Littérature

La Farce du cuvier : résumé, personnages et analyse

Introduction à la synthèse de lecture sur La Farce du cuvier, avec un résumé, une description des personnages clés et une étude critique.
Ecrit par Les Résumés

La Farce du cuvier est une création anonyme du XVe siècle, vraisemblablement rédigée dans le nord de la France, en Picardie. Bien qu’elle fut écrite, il y a plus de cinq siècles, elle est, du fait de sa thématique encore d’actualité aujourd’hui. Explorons cette pièce de théâtre ensemble.

Résumé scène par scène de La Farce du cuvier

SCÈNE 1

La scène se déroule chez Jacquinot, où l’on peut voir un cuvier, deux tabourets, une plume et du papier. Seul sur scène, Jacquinot exprime son mécontentement quant à sa vie depuis qu’il s’est marié. Il se plaint d’être constamment tourmenté par sa femme et sa belle-mère. Elles ne lui laissent aucun répit. Constatant que cette situation lui est insupportable, il décide de reprendre le contrôle de sa maison.

SCÈNE 2

En entrant la femme de Jacquinot, Jeannette, est exaspérée de retrouver son gendre en train de rien faire. Elle lui fait bien comprendre et elle est soutenue par sa mère, Jacquette, qui entre peu de temps après elle. Cette dernière lui explique que s’il est battu par sa femme, c’est parce qu’elle l’aime. Lassé, Jacquinot consent à consigner par écrit tous les ordres de sa femme afin d’avoir la paix. À chaque obligation, Jacquinot montre son désaccord, mais est finalement contraint d’écrire toutes les volontés de son épouse. Elle débite tellement d’ordres que Jacquinot peine à suivre le rythme, d’autant plus que sa belle-mère s’y mêle, ce qui ne lui donne pas la tâche facile. Après avoir tout consigné par écrit, Jacquinot signe le parchemin. Il propose à sa femme de le sceller et de le porter autour du cou pour qu’il l’ait toujours sur lui. Avant qu’elle ne parte, Jacquinot s’assure auprès de sa femme qu’il ne doit réaliser que les obligations inscrites sur le parchemin. Celle-ci acquiesce.

SCÈNE 3

Jeannette demande à Jacquinot de l’aider à mettre le linge dans le cuvier. Jacquinot, qui regarde son parchemin, ne trouve pas cette tâche inscrite dessus. Jeannette lui fait comprendre que c’est bien écrit et l’exhorte à se dépêcher. Finalement, Jacquinot trouve la tâche sur son parchemin. Ils montent tous deux sur un escabeau de chaque côté du cuvier. Jeannette tend un bout de drap à Jacquinot et lui demande de tirer de toutes ses forces pour l’aider à essorer le linge. En tirant brusquement le drap, Jacquinot fait perdre l’équilibre à Jeannette qui tombe dans le cuvier.
Disparaissant dans la cuve, Jeannette, qui est en train de se noyer, appelle à l’aide, mais Jacquinot ne veut pas lui porter secours étant donné que cela n’est pas consigné sur son parchemin. Jeannette implore son aide et supplie Jacquinot de lui tendre la main, mais il refuse de l’aider et la traite en ennemie. La scène se termine au moment où quelqu’un frappe à la porte.

SCÈNE 4

Jacquette demande à son gendre de lui ouvrir la porte. Celui-ci souligne que ce n’est pas inscrit sur son parchemin, mais, par acte de bonté, il accepte de le faire. En entrant, Jacquette se rend compte que sa fille est en train de se noyer dans la cuve. Elle demande à son gendre de l’aider, mais celui-ci lui explique que ce n’est pas indiqué dans ses tâches. Sa belle-mère et sa femme le supplient, mais Jacquinot refuse de lui porter secours. Toutefois, il finit par la sortir de l’eau après s’être arrangé que sa femme et sa belle-mère le laisseront être le maître du logis.

Présentation des personnages

Jacquinot n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, un homme faible puisqu’il réussit à sortir sa femme du cuvier facilement. On comprend donc que cet artisan pourrait utiliser sa force masculine pour contrôler les deux mégères. Néanmoins, il préfère renoncer à ses responsabilités en tant que chef de famille plutôt que d’agir de manière brutale et autoritaire. En effet, Jacquinot est un personnage qui ne supporte pas le conflit, c’est pour cette raison qu’il a tendance à se laisser marcher dessus. Toutefois, il commence à se rebeller lorsque sa quiétude est menacée. Il est intéressant de noter que Jacquinot est un personnage futé qui réussit à retourner la liste de tâches de sa femme contre elle-même.

Jeannette est l’épouse de Jacquinot qui dispose d’un comportement autoritaire. En vue de l’attitude passive de son mari, elle tente d’avoir un contrôle total sur lui, s’assurant qu’il puisse céder à tous ses caprices. Cette femme tyrannique n’hésite pas à le maltraiter lorsqu’il cherche à se rebeller. Elle s’assure pour préserver le pouvoir qu’elle exerce sur son mari.

Jacquette incarne l’archétype de la belle-mère traditionnelle, soutenant constamment sa fille. Elle manifeste une hostilité systématique envers son beau-fils et, lors des conflits au sein du couple, elle prend toujours le parti de sa fille, même si cela implique de défendre des causes indéfendables. Par exemple, elle soutient qu’un mari doit être heureux d’être maltraité et battu, car cela prouverait que sa femme l’aime. Jacquette représente une femme forte, cherchant à surpasser la puissance masculine, mais elle se révèle impuissante lorsqu’elle doit sauver sa fille qui se noie dans une cuve.

Analyse de l’oeuvre

Durant le Moyen Âge, des pièces religieuses étaient présentées sur les places de villages ou devant les églises. Néanmoins, ces longues représentations pouvaient s’étaler sur plusieurs jours. Afin de divertir le public, des pièces comiques courtes étaient insérées. Ainsi, le terme de “Farce” fait référence à cette farce qu’on insère à l’intérieur d’une volaille pour la rendre encore plus délicieuse. Caractérisée par une plus grande liberté dans l’expression verbale, gestuelle et artistique, la farce a connu un immense succès à la fin du Moyen Âge. Bien qu’on est retrouvé une centaine de farces écrites au cours du XVe siècle, on estime qu’il y en a eu beaucoup plus qui ont été écrites à l’époque. La Farce du cuvier fait partie de ces œuvres que l’on a retrouvées, tout comme La Farce du Maître Pathelin.

Jacquinot devient-il vraiment le dominant à la fin de la pièce ?

La Farce du cuvier est une courte pièce du XVe siècle qui aborde le conflit perpétuel entre les sexes, en particulier dans le mariage. L’histoire se concentre sur Jacquinot, un mari soumis à sa femme et à sa belle-mère, qui lui imposent des tâches à accomplir sous peine de sanctions. Toutefois, un événement inattendu survient lorsque sa femme tombe accidentellement dans un cuvier profond et requiert l’aide de Jacquinot pour s’en extraire. Jacquinot en profite pour négocier le retour de son autorité dans le couple.

Néanmoins, on peut supposer une autre interprétation de la pièce selon laquelle l’humour reposerait sur l’introduction d’un élément absurde et surprenant à la fin d’une histoire, provoquant ainsi l’effondrement de la logique pour faire rire le spectateur.
Dans La Farce du cuvier, l’absurdité réside dans le fait que Jacquinot ne reprend pas réellement le contrôle de la situation. En effet, s’il parvient à devenir le maître du logis, c’est avant tout que parce que sa femme le lui permet. Cette contradiction souligne l’illogisme de la situation et remet en cause la transformation attendue de Jacquinot d’un mari soumis à un mari dominant. Si la critique traditionnelle se focalise sur cette transformation, on peut supposer que l’aspect humoristique de la pièce réside plutôt dans l’introduction de cet élément absurde et contradictoire.

Ainsi, peut-on dire qu’il y a eu une véritable transformation ? En effet, Jacquinot n’obtient pas réellement un statut autoritaire, il obtient simplement un accord informel réalisé par une femme en proie à une mort certaine et à une belle-mère angoissée par le fait de perdre sa fille. D’autre part, il est important de souligner que la seule preuve d’une quelconque autorité est celle du parchemin réalisé écrit et signé par Jacquinot. Bien que Jeannette lui propose de brûler le parchemin, à aucun moment, il est notifié qu’il le détruit ou qu’il s’en débarrasse. À la fin de la pièce, le parchemin reste donc la seule preuve formelle de l’autorité exercée. “Les paroles s’envolent et les écrits restent“, il n’y a donc aucun changement de pouvoir à la fin de la pièce. Malgré les dires, Jeannette reste la dominante et Jacquinot reste le dominé. D’autant plus que celui-ci est en infériorité numérique.

Conflits conjugaux toujours d’actualité en 2023

Bien qu’elle soit écrite depuis plus de cinq siècles, La Farce du Cuvier est une pièce moderne qui pourrait être très représentative des conflits conjugaux en 2023. Le fait que l’homme exerce le rôle du dominé permet d’ajouter une touche d’humour supplémentaire. En effet, la condition de la femme en France au XVe siècle était largement déterminée par leur classe sociale et les normes patriarcales de l’époque. Les femmes étaient généralement confinées à des rôles traditionnels et avaient des droits limités. En ayant plus de pouvoir que la femme, l’homme pouvait exercer son pouvoir comme il l’entendait. Si une femme se mettait à porter atteinte à son mari, même en proliférant des menaces, son acte pouvait avoir des conséquences graves. Toutefois, dans notre société contemporaine, le pouvoir entre la femme et l’homme étant plus équilibré qu’à l’époque, nous pouvons avoir des foyers où l’homme se retrouve à avoir ce statut de dominé. D’autre part, il est intéressant de pouvoir faire un rapprochement entre le personnage de Jeannette et de Jeanne d’Arc. En effet, cette dernière a su avoir un impact significatif sur la société française du XVe siècle, et ce, malgré les limitations des femmes dans cette société médiévale. On peut donc supposer que l’auteur de cette farce a voulu faire un clin d’œil à celle qui, durant la guerre de Cent Ans, est devenue une figure emblématique de l’histoire française.

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