Littérature

Jean Giono, Un roi sans divertissement : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés
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Jean Giono a écrit Un roi sans divertissement en 1947. Le titre de son roman renvoie à une phrase des Pensées de Pascal : “un roi sans divertissement est un homme plein de misères”. Cette phrase clôt d’ailleurs le roman de Jean Giono. Découvrons ensemble ce roman énigmatique.

Résumé détaillé de Un roi sans divertissement de Jean Giono

PREMIÈRE PARTIE

Introduction

Le narrateur nous parle d’un Frédéric, issu d’une longue lignée de Frédéric, propriétaire d’une scierie sur la route d’Anvers. Pas loin de cette scierie, on peut y apercevoir un hêtre exceptionnel.

Il nous apprend également que ce hêtre a été utilisé par un certain M. V. de Chichilianne dans les années 1843, 1844 et 1845. Après avoir effectué des recherches, le narrateur a pu retrouver un seul V. qui, lorsqu’il l’a vu, lisait Sylvie de Gérard de Nerval. Toutefois, le narrateur ne saurait dire si ce V. de 1948, étudiant à l’École Normale de Grenoble ou de Valence, est un descendant du V. de 1843. En effet, avec son ami, un historien local de Prébois du nom de Sazerat, le narrateur réalise une enquête sur un fait divers qui s’est déroulé à l’époque et dont personne n’a parlé.

Une disparition inexpliquée

L’histoire commence en décembre 1843 à Chichilianne. Le village est en proie à la neige et les habitants s’aperçoivent de la disparition d’une Marie Chazottes vers le 15 décembre aux alentours de 15 heures. Quelque temps après, la messe est troublée par un coup de fusil. Ravanel George, le fils de vingt ans de Ravanel, a failli se faire enlever par un homme. En entendant son fils crier, Ravanel a accouru avec son fusil et s’est mis à tirer sur l’homme en question. Parallèlement, un porc est retrouvé mort. Quelqu’un, sans doute le même homme qui a tenté d’enlever Ravanel le jeune, a réalisé, avec plaisir, plus de cent entailles aux couteaux à l’animal. Le braconnier du village, Bergues, part à la recherche de l’assaillant munis de ses raquettes et de son fusil. Quand il revient, il explique qu’il a suivi les traces de sang, mais il prétend qu’elles “disparaissent dans les nuages”. Terrifié, le village ne vit que la journée et les habitants se confinent chez eux durant la nuit. Tous attendent impatiemment que le printemps revienne.

Et ça recommence !

Lorsque le printemps arrive, le corps de Marie Chazottes reste encore introuvable. Lors d’un violent orage d’été, Frédéric II voit qu’un homme s’abrite sous le magnifique hêtre. Il se dit qu’il faut être fou pour se poser près d’un arbre un soir d’orage. Il l’appelle, mais l’homme ne répond pas. Il vient à sa rencontre et lui propose de le mettre à l’abri. Il apprend que l’homme vient de Chichilianne. Frédéric II pense que cet homme est bête.

Durant l’hiver 1844, on apprend la disparition de Bergues. Celui-ci aurait été tranquillement à son domicile en train de manger lorsqu’il s’est dirigé vers l’extérieur. Le jour cédant progressivement sa place à la nuit, le village prend la décision d’envoyer quatre hommes afin de se rendre à la gendarmerie la plus proche, celle de Clelles. Ils reviennent avec six gendarmes à cheval dirigés par le capitaine Langlois. Ce dernier met alors le village sous surveillance en imposant des mots de passe pour y entrer ou pour sortir, des patrouilles ainsi que des couvre-feu. Pour toute sortie à l’extérieur, les hommes doivent constituer un groupe d’au moins deux personnes et les femmes, d’au moins trois personnes. Toutes ces restrictions n’empêchent pas la disparition de Callas Delphin-Jules qui est sorti tout seul, prêt du fumier, pour fumer sa pipe.

Un peu de répit

Au mois de mai, les gendarmes quittent enfin le village et les habitants retrouvent le sommeil. On assiste à de nombreuses naissances durant l’année 1944 et on y crée le Cercle des Travailleurs.

À titre privé, Langlois revient durant l’hiver. En effet, il a pris un congé de trois mois. Il s’installe au Café de la Route dont la propriétaire est une lorette de Grenoble, âgée de soixante ans, que l’on surnomme Saucisse avec laquelle il échange sur de nombreux sujets. La fête de Noël arrive et la messe de minuit inquiète Langlois, mais celle-ci se déroule sans encombre et il n’y a aucune disparition. Langlois se met à penser que la personne responsable de ces enlèvements avait trouvé un autre “divertissement”.

La mort du monstre

En plein mois de février, Frédéric II est en train de se faire un café à sept heures du matin. Dans ses affaires, il y découvre une horloge qu’il veut accrocher dans sa maison. Il se rend à sa scierie pour y prendre une feuille de bois de noyer. En traversant le village, il se rend compte que la maison de Dorothée est allumée.
En arrivant à la scierie, il entend du bruit à proximité du hêtre. Il se glisse dans un buisson et y voit un homme descendre et s’en aller. Frédéric II s’approche de l’arbre et se rend compte que quelqu’un a planté des clous pour en faire une échelle afin de pouvoir se hisser dans l’arbre. Frédéric II grimpe dans le hêtre et y trouve Dorothée morte. Il décide de descendre de l’arbre et de suivre les traces de cet homme.
Pendant quatre heures, Frédéric II suit cet homme. Ce dernier arrive enfin dans son village et regagne sa maison. Frédéric II apprend qu’il est dans le village de Chichilianne et que la maison appartient à un certain M. V.

Frédéric II se dépêche de rentrer dans son village pour avertir Langlois. Ce dernier le croyait mort, tout comme Dorothée. Il était en train de réaliser sa lettre de démission, car pour la seconde fois, il avait été incapable de protéger les gens du village. Langlois et Frédéric II partent en direction du hêtre. Ils y trouvent le corps sans vie de Dorothée qui est posé sur différents ossements qui semblent appartenir aux autres habitants kidnappés.
Langlois regagne le village de Chichilianne avec Frédéric II ainsi que deux autres gendarmes. Il leur demande de suivre à la lettre ses consignes. Ils restent postés devant la maison et lorsqu’il voit la fumée de la cheminée, Langlois va frapper à la porte. L’homme sort, marche jusqu’à un hêtre. Langlois rejoint l’homme et l’abat de deux balles dans le ventre. Puis il finit de rédiger sa lettre de démission dans laquelle il évoque un accident et une maladresse de sa part.

Le retour de Langlois

Nommé commandant de louveterie, Langlois revient dans le village à la fin du printemps 1846. Il séjourne chez Saucisse au Café de la Route. Les habitants ne le trouvent pas bavard. Il salue les gens d’un signe de mains sans parler à personne. Frédéric II aurait tant aimé lui reparler de ce fameux moment où ils sont tombés sur M. V.
Un jour, Langlois reçoit la visite du procureur royal. Ils dînent tous deux, en tête-à-tête, chez Saucisse. Ensemble, ils décident de nommer Urbain de Timothée de Saint-Baudille, partis au Mexique pour faire fortune, capitaine de louveterie. Ce dernier arrive dans le village avec sa femme, Mme Tim, qui est une créole mexicaine.

L’hiver arrive et, même si M. V. n’est plus là, les habitants ont peur pour leurs bêtes. En effet, les loups s’approchent du village. Un loup parvient à égorger une vache, un cheval ainsi que treize brebis. Langlois organise une battue sous forme de cérémonial. À l’issue de cette battue, Langlois retrouve et tue le loup de deux balles dans le ventre : exactement, de la même manière qu’il a tué M. V. un an plus tôt.

DEUXIÈME PARTIE

Vingt ans ont passé et on apprend que Saucisse, âgée de quatre-vingts ans, a quitté le Café de la Route. Son établissement est tenu par les Négrel. Elle vit maintenant dans un bongalove avec une dénommée Delphine, une femme d’une quarantaine d’années. Les deux femmes sont comme chien et chat et le narrateur s’étonne qu’elles ne se soient pas entretuées.

Visite chez la dentellière

Grâce à Saucisse, on apprend un peu mieux ce qu’il s’est passé dans la tête de Langlois. Dès le lendemain de la battue, Langlois est devenu ami avec Mme Tim. Saucisse nous révèle que pour Langlois, M. V. était un homme normal. Toutefois, pour tuer, il devait bien y avoir une explication. Langlois finit par comprendre que cet homme tuait pour se “divertir”.
Saucisse leur apprend qu’un jour, elle et Mme Tim ont accompagné Langlois chez une dentellière. Elles devaient capter l’attention de cette femme assez longtemps pour que Langlois puisse passer du temps dans cette maison. Bien que les deux femmes eurent des difficultés au début, très vite, Mme Tim s’est mise à questionner et à interroger la dentellière et elles se sont mises à parler pendant des heures. En effet, Mme Tim a réussi à rassurer la dentellière. Saucisse s’est rendue compte que Langlois était posé dans un fauteuil regardant le portrait d’un homme. Un petit garçon les a surpris par la fenêtre, c’était le fils de la dentellière qui rentrait de l’école. En voyant les inconnus dans sa maison, il sembla effrayé. En sortant, Mme Tim réussit à donner trois louis d’or à la dentellière qui finit par accepter après un premier refus. Cette dentellière était la femme de M. V. que Langlois avait froidement exécuté. Le portrait qu’il regardait avec attention était celui de M. V.

La fête à Saint-Baudille

Saucisse se met à insulter les témoins de l’époque, car personne n’a su interpréter les signes qui montraient que Langlois devait être surveillé. En effet, le procureur royal, qui habitait à plus de trois jours de leur village, venait fréquemment rendre visite à Langlois. Mme Tim se trouvait assez souvent sur la placette des tilleuls, loin de chez elle. Tous essayaient tant bien que mal de distraire Langlois. Saucisse explique également que Mme Tim a invité Langlois à une fête de trois jours à Saint-Baudille ce qui fit sourire Langlois. Saucisse leur confie qu’il cherchait à le retenir, car il savait pertinemment qu’ils étaient en train de le perdre.

Le projet de mariage

Deux mois après la fête, Langlois se met à construire son bongalove ainsi qu’un labyrinthe en buis, comme celui qu’il a vu à Saint-Baudille. Saucisse le fait revenir au Café de la Route pendant l’hiver. C’est à cet instant que Langlois, alors âgé de cinquante-six ans, la missionne de lui trouver une femme de trente ans.
Langlois rend visite à Mme Tim à Saint-Baudille pour lui exposer son projet. Tous deux reviennent au village au Café de la Route. Langlois leur explique qu’ils souhaitent que personne ne “déduise rien”, c’est-à-dire que personne ne fasse d’allusions à ce projet. La semaine suivante, Mme Tim avertit le procureur royal des projets de Langlois.

À l’arrivée du printemps, Langlois et Saucisse se rendent à Grenoble pour trouver la partenaire idéale. Langlois surprend Saucisse en l’invitant dans un des plus beaux restaurants de la ville. Le lendemain, Saucisse s’entretient avec une femme nommée Delphine. Elle lui explique le projet de son ami et cette dernière accepte. Langlois demande à Saucisse de repartir afin qu’il puisse profiter quelques jours de cette femme qu’il ne connaît pas encore. Ils s’installent tous deux à l’Auberge de la Route. Langlois se rend à Saint-Baudille pour présenter sa nouvelle compagne au procureur ainsi qu’à Mme Tim.

Le suicide de Langlois

Vers la fin du mois d’octobre, Langlois se rend chez Anselmie, la voisine de Saucisse. Il lui demande de couper la tête de l’une de ses oies. Elle le fait et Langlois reste dehors pour regarder le sang sur la neige. Anselmie pense que Langlois attend qu’elle lui plume. Elle le fait et le signale à Langlois qui reste à regarder le sang dans la neige. Quand elle est revenue une nouvelle fois, Langlois avait disparu.

Langlois est alors rentré chez lui et comme tous les soirs après son repas, il est parti fumer un cigare. Cependant, ce soir-là, Langlois enflamme un bâton de dynamite qui lui fait exploser la tête. L’histoire finit par cette phrase : “Un roi sans divertissement est un homme plein de misères.”.

Présentation des personnages principaux

Le narrateur se présente comme un enquêteur. Nous avons très peu d’informations sur lui. Il est l’ami d’un historien local de Prébois, Sazerat, qui connaît l’histoire qui s’est déroulée au village de Trièves.

Langlois est un capitaine de gendarmerie qui se rend au village de Trièves pour débusquer l’homme qui a enlevé plusieurs personnes, dont Bergues. Cet homme a tendance à agir comme un roi comme le soulignent de nombreux passages dans le roman : le confinement du village, débusquer M. V. Il faut que les choses se déroulent exactement comme il le souhaite. Lorsqu’il tue M. V., il est au-dessus des lois. Le cérémonial qu’il organise pour la battue du loup fait penser à la chasse à courre, un des divertissements de la cour royale. Lorsqu’il tue M. V., il se rend compte qu’il devient exactement comme M. V. : ni la mort du loup, ni celle de l’oie ne parviennent à assouvir cette nouvelle pulsion. Les nombreux “divertissements” que lui proposent ses amis ne parviennent pas à trouver “grâce” à ses yeux. Il finit par se suicider de manière violente.

M. V. est un homme normal, lisse et tranquille qui habite dans le village de Chichilianne, à quelques heures du village de Trièves. Étant donné qu’il s’ennuie dans son village, il se rend à Trièves pour y tuer les habitants dont ils laissent les corps en haut d’un magnifique hêtre. Il a une femme, une dentellière ainsi qu’un fils. Les initiales de ce personnage renvoient à la méthode utilisée par les journalistes concernant l’identité d’une personne inculpée. Ce personnage est le double de Langlois : il paraît être quelqu’un de bien alors que c’est un monstre. Toutefois, à la différence de Langlois, M. V. a complètement cédé à ses pulsions.

Saucisse est une ancienne prostituée de Grenoble qui est devenue aubergiste dans le Café de la Route. C’est, avec Mme Tim, une très bonne amie de Langlois.

Mme Tim est une créole mexicaine qui a été élevée dans un couvent espagnol. Dans son château situé à Saint-Baudille, elle a l’habitude d’organiser de grandes fêtes.

Analyse de l’œuvre

Si Un roi sans divertissement commence comme un récit policier (disparitions inquiétantes, des animaux tués, des gens qui disparaissent, …), la première partie désoriente complètement le lecteur. En réalité, ce roman de Jean Giono se veut plus profond et philosophique. En effet, Langlois comprend vite les agissements du tueur. C’est pour cette raison qu’il n’est pas inquiété lorsque le curé réalise sa messe de minuit :”Je ne sais pas comment cela peut s’appeler […] Nous sommes des hommes, vous et moi, […] nous n’avons pas à nous effrayer de mots, eh bien, mettons qu’il ait trouvé ce soir un divertissement suffisant.”. Si Langlois réussit à comprendre aussi vite le motif du tueur, c’est qu’il est potentiellement comme lui.
Langlois est un homme qui paraît être une bonne personne sous tous les rapports. En effet, il vient à la rescousse des habitants du village lorsque Bergues disparaît. L’hiver d’après, il prend un congé de trois mois pour protéger les gens du village et trouver la personne qu’il n’a pas pu débusquer l’hiver dernier.

En réalité, les actions de Langlois ne sont pas nobles : il a apprécié “commander” les gens du village. Comme un roi qui n’existe qu’à travers sa cour, Langlois s’est senti important dans ce village où tous les habitants lui étaient obéissants. Il se plaît à donner des ordres et, faisant figure d’autorité, il fait en sorte que toutes les choses fonctionnent comme il le souhaite. C’est le cas avec M. V. qu’il finira par tuer froidement de deux balles dans le ventre. Cependant, en agissant ainsi et en omettant délibérément ce qu’il s’est passé durant l’incident, qu’il considère comme un accident dans sa lettre de démission, il outrepasse sa fonction d’homme de lois comme si cette dernière n’était pas valable pour lui.
Cet homme illustre parfaitement la morale de La Fontaine : “La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf.“. Langlois n’est qu’un homme de loi, mais se prend pour un homme important, aussi illustre qu’un roi, comme le souligne le cérémonial qu’il organise pour la battue du loup. Cette dernière renvoie à la chasse à courre qui est un des grands divertissements de la cour. De la même façon que M. V. tuait ses victimes pour trouver un moyen de se divertir, Langlois tue le loup pour se désennuyer. Cette scène fait comprendre à cet homme que le mal ne provient pas de l’extérieur (M. V., le loup) mais qu’il le porte en lui. La citation de Pascal “ Un roi sans divertissement est un homme plein de misère” qui clôt le roman fait comprendre au lecteur les raisons qui ont poussé Langlois à se suicider. Il ne trouve plus aucun charme aux divertissements auxquels il prend part : la fête à Saint-Baudille, passer du temps avec ses amis, son mariage. En rendant visite à la dentellière et en plongeant ses yeux dans les yeux du portrait de M. V. peut-être s’est-il rendu compte qu’il était exactement comme lui et qu’il pouvait lui aussi, souhaiter tuer des personnes pour “se divertir”. Lorsqu’il tue l’oie et qu’il voit le sang s’écouler sur la neige, Langlois se rend compte que cela ne le divertit pas non plus. Il sait que pour se désennuyer, il est condamné à tuer d’autres personnes, c’est pour cette raison qu’il choisit de se suicider.

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