Littérature

Le Clézio, Mondo et autres histoires, Les Bergers : résumé, personnages et analyse

Page de garde de la revue analytique sur Les Bergers de Le Clézio (Mondo et autres histoires), incluant un aperçu, une analyse des personnages et une étude critique.
Ecrit par Les Résumés

Les Bergers est une nouvelle écrite par Jean-Marie-Gabriel Le Clézio, c’est la dernière œuvre du recueil de nouvelles Mondo et autres histoires. Cette histoire aborde les thèmes de la sédentarité et du nomadisme à travers les aventures de Gaspar et les bergers dans un désert. Explorons cette œuvre du XXème siècle qui nous invite à sortir de notre zone de confort afin de ressentir le monde et la nature.

Résumé détaillé de Mondo et autres histoires – “Les Bergers” de Jean-Marie Gustave Le Clézio

La Rencontre

Gaspar, un jeune garçon, est complètement perdu dans un paysage désertique de dunes et de sable. En escaladant un mur de pierres, il découvre un groupe de quatre enfants parlant une langue étrange et inconnue. Malgré la barrière linguistique, ils commencent à jouer ensemble et Gaspar essaie de les connaître en leur donnant des noms : l’aînée s’appelle Abel, ses deux frères sont Augustin et Antoine et leur sœur, la petite Khaf. Ensemble, ils emmènent le troupeau composé de moutons noirs, de chèvres et d’un grand bouc noir, tout en éloignant les chiens sauvages à l’aide de pierres et de frondes. À la nuit tombée, ils se reposent près d’un feu et Gaspar est emmené par Abel pour chasser un lièvre qu’ils font rôtir et partagent avec les autres enfants. Cette expérience enchante Gaspar.

La Vallée de Genna

Ils arrivent dans la vallée de Genna où Gaspar est émerveillé par la beauté du paysage. Ils construisent une maison en utilisant des matériaux naturels et passent leurs journées à observer leur troupeau de chèvres. Avec l’aide d’Abel, Gaspar apprend à fabriquer une fronde et ils chassent et cueillent pour survivre, trouvant du bonheur dans les choses simples de la vie. Gaspar se lie d’amitié avec Khaf et rencontre un magnifique oiseau blanc dans un marécage, qu’il identifie comme le roi de Genna. Malgré les défis auxquels ils sont confrontés, les enfants trouvent de la joie dans leur vie à Genna.

Gaspar, Khaf et leur ami Augustin passent leur temps à garder les chèvres et les moutons dans la plaine d’herbes de Genna. Augustin s’occupe en particulier du grand bouc noir Hatrous, avec qui il a une relation spéciale. Ils observent les animaux et les étoiles dans le ciel nocturne, Augustin partageant son savoir sur les étoiles avec Gaspar. Le grand bouc noir est également décrit comme ayant une sagesse et une connaissance de la terre qui est transmise à Augustin et aux autres animaux de la plaine. La vie dans la plaine de Genna est paisible et isolée, mais les enfants y trouvent de la compagnie avec leurs amis animaux et la beauté de la nature qui les entoure.

Gaspar explore la vallée, observe la nature et les insectes, et apprend de son environnement. Avec ses amis, il assiste aux danses de la petite Khaf et joue de la flûte. Ils découvrent également une ville de termites, où Gaspar se met à frapper contre les murs de terre rouge, mais la ville reste silencieuse. La vie dans la vallée est rythmée par la chaleur du soleil et le vent qui parle. Gaspar apprend beaucoup de son environnement, mais il réalise que ces connaissances ne sont accessibles qu’à ceux qui sont nés à Genna.

Par une nuit froide et silencieuse, Gaspar et Abel partent à la chasse à Nach, un serpent. La lumière de la lune est douce mais étrange et les enfants ressentent un froid intense. Ils marchent lentement à travers un paysage désertique parsemé de pierres et de broussailles, écoutant les bruits de la nature et guettant leur proie. Finalement, Gaspar voit Nach, le serpent, sur un arbre mort, et se fige de peur. Abel le rejoint et ensemble, ils dansent la danse de Nach, appelant le serpent à venir à eux. Nach s’approche, mais à la dernière minute, les enfants fuient, laissant derrière eux le serpent.

Retour à la réalité ?

Genna subit des changements drastiques : le soleil brille plus fort, la chaleur devient insupportable, des étincelles jaillissent des pierres et l’électricité charge l’air. Les animaux quittent la vallée, laissant les enfants épuisés et affamés. Les jeunes bergers, Abel et Gaspar, se rendent au marais où réside l’oiseau blanc, souverain de la vallée. Abel essaie de le tuer avec sa fronde, mais Gaspar l’arrête en le faisant tomber dans la boue. Se sentant menacé, Gaspar décide de s’enfuir et se réfugie dans une crevasse rocheuse pour dormir. Réveillé par une tempête de sable, il trouve abri dans une cabane.

Une fois la tempête apaisée, Gaspar découvre que la vallée de Genna a disparu et que tout a changé. Il suit une route menant à un village de briques rouges, songeant aux autres enfants et à leur vie dans le désert. Arrivé à un poste de police, il se présente comme Gaspar et explique qu’il est perdu.

Présentation des personnages

Gaspar est un jeune garçon de la ville symbolise la rencontre entre deux mondes distincts, à savoir la sédentarité et le nomadisme. Ce jeune garçon a fugué de sa ville et se retrouve par hasard au milieu du désert, évoluant dans un paysage désertique. C’est dans ce contexte qu’il rencontre un groupe de quatre enfants nomades, les bergers, avec lesquels il noue une relation singulière basée sur la communication silencieuse et les sensations auditives. Ce mode de communication transcende les barrières linguistiques et culturelles, soulignant ainsi l’universalité des émotions humaines et la possibilité de tisser des liens profonds malgré les différences. Gaspar illustre la quête d’identité et de liberté, ainsi que le désir de s’émanciper des contraintes du monde moderne. Sa rencontre avec les bergers lui permet de découvrir un mode de vie alternatif, basé sur la communion avec la nature et l’écoute de soi-même. À travers cette expérience, Gaspar prend conscience de l’importance de l’eau, un élément vital et magnétique, qui joue un rôle central dans l’existence des bergers et le développement de leur relation avec Gaspar.

Les quatre enfants (les Bergers) sont nomades et contrastent avec la vie de Gaspar qui lui vient de la ville. Malgré le fait qu’ils ne parlent pas la même langue que Gaspar, les enfants arrivent à se comprendre par le biais de la communication non-verbale. Même s’il ne connaît pas par leur nom, Gaspar leur attribue des noms : Abel, l’aîné, Augustin et Antoine, les deux frères, et la petite Khaf. En leur compagnie, Gaspar explore un monde nouveau dans lequel il est en phase avec la nature. Ces enfants l’aident à se recentrer sur lui-même et à vivre des expériences sensorielles particulières.

Analyse de l’oeuvre

Les Bergers de cet auteur français est une œuvre qui explore les thèmes de la nature, du nomadisme et de la quête d’identité à travers le personnage principal, Gaspar, un jeune garçon qui intègre une communauté de bergers nomades. Le Clézio décrit en détail la flore et la faune, ainsi que les interactions entre Gaspar et les bergers. Ces dernières s’articulent autour d’une communication non-verbale qui permet de transcender la barrière de la langue et de profiter de la beauté du silence que Le Clézio considère comme étant un élément essentiel de la condition humaine. Ce mode de communication avec les bergers, transmet à Gaspar le goût de cette culture à la fois réelle et rêvée. Par le biais de leur musique, de leur danse et de leur voix, les bergers communiquent leur philosophie de vie à Gaspar. En s’immergeant dans la vie de ces bergers, Gaspar parvient à devenir un membre actif de leur communauté nomade.

Il y avait beaucoup de choses à apprendre, ici à Genna. On ne les apprenait pas avec les paroles, comme dans les écoles des villes ; […] On les apprenait sans s’en apercevoir, quelquefois très vite, comme une pierre qui siffle dans l’air, quelquefois très lentement, journée après journée. […] On ne savait pas bien comment elles venaient […] Il suffisait de les voir […] Mais Gaspar savait bien que les gens d’ailleurs ne pouvaient pas les apprendre. Pour les apprendre, il fallait être à Genna, avec les bergers“. Ici, Le Clézio rompt avec les institutions scolaires et les apprentissages qu’elles délivrent. Il tente de démontrer que les réelles connaissances ne s’apprennent pas, elles sont en nous et pour les connaître, il suffit de faire le vide en nous. En ce sens, Gaspar est en quête de sens et d’identité. Son intégration dans la communauté des bergers est une manière pour lui de se trouver et de se reconnecter à la nature et à ses racines.

Ainsi, on peut établir une distinction entre les termes “savoir” et “connaître“. Le verbe “savoir” implique une connaissance ou une compréhension intellectuelle d’un sujet ou d’une compétence. Il est souvent utilisé pour décrire une connaissance théorique ou abstraite, néanmoins, ce “savoir” reste intellectuel. Le verbe “connaître“, quant à lui, implique une familiarité personnelle ou pratique avec quelque chose ou quelqu’un. S’il est souvent utilisé pour décrire une connaissance plus concrète, il peut être rapproché au verbe “ressentir” dans la mesure où la connaissance peut être acquise par l’expérience personnelle et pratique. Cette connaissance intuitive et personnelle est bel et bien ce qui est décrit dans Les Bergers. Toutes les expériences sensorielles de Gaspar font naître en lui de nouvelles connaissances qui lui permettent d’observer le monde avec un autre regard. De plus, il est intéressant de noter que certaines connaissances acquises par Gaspar, notamment les secrets du monde, lui sont enseignées par Hatrous, un grand bouc noir. Cela souligne l’importance de la nature pour amener l’être humain à une meilleure compréhension du monde et de lui-même. Plus il s’adapte à la vie dans le désert, plus il comprend que son retour dans la ville lui sera difficile.

Ainsi, l’histoire de Gaspar dans Les Bergers peut être interprétée comme une allégorie du changement, suggérant de remettre en cause les valeurs et les normes établies afin de tracer son propre chemin dans un univers en perpétuelle mutation. Originaire de la ville, Gaspar considère la nature comme magnifique et sans danger. Toutefois, il réalise que celle-ci peut se montrer impitoyable, grâce aux connaissances des bergers qui sont familiers avec ses périls, tels que la famine et les conséquences nocives du soleil. Gaspar nous rappelle que la vie est constituée de rencontres inattendues où les découvertes contribuent à notre croissance et à notre épanouissement. Le Clézio nous encourage à quitter notre zone de confort afin d’explorer l’inconnu et de dévoiler pleinement notre potentiel en tant qu’être humain.

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