L’Île de la fée est une nouvelle écrite par l’auteur américain Edgar Allan Poe. Elle a été publiée pour la première fois en juin 1841. Charles Baudelaire en a fait une traduction française qui a été incluse dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires. Explorons cette nouvelle du XIXème siècle ensemble.
Résumé détaillé de L’Île de la Fée d’Edgar Allan Poe
Similaire aux “animalcules”
Marmontel soutient que la musique, comme tous les autres talents, nécessite un public pour être pleinement appréciée. Cependant, il suggère également que la contemplation de la nature peut apporter une forme de bonheur solitaire, et que cette contemplation est particulièrement importante pour ceux qui cherchent à comprendre la gloire de Dieu sur Terre. Il apprécie également les aspects sombres et silencieux de la nature, et les considère comme des parties d’un tout cosmique animé et sensible, lié à d’autres planètes et doté de pensée divine. En fin de compte, il suggère que nous sommes très similaires aux “animalcules” qui infestent le cerveau, et que nous sommes considérés comme inanimés et purement matériels par ces êtres.
Une vision propre
Il précise que l’espace et le volume sont importants pour Dieu et que l’univers est organisé de manière à accueillir un maximum de corps et de matière. Il suggère également que la vitalité est un principe important pour Dieu et qu’il est logique de supposer que la vie existe à différents niveaux, de la plus petite à la plus grande, toutes enracinées dans l’Esprit divin. Il critique l’arrogance de l’homme qui croit être d’une plus grande importance dans l’univers que la terre qu’il cultive et méprise, refusant à cette dernière une âme simplement parce qu’il ne la voit pas fonctionner de manière visible. Il aime passer du temps seul dans la nature et cela ajoute de l’intérêt à ses méditations. Il critique l’idée selon laquelle la solitude ne serait agréable que si quelqu’un d’autre vous le dit.
Le voyage
Il décrit un voyage solitaire dans une région montagneuse avec des rivières et des lacs. Il s’arrête pour s’assoupir sous un arbre inconnu et contemple un paysage avec une petite rivière entourée de forêts, une cascade à l’ouest et une île verte au milieu. L’eau est si transparente que l’île et la rive semblent fondues ensemble et flottent dans l’air. Il décrit une île avec deux côtés opposés. Le côté ouest est ensoleillé et rempli de fleurs et d’arbres joyeux et exubérants, avec un sentiment de vie et de joie. Le côté est est sombre et mélancolique, avec des arbres sombres et lugubres et un gazon sombre qui ressemble à du cyprès. Il y a également des petits monticules qui ont l’air de tombeaux. L’ombre des arbres semble s’enfoncer dans l’eau et être absorbée par elle. Il se laisse emporter par son imagination et se demande si cette île est enchantée et habitée par des fées. Il se demande si la mort des fées ressemble à celle des arbres, qui lentement perdent leur substance et leur ombre jusqu’à ce qu’ils meurent.
Le rêve
Le narrateur rêve qu’une fée se déplace sur un canot fragile à travers une île, en passant de la lumière à l’ombre et vice versa. Au début, elle semble heureuse, mais son expression change quand elle entre dans l’ombre. Elle navigue lentement autour de l’île et retourne finalement dans la lumière. Le narrateur décrit une scène où une fée navigue sur un petit bateau autour d’une île pendant que le soleil se couche. À chaque voyage dans l’obscurité, une partie de l’ombre de la fée est absorbée par les ténèbres et elle devient de plus en plus faible et triste. Quand le soleil a complètement disparu, la fée, maintenant un fantôme d’elle-même, entre dans une région sombre et obscure et il ne la revoit plus.
Présentation des personnages
Dans cette nouvelle, il n’y a qu’un seul personnage, le narrateur sur lequel nous n’avons aucun détail. Il ne fait que livrer un rêve étrange qu’il a vécu sur L’Île de la fée. Réelle apparition ou simple vision imaginaire ? Nous ne pouvons véritablement le dire. Le narrateur apprécie la solitude et aime se livrer à des séances contemplatives en solitaire.
Analyse de l’oeuvre
Les thématiques
Cette nouvelle parle de la musique et de la contemplation de la nature. Marmontel a écrit que la musique est le seul talent qui peut se jouir en soi, mais le narrateur conteste cette idée en disant que tous les talents ont besoin de témoins pour être complètement appréciés. Ils proposent que la musique du plus haut style peut être pleinement appréciée dans la solitude, mais que la contemplation de la nature est un plaisir qui peut être apprécié dans la solitude et qui est toujours accessible à l’humanité. L’auteur parle de la nature comme étant “les membres gigantesques d’un vaste tout, animé et sensitif” et “un être que nous regardons conséquemment comme inanimé et purement matériel“.
La nouvelle continue en parlant des télescopes et des recherches mathématiques qui confirment que l’espace et le volume sont importants pour l’univers. Il est également fait mention de la “cafarderie de la plus ignorante prêtraille“, qui semble être une référence à certaines personnes qui rejettent les découvertes scientifiques en faveur de leurs croyances religieuses. Enfin, l’auteur parle de l’importance de la solitude dans la création artistique, en disant que l’artiste doit être seul pour créer, et que la société et les distractions peuvent être nuisibles à cette création.
Les figures de style
Afin de donner plus de profondeur, de sens et de musicalité à sa nouvelle, Poe utilise de nombreuses figures de styles dans son texte :
- Antithèse : “Pas plus qu’aucun autre talent, la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les autres talents.“
- Hyperbole : “pour qui nous sommes une notion correspondante à la notion que nous avons des animalcules qui infestent le cerveau“
- Personnification : “les forêts qui soupirent dans des sommeils anxieux“
- Allitération : “la lune ; dont le seigneur médiatisé est le soleil“
- Allégorie : “un tout dont la forme (celle de la sphère) est la plus parfaite et la plus compréhensive de toutes les formes“
- Oxymore : “les eaux qui sourient silencieusement“
Le Symbolisme dans la nouvelle
Comme de nombreuses nouvelles de Poe, L’île de la fée se révèle être symbolique.
La nature
Dans ce texte, la nature est présentée comme un “vaste tout, animé et sensitif” qui est “un être que nous regardons conséquemment comme inanimé et purement matériel“. La nature peut symboliser l’infini et l’éternité, ainsi que l’indifférence de l’univers envers l’humanité.
De nombreux auteurs ont abordé le sujet de la nature et de sa relation avec l’humanité tels que :
Rousseau : dans son ouvrage Du Contrat Social, Rousseau affirme que l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui corrompt sa nature. Il prône un retour à la nature et à la simplicité comme moyen de s’éloigner des vices de la civilisation.
Kant : dans son ouvrage La Critique de la Raison Pure, Kant affirme que la nature est le monde des phénomènes, c’est-à-dire le monde tel qu’il apparaît à notre perception. Il soutient que l’homme ne peut connaître la nature en elle-même, mais seulement tel qu’il la perçoit.
Schopenhauer : dans son ouvrage Le Monde comme Volonté et comme Représentation, Schopenhauer soutient que la nature est une manifestation de la volonté, c’est-à-dire une force qui agit à travers tous les êtres vivants et qui les pousse à se reproduire et à se développer.
Nietzsche : dans son ouvrage Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche soutient que la nature est un cycle éternel de naissance, de vie et de mort, et que l’homme doit apprendre à accepter cette évidence pour vivre pleinement.
L’espace et le volume
Dans cette nouvelle, il est fait mention de l’importance de l’espace et du volume dans l’univers, ce qui pourrait symboliser l’immensité de l’univers et la petitesse de l’humanité face à lui.
De nombreux auteurs de la philosophie ont abordé ce sujet de l’espace et du volume, ainsi que de leur relation avec l’humanité comme :
Descartes : dans ses ouvrages Méditations Métaphysiques et Principes de la Philosophie, Descartes soutient que l’espace et le temps sont des réalités indépendantes de l’humanité et qu’ils existent en eux-mêmes. Il affirme également que l’espace est infini et que l’univers est rempli d’une infinité de corps.
Spinoza : dans son ouvrage Éthique , Spinoza soutient que l’espace et le temps sont des modes de la substance unique qui compose l’univers. Selon lui, l’univers est infini et éternel, et l’homme ne peut en connaître qu’une partie limitée.
La Solitude
Dans l’Île de La Fée, la solitude est présentée comme étant nécessaire à la création artistique et à la contemplation de la nature. Elle peut symboliser l’individualité et la réflexion, ainsi que le besoin de se retirer du monde pour se concentrer sur soi.
Cette notion de la solitude a été abordée par Kierkegaard. Selon lui, la solitude est une condition nécessaire à l’existence de l’homme, car c’est dans la solitude que l’individu peut découvrir sa véritable identité et s’éloigner de la pression sociale et des conventions. La solitude permet également de se concentrer sur soi et de réfléchir sur ses propres choix et ses convictions.
Kierkegaard soutient également que la solitude est un moyen de se rapprocher de Dieu et de trouver la paix intérieure. Selon lui, la solitude permet de s’échapper des distractions du monde et de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur sa relation avec Dieu et sur sa propre spiritualité. Tout comme Pascal qui, dans ses Pensées, affirme que les divertissements et les plaisirs du monde sont éphémères et que seul Dieu peut combler le vide intérieur de l’homme. Selon lui, les hommes cherchent constamment à se divertir pour échapper à la solitude et à la mélancolie, mais ces divertissements ne sont que des distractions temporaires qui ne peuvent pas combler le manque de sens de la vie.
Pascal soutient également que la solitude est nécessaire à la réflexion et à la contemplation de Dieu, et qu’elle permet de se rapprocher de la vérité et de la sagesse. Selon lui, la solitude est un moyen de s’échapper de l’hypocrisie et de l’artificialité du monde et de se concentrer sur les choses essentielles.
Pascal prône ainsi une vie contemplative et ascétique, loin des distractions du monde, et soutient que la vraie joie et la vraie paix ne peuvent être trouvées que dans la relation avec Dieu.
Le cycle de la vie
Il semble que la Fée dont il est question dans cette nouvelle symbolise la vie humaine et ses différentes étapes. Elle apparaît d’abord dans la lumière, semblant joyeuse et pleine de vie, mais à mesure qu’elle avance dans l’obscurité, son ombre se détache d’elle et est absorbée par l’eau sombre, symbolisant ainsi la mort. La Fée continue à naviguer entre la lumière et l’obscurité, mais à chaque fois qu’elle passe dans l’obscurité, son ombre s’assombrit et elle devient de plus en plus faible et abattue. Finalement, quand le soleil disparaît complètement, la Fée, maintenant un simple fantôme d’elle-même, entre dans la région du fleuve d’ébène, symbole de la mort. Le passage suggère que la vie humaine est un cycle continu de naissance, de vie et de mort, et que nous avançons inévitablement vers la fin de notre existence.