver son fils en échange d’un mariage.

Blessée et jalouse, Hermione ordonne à Oreste de tuer Pyrrhus. Il accepte, par amour. Mais lorsqu’il revient annoncer le meurtre, elle le rejette, révèle son amour pour Pyrrhus et se suicide. Oreste, accablé, sombre dans la folie. Tous sont emportés par leurs passions, jusqu’à un point de non-retour.

Résumé par acte sur Andromaque

Acte 1 de cette tragédie racinienne

Dans un tourbillon de passions contrariées et de tensions politiques, Oreste arrive en Épire officiellement pour réclamer la mort d’Astyanax, dernier héritier de Troie, mais secrètement pour reconquérir Hermione. Celle-ci, délaissée par Pyrrhus, souffre en silence, tandis que ce dernier, fou amoureux d’Andromaque, tente de la faire céder. Pylade, fidèle à Oreste, lui suggère d’utiliser sa mission diplomatique pour troubler le couple royal.

Pyrrhus, confronté par Oreste, refuse la demande grecque. Il promet même de protéger Astyanax, mais cette promesse a un prix : il propose à Andromaque un odieux marchéla vie de son fils contre son amour. Déchirée entre son devoir envers Hector et la survie d’Astyanax, Andromaque fait face à un dilemme tragique.

Une tension implacable s’installe entre amour, devoir et manipulation, où chacun devient à la fois victime et bourreau dans un jeu cruel de passions non partagées.

Acte 2 d'Andromaque

Hermione est tiraillée entre sa fierté blessée, sa colère envers Pyrrhus qui la délaisse, et la honte de devoir affronter Oreste, encore épris d’elle. Humiliée, elle imagine une vengeance cruelle contre Andromaque, bien que cette dernière soit innocente — ce que Cléone, sa confidente, tente de lui rappeler avec raison.

Lorsque Hermione retrouve Oreste, celui-ci lui déclare un amour inébranlable, malgré ses rejets passés. Mais il lui apporte aussi une nouvelle capitale : Pyrrhus a refusé de livrer Astyanax. Cette décision marque un tournant, où les tensions politiques se mêlent aux douleurs sentimentales.

De son côté, Pyrrhus, rongé par la frustration, se confie à Phoenix. Il ne supporte plus l’indifférence d’Andromaque, toujours fidèle à Hector. Malgré sa décision de protéger Astyanax, il se sent ignoré, ingratement traité, et pense utiliser son mariage avec Hermione comme un stratagème : provoquer la jalousie d’Andromaque pour qu’elle cède enfin.

Entre amour obsessionnel, manipulations politiques et déchirements intimes, chaque personnage avance vers une issue tragique inévitable.

Acte 3 de cette pièce de théâtre du 17ème siècle

Oreste, consumé par la colère, décide d’enlever Hermione, malgré les mises en garde de Pylade qui lui rappelle qu’elle aime encore Pyrrhus et ne lui pardonnerait jamais un tel acte. Le plan d’enlèvement se heurte donc à la réalité du cœur d’Hermione et au bon sens de Pylade.

De son côté, Hermione rejette les doutes de Cléone quant aux réelles intentions de Pyrrhus et choisit de croire à son amour. Lorsqu’Andromaque vient la supplier de sauver Astyanax, elle fait appel à la solidarité féminine, à la maternité et au souvenir d’Hector qui avait protégé Hélène. La tension monte, entre pouvoir naissant et responsabilité morale.

Dans une scène bouleversante, Andromaque change de masque : d’abord humiliée et suppliante face à Pyrrhus, elle se relève dans un accès de colère suicidaire, le rejetant violemment et déclarant préférer la mort à une alliance forcée. Son seul désir : rejoindre Hector dans la tombe. L’amour devient douleur, et le refus, un acte de fidélité tragique.

Poussée par Céphise, Andromaque fait face à un ultime dilemme : céder à Pyrrhus pour sauver son fils. Mais son traumatisme indélébile resurgit : elle revoit Pyrrhus ensanglanté dans les ruines de Troie, assassin de sa famille. Cette image rend tout pardon impossible, toute union insupportable. Elle préfère mourir libre que vivre soumise.

Acte 4 d'Andromaque

Andromaque dévoile à Céphise un plan tragique : elle épousera Pyrrhus pour obtenir la protection d’Astyanax, mais se donnera la mort aussitôt la cérémonie terminée. Ce stratagème lui permet de remplir ses devoirs contradictoires : sauver son fils, respecter Pyrrhus en tant qu’époux protecteur, et rester fidèle à Hector. Elle confie à Céphise le soin de veiller sur son fils et de transmettre sa mémoire.

De son côté, Hermione, dévorée par la jalousie et la fureur, impose à Oreste une condition brutale : elle partira avec lui seulement s’il assassine Pyrrhus avant la fin du jour. Oreste, d’abord révolté, finit par céder, prêt à commettre l’irréparable pour l’amour d’Hermione. Cléone tente en vain de ramener sa maîtresse à la raison, mais l’aveuglement passionnel triomphe.

Lors de leur dernière confrontation, Pyrrhus tente de justifier son revirement à Hermione avec des excuses maladroites. Elle lui répond avec un sarcasme glaçant, rappelant ses crimes passés et l’accusant d’inconstance et de cruauté. Après son départ, Phoenix alerte Pyrrhus sur la possible vengeance d’Hermione, mais le roi, obsédé par son mariage avec Andromaque, ignore le danger.

Chaque personnage agit désormais poussé par une passion irrépressible : Andromaque cherche la fidélité dans le sacrifice, Oreste l’amour dans le crime, Hermione la justice dans la vengeance, et Pyrrhus la possession dans l’aveuglement. Tous avancent vers un déchaînement tragique inévitable.

Acte 5 de cette pièce de Racine

Alors que le mariage approche, Hermione oscille entre rage, doutes et angoisse. Craignant d’être responsable de la mort de Pyrrhus, elle s’enflamme quand Cléone lui apprend l’hésitation d’Oreste à frapper. Convaincue d’être trahie, elle décide d’agir elle-même si Oreste faillit, prête à commettre l’irréparable au temple.

Mais le coup a bien lieu : Oreste revient annoncer la mort de Pyrrhus, assassiné par les Grecs devant l’autel, alors qu’il couronnait Andromaque et reconnaissait Astyanax comme roi. À sa grande surprise, Hermione l’accueille avec horreur. Elle nie son propre ordre, l’accuse violemment, et laisse éclater son amour refoulé pour Pyrrhus. Elle rejette Oreste, le maudit et fuit, brisant tous les liens.

Anéanti, Orestex reste seul avec sa culpabilité. C’est alors que Pylade arrive, poursuivi par les Épirotes soulevés. Il lui annonce le pire : Hermione s’est suicidée sur le corps de Pyrrhus. Ce choc fait sombrer Oreste dans une folie hallucinatoire : il voit les Furies vengeresses, le couple des amants réunis dans la mort, ricanant dans l’au-delà. Pylade le fait emmener de force, mais le salut physique ne sauve plus son esprit.

Ainsi s’achève Andromaque, sur un dénouement tragique où se croisent amour, trahison, sacrifice, et folie. Chacun paie le prix de ses passions, dans une dernière explosion de douleur, de mort… et de silence.

Résumé par scène d'Andromaque

Acte 1 de cette pièce de Racine

Scène 1

Personnages présents
  • Oreste : Fils d'Agamemnon, ambassadeur grec, amoureux d'Hermione.
  • Pylade : Ami et confident d'Oreste.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Roi d'Épire, fils d'Achille, fiancé à Hermione mais amoureux d'Andromaque.
  • Hermione : (Mentionnée) Fille d'Hélène, fiancée à Pyrrhus, anciennement aimée par Oreste.
  • Andromaque : (Mentionnée) Veuve d'Hector, captive de Pyrrhus.
  • Astyanax : (Mentionné) Fils d'Andromaque et d'Hector, dont la vie est en jeu.
Résumé de la partie

Pylade retrouve Oreste à la cour de Pyrrhus en Épire, soulagé de le voir vivant après une tempête qui les avait séparés. Il demande la raison de la venue d'Oreste et de sa délégation grecque.

Oreste avoue venir par amour pour Hermione, bien qu'elle l'ait rejeté à Sparte. Elle se trouve désormais en Épire, fiancée à Pyrrhus.

Pylade éclaire Oreste sur la situation : Pyrrhus délaisse Hermione car il est épris de sa captive, Andromaque, qui le repousse sans cesse. Pyrrhus alterne ses attentions entre les deux femmes, ce qui tourmente Hermione malgré une façade moqueuse.

Pylade conseille à Oreste d'utiliser sa mission officielle : exiger la mort d'Astyanax, fils d'Andromaque. Il anticipe que le refus probable de Pyrrhus le brouillera avec Hermione, ce qui pourrait servir les desseins d'Oreste.

Notions clés à retenir
  • Arrivée d'Oreste : Mission diplomatique grecque doublée d'une quête amoureuse.
  • Épire : Lieu de l'action, cour du roi Pyrrhus.
  • Triangle (ou carré) amoureux : Oreste aime Hermione, qui est fiancée à Pyrrhus, qui aime Andromaque.
  • Rejet constant : Andromaque repousse Pyrrhus ; Hermione avait rejeté Oreste.
  • Conseil stratégique de Pylade : Utiliser la politique (demande concernant Astyanax) pour influencer les relations personnelles.
  • Astyanax en danger : Le fils d'Hector est réclamé par les Grecs.
Questions pour approfondir
Quelle est la double raison de la venue d'Oreste en Épire ?

Officiellement, il vient comme ambassadeur des Grecs pour demander la mort d'Astyanax. Personnellement, il espère reconquérir Hermione, dont il est amoureux.

Quelle est la situation sentimentale complexe à la cour de Pyrrhus ?

Pyrrhus est fiancé à Hermione mais aime sa captive Andromaque. Hermione est affligée par ce dédain, tandis qu'Andromaque repousse Pyrrhus. Oreste arrive, toujours amoureux d'Hermione.

Scène 2

Personnages présents
  • Oreste : Ambassadeur grec, présente sa requête.
  • Pyrrhus : Roi d'Épire, reçoit l'ambassade.
  • Phoenix : Conseiller de Pyrrhus, présent lors de l'audience.
Résumé de la partie

Après les échanges protocolaires, Oreste, en présence de Phoenix, expose la demande officielle des Grecs à Pyrrhus.

Il argumente que la paix ne sera jamais assurée pour la Grèce tant que vivra un descendant d'Hector, Astyanax, car il pourrait un jour rallier les Troyens et chercher vengeance.

Notions clés à retenir
  • Requête officielle : Demande de la livraison et de l'exécution d'Astyanax.
  • Argument politique : Éliminer une menace future pour la sécurité de la Grèce.
  • Rôle de Phoenix : Sa présence souligne le poids de la décision pour Pyrrhus.
  • Héritage d'Hector : Astyanax incarne l'espoir troyen et la crainte grecque.
Questions pour approfondir
Quelle est la demande exacte formulée par Oreste à Pyrrhus ?

Oreste demande, au nom de toute la Grèce, que Pyrrhus lui livre Astyanax, le fils d'Hector, afin qu'il soit mis à mort.

Pourquoi les Grecs considèrent-ils Astyanax comme une menace ?

Ils craignent qu'en grandissant, il ne cherche à venger son père Hector et la chute de Troie, devenant un point de ralliement pour les ennemis de la Grèce.

Scènes 3 & 4

Personnages présents
  • Pyrrhus : Roi d'Épire, confronte Andromaque.
  • Andromaque : Veuve d'Hector, mère d'Astyanax.
  • Astyanax : (Mentionné) Enfant captif, sa vie est en jeu.
  • Oreste : (Mentionné comme "l'envoyé grec").
Résumé de la partie

Pyrrhus rencontre Andromaque et lui demande si elle vient le voir. Elle rétorque qu'elle ne vient que pour rendre visite à son fils captif, Astyanax. Elle reproche à Pyrrhus sa cruauté.

Pyrrhus lui révèle alors qu'un envoyé grec (Oreste) est arrivé pour exiger l'exécution de son fils. Andromaque est dévastée à l'idée de perdre ce qui lui reste de plus cher, encore une fois par la faute de Pyrrhus.

Pyrrhus affirme avoir déjà refusé la demande grecque et promet de défendre Astyanax, quitte à affronter de nouveau toute la Grèce.

Il conclut cependant en lui faisant comprendre que cette protection a un prix : il lui demande si elle va enfin céder à ses avances (l'épouser) en échange de la vie de son fils.

Notions clés à retenir
  • Amour maternel : Andromaque vit pour son fils Astyanax.
  • Cruauté perçue de Pyrrhus : Andromaque le tient responsable de ses malheurs.
  • Révélation de la menace : Pyrrhus informe Andromaque de la demande d'Oreste.
  • Promesse de protection : Pyrrhus se dit prêt à défendre Astyanax.
  • Chantage : Pyrrhus lie explicitement la survie d'Astyanax à l'acceptation de son amour par Andromaque.
  • Dilemme d'Andromaque : Choisir entre la fidélité à Hector et la survie de son fils.
Questions pour approfondir
Quelle terrible nouvelle Pyrrhus apprend-il à Andromaque ?

Il lui apprend qu'un ambassadeur grec est venu réclamer la mort de son fils, Astyanax.

Quelle condition Pyrrhus met-il à la protection d'Astyanax ?

Il sous-entend fortement qu'il ne protégera Astyanax que si Andromaque accepte de l'épouser et de répondre à son amour.

Acte 2 d'Andromaque

Scène 1

Personnages présents
  • Hermione : Princesse fiancée à Pyrrhus, exprime ses doutes et sa colère.
  • Cléone : Confidente d'Hermione.
  • Oreste : (Mentionné) Sa visite imminente trouble Hermione.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Son attitude envers Hermione est la cause de sa colère et de son humiliation.
  • Andromaque : (Mentionnée) Cible potentielle de la vengeance d'Hermione.
  • Père d'Hermione (Ménélas) : (Mentionné) A donné des instructions à sa fille.
Résumé de la partie

Hermione confie à sa suivante, Cléone, son trouble à l'idée de rencontrer Oreste. Elle avoue avoir souvent souhaité sa présence mais se sent maintenant humiliée qu'il la voie rejetée par Pyrrhus. Hermione exprime sa colère contre ce dernier et doute même de l'aimer encore.

Elle révèle que son père lui a ordonné de quitter l'Épire avec Oreste et la délégation grecque si Pyrrhus refuse leur demande (livrer Astyanax). Dans un élan de dépit, elle imagine que si Pyrrhus revenait vers elle (ce qu'elle juge improbable), sa seule vengeance serait de persuader les Grecs de demander aussi la mort d'Andromaque.

Cléone tente de la raisonner, arguant qu'Andromaque n'est pas coupable, n'a jamais encouragé Pyrrhus et ne mérite pas une telle vengeance.

Notions clés à retenir
  • Dilemme d'Hermione : Entre l'humiliation de rencontrer Oreste et le désir passé de sa venue.
  • Colère et Doute : Sentiments d'Hermione envers Pyrrhus.
  • Ultimatum paternel : Ordre de quitter l'Épire en cas de refus de Pyrrhus.
  • Projet de Vengeance : Idée de faire tuer Andromaque par dépit.
  • Voix de la Raison (Cléone) : Rappelle l'innocence d'Andromaque.
  • Fierté Blessée : Motivation principale d'Hermione.
Questions pour approfondir
Pourquoi Hermione est-elle troublée par l'arrivée d'Oreste ?

Elle se sent humiliée d'être vue par Oreste, qui l'aime toujours, dans une situation où elle est publiquement délaissée par son fiancé, Pyrrhus.

Quelle vengeance Hermione envisage-t-elle et pourquoi Cléone la désapprouve-t-elle ?

Hermione envisage de pousser les Grecs à demander la mort d'Andromaque par vengeance contre Pyrrhus. Cléone désapprouve car Andromaque est innocente et n'a pas cherché l'amour de Pyrrhus.

Scènes 2 à 4

Personnages présents
  • Oreste : Réaffirme son amour et annonce le refus de Pyrrhus.
  • Hermione : Interroge Oreste et apprend la décision de Pyrrhus.
  • Pyrrhus : (Mentionné) A refusé de livrer Astyanax.
  • Astyanax : (Mentionné) Sa vie est préservée par le refus de Pyrrhus.
Résumé de la partie

Hermione rencontre Oreste et lui demande si c'est l'amour pour elle ou sa mission diplomatique qui l'amène. Oreste répond avec passion qu'il n'a jamais pu l'oublier, malgré ses tentatives désespérées pour trouver la mort loin d'elle.

Hermione le ramène à la réalité de sa mission en Épire. Oreste lui annonce alors le résultat de son ambassade : Pyrrhus a refusé de livrer Astyanax.

Il avoue être venu tenter sa chance auprès d'elle une dernière fois, même s'il se sait sans espoir.

Notions clés à retenir
  • Confrontation Oreste/Hermione : Échange sur les motivations et les sentiments.
  • Amour Inconditionnel d'Oreste : Il clame sa passion persistante malgré le temps et le rejet.
  • Refus Officiel de Pyrrhus : La nouvelle clé apportée par Oreste.
  • Conséquence pour Astyanax : Sa vie est sauvée (du moins par les Grecs).
  • Espoir Têtu d'Oreste : Il persiste à courtiser Hermione.
Questions pour approfondir
Quelle nouvelle capitale Oreste apporte-t-il à Hermione ?

Il lui annonce officiellement que le roi Pyrrhus a refusé la demande des Grecs et ne livrera pas Astyanax.

Quelle est l'attitude d'Oreste envers Hermione lors de cette rencontre ?

Il se montre passionnément amoureux, affirmant n'avoir jamais cessé de l'aimer, et tente une nouvelle fois de la convaincre, malgré le peu d'espoir.

Scène 5

Personnages présents
  • Pyrrhus : Exprime sa frustration envers Andromaque.
  • Phoenix : Conseiller de Pyrrhus, écoute ses plaintes.
  • Andromaque : (Mentionnée) Objet de l'obsession et de la colère de Pyrrhus.
  • Hector : (Mentionné) Le défunt mari, toujours présent dans l'esprit d'Andromaque.
  • Hermione : (Mentionnée) L'instrument potentiel pour rendre Andromaque jalouse.
Résumé de la partie

Phoenix semble approuver la décision de Pyrrhus de refuser les Grecs, y voyant peut-être un retour au devoir. Mais Pyrrhus est loin d'être apaisé et ressasse sa dernière discussion avec Andromaque.

Il se plaint amèrement à Phoenix : Andromaque ne lui parle que de son fils et de son défunt mari, Hector. Pyrrrhus est furieux de ce qu'il perçoit comme un manque de reconnaissance, alors qu'il estime lui avoir tout offert (protection, amour, trône) et qu'elle l'accuse de persécution.

Il imagine qu'elle croit encore pouvoir le faire changer d'avis, mais il espère que son engagement désormais ferme envers Hermione la rendra enfin jalouse.

Notions clés à retenir
  • Obsession de Pyrrhus : Malgré sa décision politique, il reste focalisé sur Andromaque.
  • Frustration Amoureuse : Dépit face à l'indifférence et la fidélité d'Andromaque à Hector.
  • Incompréhension : Pyrrhus ne comprend pas le point de vue d'Andromaque et se sent lésé.
  • Utilisation d'Hermione : Pyrrhus voit son mariage avec Hermione comme un moyen de pression sur Andromaque.
  • Espoir de Jalousie : Le seul sentiment qu'il espère encore susciter chez Andromaque.
  • Inquiétude de Phoenix : Le conseiller perçoit l'instabilité émotionnelle du roi.
Questions pour approfondir
Pourquoi Pyrrhus est-il en colère contre Andromaque après lui avoir pourtant sauvé son fils ?

Il est en colère car il perçoit son attitude comme de l'ingratitude. Malgré son geste, elle reste distante, fidèle à Hector, et ne lui montre aucune reconnaissance ni amour en retour.

Quel est le véritable objectif de Pyrrhus en confirmant son mariage avec Hermione ?

Au-delà de l'apparence politique ou du respect de sa parole, il espère secrètement que cet engagement rendra Andromaque jalouse et la poussera enfin à céder à ses avances.

Acte 3 de cette tragédie racinienne

Scènes 1 & 2

Personnages présents
  • Oreste : Furieux, déterminé à enlever Hermione.
  • Pylade : Tente de calmer et de raisonner Oreste.
  • Hermione : (Mentionnée) Objet du projet d'enlèvement d'Oreste.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Accusé par Oreste d'agir par rivalité.
Résumé de la partie

Pylade tente de calmer un Oreste hors de lui, qui a pris la résolution d'enlever Hermione par la force. Oreste exprime également son profond mépris pour Pyrrhus, l'accusant de ne s'être intéressé à Hermione que par pure rivalité, après qu'Oreste lui eut avoué ses propres sentiments pour elle.

Pylade essaie de le ramener à la raison, arguant qu'Hermione aime toujours Pyrrhus et ne le quittera jamais volontairement. Il soutient qu'Oreste se berce d'illusions et que s'il l'enlève, elle le haïra à jamais. Il lui conseille plutôt de renoncer et de fuir.

Notions clés à retenir
  • Résolution d'Oreste : Enlever Hermione par la force.
  • Fureur et Mépris : Sentiments d'Oreste envers Pyrrhus.
  • Accusation de Rivalité : Oreste croit que Pyrrhus agit par provocation.
  • Réalisme de Pylade : Souligne l'amour d'Hermione pour Pyrrhus.
  • Mise en Garde : Un enlèvement entraînerait la haine d'Hermione.
  • Conseil de Fuite : Pylade voit le départ comme la seule issue.
Questions pour approfondir
Quelle décision Oreste a-t-il prise sous l'effet de la colère ?

Il a décidé d'enlever Hermione de force, ne supportant pas de la voir épouser Pyrrhus.

Pourquoi Pylade déconseille-t-il vivement à Oreste d'enlever Hermione ?

Pylade lui rappelle qu'Hermione aime toujours Pyrrhus et qu'un enlèvement la rendrait haineuse envers Oreste pour le reste de sa vie.

Scènes 3 & 4

Personnages présents
  • Hermione : Rejette les doutes de Cléone, puis reçoit Andromaque.
  • Cléone : Confidente d'Hermione, exprime ses soupçons.
  • Andromaque : Supplie Hermione d'intercéder pour son fils.
  • Oreste : (Mentionné) Sa présence coïncide avec la décision de Pyrrhus.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Son mariage imminent est discuté.
  • Astyanax : (Mentionné) Enjeu de la supplique d'Andromaque.
  • Hélène : (Mentionnée) Mère d'Hermione, argument historique.
  • Hector : (Mentionné) Père d'Astyanax, argument historique.
Résumé de la partie

Cléone partage ses soupçons avec Hermione : elle trouve étrange que Pyrrhus ait décidé de l'épouser précisément après l'arrivée d'Oreste. Elle craint que la décision ne soit pas sincère ou motivée par autre chose que l'amour.

Hermione balaie ces doutes, choisissant de croire que Pyrrhus l'épouse par amour et que cela suffira à son bonheur.

Andromaque arrive alors et implore Hermione d'user de son nouveau pouvoir sur Pyrrhus pour sauver Astyanax. Elle fait appel à la future maternité d'Hermione et lui rappelle que son propre père, Hector, avait protégé Hélène (la mère d'Hermione) à Troie, suggérant une forme de dette morale.

Notions clés à retenir
  • Soupçons de Cléone : Doute sur la sincérité du mariage arrangé par Pyrrhus.
  • Déni d'Hermione : Volonté de croire à l'amour de Pyrrhus.
  • Supplique d'Andromaque : Ultime recours pour sauver Astyanax via Hermione.
  • Argumentation Maternelle : Appel à l'empathie d'une future mère.
  • Argument Historique/Moral : Rappel de la protection d'Hélène par Hector.
Questions pour approfondir
Qu'est-ce qui rend Cléone méfiante quant à la décision de Pyrrhus d'épouser Hermione ?

La coïncidence entre l'arrivée d'Oreste (qui aime Hermione) et la décision soudaine de Pyrrhus (qui semblait aimer Andromaque) lui paraît suspecte.

Comment Andromaque essaie-t-elle d'émouvoir Hermione pour sauver Astyanax ?

Elle lui demande d'imaginer la douleur d'une mère et lui rappelle que son père Hector avait protégé Hélène, la mère d'Hermione, espérant ainsi créer un sentiment d'obligation.

Scènes 5 à 7

Personnages présents
  • Andromaque : Change radicalement, supplie, puis rejette violemment Pyrrhus et annonce son suicide.
  • Céphise : Confidente d'Andromaque.
  • Pyrrhus : Reçoit les suppliques puis la fureur d'Andromaque.
  • Phoenix : Conseiller de Pyrrhus, témoin de la scène.
  • Hermione : (Mentionnée) Pyrrhus prétend aller la voir.
  • Hector : (Mentionné) Époux regretté d'Andromaque.
Résumé de la partie

Pyrrhus arrive avec Phoenix, sous prétexte de se rendre chez Hermione. Poussée par Céphise, Andromaque change alors complètement de posture.

Elle abandonne sa fierté, s'humilie devant Pyrrhus, implore son pardon pour son arrogance passée et reconnaît sa dépendance : sans lui, jamais elle n'aurait "embrassé les genoux d'un maître".

Puis, interprétant peut-être le silence ou l'attitude de Pyrrhus comme un rejet, elle explose de fureur et annonce son intention de se suicider. Elle clame sa haine pour lui, affirmant qu'elle en viendrait à haïr son propre fils s'il devait sa survie à Pyrrhus. Elle lui rappelle sa responsabilité dans tous ses malheurs passés (mort de sa famille, d'Hector).

Ayant perdu tout espoir d'une solution digne, elle déclare ne plus aspirer qu'à rejoindre Hector dans la tombe.

Notions clés à retenir
  • Revirement Spectaculaire : Andromaque passe de la dignité à l'humiliation puis à la fureur suicidaire.
  • Stratégie de l'Humiliation : Dernière tentative désespérée pour fléchir Pyrrhus ?
  • Haine Profonde : Malgré la dépendance, les sentiments réels refont surface violemment.
  • Accusation Directe : Rappel des crimes de Pyrrhus pendant la guerre.
  • Fidélité Post-Mortem : Le désir ultime est de rejoindre Hector.
  • Désespoir Total : La mort semble la seule issue honorable.
Questions pour approfondir
Quelles sont les deux phases extrêmes de l'attitude d'Andromaque face à Pyrrhus dans ces scènes ?

Elle passe d'une humiliation totale, où elle implore son pardon et reconnaît sa soumission, à une explosion de haine et de rejet, où elle annonce son suicide et lui rappelle ses crimes.

Quelle est l'aspiration finale exprimée par Andromaque ?

Face à ce qu'elle perçoit comme une situation sans issue honorable, elle exprime le désir de mourir pour rejoindre son époux défunt, Hector.

Scène 8

Personnages présents
  • Andromaque : Révèle son traumatisme et son refus définitif.
  • Céphise : Tente une dernière fois de la convaincre.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Le mariage avec lui est au cœur du débat.
  • Astyanax : (Mentionné) Sa survie est l'argument de Céphise.
  • Hector : (Mentionné) Céphise invoque son approbation supposée.
  • Famille d'Andromaque : (Mentionnée) Leurs morts hantent Andromaque.
Résumé de la partie

Céphise lance un dernier appel à Andromaque pour qu'elle accepte d'épouser Pyrrhus. Elle met en avant le salut d'Astyanax et sa future position, allant jusqu'à prétendre que même Hector approuverait ce sacrifice pour leur fils.

Mais Andromaque révèle alors la raison profonde et viscérale de son refus : le souvenir traumatisant de Pyrrhus lors de la prise de Troie, couvert du sang de ses proches, massacrant ses frères.

Cette image d'horreur lui est insupportable. Elle déclare préférer être la dernière victime de Pyrrhus plutôt que de devenir son épouse.

Notions clés à retenir
  • Argument Ultime de Céphise : Le salut d'Astyanax et l'accord présumé d'Hector.
  • Révélation du Traumatisme : L'image indélébile de Pyrrhus meurtrier.
  • Horreur Viscérale : Le souvenir sanglant rend l'union impensable.
  • Refus Inébranlable : La mort est préférable à l'épouse du bourreau.
  • Primauté de la Mémoire : Fidélité aux morts plus forte que l'instinct de survie.
  • Dignité dans la Mort : Le choix final d'Andromaque.
Questions pour approfondir
Quel argument Céphise utilise-t-elle en dernier recours pour convaincre Andromaque ?

Elle affirme que ce mariage sauverait Astyanax et lui assurerait un avenir, et prétend que même Hector, son défunt mari, approuverait ce sacrifice.

Quelle est la raison fondamentale et infranchissable qui empêche Andromaque d'épouser Pyrrhus ?

C'est le souvenir traumatisant de Pyrrhus lors du sac de Troie, le voyant couvert du sang de sa famille et de son peuple. Cette image rend toute union impossible.

Acte 4 d'Andromaque

Scène 1

Personnages présents
  • Andromaque : Révèle son plan de mariage et suicide à Céphise.
  • Céphise : Confidente d'Andromaque, apprend le plan secret et reçoit ses instructions.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Doit être épousé puis trompé par le suicide d'Andromaque.
  • Astyanax : (Mentionné) Sa protection est l'objectif du plan ; confié à Céphise.
  • Hector : (Mentionné) La fidélité envers lui motive en partie le suicide.
Résumé de la partie

Céphise exprime sa joie, pensant qu'Andromaque va enfin épouser Pyrrhus et retrouver son rang. Elle note la confiance de Pyrrhus, qui a même confié la garde d'Astyanax à ses propres hommes, se laissant lui-même sans protection immédiate.

Andromaque détruit rapidement les espoirs de Céphise en lui révélant son véritable plan. Oui, elle va épouser Pyrrhus devant l'autel pour sceller sa promesse de protéger Astyanax. Mais aussitôt la cérémonie terminée, elle se donnera la mort.

Elle explique qu'elle compte sur le caractère "impulsif mais honnête" de Pyrrhus pour qu'il respecte le serment fait à son épouse, même morte. C'est pour elle le seul moyen de remplir ses devoirs complexes : envers son fils Astyanax (assurer sa survie), envers Pyrrhus (lui donner le droit de protéger l'enfant) et envers son défunt mari Hector (ne pas lui survivre comme épouse d'un autre).

Elle charge Céphise de rester en vie pour veiller sur Astyanax, lui raconter l'histoire de ses ancêtres et lui parler de sa mère sacrifiée.

Notions clés à retenir
  • Stratagème d'Andromaque : Mariage pour obtenir un serment, suivi d'un suicide immédiat.
  • Confiance exploitée : Le plan repose sur la confiance (peut-être naïve) de Pyrrhus.
  • Sacrifice ultime : La mort comme solution pour concilier des devoirs contradictoires.
  • Honneur post-mortem : Compter sur l'honneur de Pyrrhus après sa mort.
  • Transmission mémorielle : Rôle confié à Céphise pour l'éducation d'Astyanax.
  • Fidélité absolue : À son fils et à son mari défunt, par-delà la mort.
Questions pour approfondir
Quel est le plan exact qu'Andromaque révèle à Céphise ?

Elle prévoit d'épouser Pyrrhus pour qu'il s'engage solennellement à protéger son fils Astyanax, puis de se suicider immédiatement après la cérémonie.

Comment Andromaque justifie-t-elle ce choix extrême ?

Elle le voit comme le seul moyen de remplir tous ses devoirs : assurer la survie de son fils, donner à Pyrrhus un droit légitime de le protéger, et rester fidèle à son défunt mari Hector en ne partageant pas la vie d'un autre.

Scènes 2 à 4

Personnages présents
  • Hermione : Furieuse, ordonne l'assassinat de Pyrrhus à Oreste.
  • Cléone : Confidente d'Hermione, tente de la calmer puis de la dissuader.
  • Oreste : Sollicité par Hermione, reçoit l'ordre de tuer Pyrrhus, hésite puis accepte.
  • Pyrrhus : (Mentionné) La cible désignée de la vengeance d'Hermione.
Résumé de la partie

Cléone observe avec inquiétude le calme sinistre d'Hermione depuis qu'elle a appris que Pyrrhus allait finalement épouser Andromaque. Hermione a fait mander Oreste.

Dès l'arrivée d'Oreste, Hermione lui annonce froidement qu'elle partira avec lui comme promis, mais à une seule condition : qu'il venge son honneur en assassinant Pyrrhus avant la fin du jour.

Oreste est d'abord horrifié. Il se dit prêt à mener la Grèce en guerre contre Pyrrhus pour l'offense faite, mais commettre un assassinat lui-même, en tant qu'ambassadeur, sur une personne dont la vie est considérée sacrée, lui répugne.

Cependant, dévoré par son amour pour Hermione et désireux de lui prouver sa dévotion, il finit par céder et accepte de commettre le meurtre. Hermione, sourde aux avertissements de Cléone, s'enferme dans sa soif de vengeance.

Notions clés à retenir
  • Fureur froide d'Hermione : Sa colère se traduit par une résolution meurtrière.
  • Pacte meurtrier : Hermione lie son départ avec Oreste à l'assassinat de Pyrrhus.
  • Vengeance exigée : Le meurtre comme seule réparation possible à l'affront.
  • Cas de conscience d'Oreste : Conflit entre l'amour, l'honneur, le devoir et le sacré.
  • Soumission par amour : Oreste accepte de commettre l'irréparable pour Hermione.
  • Aveuglement passionnel : Hermione et Oreste sont dominés par leurs passions destructrices.
Questions pour approfondir
Quelle condition Hermione impose-t-elle à Oreste pour accepter de partir avec lui ?

Elle exige qu'il assassine Pyrrhus le jour même, avant la fin de la cérémonie de mariage avec Andromaque.

Malgré ses réticences initiales, pourquoi Oreste accepte-t-il finalement de tuer Pyrrhus ?

Il accepte par amour pour Hermione et par désir de lui prouver sa dévotion, espérant ainsi la conquérir définitivement, même au prix d'un acte qu'il réprouve moralement.

Scènes 5 & 6

Personnages présents
  • Pyrrhus : Tente de justifier son abandon d'Hermione.
  • Hermione : Répond avec un sarcasme glacial et accusateur.
  • Phoenix : Conseiller de Pyrrhus, met en garde contre la vengeance.
  • Andromaque : (Mentionnée) Cause du revirement de Pyrrhus et unique pensée de ce dernier.
  • Pères de Pyrrhus/Hermione : (Mentionnés) Ont arrangé le mariage initial.
  • Polyxène, Priam (père d'Hector) : (Mentionnés) Victimes passées de Pyrrhus rappelées par Hermione.
Résumé de la partie

Pyrrhus vient trouver Hermione pour lui signifier son changement définitif de décision et lui offrir une vague "consolation". Il essaie maladroitement de se justifier en prétendant qu'il comptait bien l'épouser, même si leur union avait été décidée par leurs pères sans amour véritable.

Hermione lui rétorque avec une ironie cinglante, déclarant que ses excuses sont aussi insultantes que sa trahison. Elle raille son inconstance et son mépris des serments. Avec un sarcasme féroce, elle lui rappelle ses précédents "hauts faits" : le meurtre de la jeune Polyxène et du vieux roi Priam. Elle conclut en demandant rhétoriquement qui pourrait refuser quoi que ce soit à un tel "héros" capable de tels actes.

Après le départ d'Hermione, dont la fureur contenue est palpable, Phoenix avertit Pyrrhus : il devrait se méfier, car Hermione pourrait chercher à se venger. Mais Pyrrhus, totalement absorbé par la pensée d'Andromaque qu'il va enfin épouser, balaie l'avertissement.

Notions clés à retenir
  • Confrontation finale : Pyrrhus annonce son abandon, Hermione libère son mépris.
  • Justification faible : Les excuses de Pyrrhus ne font qu'aggraver l'insulte.
  • Sarcasme meurtrier : Hermione utilise l'ironie pour exprimer sa haine et accuser Pyrrhus.
  • Rappel des crimes de guerre : Moyen pour Hermione de dépeindre Pyrrhus comme un monstre sans foi ni loi.
  • Avertissement de Phoenix : Lucidité du conseiller face à la menace ignorée.
  • Aveuglement de Pyrrhus : Son obsession pour Andromaque le rend totalement inconscient du danger imminent.
Questions pour approfondir
Quelle est la tonalité de la réponse d'Hermione à Pyrrhus ?

Sa réponse est empreinte d'une ironie glaciale, d'un sarcasme méprisant et d'une fureur contenue. Elle ne cherche pas à le retenir mais à l'accabler de reproches indirects.

Pourquoi Phoenix met-il en garde Pyrrhus et pourquoi ce dernier l'ignore-t-il ?

Phoenix perçoit la menace dans l'attitude d'Hermione et craint une vengeance. Pyrrhus ignore l'avertissement car il est entièrement focalisé sur son mariage imminent avec Andromaque et ne mesure pas la fureur qu'il a déclenchée.

Acte 5 de cette tragédie en alexandrin de Racine

Scènes 1 & 2

Personnages présents
  • Hermione : Seule, puis avec Cléone, exprime sa colère, ses doutes, puis sa résolution d'agir elle-même.
  • Cléone : Rapporte l'avancée du mariage et l'hésitation d'Oreste.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Se dirige vers le temple pour épouser Andromaque.
  • Andromaque : (Mentionnée) Marche vers l'autel, impassible.
  • Oreste : (Mentionné) Hésite à commettre l'assassinat au temple.
  • Grecs : (Mentionnés) Présents au temple avec Oreste.
  • Hélène : (Mentionnée) Modèle de femme pour qui des armées se sont battues, contrairement à Hermione.
Résumé de la partie

Restée seule, Hermione laisse éclater sa rage contre Pyrrhus et ses justifications froides. Cependant, une peur la saisit : celle d'être tenue un jour pour responsable de sa mort si Oreste exécute son ordre. Elle est tiraillée entre son désir de vengeance et l'angoisse des conséquences.

Cléone survient et lui décrit le cortège nuptial en marche vers le temple : Pyrrhus, rayonnant de joie, suit une Andromaque au visage indéchiffrable. Cléone rapporte aussi qu'Oreste et ses Grecs sont en position, mais qu'Oreste semble hésiter à frapper, craignant la réputation infamante d'assassin et de régicide.

Cette nouvelle plonge Hermione dans une fureur incontrôlable. Persuadée qu'Oreste va la trahir par lâcheté, elle se lamente amèrement : sa mère Hélène a soulevé des armées, alors qu'elle ne trouve pas un seul homme pour la venger. Elle décide alors d'aller elle-même au temple, prête à tuer Pyrrhus ou même Oreste s'il faillit à sa mission.

Notions clés à retenir
  • Dilemme intérieur d'Hermione : Entre la soif de vengeance et la peur de la culpabilité.
  • Imminence du mariage : Le cortège avance, l'heure fatale approche.
  • Hésitation d'Oreste : La crainte du déshonneur retient son bras.
  • Exaspération d'Hermione : L'hésitation d'Oreste la pousse à bout.
  • Comparaison amère : Le pouvoir de séduction et de mobilisation d'Hélène opposé à l'impuissance d'Hermione.
  • Décision radicale : Hermione choisit d'agir elle-même, quitte à commettre un double meurtre.
Questions pour approfondir
Quelle peur Hermione exprime-t-elle lorsqu'elle est seule ?

Elle craint, malgré sa colère, d'être un jour jugée responsable de la mort de Pyrrhus si Oreste obéit à son ordre.

Qu'est-ce qui pousse Hermione à décider d'aller elle-même au temple ?

Elle apprend par Cléone qu'Oreste hésite à tuer Pyrrhus. Convaincue qu'il va échouer, elle décide d'accomplir elle-même la vengeance, visant Pyrrhus ou Oreste.

Scène 3

Personnages présents
  • Oreste : Arrive pour annoncer la mort de Pyrrhus et réclamer Hermione.
  • Hermione : Apprend la nouvelle avec horreur et rejette violemment Oreste.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Assassiné par les Grecs devant l'autel.
  • Grecs : (Mentionnés) Ont commis le meurtre au moment du couronnement d'Andromaque.
  • Andromaque : (Mentionnée) Couronnée par Pyrrhus juste avant sa mort.
  • Astyanax : (Mentionné) Reconnu roi de Troie par Pyrrhus juste avant sa mort.
Résumé de la partie

Oreste revient vers Hermione, s'attendant à être accueilli en triomphateur. Il lui annonce que Pyrrhus est mort, tué par les Grecs de sa suite devant l'autel, au moment précis où il plaçait la couronne sur la tête d'Andromaque et reconnaissait Astyanax comme roi légitime de Troie. Il précise ne pas avoir frappé lui-même.

Contre toute attente, Hermione réagit avec horreur : "Qu'ont-ils fait ?". Elle rejette Oreste avec dégoût, refusant d'entendre ses justifications. Elle l'accuse : "Pourquoi l'assassiner ? Qu'il t'a fait ? Qui te l'a dit ?" (sous-entendu : Qui t'a dit de le tuer ?).

Quand Oreste, stupéfait, lui rappelle que c'est elle-même qui l'a ordonné, Hermione le condamne violemment pour avoir obéi à une "amante insensée". Elle affirme qu'il aurait dû deviner ses véritables sentiments (son amour persistant pour Pyrrhus) derrière sa fureur jalouse et vérifier son ordre avant de commettre l'irréparable. Elle le rend responsable de toute la tragédie, le maudit, renie sa famille et la Grèce, avant de s'enfuir.

Notions clés à retenir
  • Mort de Pyrrhus : Annoncée par Oreste, commise par les Grecs.
  • Timing symbolique : Meurtre au moment de la reconnaissance d'Andromaque et Astyanax.
  • Revirement total d'Hermione : Passe de l'exigence du meurtre à l'horreur et l'accusation.
  • Amour refoulé : L'amour d'Hermione pour Pyrrhus éclate après sa mort.
  • Transfert de culpabilité : Hermione rend Oreste seul responsable de l'acte qu'elle a commandité.
  • Logique de la passion : Incohérence et violence des sentiments d'Hermione.
  • Rupture définitive : Hermione maudit Oreste et renie tout lien.
Questions pour approfondir
Quelle est la réaction inattendue d'Hermione à l'annonce de la mort de Pyrrhus ?

Au lieu de remercier Oreste, elle est horrifiée, le rejette violemment et l'accuse d'avoir tué l'homme qu'elle aimait, reniant l'ordre qu'elle lui avait donné.

Comment Hermione justifie-t-elle a posteriori son ordre de tuer Pyrrhus ?

Elle le justifie comme l'acte d'une "amante insensée" et reproche à Oreste de ne pas avoir compris qu'elle aimait toujours Pyrrhus malgré sa fureur et d'avoir obéi aveuglément.

Scènes 4 & 5 (Dénouement)

Personnages présents
  • Oreste : Désespéré, apprend le suicide d'Hermione et sombre dans la folie.
  • Pylade : Arrive pour sauver Oreste, lui annonce la mort d'Hermione, constate sa folie.
  • Soldats Grecs : Accompagnent Pylade, emmènent Oreste.
  • Hermione : (Mentionnée) S'est suicidée sur le corps de Pyrrhus.
  • Épirotes : (Mentionnés) Habitants d'Épire, pourchassent les Grecs.
  • Andromaque : (Mentionnée) Devenue reine, mène la vengeance contre les Grecs.
  • Pyrrhus : (Mentionné) Son cadavre ; apparaît dans les hallucinations d'Oreste.
Résumé de la partie

Laissé seul par Hermione qui l'a maudit, Oreste mesure l'étendue de son désastre : il est devenu un criminel par amour, et l'objet de cet amour le rejette avec horreur.

Pylade surgit avec des soldats grecs, l'exhortant à fuir immédiatement vers les navires. Les habitants de l'Épire, sous les ordres de leur nouvelle reine Andromaque, se sont soulevés et massacrent les Grecs pour venger Pyrrhus.

Oreste, comme absent, dit vouloir suivre Hermione. Pylade lui demande s'il veut la suivre dans la mort. Comprenant l'allusion, Oreste demande avec effroi si elle est morte. Pylade confirme : elle s'est poignardée sur le corps de Pyrrhus.

Cette dernière nouvelle fait basculer Oreste dans la folie. Il est submergé par des visions de sang et de ténèbres, croit voir les Furies vengeresses, puis hallucine le couple Pyrrhus-Hermione réuni dans l'au-delà et se moquant de lui. Devant sa démence évidente, Pylade ordonne à ses hommes de l'emmener de force pour le sauver.

Notions clés à retenir
  • Désespoir post-rejet : Oreste prend conscience de l'absurdité de son crime.
  • Vengeance des Épirotes : La mort de Pyrrhus déclenche une révolte menée par Andromaque.
  • Andromaque Reine : Ironie tragique, elle obtient le pouvoir par la mort de celui qu'elle refusait.
  • Suicide d'Hermione : Réunion symbolique et tragique avec Pyrrhus dans la mort.
  • Folie d'Oreste : Effondrement psychologique final face à l'horreur et à la culpabilité.
  • Hallucinations : Manifestations de sa folie (Furies, couple infernal).
  • Sauvetage par Pylade : L'ami fidèle sauve Oreste de la mort physique mais pas de la folie.
  • Fin tragique : Le dénouement accumule les morts et la folie.
Questions pour approfondir
Quelle est la situation en Épire après la mort de Pyrrhus ?

Les habitants de l'Épire se sont révoltés contre les Grecs pour venger leur roi. Andromaque est devenue reine et mène cette vengeance.

Quel événement provoque la folie définitive d'Oreste ?

C'est l'annonce par Pylade du suicide d'Hermione, qui s'est poignardée sur le corps de Pyrrhus. Cette nouvelle achève de le faire sombrer dans la démence.

Analyse des personnages de la pièce de Racine

Présentation des personnages d'Andromaque

Personnage Description Rôle
Andromaque
Veuve d'Hector et mère d'Astyanax, captive de Pyrrhus, tiraillée entre fidélité à son défunt mari et la survie de son fils. Héroïne tragique éponyme, symbole de la fidélité, de la dignité maternelle et de la résistance passive face au dilemme imposé.
Pyrrhus
Roi d'Épire, fils d'Achille, amoureux passionné et obsessionnel d'Andromaque, prêt à renier ses engagements pour elle. Monarque tiraillé entre passion amoureuse et devoir politique, figure de l'inconstance et catalyseur du drame par ses choix impulsifs.
Hermione
Princesse grecque, fille d'Hélène et Ménélas, fiancée éconduite de Pyrrhus, consumée par un amour jaloux qui se mue en haine vengeresse. Incarnation de l'amour-propre blessé et de la passion destructrice, instrument de vengeance et victime de ses propres sentiments.
Oreste
Ambassadeur grec, fils d'Agamemnon, amoureux éperdu d'Hermione, manipulé par elle pour tuer Pyrrhus, sombrant dans la folie. Figure de la passion non réciproque menant à la folie, symbole de l'héritage tragique des Atrides et de la destruction par l'amour obsessionnel.
Astyanax
Fils d'Hector et d'Andromaque, enfant absent de la scène mais dont la survie est l'enjeu central du conflit. Enjeu politique et symbolique majeur, catalyseur invisible du drame, représentant l'héritage troyen et le dilemme maternel d'Andromaque.
Pylade
Ami fidèle et conseiller lucide d'Oreste, représentant la raison et la loyauté face à la passion de son ami. Confident classique, voix de la sagesse et de l'amitié indéfectible, contrepoint à la démesure des passions amoureuses.
Phénix
Gouverneur et conseiller âgé de Pyrrhus, tentant de le ramener à la raison d'État face à sa passion pour Andromaque. Figure du conseiller sage mais impuissant face à la passion royale, représentant la prudence politique et la mémoire des engagements.
Céphise
Confidente troyenne d'Andromaque, pragmatique, l'encourageant à accepter l'offre de Pyrrhus pour sauver Astyanax. Voix pragmatique et loyale, témoin intime des dilemmes d'Andromaque, renforçant la dimension pathétique de leur condition de captives.
Cléone
Confidente d'Hermione, observatrice lucide des tourments de sa maîtresse, rapportant les faits qui attisent sa jalousie. Confidente classique avec un rôle informatif, permettant l'expression des revirements d'Hermione, soulignant la solitude tragique des personnages principaux.

Étude approfondie des personnages d'Andromaque de Jean Racine

Cette étude met en lumière la richesse psychologique des protagonistes, pris dans un engrenage fatal de désirs contradictoires, d’amours non partagés et d’obligations politiques.

Les personnages raciniens, loin d’être de simples archétypes, se révèlent d’une profondeur remarquable, notamment à travers l’usage sophistiqué des noms propres et des périphrases onomastiques.

Ces expressions, loin d’être de simples ornements, véhiculent des significations essentielles et soulignent la complexité des figures qui peuplent l’univers tragique de Racine.

Analyse du personnage d’Andromaque – portrait d’une héroïne tragique de Racine

Une figure emblématique du théâtre classique

Figure emblématique de l'œuvre dont elle est le personnage éponyme, Andromaque incarne la complexité féminine face au pouvoir masculin dans le contexte post-guerre de Troie. Veuve d'Hector et mère dévouée d'Astyanax, elle se retrouve prisonnière de Pyrrhus, confrontée à un dilemme déchirant : épouser le fils de l'assassin de son époux ou voir son fils unique exécuté.

La veuve d’Hector : un titre lourd de sens

Sa désignation comme "La Veuve d'Hector" n'est pas anodine, mais participe d'une stratégie rhétorique qui définit son identité et souligne son attachement indéfectible à la mémoire de son mari.

Cette périphrase onomastique révèle la profondeur psychologique du personnage, constamment tiraillé entre son passé troyen et son présent de captive.

Une héroïne passive… mais résistante

Le personnage d'Andromaque révèle ainsi une résistance passive face au pouvoir politique masculin, illustrant comment la féminité peut s'affirmer dans un contexte d'oppression.

Une femme “aux mille tours”

La complexité d'Andromaque est également soulignée par l'expression "aux mille tours", suggérant la multiplicité des facettes de sa personnalité et sa capacité d'adaptation face à l'adversité.

Cette figure maternelle incarne paradoxalement à la fois vulnérabilité et force, soumission apparente et résistance intérieure, faisant d'elle l'un des personnages féminins les plus nuancés du théâtre racinien.

Un ultime acte de courage

Son choix final – accepter d'épouser Pyrrhus tout en planifiant son suicide immédiat après la cérémonie – illustre sa détermination à préserver sa dignité tout en assurant la protection de son fils.

Portrait de Pyrrhus – le roi d’Épire face au vertige de la passion

Un monarque guidé par le cœur plus que par la couronne

Fils d'Achille et roi d'Épire, Pyrrhus incarne la figure du monarque passionné dont les décisions politiques sont inextricablement liées à ses désirs personnels.

Conquérant de Troie et vainqueur d'Hector, il détient Andromaque comme butin de guerre, développant pour elle une passion obsessionnelle qui le conduit à renier ses engagements envers Hermione et à défier l'autorité collective des Grecs.

Entre passion aveugle et fragilité politique

Sa position de monarque est fragilisée par cette passion dévorante, le classant parmi ces "monarques incompétents" dont les décisions personnelles compromettent les intérêts politiques.

Violence et chantage : l’ombre d’Achille

Sa brutalité potentielle, héritée de son père, se manifeste dans ses menaces envers Astyanax, qu'il utilise comme levier contre Andromaque.

Ce comportement révèle la violence sous-jacente de sa passion amoureuse.

L’amour comme piège tragique

Le personnage de Pyrrhus illustre parfaitement la peinture racinienne des passions, montrant comment l'amour transforme un conquérant redoutable en suppliant désespéré.

Son inconstance amoureuse – il délaisse Hermione pour Andromaque – alimente l’instabilité émotionnelle qui façonne la dynamique tragique de l’œuvre.

Une mort inévitable : le poids du destin politique

La mort violente qui l'attend aux mains des Grecs, menés par Oreste, souligne l’impossibilité pour ce personnage de réconcilier ses désirs intimes avec ses devoirs royaux.

Pyrrhus devient alors une figure emblématique du conflit entre passion et raison d'État dans le théâtre classique.

Hermione dans Andromaque – portrait d’une princesse consumée par la passion

Une fille de légende au destin ravagé par l’amour

Fille d'Hélène de Troie et de Ménélas, Hermione représente l'archétype de la femme abandonnée dont l'amour se transforme en haine vengeresse.

Fiancée à Pyrrhus par alliance politique, elle nourrit pour lui une passion exclusive et dévorante qui, face à son rejet, se mue en désir de vengeance féroce.

De l’amour à la haine : un basculement racinien

Cette métamorphose psychologique constitue l'un des aspects les plus saisissants de son personnage, illustrant la fine frontière entre amour passionnel et haine destructrice dans l'univers racinien.

Une princesse humiliée : l’orgueil blessé au cœur du drame

Hermione incarne la femme noble confrontée à l'humiliation publique du rejet amoureux, situation d'autant plus intolérable qu'elle est princesse et que son honneur est en jeu.

Un cœur instable, un esprit en tension

Le personnage d'Hermione se distingue par son instabilité émotionnelle et ses contradictions internes, oscillant sans cesse entre désir de punir Pyrrhus et espoir de raviver son amour.

De la manipulation à l’irréparable

Cette ambivalence atteint son paroxysme lorsqu’elle pousse Oreste à tuer Pyrrhus, pour ensuite le maudire d’avoir accompli ce qu’elle réclamait.

Une fin tragique, symbole d’un amour impossible

Sa fin tragique – son suicide sur le corps de Pyrrhus – illustre l’impasse émotionnelle dans laquelle la plonge sa passion non partagée.

Elle devient alors l’une des figures les plus humainement tragiques du théâtre de Racine.

Oreste dans Andromaque – entre amour, héritage et folie tragique

Un diplomate grec dévoré par la passion

Fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, Oreste apparaît dans Andromaque comme l'ambassadeur des Grecs venu réclamer la mort d'Astyanax.

Mais son rôle diplomatique est rapidement éclipsé par sa passion dévorante pour Hermione, qui le pousse à dépasser les limites du devoir.

Un héritage familial lourd à porter

Personnage marqué par un destin tragique antérieur – le meurtre de sa mère Clytemnestre – Oreste incarne l’homme dont l’amour obsessionnel conduit à la destruction morale et à la folie.

Les périphrases onomastiques comme "fils d’Agamemnon" rappellent constamment le poids de l’héritage des Atrides, et la malédiction familiale qui l’enserre.

Une passion non réciproque, une identité brisée

Sa servitude amoureuse envers Hermione le place dans une position de faiblesse tragique qui contraste violemment avec son statut royal et son ascendance prestigieuse.

Le théâtre racinien de la passion destructrice

Le personnage d’Oreste illustre de façon saisissante le thème racinien de la passion comme force destructrice, conduisant l’individu à sa perte.

Sa trajectoire dramatique – de l’espoir amoureux à la folie meurtrière puis au délire – compose l’archétype du héros tragique en pleine déchirure intérieure.

Entre amour, devoir et visions infernales

Sa conscience est tiraillée entre désir et morale, entre l’amour d’Hermione et la fidélité au devoir grec.

Sa folie finale, peuplée des Érinyes vengeresses, constitue l’une des scènes les plus marquantes du théâtre de Racine, où l’homme se perd dans le vertige de ses propres contradictions.

Oreste : figure du héros sacrifié à la passion

Avec Oreste, Racine dresse le portrait d’un homme que la passion non maîtrisée conduit à l’anéantissement de la raison et à l’autodestruction.

Astyanax dans Andromaque – l’enfant invisible au cœur du conflit

Une présence absente mais déterminante

Bien qu'absent physiquement de la scène, Astyanax, fils d'Hector et d'Andromaque, occupe une place centrale dans l’intrigue d’Andromaque.

Sa présence invisible mais constante incarne l’enjeu politique majeur de la pièce : dernier héritier de la lignée royale troyenne, sa survie représente une menace pour les Grecs.

Un catalyseur dramatique

Astyanax est bien plus qu’un simple personnage : il fonctionne comme un catalyseur dramatique, objet de négociation entre les puissances opposées de la pièce.

Une absence qui crée la tension

Son absence scénique renforce sa présence symbolique, faisant de lui une figure presque mythique dont le sort cristallise les tensions politiques et émotionnelles entre les protagonistes.

Un enfant porteur d’un héritage héroïque

La valeur symbolique d’Astyanax est soulignée par les périphrases utilisées pour le désigner : "fils d’Hector", "sang d’Hector", "dernier des Troyens".

Chacune rappelle son héritage héroïque et le poids dynastique qui pèse sur ses épaules, malgré son jeune âge.

Astyanax : une absence plus forte qu’une présence

Ce personnage invisible mais omniprésent illustre la maîtrise dramatique de Racine, capable de faire d’une absence scénique un moteur essentiel de la tragédie.

Pylade dans Andromaque – la figure de l’amitié lucide et fidèle

Un confident éclairé au cœur du tumulte

Ami fidèle et conseiller d’Oreste, Pylade incarne la figure du confident éclairé, dont la loyauté indéfectible s’accompagne d’une lucidité que son ami, aveuglé par la passion, ne possède plus.

Son personnage, hérité de la tradition mythologique grecque, joue dans l’économie dramatique racinienne le rôle de voix de la raison et de la mesure.

La sagesse face à la démesure passionnelle

Contrepoint des débordements d’Oreste, Pylade ne succombe à aucun désir amoureux, ce qui lui permet de rester maître de lui-même et d’adopter une posture d’observateur lucide.

Un guide moral dans la tragédie

Les interventions de Pylade auprès d’Oreste illustrent sa fonction dramatique : il tente de ramener son ami à la raison, de freiner ses élans destructeurs et, finalement, de le sauver de lui-même en l’arrachant au palais après le meurtre de Pyrrhus.

Un contrepoint aux amours tragiques

La relation entre Pylade et Oreste contraste avec les relations amoureuses tourmentées de la pièce, révélant comment une amitié véritable repose sur une loyauté sans condition, là où l’amour exige, attend, et souvent détruit.

Une figure secondaire d’une grande profondeur

Ce personnage, bien que secondaire, acquiert une profondeur psychologique rare, dépassant sa simple fonction de confident, en incarnant la fidélité, la raison et l’équilibre face aux passions dévastatrices des autres protagonistes.

Phénix dans Andromaque – la voix de la sagesse face à la passion royale

Le conseiller expérimenté de Pyrrhus

Gouverneur et confident de Pyrrhus, Phénix représente dans l’économie dramatique de la pièce la figure du conseiller mûr, dont l’âge et la sagesse contrastent avec l’impétuosité passionnelle de son maître.

Issu de la tradition mythologique, il s’inscrit dans le dispositif classique des confidences, outil essentiel pour dévoiler les émotions et dilemmes intérieurs.

Témoin des failles royales

Témoin privilégié des hésitations et emportements de Pyrrhus, Phénix tente – souvent en vain – de ramener le roi à des décisions plus rationnelles, alignées sur la raison d’État.

Un double rôle dans la mécanique tragique

Les interventions de Phénix révèlent une fonction dramatique essentielle : d’un côté, permettre à Pyrrhus de verbaliser ses conflits intérieurs à travers le dialogue ; de l’autre, incarner la prudence politique, porteuse des valeurs collectives et de l’ordre diplomatique.

Le pouvoir consultatif mis à l’épreuve

La relation entre Phénix et Pyrrhus interroge la valeur réelle du pouvoir consultatif dans un système où l’ultime décision appartient au roi, même lorsque celle-ci est motivée par la passion et non par la raison.

Racine et les limites de la sagesse

En soulignant l’inefficacité des conseils de Phénix face à la passion aveuglante de Pyrrhus, Racine met en lumière les limites de la sagesse et de la mesure dans un monde dominé par les élans du cœur.

Céphise dans Andromaque – la voix pragmatique au service de la tragédie

Une survivante troyenne aux côtés d’Andromaque

Confidente d'Andromaque, Céphise occupe une position unique dans l’économie dramatique de la pièce : elle est la seule autre survivante troyenne auprès de la veuve d’Hector.

Son personnage, bien que secondaire, joue un rôle essentiel dans la révélation des sentiments et des dilemmes intérieurs de sa maîtresse.

Un accès précieux à l’intimité du personnage principal

À travers les dialogues qu’elle entretient avec Andromaque, Céphise permet au spectateur d’accéder aux pensées les plus intimes du personnage éponyme.

Une confidente pas comme les autres

Contrairement aux autres confidents de la pièce, Céphise ne se limite pas à écouter ou à recommander la prudence : elle adopte une posture active et encourage Andromaque à accepter l’offre de Pyrrhus pour sauver Astyanax.

Figure tragique de la suivante loyale

Le personnage de Céphise illustre la condition des suivantes dans le théâtre racinien : femmes liées au sort de leur maîtresse, captives et impuissantes, sans possibilité d’action autonome.

La fidélité dans l’adversité

Sa loyauté indéfectible envers Andromaque, malgré les périls que cette fidélité suppose, souligne l’attachement affectif profond qui unit les deux femmes.

En cela, Céphise renforce la dimension pathétique de leur condition commune : celle de deux survivantes d’un monde en ruines, liées par la mémoire et la souffrance.

Cléone dans Andromaque – la confidente lucide et informatrice

Une confidente face aux tourments d’Hermione

Confidente d’Hermione, Cléone offre un contrepoint intéressant à la passion tourmentée de sa maîtresse.

Bien que moins développée que les protagonistes, elle remplit une fonction dramatique essentielle : permettre à Hermione d’exprimer ses contradictions et revirements émotionnels.

La voix qui révèle les tensions intérieures

À travers leurs dialogues, le spectateur peut suivre les mouvements de l’âme d’Hermione, oscillant entre amour désespéré et haine vengeresse, dévoilés grâce à la présence constante de Cléone.

Une confidente active et observatrice

Moins passive que d’autres confidentes, Cléone se distingue par ses observations lucides et par ses tentatives d’influencer les décisions de sa maîtresse.

Elle nourrit notamment la jalousie d’Hermione en lui rapportant les agissements de Pyrrhus, ce qui lui donne un rôle informatif dans l’évolution de l’intrigue.

Une relation intime, mais hiérarchisée

Le personnage de Cléone illustre la complexité des rapports maîtresse/confidente chez Racine : complicité affective, mais hiérarchie infranchissable.

Présence fidèle dans l’ombre de la tragédie

Sa présence constante jusqu’au dénouement tragique souligne la solitude tragique des personnages principaux, dont les confidences ne suffisent jamais à alléger le poids de leurs passions destructrices.

Les dimensions psychologiques et dramatiques des personnages

Le système des passions non partagées

La structure dramatique d'Andromaque repose sur un enchaînement de passions non réciproques que la critique a nommé « la chaîne des amours contrariées » : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, restée fidèle à la mémoire d’Hector.

Ce dispositif tragique instaure une tension permanente, chaque personnage étant à la fois victime et bourreau dans une économie du désir impossible. Toute tentative pour satisfaire sa passion ne fait qu'accroître la souffrance, renforçant la dynamique fatale de la pièce.

Les personnages se définissent ainsi essentiellement par leur relation désirante à autrui, marquée par le manque et l’insatisfaction. Cette centralité du désir non partagé modèle leur psychologie, les enfermant dans un cercle de frustration et de violence latente.

Racine parvient à transformer cette apparente immobilité en un mouvement dramatique intense qui mène inexorablement à la catastrophe, illustrant sa maîtrise du tragique.

Dans Andromaque, la fatalité tragique ne vient plus des dieux ou du destin, mais est intériorisée : chaque personnage devient l’artisan de son propre malheur, dominé par des désirs contradictoires et destructeurs.

Ce basculement du tragique vers la psychologie intérieure rend l’amour paradoxalement responsable de la souffrance, élevant les passions à un niveau de fatalité intime.

Identité et périphrase onomastique

L’usage des noms propres et des périphrases dans Andromaque ne se limite pas à un ornement stylistique : il s’agit d’un outil rhétorique puissant pour construire, complexifier ou contester l’identité des personnages.

Les désignations comme « la veuve d’Hector » pour Andromaque, « le fils d’Achille » pour Pyrrhus ou « la fille d’Hélène » pour Hermione mettent en lumière leur héritage familial et mythologique, mais aussi la tension entre déterminisme social et aspirations personnelles.

Ces périphrases renforcent leur ancrage dans des lignées prestigieuses, tout en soulignant le poids symbolique qu’ils portent. Le nom devient alors une forme de destin, difficile à renier.

Selon les contextes et les interlocuteurs, ces appellations deviennent des armes discursives, utilisées pour flatter, blesser ou convaincre, révélant leur fonction stratégique dans les dialogues conflictuels.

Cette multiplicité de dénominations révèle aussi l’éclatement identitaire des personnages raciniens : ils sont constamment écartelés entre plusieurs définitions d’eux-mêmes, jamais unifiés, jamais en paix.

En cela, Racine utilise le langage même comme un vecteur de tension, soulignant que l’identité est une construction fragile, instable, et profondément liée aux regards et discours des autres.

Analyse générale des proagonistes de la tragédie Andromaque – Complexité psychologique et tension dramatique

La richesse des personnages chez Racine

L’étude approfondie des personnages d’Andromaque révèle la maîtrise exceptionnelle de Racine dans l’art de la caractérisation psychologique.

Loin de proposer des figures unidimensionnelles, le dramaturge construit des personnages d’une profonde complexité, traversés de contradictions internes qui nourrissent toute la richesse humaine de sa tragédie.

Qu’ils soient principaux ou secondaires, tous contribuent à l’économie dramatique de l’œuvre et participent à la mise en scène de passions d’une puissance redoutable.

La mécanique tragique des amours contrariées

La structure des relations entre les personnages repose sur le célèbre système des amours non partagés, générant une tension constante au cœur de l’action.

Cette configuration illustre parfaitement la conception racinienne du tragique : une fatalité intérieure plutôt qu’imposée par les dieux, fondée sur l’incapacité humaine à dominer ses passions.

La fonction des noms et des périphrases

L’usage des noms propres et périphrases onomastiques joue un rôle crucial dans la peinture des personnages.

Ces éléments soulignent leur identité complexe et leur inscription dans un réseau de relations familiales, politiques et sentimentales, nourrissant la densité du drame.

Une œuvre moderne et universelle

La modernité de Racine réside dans sa capacité à sonder la psychologie des passions avec une précision troublante.

Ses figures du XVIIe siècle nous apparaissent étonnamment proches, partageant nos faiblesses et nos contradictions.

Une tragédie toujours vivante

Cette universalité psychologique explique pourquoi l’œuvre continue de parler à notre époque, touchant les lecteurs et les spectateurs d’aujourd’hui avec la même intensité.

Racine, en exposant les failles de l’âme humaine, a construit une tragédie éternelle et profondément humaine.

Andromaque de Racine : Une Analyse Littéraire Approfondie

Salut à vous, futur spécialiste de la littérature classique ! Vous vous apprêtez à plonger dans l'univers fascinant d'Andromaque, cette tragédie incontournable de Jean Racine qui continue de captiver les lecteurs et spectateurs depuis 1667. Cette analyse va vous guider pas à pas dans les subtilités de l'œuvre, vous aider à comprendre ses mécanismes et vous donner toutes les clés pour briller dans vos dissertations. Andromaque est bien plus qu'une simple pièce historique - c'est un chef-d'œuvre psychologique qui explore les passions humaines avec une profondeur rarement égalée.

Le contexte de création : Racine et son époque

Un dramaturge révolutionnaire dans le paysage classique

Jean Racine bouleverse le théâtre français du XVIIe siècle avec Andromaque, sa première grande tragédie qui marque une rupture avec les conventions établies. Créée en novembre 1667, cette pièce propulse Racine, alors âgé de 28 ans, sur le devant de la scène littéraire parisienne. Contrairement à son contemporain Corneille qui privilégie l'héroïsme politique, Racine choisit d'explorer les tourments intérieurs de personnages déchirés par des passions contradictoires. Son approche plus psychologique et sa connaissance approfondie des textes antiques lui permettent de renouveler profondément l'art tragique français.

"J'aime, je vis, je respire pour vous", déclare Pyrrhus à Andromaque

Une déclaration qui illustre parfaitement l'intensité des passions raciniennes, où l'amour devient littéralement une question de vie ou de mort. Cette innovation dans la représentation des émotions humaines est ce qui fait toute la modernité de Racine et explique pourquoi, près de quatre siècles plus tard, ses pièces continuent de nous émouvoir.

L'inspiration grecque : un retour aux sources

Racine se distingue de ses contemporains par son retour constant à la tragédie grecque. Helléniste remarquable, il puise directement dans le théâtre d'Euripide pour façonner ses propres œuvres. Andromaque fait partie des quatre pièces raciniennes directement inspirées d'Euripide, aux côtés de La Thébaïde, Iphigénie et Phèdre. Ce travail d'adaptation n'est pas une simple copie : Racine réinvente la matière antique pour créer une œuvre profondément originale et adaptée aux goûts de son époque.

La grande innovation de Racine, c'est sa conception du "héros tragique", ni totalement coupable ni totalement innocent. Cette ambiguïté morale marque une véritable révolution dans l'art de la tragédie au XVIIe siècle. Comme le souligne un critique :

"En bousculant les codes dramaturgiques de l'époque, Racine fera de sa découverte le symbole d'une révolution dans l'art de fabriquer des tragédies".

L'intrigue passionnelle dans Andromaque : un quatuor amoureux destructeur

La chaîne des amours non partagés

L'intrigue d'Andromaque repose sur un système ingénieux d'amours non réciproques formant une chaîne fatale :

  • Oreste aime Hermione
  • Hermione aime Pyrrhus
  • Pyrrhus aime Andromaque
  • Andromaque reste fidèle à son défunt époux Hector.

Cette structure en cascade crée une tension dramatique exceptionnelle où chaque personnage est à la fois victime et bourreau.

"Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ?" - ce cri déchirant d'Hermione à Pyrrhus

résume parfaitement le drame des passions non partagées qui traverse toute l'œuvre. Ces personnages sont prisonniers d'un désir qui les dévore et les pousse inexorablement vers la catastrophe.

Un monde défini par la perte et le trauma

Le monde d'Andromaque est profondément marqué par "la perte, la dislocation et le trauma". Les personnages vivent dans l'ombre écrasante de la guerre de Troie, dont les conséquences continuent de déterminer leur destin. Cette fixation temporellepassé, présent et futur se confondent est une caractéristique essentielle de l'œuvre.

Andromaque elle-même incarne cette impossibilité de se libérer du passé. Veuve d'Hector et captive de Pyrrhus, elle doit constamment négocier entre la fidélité aux morts et la nécessité de protéger son fils Astyanax. Sa situation impossible - choisir entre trahir la mémoire de son époux ou condamner son fils - constitue le dilemme tragique central de la pièce.

Les dynamiques de mort dans Andromaque : entre mémoire et menace

La mort comme obsession et stratégie

La mort occupe une place centrale dans Andromaque, fonctionnant à travers "un jeu dynamique d'oppositions binaires". Les personnages oscillent constamment entre :

  • rechercher les morts et fuir les morts;
  • protéger de la mort et menacer de mort.

La mort devient à la fois une manœuvre stratégique et un acte incontrôlé, une forme d'abstinence et un acte passionnel.

"Je mourrai, mais au moins ma mort me vengera"

Cette phrase illustre comment les personnages raciniens instrumentalisent leur propre mort, la transformant en arme ultime dans leurs relations complexes. Cette obsession morbide crée un climat de tension permanente où chaque décision peut conduire à une issue fatale.

Mémoire des morts et fidélité impossible

Une tension fondamentale traverse la pièce : celle entre la mémoire des morts et les exigences du présent. Andromaque est déchirée entre sa fidélité à Hector et son devoir maternel envers Astyanax. Cette fidélité posthume est mise à l'épreuve par Pyrrhus, qui lui offre un marché terrible : l'épouser pour sauver son fils ou rester fidèle à Hector et voir mourir Astyanax.

"Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle / Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle"

Par ces mots adressés à sa confidente, Andromaque montre comment le souvenir traumatique de la chute de Troie hante chacune de ses décisions. Les personnages sont prisonniers d'une temporalité cyclique où le passé continue de déterminer le présent et l'avenir.

L'art dramatique de Racine : structure et innovation

La pluralité spatiale dans un lieu unique

Malgré le respect apparent de la règle classique d'unité de lieu, Racine crée dans Andromaque une remarquable "pluralité spatiale". Le palais de Pyrrhus à Buthrote devient un espace complexe où se superposent différentes temporalités et références géographiques. Les personnages transportent avec eux des espaces mentaux (Troie, Sparte, Mycènes) qui enrichissent considérablement le sens de l'œuvre.

Cette tension entre l'unité apparente et la multiplicité sous-jacente reflète parfaitement les contradictions internes des personnages. Comme le note un critique contemporain :

"Loin de l'emphase et de la monotonie souvent associées à la notion de déclamation", Racine construit une "partition vocale riche d'événements sonores et rythmiques".

La construction en chiasme et ses effets

La structure d'Andromaque repose sur un chiasme subtil où les actes se répondent (I-V, II-IV) autour de l'acte III central. Cette architecture soigneusement calculée permet à Racine de créer un effet de symétrie tragique : les espoirs du début se transforment inexorablement en catastrophes à la fin. Les échanges entre personnages sont eux-mêmes construits selon des motifs géométriques précis qui renforcent l'impression d'un engrenage fatal.

La force de cette construction réside dans son apparente naturalité : malgré la rigueur mathématique de sa composition, la pièce conserve une fluidité et une vivacité remarquables.

"C'est à ces questions que répond cette contribution en retraçant le chemin d'un metteur en scène qui a décidé de monter une œuvre mythologique du théâtre classique : Andromaque de Racine".

Le langage racinien : entre musicalité et violence

La puissance de l'alexandrin racinien

Le génie de Racine s'exprime pleinement dans sa maîtrise exceptionnelle de l'alexandrin. Ses vers allient une musicalité envoûtante à une précision chirurgicale dans l'expression des sentiments les plus extrêmes. L'apparente simplicité de son style cache une extraordinaire densité émotionnelle : chaque mot est pesé, chaque syllabe contribue à l'effet d'ensemble.

"Je ne t'ai point aimé, cruel ? Qu'ai-je donc fait ?"

Cette question déchirante d'Hermione condense en quelques syllabes toute la complexité psychologique du personnage, entre amour obsessionnel, déni et désespoir. La force de l'alexandrin racinien réside dans cette capacité à exprimer l'indicible avec une économie de moyens stupéfiante.

La rhétorique des passions

Racine déploie tout l'arsenal de la rhétorique classique pour donner voix aux passions de ses personnages. Cette éloquence tragique, qui atteint ici des sommets inégalés, s'illustre notamment par :

  • Les tirades d'Andromaque
  • Les emportements d'Hermione
  • Les supplications d'Oreste
"Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?"

Cette hallucination d'Oreste dans la scène finale illustre comment le langage lui-même se désintègre sous l'effet de la folie. La perfection formelle du vers racinien rend d'autant plus saisissantes ces ruptures où la raison vacille et où l'être humain se trouve confronté à ses propres abîmes.

La postérité d'Andromaque : interprétations et réinterprétations

Les défis de la mise en scène contemporaine

Mettre en scène Andromaque aujourd'hui soulève des questions essentielles sur la permanence du mythe dans le théâtre contemporain. Un metteur en scène contemporain doit constamment naviguer entre fidélité au texte classique et nécessité de réinvention. Cette tension productive explique pourquoi Andromaque continue d'inspirer des mises en scène innovantes qui parviennent à révéler la modernité troublante de cette œuvre du XVIIe siècle.

La permanence d'Andromaque tient à l'universalité des passions qu'elle met en scène. Comme le note un chercheur :

"Il s'agit d'une enquête sur la permanence du mythe dans le théâtre contemporain : peut-il encore trouver son public et le toucher ?".

La réponse est clairement affirmative : les thèmes de l'amour obsessionnel, de la mémoire traumatique et du conflit entre devoir et désir résonnent avec une acuité particulière dans notre monde contemporain.

L'héritage vocal : interpréter racine à travers les siècles

L'interprétation d'Andromaque possède sa propre histoire fascinante. Les enregistrements d'actrices célèbres comme Julia Bartet permettent d'entrevoir l'évolution de la déclamation racinienne. Loin des clichés sur la monotonie ou l'emphase souvent associées à la déclamation classique, ces archives sonores révèlent :

"le rigoureux et fin travail de construction" auquel se livraient les interprètes sur le texte racinien pour constituer "une partition vocale riche d'événements sonores et rythmiques".

Cette tradition d'interprétation témoigne de la vitalité continue d'Andromaque et de sa capacité à inspirer des générations successives d'artistes. Chaque époque redécouvre Racine à sa manière, projetant sur son œuvre ses propres préoccupations et sensibilités.

Pourquoi lire Andromaque en 2025 ?

Une tragédie qui transcende les époques

Andromaque occupe une place unique dans l'histoire du théâtre français. Première grande réussite de Racine, elle marque l'avènement d'une nouvelle conception de la tragédie centrée sur l'exploration des passions humaines dans ce qu'elles ont de plus extrême et de plus contradictoire. La "révolution racinienne" continue de fasciner par sa capacité à rendre visibles les mécanismes psychologiques les plus obscurs.

Presque quatre siècles après sa création, Andromaque nous parle encore avec une force intacte de l'amour, de la fidélité, du deuil impossible et de la violence des passions. Sa structure en chaîne amoureuse fatale, où chaque personnage est simultanément victime et bourreau, offre une vision terriblement lucide des impasses du désir humain.

Une ressource inépuisable pour les étudiants

Andromaque constitue un terrain d'exploration extraordinairement riche. Que vous vous intéressiez à :

  • la psychologie des personnages,
  • la structure dramatique,
  • la versification ou
  • au contexte historique,

cette tragédie vous offre des perspectives d'analyse quasiment inépuisables.

N'hésitez pas à confronter votre lecture personnelle aux multiples interprétations critiques qui ont jalonné l'histoire de la réception de l'œuvre. Et surtout, laissez-vous émouvoir par la beauté formelle et l'intensité émotionnelle de cette tragédie qui continue, contre toute attente, de nous bouleverser par sa vérité profondément humaine.

"Brûlé de plus de feux que je n'en allumai"

Cette confession d'Oreste pourrait être celle de tout lecteur ou spectateur contemporain d'Andromaque, consumé par une œuvre dont la puissance incendiaire ne s'est jamais éteinte.

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