Créée en 1737 par Marivaux, un auteur français, cette comédie en trois actes et en prose n’a reçu son succès qu’après la mort du dramaturge.
Résumé scène par scène de la pièce en trois actes
Acte 1
Dès le début de cet acte, nous faisons la connaissance des deux protagonistes les plus importants dans ces « fausses confidences ». Dorante, jeune homme de bonne famille mais ruiné, et Dubois, son ancien valet. Dubois a mis en place un stratagème pour que Dorante puisse épouser Araminte.
Après s’être fait engager au service d’Araminte, Dubois réussit à faire entrer Dorante dans la maison grâce aux recommandations de l’oncle de celui-ci, Monsieur Rémy.
Cependant, dès les premières scènes, Dorante fait la connaissance de Marton, la jeune fille au service d’Araminte, la dame qu’il a prévu d’épouser. L’oncle de Dorante, Monsieur Rémy, travaillant lui aussi dans la demeure, présente les deux jeunes gens et, puisque Dorante est agréable aux yeux de Marton, décide sur-le-champ de les fiancer.
Peu après, Dorante est présenté à Araminte, et celle-ci accepte de l’engager comme intendant, lui permettant même d’avoir son propre valet, Arlequin. Madame Argante, la mère d’Araminte, vient plus tard faire la connaissance de Dorante, le mettant dans la confidence qu’elle souhaite que sa fille épouse le Comte Dorimont. En effet, des terres appartenant à sa fille vont faire l’objet d’un procès qu’elle risque de perdre, et pour ne pas en arriver là et pour qu’elle intègre la noblesse, il faut qu’elle se marie au Comte ; elle demande alors à Dorante de l’aider à convaincre Araminte d’accepter cette union, mais il refuse.
Marton explique alors à Dorante que si Araminte épouse le Comte Dorimont, elle recevra 1000 écus d’or ; et puisqu’ils sont fiancés, Dorante en profitera autant qu’elle. Araminte vient ensuite parler à Dorante de cette histoire de mariage que sa mère essaie d’arranger. Il lui dit qu’il est au courant mais qu’il est de son côté, et elle le remercie de sa loyauté.
Un peu plus tard, Dubois vient s’entretenir en privé avec Araminte. Il lui explique qu’il travaillait auparavant pour Dorante, mais qu’il a préféré prendre son congé dès que son maître est devenu fou. Il prétend que Dorante est « fou d’amour » pour elle depuis plus de 6 mois, et qu’il a maintenant réussi à se faire embaucher à son service. Araminte le prie de garde le secret et souhaite congédier Dorante. Elle explique alors à Dorante qu’elle va rencontrer l’autre intendant qui lui était destiné, envoyé par le Comte Dorimont.
Nous apprenons alors que cette conversation fait partie du plan de Dubois et de Dorante, pour faire planer des soupçons d’amour autour d’Araminte. Dubois va alors révéler à Marton que Dorante est épris de sa maîtresse.
Acte 2
Araminte et Dorante ont une conversation dans laquelle elle lui expose qu’elle a décidé d’épouser le Comte Dorimont, même si cela l’afflige. Dorante essaie de lui expliquer de ne pas le faire, mais elle le rassure quant à sa place : s’il devait être congédié, elle lui en trouverait une meilleure.
C’est alors que Monsieur Rémy vient les interrompre car il a rencontré une femme prête à épouser son neveu : une femme riche, qui a 15 000 livres de rente. Dorante refuse car il a « le cœur pris » et son oncle s’irrite. Marton est touchée, persuadée que c’est elle qui occupe le cœur de Dorante.
Le Comte Dorimont arrive à ce moment-là, et explique à Marton qu’il est déçu qu’Araminte n’ait pas choisi l’intendant qu’il avait trouvé pour elle. Dorante en profite pour quitter la salle.
Arlequin vient prévenir qu’un homme veut leur parler et le fait entrer. Le Garçon, un joaillier, dit devoir remettre à un homme dont il ne se souvient plus du nom, une boîte qu’il a fait faire, contenant le portrait d’une femme. Marton, tout heureuse, est persuadée que la boîte est pour Dorante et que le portrait est d’elle. Les autres partent, et Dorante aperçoit Marton avec la boîte entre les mains. Nous comprenons alors que la troisième partie du plan est en marche.
Madame Argante vient s’enquérir auprès de Marton de ce portrait, que le Comte Dorimont lui a rapporté être le sien. Marton explique que c’est un portrait d’elle-même et que la boîte a été commandée par Dorante. Les autres ne la croient pas, et elle ouvre alors la boîte, révélant un portrait d’Araminte.
C’est le moment que Dubois choisi pour se quereller avec Arlequin – Dubois explique alors à Madame Argante qu’en nettoyant l’appartement de Dorante, il a découvert un tableau d’Araminte. Madame Argante demande à ce que ce tableau soit enlevé aussitôt, et à ce qu’on congédie Dorante qu’elle trouve bizarre.
Araminte va alors trouver Dubois pour discuter de cette histoire de tableau, et il lui apprend que Dorante n’est fiancé à Marton que parce que Monsieur Rémy en a décidé ainsi, et qu’il n’a pas osé faire de la peine à la jeune fille. Il lui dit aussi que c’est bien Dorante qui a fait réaliser la boîte contenant son portrait. Araminte décide alors de tendre un piège à Dorante pour lui faire avouer ses sentiments pour elle.
Il arrive alors, se plaignant d’être persécuté par tous les autres et disant avoir peur d’être congédié alors qu’il a tout quitté pour être avec elle. Araminte lui dit que pour que cela cesse, il doit les brosser dans le sens du poil : elle lui demande alors d’écrire une lettre au Comte Dorimont de sa part, acceptant de se marier avec lui.
À ce moment-là arrive Marton, apprenant à Araminte que Dorante souhaite l’épouser mais qu’elle aimerait pour cela que Araminte lui donne sa permission. Après le départ de Marton, Dorante explique à Araminte que toute cette histoire de mariage n’est qu’une méprise due à son oncle, Monsieur Rémy, qui s’est mis en tête de les marier.
Dorante dit qu’il en aime une autre, et à force de questions et grâce à la boîte contenant le portrait d’elle, elle finit par le faire avouer qu’il est épris d’elle. Honteux, il se jette à ses genoux et elle le congédie.
Elle dira à Dubois que Dorante ne lui a rien avoué, et Dubois donne rendez-vous à Dorante dans le jardin.
Acte 3
Ce dernier acte révèle le stratagème mis en place par Dorante et Dubois.
Après que Dorante ait écrit la lettre, Dubois le retrouve dans le jardin et la récupère, disant à Dorante de la faire amener à l’adresse par Arlequin. Dorante éprouve quelques réserves, ne souhaitant pas achever le plan trop tôt, mais Dubois lui dit que d’après lui, Araminte est prête à tomber dans ses bras et à l’épouser.
Une fois Dorante parti donner la lettre à Arlequin, Marton arrive et, triste, révèle à Dubois qu’il l’avait prévenue quant à l’amour que Dorante éprouvait pour Araminte. Elle est déçue et souhaite faire renvoyer Dorante. Dubois lui propose alors de récupérer la lettre que Dorante a remise à Arlequin, pour parvenir à ses fins.
Un peu plus tard, nous retrouvons Madame Argante en compagnie du Comte Dorimont, de Marton et de Monsieur Rémy, à qui elle dit que son neveu ne lui plaît pas. Le ton monte entre les deux, Rémy ne laissant pas son neveu se faire insulter et Madame Argante refusant que Dorante, épris de sa fille, ne reste à son service.
Araminte arrive et demande l’objet de la querelle. Elle vient également informer sa mère et le Comte que l’homme qu’ils ont fait venir pour remplacer Dorante ne l’intéresse pas, et qu’elle ne le rencontrera pas. À ce moment-là Marton revient et apporte la lettre prise plus tôt à Arlequin, dans laquelle Dorante révèle ses sentiments pour Araminte. Cette dernière est choquée, mais elle ne veut toujours pas d’un autre intendant.
En partant, elle croise Dubois qui lui dit avoir vu Dorante abattu, pleurant et gémissant de devoir quitter la maison – il lui avoue aussi que c’est sur son idée que Marton a apporté la lettre de Dorante, et Araminte se sent trahie. Elle se fâche et le congédie. Dubois est ravi de voir que son plan fonctionne.
Marton vient demander son congé à Araminte qui le lui accorde, et elle lui dit qu’elle se sent triste d’en avoir voulu à Dorante alors que c’est son oncle Monsieur Rémy qui l’a faussée. Elles se réconcilient et Arlequin vient prévenir Araminte que Dorante souhaite lui parler.
Dorante vient pleurer de devoir partir sans plus aucune occasion de la revoir, et Araminte lui avoue ses sentiments pour lui. Choqué mais heureux, Dorante lui fait part du stratagème qu’il a élaboré avec Dubois depuis le début, car il ne souhaite pas la tromper davantage. Tout ce qui lui a été rapporté depuis le début n’était que des « fausses confidences ». Elle le pardonne, car il a décidé de lui avouer la vérité.
Madame Argante arrive avec le Comte Dorimont, Dubois et Arlequin. Furieuse de voir que Dorante est toujours là, elle s’en prend à sa fille. Araminte dit alors qu’elle a finalement décidé de ne pas épouser le Comte Dorimont, et celui-ci admet qu’il l’avait déjà compris en voyant qu’Araminte était en train de tomber amoureuse de son intendant.
Présentation des personnages
- Dorante : jeune homme de bonne famille, malheureusement ruiné, il est âgé d’environ 29 ans. Amoureux d4Araminte et neveu de Monsieur Rémy.
- Dubois : ancien valet de Dorante, aujourd’hui au service d’Araminte.
- Monsieur Rémy : oncle de Dorante, procureur.
- Marton : jeune fille au service d’Araminte.
- Araminte : jeune et riche veuve, âgée d’environ 35 ans, fille de Madame Argante.
- Madame Argante : mère d’Araminte.
- Le Comte Dorimont : noble, qui prétend à épouser Araminte.
- Arlequin : valet d’Araminte, il sera pendant la pièce celui de Dorante.
- Le Garçon : joaillier.
Analyse de l’œuvre
Les « fausses confidences » sont nombreuses dans cette pièce de théâtre. Surtout basées sur le langage, grâce à des conversations mensongères ou dans lesquelles on fait planer le doute, des on-dits ou des mensonges purs et durs, les objets sont aussi utilisés pour appuyer ces confidences : la boîte contenant le portrait d’Araminte, le tableau de celle-ci ou encore la fausse lettre de Dorante ; tout est fait pour mener les destinataires de ces objets et de ces paroles à croire ce que l’on veut qu’ils croient.
Si Dubois est le maître de ce stratagème, la majorité des personnages vont avoir recours à la fausse confidence durant la pièce (par exemple lorsque Araminte fait mine de vouloir épouser le Comte pour duper Dorante) et Marivaux joue aussi beaucoup avec les apartés. Ces « confidences » faites au lecteur ou au spectateur permettent de le rendre complice des manipulations qui se déroulent.
Le langage a une place prépondérante dans cette œuvre. Dubois sait s’en servir avec habileté, distillant ses histoires avec force de détails à Araminte ; celle-ci comprendra d’ailleurs que ces mots l’atteignent puisqu’elle lui dira plusieurs fois « Tais-toi donc, tais-toi ».
L’art de manier les mots et d’utiliser cette manipulation verbale sont au cœur de cette pièce, où l’être et le paraître ne cessent d’être ambigus.