La Mouette est une tragédie écrite par Anton Tchekhov, un auteur russe, qui a été jouée pour la première fois au théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg le 17 octobre 1896. Le titre de la pièce en russe est “Чайка” (Tchaïka). Découvrons ensemble cette pièce de théâtre du XIXème siècle.
Résumé détaillé acte par acte de La Mouette d’Anton Tchékhov
ACTE 1
Le décor
La propriété de Sorine est un parc avec une large allée menant au fond du parc. Il y a actuellement une estrade dressée pour un spectacle d’amateurs, qui cache le lac et est entourée d’arbustes. Il y a quelques chaises et une petite table près de l’estrade. Le soleil vient de se coucher et Yakov et d’autres ouvriers sont occupés à préparer le spectacle derrière le rideau baissé. Macha et Medvedenko viennent de rentrer après une promenade en passant par la gauche.
La propriété de Sorine
Piotr Nikolaïévitch Sorine, ancien haut fonctionnaire âgé et en mauvaise santé, habite une maison de campagne près d’un lac enchanté dans le parc. Il ressent le regret d’avoir raté sa vie et souhaite maintenant vivre avec plus d’intensité.
Piotr Nikolaïévitch Sorine vit avec :
- Son neveu, Konstantin Gavrilovitch Tréplev, connu sous le nom de Kostia, âgé de vingt-cinq ans ;
- Ilia Afanasiévitch Chamraïev, un lieutenant à la retraite, autoritaire et inflexible, qui est le régisseur du domaine, avec sa femme, Paulina. Leur fille, Macha, porte toujours du noir et est déprimée car elle est amoureuse de Tréplev.
La maison est également fréquentée par :
- Evguéni Serguéevitch Dorn, un médecin à la retraite, qui veille sur la santé de cette petite communauté ;
- L’instituteur Sémion Sémionovitch Medvédenko, un brave homme qui n’apprécie pas sa situation sociale. Cet homme révolutionnaire est amoureux de Macha ;
- Nina Zaretchnaïa, une jeune fille issue d’une riche famille de propriétaires terriens voisins. Kostia est amoureux d’elle.
La sœur de Sorine et la mère de Tréplev, l’actrice Irina Nikolaïevna Arkadina, arrive à la propriété pour de courtes vacances, accompagnée de son amant Boris Alexéïevitch Trigorine, un écrivain à succès. Bien qu’elle ait dépassé la quarantaine, Irina refuse d’accepter le passage du temps et reste une actrice célèbre, bien qu’étant sur le déclin.
L’échec de la pièce de Tréplev
Tréplev, qui souhaite être écrivain et produire des œuvres aux formes nouvelles pour atteindre la gloire, présente sur une scène amateur une pièce de théâtre qu’il a rédigé, mise en scène et à laquelle il donne le rôle principal à Nina, la femme dont il est amoureux. Celle-ci récite un long monologue assez confus sur la solitude de l’être humain dans l’immensité de l’univers et sa lutte contre des éléments diaboliques. On peut voir que, même si cette représentation a une importance pour eux, Nina a eu du mal à maîtriser le texte, du fait de son intensité. Le public l’écoute distraitement, voire même avec indifférence. Jalouse de son fils, Arkadina se met à critiquer la pièce et manifeste son mépris pour ce texte qu’elle juge “décadent”. L’auditoire, qui essaie d’être attentif, est troublé par Arkadina. Cette dernière perturbe tellement la représentation que Tréplev en est blessé. Il est furieux que sa mère ne le prenne pas au sérieux. Trigorine défend son beau-fils. Ne supportant pas le climat, Tréplev met fin à la représentation avant de s’enfuir.
Du fait de sa prestation, Nina reçoit des compliments, notamment de la part de Trigorine, un écrivain qu’elle admire beaucoup. Aspirant elle-aussi à la gloire, l’échec de la pièce la détache de Tréplev. Nina doit partir pour éviter la colère de son père et de sa belle-mère. On apprend que le père de Nina a hérité de toute la fortune de son épouse défunte pour la donner à sa seconde épouse.
Quand Tréplev revient, le docteur Dorn tente maladroitement de le réconforter. S’apercevant que Nina est partie, il décide de se rendre chez elle.
ACTE 2
Le décor
Il y a un terrain de croquet au fond à droite, avec une grande terrasse. À gauche se trouve le lac où le soleil se reflète brillamment. Des parterres de fleurs sont éparpillés dans l’espace. Il est midi et il fait chaud. Arkadina, Dorn et Macha sont assis sur un banc près du terrain de croquet, à l’ombre d’un vieux tilleul. Dorn a un livre ouvert sur ses genoux.
Une atmosphère tendue
L’atmosphère est tendue, les habitués de la maison et les invités s’ennuient. Arkadina finit par souhaiter retourner à Moscou, mais cela est impossible étant donné que les chevaux sont utilisés pour les moissons. Cette annonce provoque une dispute avec Chamraïev. Arkadina cherche à provoquer ceux qui ont une attitude différente de la sienne : son frère qui ne cesse de regretter le passé, Macha qui est triste d’avoir perdu sa jeunesse, et Tréplev qui devient mélancolique. Nina, qui est une personne simple et innocente, ne comprend pas pourquoi ces gens qu’elle idéalise sont si malheureux.
L’indifférence de Nina
Honteux d’avoir tué une mouette, Tréplev donne le corps de l’oiseau mort à Nina. Surprise, Nina met encore plus de distance avec Tréplev. En effet, l’échec de la pièce a été vécu comme une blessure personnelle par Nina. L’indifférence de cette dernière plonge Tréplev dans le désespoir et annonce à Nina qu’il compte se suicider. Nina ramasse l’oiseau mort et le place à côté d’elle, bien qu’elle soit horrifiée par ce cadeau. En voyant Trigorine venir, Tréplev, dévoré par la jalousie, décide de s’en aller.
Le rapprochement entre Nina et Trigorine
Trigorine annonce à Nina qu’ils vont partir. Il est déçu, car il sait qu’ils ne se reverront sans doute jamais. Il avoue à Nina qu’il aurait aimé être à sa place. Nina souhaite qu’il lui parle de sa vie en tant qu’écrivain. Trigorine se confie en lui expliquant à quel point son travail est harassant. Bien qu’il ne croit plus en ses œuvres, il continue d’en écrire. Il avoue n’être qu’un écrivain moyen et souffre de se comparer à des génies comme Tolstoï ou Dostoïevski. Il aimerait rester à la campagne et passer ses journées à pêcher. Nina lui confie que son plus grand désir est de devenir actrice, même si elle sait que cette vie est loin d’être facile. Trigorine, regardant la mouette, écrit quelque chose dans son carnet. Intriguée, Nina lui demande ce qu’il fait et Trigorine lui explique : “Celui d’un petit conte : au bord d’un lac vit depuis son enfance une jeune fille… telle que vous. Elle aime ce lac comme une mouette, comme une mouette, elle est heureuse et libre. Mais un homme arrive, par hasard, et, par désœuvrement, la fait périr, comme on fait périr cette mouette.”
À la fenêtre, Arkadina appelle Trigorine afin de lui dire qu’elle a changé d’avis et qu’ils vont rester à la campagne. Trigorine rentre dans la maison. Nina est heureuse.
ACTE 3
Le médaillon
Tréplev a tenté de se suicider et porte un bandage étant donné que la balle n’a fait qu’effleurer sa boite cranienne. Macha confie à Trigorine qu’elle est heureuse que Tréplev ait survécu. S’il était mort, elle n’aurait pas survécu. Toutefois, elle est consciente que Tréplev ne l’aimera jamais. Elle se dit qu’elle ferait mieux d’épouser Medvedenko. Trigorine aimerait rester, mais il sait que la situation n’est plus possible. D’autant plus que Tréplev souhaite le provoquer en duel. Pour Macha, Tréplev est jaloux de Trigorine. Macha sort au moment où Nina arrive. Celle-ci tend un médaillon à Trigorine sur lequel elle a fait graver ses initiales et le nom de son livre. Trigorine est ému et assure à Nina qu’il ne l’oubliera pas.
Les lignes 11 et 12
Entendant du monde arriver, Nina s’éclipse. En regardant le médaillon de plus près, Trigorine voit qu’il fait mention des lignes 11 et 12 de la page 121 de son livre. L’écrivain décide d’aller à la bibliothèque pour voir ce qu’il y a dans ces lignes.
Sachant que son fils est jaloux de Trigorine, Arkadina confie à son frère, Sorine, qu’elle a décidé de partir avec son amant afin que la situation ne dégénère pas.
Arkadina se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire de son fils. Elle pense qu’elle pourrait lui payer un beau costume mais elle prétend ne pas avoir assez d’argent pour ça. Sorine aurait pu lui payer un costume mais il explique à sa sœur que tout son argent est dilapidé par son régisseur.
Trigorine avoue son amour pour Nina
Arkadina a une dispute avec son fils concernant Trigorine. Ce dernier lit les lignes : “Si jamais tu as besoin de ma vie, viens la prendre.” Trigorine fait comprendre à Arkadina qu’il souhaite rester encore un peu. Il lui avoue son amour pour Nina. Dans un premier temps, Arkadina se moque de Trigorine, mais ensuite elle le flatte, le câline et finalement, elle le supplie à genoux de ne pas la quitter et de rentrer avec elle. Faible, Trigorine lui promet de rester avec elle. Arkadina quitte la scène.
Nina revient et annonce à Trigorine qu’ils vont se revoir étant donné qu’elle compte aller à Moscou afin de faire carrière en tant qu’actrice. Heureux, Trigorine lui donne rendez-vous dans un hôtel afin qu’ils se voient dès son arrivée.
ACTE 4
Le contexte
Deux années se sont écoulées entre le troisième et le quatrième acte. Dans la maison de Sorine, il y a un salon aménagé en cabinet de travail par Constantin Treplev. À droite et à gauche, il y a des portes menant à l’intérieur de la maison. En face, il y a une porte vitrée donnant sur la terrasse. Outre les meubles habituels d’un salon, on peut voir dans un coin à droite un bureau, près de la porte de gauche un grand canapé ; une bibliothèque ; des livres sur le rebord des fenêtres et sur les chaises.
Il est tard le soir. Une seule lampe à abat-jour éclaire la pièce. Il y a une lumière tamisée.
La transformation des personnages
Sorine est maintenant un homme gravement malade qui se déplace en fauteuil roulant. On a envoyé un télégramme à Arkadina afin qu’elle vienne aider son frère. Tréplev est devenu un écrivain estimé qui a publié plusieurs nouvelles et a connu du succès. Toutefois, il est de plus en plus déprimé et continue de se morfondre. Macha, qui aimait Tréplev en secret, a accepté la proposition de mariage de Medvédenko. Ensemble, ils ont un enfant, mais Macha ne semble pas prendre soin de lui. Elle continue de porter du noir, car elle nourrit toujours son amour non partagé. Pour oublier ses illusions, Macha a fini par plonger dans l’alcool.
L’histoire entre Nina et Trigorine
On apprend que Nina et Trigorine ont vécu ensemble à Moscou pendant un certain temps. Ils ont eu un enfant, mais Trigorine ne l’a pas reconnu. L’enfant a fini par mourir. Finalement, Trigorine a abandonné Nina pour se concentrer sur son travail et est retourné auprès d’Arkadina. Nina n’a jamais réussi à devenir une actrice reconnue à Moscou. Actuellement, elle participe à une tournée en province avec une petite troupe. Elle a prit une chambre dans une auberge du village, car elle est refusée à l’entrée de la propriété de ses parents en raison de son enfant illégitime. On croit l’avoir vue rôder dans le village.
Arkadina et Trigorine, qui vivent à nouveau ensemble, arrivent. Arkadina parle avec emphase de ses nombreux succès au théâtre, tandis que Trigorine est toujours déçu de sa littérature conventionnelle.
Le retour de Nina
Tréplev était en train de travailler sur un manuscrit lorsqu’il entend frapper à la porte. Il ouvre et découvre Nina qui se jette dans ses bras. Elle parle de leur passé commun, de leur jeunesse et de ses espoirs déçus. Elle lui raconte la vie qu’elle a menée durant ces deux dernières années. Nina se compare à la mouette qu’il a tuée et change d’attitude en déclarant qu’elle est devenue actrice. Elle avoue avoir dû voyager avec une troupe de théâtre de second rang après la mort de son enfant. Malgré le fait qu’elle soit reniée par sa famille et abandonnée par son amant, Nina refuse de s’avouer vaincue et affirme avoir à nouveau confiance en l’avenir. Tréplev lui demande de rester avec lui, car il l’aime toujours et se sent complètement seul, mais Nina hésite, car elle est encore attachée à Trigorine et à sa carrière, qui s’avère difficile. En fin de compte, Nina quitte Tréplev en lui disant “Je suis une mouette”. Elle lui fait comprendre qu’elle a des engagements et qu’elle doit se rendre dès le lendemain à Eletz. En voyant Nina partir, Tréplev, désespéré, déchire ses manuscrits avant de quitter la pièce en silence.
Le suicide de Tréplev
Tout le monde entre de nouveau dans la pièce. La partie de loto reprend. Chamraïev sort le corps d’une mouette empaillée de l’armoire et le donne à Trigorine, qui le refuse en disant ne pas se souvenir ni de sa demande ni de la signification de ce symbole. Un coup de feu retentit et le docteur Dorn sort pour voir ce qui s’est passé. Il revient et explique que c’était simplement un flacon d’éther qui a explosé dans sa trousse. Cependant, il demande à Trigorine de faire sortir Arkadina avant de lui révéler à voix basse que Tréplev vient de se tuer.
Présentation des personnages
IRINA NIKOLAEVNA ARKADINA, de son vrai nom Mme Trepleva, est, du fait de son âge, une actrice sur le déclin. Cette femme vient chez son frère, Sorine, à la campagne pour se reposer avec son amant Trigorine. Arkadina est une femme qui a dépassé la quarantaine mais qui se refuse à vieillir et qui est égoïste et égocentrique. Elle est fière de ses succès et se montre exclusive, ne voulant être admirée que par elle-même. En tant que mère, elle ne cherche pas à comprendre son fils et reste indifférente à son triste sort, même jusqu’à l’écraser en raison de sa propre jalousie. Cette femme n’hésite pas à se moquer de la première pièce de son fils. Voyant que son fils ne supporte plus son amant, Arkadina décide de repartir à Moscou. Elle est avare et mesquine et refuse de donner à son fils les moyens de quitter la campagne et de s’installer en ville. En ce qui concerne sa relation avec Trigorine, elle prétend agir par pure passion, mais exerce également une certaine domination sur lui, le considérant comme étant entièrement à elle. Cependant, il est mentionné que, malgré ses défauts, Arkadina est heureuse comparé aux autres personnages.
CONSTANTIN GAVRILOVITCH TREPLEV, surnommé Kostia, est le fils d’Arkadina. Ce jeune homme de vingt-cinq ans, au début de la pièce, souhaite devenir écrivain et est profondément amoureux de Nina à laquelle il va donner le premier rôle de sa première pièce de théâtre. C’est un homme cultivé doté d’un talent certain pour l’écriture. Toutefois, celle-ci sera un échec et Nina va s’éloigner progressivement de lui. Cet homme sentimental, qui cherche un moyen de prouver sa valeur aux yeux de sa mère, va vivre très mal le fait que Trigorine et Nina se rapprochent. Il tentera de se suicider une première fois, mais ratera son coup. Jaloux que Nina le préfère à lui, Tréplev éprouvera de l’inimitié envers Trigorine. Tréplev finit par devenir un grand écrivain en nourrissant l’espoir qu’il la retrouve un jour. Lorsque Nina vient le voir une dernière fois dans l’acte IV, il comprend que celle-ci compte lui faire ses adieux. Tréplev finit par se suicider.
PIOTR NIKOLAÉVITCH SORINE est le frère d’Arkadina qui vit actuellement à la campagne. Cet ancien haut fonctionnaire âgé pense qu’il a raté sa vie et tente d’en profiter au maximum malgré ses problèmes de santé. A la fin de la pièce, il ne se déplacera plus qu’en chaise roulante.
NINA MIKHAILOVNA ZARETCHNAIA est une jeune fille dont le père est un riche propriétaire. À la mort de sa mère, son père a épousé une autre femme à laquelle il a donné une grande partie de l’héritage maternel. Nina souhaite devenir actrice afin de connaître la gloire et sortir de l’emprise de son père. Elle tombe amoureuse de Tréplev, mais très vite, elle s’éprend de Trigorine. Elle pense que ce dernier lui permettra de réussir sa carrière. Elle finira par tenter sa chance à Moscou. Elle aura une relation avec Trigorine avec lequel elle aura un enfant, mais celui-ci ne sera pas reconnu par son père et rencontrera la mort jeune. Nina continuera de vouloir faire carrière en tant qu’actrice en jouant des petits rôles dans des villages. Vers la fin de la nouvelle, on apprend qu’elle n’est plus la bienvenue chez son père étant donné qu’elle a eu un enfant illégitime. Nina refuse l’amour que lui porte Tréplev au profit de sa carrière. Contrairement à Tréplev qui n’est pas capable de dominer son destin, Nina est une femme forte qui surmonte les épreuves et qui a foi en son avenir.
ILIA AFANASSIEVITCH CHAMRAËV est un lieutenant en retraite devenu régisseur de la propriété de Sorine. C’est le père de Macha.
PAULINA ANDRÉEVNA est la femme de Chamraëv et la mère de Macha. Durant toute la pièce, elle saura que sa fille est amoureuse de Tréplev. Elle n’approuvera pas la relation de sa fille avec Medvedenko. Elle semble se détacher de son mari au profit de Dorn.
MACHA est la fille de Chamraëv et de Paulina. Elle est amoureuse de Tréplev, mais celui-ci lui préfère Nina. C’est la cause de son malheur et la raison pour laquelle elle s’habille toujours en noir. Bien qu’elle ne soit pas amoureuse de lui, elle finira par accepter de se marier avec Medvedenko. Ensemble, ils auront un enfant. Au quatrième acte, Macha deviendra alcoolique.
BORIS ALEXÉEVITCH TRIGORINE est l’amant d’Arkadina. est un écrivain qui souffre de graphomanie, c’est-à-dire qu’il est obsédé par l’écriture. Malgré son succès, c’est un homme simple qui apprécie les distractions comme la pêche à la ligne. Il est mélancolique et sentimental, comme en témoigne son intérêt pour la mouette qu’il voulait empailler comme souvenir. Cet homme, d’âge mûr, est séduit par la jeune Nina et la courtise. Il finit par l’abandonner après lui avoir fait un enfant. Il retourne finalement auprès d’Arkadina, qu’il avoue être mou, velléitaire et veule.
EVGUENI SERGÉEVITCH DORN est un médecin à la retraite, qui veille sur la santé de la petite communauté. Il s’occupe de Sorine et adule Arkadina. À la fin de la pièce, il prétend qu’un flacon d’éther a explosé dans son sac pour ménager Arkadina et lui éviter de lui révéler que son fils s’est donné la mort.
SEMIONE SEMIONOVITCH MEDVEDENKO est un brave homme qui n’apprécie pas sa situation sociale. Cet homme révolutionnaire est amoureux de Macha. Il finira par se marier avec elle. Ils auront un enfant, mais Macha ne sera jamais amoureuse de lui. Il sera toujours délaissé par la femme qu’il aime.
En plus de ces personnages, nous avons également YAKOV (un ouvrier), UN CUISINIER et UNE FEMME DE CHAMBRE.
Analyse de l’oeuvre
Une pièce qui s’inspire de la vie de Tchékhov
La mouette de Tchékhov s’inspire des péripéties d’une de ses amies, Lidia Stakhievna Mizinova, connue sous le nom de “Lika“, qui avait été abandonnée par un ami commun, Ignati Potapenko, alors qu’elle avait un enfant de lui. Le personnage de l’actrice Arkadina dans la pièce présente des similitudes avec la femme de Potapenko et une artiste nommée Yavorskaïa, qui utilisait le même vocabulaire qu’Arkadina dans la scène où elle supplie Trigorine de ne pas la quitter pour Nina. Yavorskaïa disait également ces mots à Tchékhov quand il venait la voir et qu’elle se jetait à ses pieds.
Tchékhov et Lévitan ont été à la chasse et ont blessé une bécassine qui est tombée à leurs pieds. Tchékhov a refusé de la tuer, mais a finalement cédé à la demande de Lévitan. Cette expérience a influencé la scène de la pièce de Tchékhov La Mouette, dans laquelle Tréplev tue une mouette, Nina la repousse et Trigorine demande qu’elle soit empaillée avant de finalement la refuser. Tchékhov a choisi de remplacer l’oiseau des bois par une mouette dans la pièce en raison de sa blancheur symbolisant la pureté et de son nom en russe, “Чайка” (tchaïka), qui est proche du verbe “tchaïat’” qui se traduit par “espérer vaguement”. La mouette évoque l’idée d’espoir fragile suggérant le risque de déception et de désillusion.
En fin de compte, la mouette est présentée comme une “figure allégorique de la liberté de l’artiste“, vulnérable face à n’importe quel chasseur armé. Tchekhov décrit surtout la mouette comme le symbole de l’existence de Nina, heureuse près de son étang mais détruite par le chasseur Trigorine. Lorsque Trigorine demande à Chamraïev de taxidermier la mouette, une demande qu’il ne se rappelle pas, la mouette symbolise également le danger que représente Trigorine pour Nina. En prenant des notes sans cesse, Trigorine vide de sa substance la vie de ses modèles de manière inconsciente, comme il finira par vider de sens la vie de Nina.
En juillet 1895, Tchékhov se rendit auprès de Lévitan qui, après avoir vécu une relation amoureuse complexe avec une mère et sa fille, et se sentant incapable de prendre une décision, avait sombré dans une grave dépression. Dans sa détresse, il avait tenté de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête, mais n’y était pas parvenu, tout comme Tréplev l’avait fait.
Au cours de cette période, un médaillon anonyme lui a été envoyé, contenant les mots suivants : “Si un jour tu as besoin de ma vie, viens et prends-la“. Il sera retrouvé dans La Mouette.
Une comédie dramatique
Cette “comédie” de Tchékhov se révèle être en réalité un drame poignant, une triste comédie de mœurs, où les répliques sont à la fois tristes et comiques et où le mélange des deux registres est constant. En fin de compte, on peut considérer qu’elle est présentée sous un éclairage tragique, avec une chaîne d’amours contrariés (Medvédenko aime Macha, qui aime Tréplev, qui aime Nina, qui aime Trigorine, qui est aimé par Arkadina, elle-même admirée par Dorn, lui-même aimé par Paulina qui s’éloigne de Chamraïev) et la perte douloureuse des deux âmes-sœurs Tréplev et Nina. Tréplev, dominé par le sentiment d’être condamné, finit par déclencher la violence dans sa solitude et nous montre un amour, une maison et une société à l’agonie.
Le 21 octobre 1895, Tchékhov écrivait à son ami Savorine : “Je suis en train de rédiger une pièce […] Cela me procure un certain plaisir, bien que j’y maltraite affreusement les règles de la scène. C’est une comédie avec trois rôles féminins, six rôles masculins, quelques événements, quatre actes, un paysage (vue sur le lac), beaucoup de discussions sur la littérature, peu d’action et des tonnes d’amour.”. Un mois plus tard, il lui renverra une autre lettre en expliquant qu’il doit se rendre “à l’évidence : [il n’est] pas un auteur dramatique.”
En effet, cette pièce de Tchekhov présente un conflit de générations (Tréplev – Trigorine) et met en scène des personnages qui sont tous voués à la médiocrité et qui passent leur temps à faire des choses banales (manger, boire, fumer, jouer au loto, etc.). Les drames des personnages sont de faux drames même s’ils prennent des proportions tragiques. Même la mort de Tréplev se déroule presque sans bruit. Tchekhov a inclus de nombreuses didascalies dans la pièce pour indiquer des détails précis de mise en scène.