Littérature

Guy de Maupassant, Contes de la Bécasse, La Folle : résumé, personnages et analyse

Couverture pour le dossier de lecture, résumant La Folle des "Contes de la Bécasse" de Maupassant.
Ecrit par Les Résumés

Est-ce que l’histoire racontée par l’auteur français est fictive ou réelle ? On peut dire que les événements tragiques qui s’y déroulent s’enchaînent de manière inévitable : la folie et la mort de la femme, la folie de l’officier, ainsi que la cruauté de l’hiver, symbolisée par les loups venus de l’Europe de l’Est qui pourraient représenter la brutalité des Prussiens. Explorons ensemble cette nouvelle de Guy de Maupassant qui a été publiée pour la première fois dans Le Gaulois en 1882. Par la suite, cette nouvelle a été intégrée dans le recueil Contes de la Bécasse.

Résumé détaillé de Contes de la Bécasse – “La Folle” de Guy de Maupassant

M. Mathieu d’Endolin raconte une anecdote macabre du temps où les Prussiens sont arrivés. Nous sommes en Normandie lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Il habitait une propriété dans le faubourg de Cormeil. Il avait pour voisine une femme dont l’esprit s’était égaré sous les coups du malheur. En effet, celle-ci avait perdu son père, son mari et son nouveau-né en l’espace d’un mois. Ces événements l’avaient profondément transformé au point de délirer et de ne plus quitter son lit. Pendant quinze ans, elle était restée couchée, immobile et silencieuse, et ce, jusqu’à l’arrivée des Prussiens un jour de décembre. L’officier prussien chargé de son logement a exigé qu’elle se lève et se présente, mais la femme est restée immobile, silencieuse et indifférente. Estimant que cette femme n’était pas folle, l’officier prussien cru qu’elle agissait ainsi par mépris. Il exigea qu’elle se lève, mais la femme hurlait dès que quiconque tentait de lui faire quitter le lit. Exaspéré, il ordonna à ses hommes de la transporter sur son matelas dans la forêt d’Imauville. Il pensait qu’en agissant ainsi, il la forcerait à suivre ses hommes pour ne pas mourir. Néanmoins, les soldats étaient revenus sans elle et plus personne ne l’a revu par la suite. M. Mathieu a élaboré différents scénarios plausibles. Après que les Prussiens soient partis, M. Mathieu était en train de chasser dans la forêt lorsqu’il trouva un “crâne” à côté de la bécasse qu’il avait abattu. Il comprit que ces ossements étaient ceux de sa voisine. Cette dernière avait dû être abandonnée à son sort et dévorée par les loups. Il conclut son récit en souhaitant que les guerres épargnent leurs fils et ne se reproduisent plus.

Présentation des personnages

Mathieu d’Endolin est le narrateur qui raconte cette histoire macabre. Il possédait une propriété dans le faubourg de Cormeil où sa voisine était devenue folle à cause des événements tragiques de sa vie. Il a été témoin de la guerre et de l’arrivée des Prussiens dans la région. Durant cette période, il a assisté à la violence et à l’oppression des Prussiens. En raison de la goutte, mais également par peur de mourir. Toutefois, lorsqu’il se rend compte que sa voisine a disparu, il tente d’en apprendre plus. Ses questions prendront fin lorsqu’on le menacera d’être fusillé. Mathieu d’Endolin incarne Monsieur et Madame tout le monde, en proie à un conflit qui n’est pas le sien. À la fin de la nouvelle, il décide de garder l’ossement de sa voisine. Cet acte symbolise le devoir de mémoire, le fait de ne pas oublier les atrocités de la guerre pour éviter que celles-ci ne se répètent.

La voisine ou “la folle est une jeune femme présentant des troubles psychologiques à la suite d’événements tragiques. En l’espace d’un mois, elle a vu la mort cueillir un à un les membres de sa famille. Elle a eu une crise violente où elle est restée alitée pendant de longues semaines. Puis, lorsque cette crise s’est apaisée, elle est restée alitée et apathique, peinant à manger. L’état émotionnel de cette voisine s’apparente à ce que l’on appellerait aujourd’hui, le trouble du stress post-dramatique. Cette voisine incarne la vulnérabilité face à la violence et à l’oppression. Elle illustre à quel point la guerre à des conséquences tragiques pour les personnes les plus vulnérables. D’autre part, la “folle“, qui en réalité n’est qu’une femme en souffrance, montre à quel point la société de l’époque est démunis face à ce type de maux. En agissant ainsi, l’officier prussien illustre à quel point ce type de comportements n’était pas compris.

La bonne de “la folle n’est pas un personnage très significatif. C’est une vieille femme qui s’occupe de la voisine de Mathieu depuis le début. Elle lui a toujours été dévouée et tente de l’habiller contre son gré pour lui éviter la colère de l’officier prussien. Elle montre à quel point il est difficile de prendre soin des autres, et surtout des personnes les plus vulnérables, en temps de guerre. Par ailleurs, c’est une femme qui ne vit pas vraiment pour elle. La bonne ne vit que pour aider, accompagner, servir “la folle“. Lorsque cette dernière disparaît, la bonne n’a plus d’utilité. Elle finit donc par mourir. Ainsi, on peut se demander si, malgré la situation, ce n’était pas la voisine qui la maintenait en vie.

L’officier prussien incarne le personnage autoritaire. C’est un homme qui manque d’empathie et qui ne voit les choses que par son propre prisme. En effet, il fait abstraction de l’état mental de “la folle” et suppose qu’elle agit ainsi pour se “moquer” de lui. En cette femme, il voit une sorte de “rébellion” qu’il ne peut pas supporter. D’autant plus qu’il vaut mieux se “débarrasser” des indésirables pour éviter qu’une rébellion ne puisse s’étendre Il l’averti à plusieurs reprises, mais lorsqu’il voit que ses menaces ne font pas effet, il devient fou de rage. Indirectement, il est lié à la mort de la “folle“. Son attitude et son manque de considération envers elle soulignent à quel point les personnages vulnérables sont vus comme des “fardeaux” en temps de guerre. Nous nous éloignons de ce qui fait de nous des hommes en délaissant les plus faibles comme le font de nombreuses espèces animales.

Analyse de l’oeuvre

Analyse thématique

La perte et la tragédie

En illustrant l’histoire dramatique de la “folle“, Maupassant décrit de manière poignante l’impact dévastateur de la mort de nos êtres chers sur notre santé mentale. En montrant que des conséquences tragiques peuvent générer des problèmes traumatiques chez les individus, il évoque un état émotionnel que l’on décèlera un siècle plus tard, à savoir le trouble du stress post-dramatique. La mort de la bonne fait également partie de cette thématique puisque comme le souligne Maupassant : “Quand la mort est entrée une fois dans une maison, elle y revient presque toujours immédiatement, comme si elle connaissait la porte.“. D’autre part, la bonne et la “folle” ont une relation interdépendante. Sans la bonne, la folle se laisse mourir puisque personne n’est là pour la maintenir en vie. De même pour la bonne qui, n’ayant plus d’utilité, finit par mourir également.

L’occupation étrangère contre les civils

D’un côté nous avons les prussiens, symbolisés par l’officier, qui maintiennent un climat d’oppression et négligent les civils. L’officier prussien est un homme brutal qui dresse un portrait très négatif du soldat envers les civils, notamment les personnes les plus vulnérables. De l’autre côté, nous avons le peuple qui subit cette occupation étrangère. Ce récit met en avant la responsabilité individuelle envers les personnes les plus fragiles. Malgré les risques encourus, M. Mathieu d’Endolin tente de savoir ce qui s’est passé avec la folle. La bonne est totalement dévouée à la folle et tentera de la défendre auprès de l’officier prussien. Maupassant montre à quel point la compassion, l’empathie et la solidarité sont des éléments importants, notamment lors des périodes de conflits.

La folie

Il est intéressant de parler de la folie qui est également une thématique abordée dans cette œuvre. D’un côté, nous avons à faire à l’hystérie d’une femme qui, en réalité, subit une sorte de trouble du stress post-dramatique. De l’autre, nous avons la folie de l’officier prussien. Intransigeante, sa folie inhumaine le pousse à être persuadé que cette “folle” est en train de se “rebeller” contre son autorité. Nous pouvons présupposer que le conflit opposant ces deux types de folies surenchérit la bêtise de l’officier qui finit par perdre la tête. Il croit fermement que la “folle” a une attitude provocatrice. Ses exigences sont donc aussi folles qu’elles sont absurdes et meurtrières. Même s’il ne la tue pas, il est indirectement responsable de la mort de la “folle“. Ainsi, dans ce combat, la folie du soldat gagne contre la folie hystérique de la jeune femme.

Analyse littéraire

Écrit à la première personne, Maupassant utilise la voix de M. Mathieu, un de ses personnages, pour mettre en scène une tragédie sur fond de guerre. Le style d’écriture est simple et poétique pour créer une atmosphère émouvante et mélancolique.
Dans La folle, Maupassant renforce les thèmes de l’histoire par des symboles tels que la tête-de-mort dans la forêt qui illustre la mort et la souffrance qui ont été infligées aux habitants de la région. Les bécasses, quant à elles, représentent la fragilité de la vie et la vulnérabilité des individus face à la violence de la guerre et l’occupation étrangère. Cela renforce l’atmosphère de tristesse et de mélancolie de cette nouvelle.

Pour créer des images vives, Maupassant réalise de nombreuses figures de style :

  • La Métaphore : “comme si elle connaissait la porte” décrit la récurrence de la mort ;
  • L’Anaphore : “Qu’avaient-ils fait de cette femme ?” renforce la question qui “hante” le narrateur ;
  • L’Antithèse : “La pensée de cette femme perdue me hantait ; et je fis plusieurs démarches auprès de l’autorité prussienne, afin d’obtenir des renseignements. Je faillis être fusillé.” oppose la quête du narrateur à la brutalité de la guerre, symbolisée par l’occupation prussienne ;
  • L’Hyperbole : “Il gelait à fendre les pierres” décrit la température extrême de ce mois de décembre ;
  • La Comparaison : “Ils défilaient interminablement, tous pareils, avec ce mouvement de pantins qui leur est particulier.” compare les soldats prussiens à des marionnettes.

D’ailleurs, il est intéressant de souligner que cette comparaison entre soldats prussiens et marionnettes est illustrée dans l’exigence farfelue de l’officier prussien. Ce dernier ordonne à ses subalternes de transporter la “folle” sur son matelas jusqu’à la forêt. Tout le monde accepte et personne ne réagit. D’autant plus qu’il règne un froid à “fendre les pierres“. Même lorsqu’ils reviennent et se rendent compte qu’elle ne les a pas suivis, aucun soldat ne prend le risque de réfléchir par lui-même en faisant preuve de compassion. Ils appliquent les ordres sans se poser de questions, une manière de renforcer cette image de marionnette que Maupassant attribuait aux soldats.

Analyse philosophique

La “folle” a subi des événements tragiques qui ont affecté sa santé mentale. Ce traumatisme soulève des questions sur la résilience et la capacité de l’être humain à faire face à des événements douloureux. Maupassant laisse sous-entendre que face à des états émotionnels pareils. La compassion et le soutien sont essentiels pour aider ces individus à se remettre de telles tragédies. En refusant de faire preuve de compassion, l’officier prussien conduit la “folle” à une mort certaine. Par ailleurs, cet officier symbolise l’absence de responsabilité morale, en ignorant la souffrance de cette femme. Lors de ce type de conflits, il apparaît clair que nous devons nous aider les uns les autres pour résister contre l’oppresseur. Cette résistance n’est pas forcément obligée d’être armée. Le simple fait de faire preuve de compassion et d’empathie envers son prochain nous permet de ne pas oublier l’humanité que nous portons tous et toutes en nous.

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