Claude Gueux est un roman de Victor Hugo, un auteur français, paru en 1834 dans « La Revue de Paris ». Inspiré de faits réels, le texte est un véritable plaidoyer en faveur des déshérités conduits au crime par la misère et dédaignés par la société. Ce réquisitoire contre la peine de mort est symptomatique de la réflexion sur la place de Victor Hugo dans la vie politique et sociale.
Résumé de Claude Gueux de Victor Hugo
L’histoire de Claude Gueux commence à Paris en 1831. Modeste ouvrier de 36 ans, il vit en concubinage avec sa maîtresse et l’enfant de celle-ci. Bien que celui-ci soit habile et intelligent, il est malheureusement analphabète et sans éducation, mais travaille dur. Pendant un terrible hiver où le travail se fait très rare, la petite famille souffre du froid et de la faim. Pour subvenir à leurs besoins, Claude se met à voler. Son maigre butin permet à sa famille de manger et de se réchauffer pendant à peine trois jours. Pour ce vol, il va être condamné à cinq ans de travail, peine qu’il va purger à la Maison Centrale de Clairvaux.
Durant sa peine, Claude doit travailler le jour dans un atelier et passer la nuit dans un cachot. Son charisme et son regard lui attirent la sympathie des codétenus et forcent leur admiration. Il devient rapidement le chef des détenus. Les gardiens, jaloux de cette autorité, arrivent même à le détester. Le directeur des ateliers est un homme tyrannique qui abuse de son autorité. Malgré le fait qu’il reconnaisse les qualités d’ouvrier de Claude, il commence, lui aussi, à le haïr. Vigoureux et travailleur, Claude a un solide appétit, qu’il n’arrive pas à calmer avec la ration de la prison.
Albin, un jeune détenu fragile de 20 ans, propose à Claude de partager son repas avec lui. Cette proposition émeut profondément Claude. Entre les deux hommes se noue une relation de père et fils qui leur rend la vie carcérale plus supportable. Ils travaillent dans le même atelier le jour et dorment dans la même cellule le soir. Le directeur des ateliers, que tout le monde appelle M.D., voit cette amitié d’un mauvais œil. Il est d’ailleurs de plus en plus hostile à la popularité dont Claude jouit. Par jalousie et pure méchanceté, il décide de séparer les deux hommes.
Un matin, il convoque Albin et le transfère dans un autre quartier de la prison. Cette séparation provoque une amère déception chez Claude. Le lendemain soir, il parle à M.D. et plaide une première fois le retour d’Albin près de lui. Il lui parle du manque de nourriture et de l’accord tacite entre les deux amis. Il le prie chaque soir au moment de la ronde de faire revenir Albin, lui raconte leur amitié et le poids de la solitude. Mais M.D. reste sourd à ses sollicitations et refuse : pour lui, Albin a été changé de quartier, il est impossible de le faire revenir.
Claude ne se décourage pas et continue de plaider le retour de son ami. Certains prisonniers, compatissants, lui suggèrent de partager leur pitance, mais il repousse en souriant. Il a toujours un comportement exemplaire qui lui permet de rester très calme face aux brimades et aux provocations des gardiens de prison. Autant M.D. est têtu, autant Claude Gueux est déterminé.
Il prie quotidiennement M.D. de revenir sur sa décision, mais se heurte systématiquement à un silence obstiné ou à un refus. Tout le monde sent l’imminence d’un événement.
Le soir du 25 octobre, Claude Gueux lance un ultimatum à M.D. Il lui enjoint de lui rendre Albin avant 9 jours, c’est-à-dire avant le 4 novembre. Comme sa demande ressemble à une sommation, il se voit infliger une peine de 24 heures de cachot. Les neuf jours passent sans qu’il obtienne satisfaction. Il prépare alors une hache prise dans l’atelier et une petite paire de ciseaux qu’il a piochée dans ses affaires.
Le 4 novembre à sept heures du soir, Claude réunit ses camarades d’infortune dans l’atelier. Il glisse la hache dans son pantalon. Avec un visage serein, il annonce calmement à 27 prisonniers impassibles qu’il va tuer M.D. lors de sa visite quotidienne de huit heures. Il leur explique longuement les raisons de son geste à venir. Il promet toutefois qu’il va le supplier une dernière fois pour voir si son entêtement a fait place à plus de discernement. Avant l’entrevue fatidique, il embrasse ses compagnons dans de joyeuses accolades et leur fait don de ses maigres affaires, exactement comme s’il n’allait jamais revenir.
Un peu plus tard, le directeur des ateliers fait sa ronde quotidienne. Claude lui barre le chemin. Il lui répète sa sempiternelle sollicitation. Il essuie un énième refus. Il porte quatre coups de hache mortels sur la tête de M.D. Puis il se poignarde à 20 reprises à l’aide de la paire de ciseaux. Aucun coup n’atteint le cœur. Mais il s’écroule dans une mare de sang. Il ne reprend connaissance que bien plus tard dans une infirmerie tenue par des bonnes sœurs.
Claude Gueux survit et passe de longs mois où il manque plusieurs fois de succomber à la mort. Après quatre mois de convalescence, il comparait devant la Cour d’Assises de Troyes. Il fait preuve d’une attitude noble pour un homme sans éducation. Il rappelle le motif principal de son acte dans un discours vibrant. Il dit qu’il a été torturé moralement et que son geste est une réponse aux provocations qu’il a subies. Il avance également qu’il a mis fin à des humiliations provoquées au quotidien par un tyran qui abuse de son pouvoir. Cependant, les jurés ne se laissent pas convaincre et le condamnent à la peine de mort. Il rejette les offres d’évasion proposées par des âmes charitables et attend calmement la mort.
Sept mois après le crime, on vient lui annoncer son exécution. Celle-ci se déroule sur une place, un jour de marché. Claude monte sans peur sur l’échafaud et demande que sa ration du jour et ses ciseaux soient remis à Albin. Il arbore la même attitude noble et courageuse qu’il avait lors de son procès. Avant de mourir, il remet au prêtre une pièce de cinq francs que son infirmière lui a donnée, avec ces dernières paroles : « Pour les pauvres ».
Les personnages
– La femme et son enfant : ces deux personnages jouent un rôle capital dans l’histoire, car c’est en voulant essayer de les sauver que Claude Gueux a commis le vol. C’est en volant de la nourriture pour eux qu’il a fini par atterrir en prison.
– Claude Gueux : c’est le personnage principal du roman de Victor Hugo. À 36 ans, il est emprisonné pour vol et doit subir la peine maximale de cinq ans. Emprisonné à la Maison Centrale de Clairvaux, il parvient par sa lucidité et sa gentillesse à se faire accepter et respecter par les détenus. Jaloux de son charisme et de son amitié avec le jeune détenu Albin, le directeur des ateliers, M.D., lui mène la vie dure en le séparant de son ami. Le refus du directeur de faire revenir Albin dans son quartier initial a entrainé l’acte perpétré par Claude Gueux. Malgré sa lutte contre la peine capitale, il sera condamné à mort et exécuté sur une place publique.
– Albin : c’est l’ami fidèle de Claude Gueux. Malgré son jeune âge (20 ans), il se pose en protecteur de Claude et l’a souvent sorti de situations périlleuses en le sauvant de la faim.
– Le directeur des ateliers : de son nom Monsieur Delaselle, Victor Hugo fait référence à lui sous les initiales M.D.. C’est un homme antipathique qui n’accepte pas de trouver un compromis pour le problème de Claude Gueux.
– Les prisonniers : ils ont de l’admiration et de la considération pour la ténacité et le courage de Claude Gueux.
Analyse de l’œuvre
À la fin de l’histoire, Victor Hugo nous met face à un dilemme moral. Faut-il considérer Claude Gueux comme une victime ou un bourreau ? Après tout, il a enfreint la loi en volant, puis en tuant le directeur des ateliers.
Il est difficile pour nous de le considérer comme un criminel, vu qu’on connaît les nobles raisons qui l’ont poussé à agir ainsi. La présentation qu’on a de lui est celle d’un homme bon et droit.
Il n’a rien du « monstre impitoyable » dépeint par les tribunaux. L’écrivain n’hésite pas à le présenter comme un héros et ses opposants comme des êtres injustes et mauvais. Le roman met en lumière l’injustice sociale et la dénonce. Claude a volé du pain pour sauver la vie d’une femme et d’un enfant. Malgré sa grande bonté, la société reste intransigeante à son égard. Est-ce une raison suffisante pour le condamner ?
Dans ce roman, Victor Hugo évoque les problèmes de société du XIXe siècle. Le peuple a faim et froid. C’est la misère qui le conduit au crime. Pour ce peuple malade, la société n’utilise pas les bons remèdes. Et la justice se vautre dans l’injustice.
L’ouvrage est un véritable réquisitoire contre la peine de mort. Mais il correspond finalement à un hymne dédié aux déshérités qui sont les laissés-pour-compte de la société.