Le Chat noir est une nouvelle fantastique de l’auteur américain Edgar Allan Poe, le plus torturé du XIX° siècle.
Publiée pour la première fois en 1843 dans le journal The Saturday Evening Post de Philadelphie, elle a depuis été traduite dans de nombreuses langues, et notamment en français par Charles Baudelaire dans Nouvelles Histoires Extraordinaires.
Résumé de la nouvelle Le Chat noir d’Edgar Allan Poe
Dès le début de la nouvelle, le narrateur prévient le lecteur qu’il n’espère pas être cru, car il sait que l’histoire qu’il va raconter est difficile à croire. Lui-même, dit-il, a du mal à y croire. Il précise pourtant qu’il n’est pas fou.
Cependant, puisqu’il doit mourir demain, il souhaite « décharger son âme » et conter une histoire qui l’a terrifié. Il pense que d’autres personnes pourraient y trouver une logique ou une explication.
Il raconte avoir toujours été gentil et docile lorsqu’il était enfant, étant même le « jouet de ses camarades ». Ses seuls véritables amis étaient les animaux, que ses parents l’autorisaient à avoir et avec qui il passait le plus clair de son temps. Cet amour des animaux a perduré jusqu’à l’âge adulte, et il eut de la chance de se marier jeune avec une femme qui les aimait tout autant que lui.
Ils eurent beaucoup d’animaux : « des oiseaux, un poisson doré, un beau chien, des lapins, un petit singe et un chat » (en italique dans le texte). Ce chat était complètement noir, très beau et très sagace. Il se rappelle que son épouse disait que les chats noirs étaient des sorcières déguisées. Le chat s’appelait Pluton, et il le suivait absolument partout.
Au fil des années, il révèle que son caractère a changé. Devenant « plus morne, plus irritable », il devient peu à peu odieux, grossier et brutal, notamment avec sa femme qu’il bat. Le narrateur dit que les animaux le ressentent, mais que le chat noir est le seul d’entre eux qu’il ne maltraite pas.
Il identifie son mal comme étant l’alcool.
Une nuit alors qu’il rentre très alcoolisé au gin, il veut prendre son chat dans ses bras mais celui-ci ne se laisse pas faire et le mord. Pris de colère et d’une « méchanceté hyperdiabolique », il sort un canif de sa poche et entreprend de faire sauter l’un des yeux de son chat, lui laissant une orbite béante.
Bien qu’il ressente du remords au matin, d’après ses dires, il avoue continuer de boire (ayant remplacé le gin par du vin) et perdre peu à peu de sa culpabilité. Le chat est guéri, cependant il évite son maître et celui-ci se sent attristé. Tristesse qui va se transformer au fur et à mesure en irritabilité. Il explique alors que tous les hommes sont pareils : ils ont un esprit pervers. C’est humain, tous les hommes ont déjà défié La Loi un jour d’après lui. C’est pour cela qu’un matin, les yeux remplis de larmes, il décide de réaliser un nœud coulant et de pendre son chat à un arbre sur son terrain. Il dit savoir que c’est un péché, mais le faire justement pour cette raison.
Dans la nuit, il se réveille et découvre sa maison en proie à un incendie. Seuls le narrateur, sa femme et un domestique en réchappent, la maison étant décimée et toute sa fortune engloutie. Il tombe alors en dépression. Bien qu’il dise ne pas essayer de chercher de relation entre le meurtre de son chat et l’incendie de sa maison, il raconte qu’en allant inspecter les ruines, seul un petit mur est resté debout. Petit mur sur lequel se dessine l’image parfaite d’un chat avec une corde autour du cou.
Sa terreur passée, son explication est celle-ci : voyant l’incendie, quelqu’un a décroché le chat de l’arbre puis l’a envoyé dans la maison pour en réveiller les propriétaires. Le cadavre du chat se serait alors coincé entre deux murs, laissant ainsi une empreinte sur le petit mur.
Hanté pendant des mois, il passe à autre chose et commence à chercher un nouveau chat. Dans un bar qu’il fréquente, il en rencontre un : il ressemble fortement à feu Pluton, exception faite d’une tache blanche « de forme indécise » sur sa poitrine. Lorsqu’il le touche, le chat ronronne et se frotte à lui. Puisqu’il n’a pas de maître, le narrateur dit que le chat le suit jusqu’à chez lui, s’y installe et est immédiatement adoré par sa femme. Par ailleurs, le nouveau chat a un œil en moins lui aussi.
Finalement, il avoue que petit à petit une haine envers le chat s’installe. Bien qu’il ne le batte pas au début, encore sous le coup de la honte de ce qu’il a fait à Pluton, il le méprise et le fuit comme la peste. Le chat continue pourtant d’adorer son maître et de le suivre partout. Le narrateur explique que l’une des raisons pour lesquelles il hait ce chat est qu’il en a très peur. En effet, la marque blanche sur sa poitrine s’est peu à peu définie et précisée, pour révéler celle d’une corde, d’un gibet.
Le caractère du narrateur change encore au fil du temps, et il se met à avoir « les plus sombres et les plus mauvaises de toutes les pensées » ; de triste il devient haineux, et sa femme est celle qui subit le plus, puisqu’il la bat sans raison quotidiennement.
Il raconte qu’un jour, sa femme l’accompagne à la cave pour y chercher quelque chose, et que le chat décide de le suivre. Manquant de trébucher sur l’animal, il attrape une hache et tente de le tuer. Sa femme l’en empêche, et c’est ainsi qu’il la tue d’un coup de hache dans le crâne.
Très lucide, il réfléchit à plusieurs manières de se débarrasser du cadavre, puis décide de l’emmurer dans la cave. Il y parvient sans peine grâce aux murs peu solides et pas terminés de la pièce, et découvre que le chat a disparu. Satisfait et soulagé de l’absence de l’animal, il dit passer une très bonne nuit malgré le crime qu’il vient de commettre.
Toujours aucune trace du chat les deux jours suivant le meurtre, et il se sent libre, débarrassé de son « bourreau ».
Au quatrième jour, la police vient effectuer une investigation plus poussée des lieux. Le narrateur est très confiant, même lorsque les policiers inspectent la cave. Pris d’un excès de confiance, il va alors en rajouter en disant que les murs de sa maison sont bien maçonnés et va frapper l’un d’eux avec sa canne.
C’est à ce moment qu’un hurlement atroce se fait entendre, venant du mur lui-même, qui fait défaillir le narrateur et qui terrifie les policiers pendant un instant. Les investigateurs décident alors de casser le mur et ce qu’ils découvrent est abominable et glace le sang du narrateur : le cadavre de son épouse, et, sur sa tête, le chat qui miaulait pour qu’on le libère. « J’avais muré le monstre dans la tombe ! » En emmurant sa femme, il avait emmuré le chat, qui cause sa perte.
Présentation des personnages
- Le narrateur : enfant gentil, il sombre dans l’alcool à l’âge adulte et devient un homme triste, pervers et violent ;
- La femme du narrateur : très douce et très aimante, autant envers son mari que ses animaux, elle se fait régulièrement battre par le narrateur jusqu’à sa mort violente ;
- Pluton : le premier chat noir du narrateur et de sa femme. Très câlin et adorant son maître, il va finir par subir sa colère et sa folie ;
- Le deuxième chat noir : il n’a pas de nom, mais il ressemble presque parfaitement à Pluton. Il causera l’horrible fin de la nouvelle ;
- Les policiers : chargés de mener l’enquête sur la disparition de l’épouse du narrateur, ils vont être aidés par le deuxième chat noir pour l’élucider.
Analyse du texte
Cette nouvelle est une critique de l’alcool. Il est la source de bien des méfaits, et cause la perte d’énormément de gens.
Le narrateur de cette histoire, que beaucoup ont assimilé à Edgar Allan Poe (celui-ci souffrant aussi d’alcoolisme), devient alcoolique pour une raison inconnue puisque tout semblait lui sourire. En consommant beaucoup trop de gin et de vin, il finira par avoir des sautes d’humeur, des accès de colère et de violence, et à sombrer peu à peu dans la folie.
On découvre qu’il a des moments de lucidité, comme lorsqu’il se rend compte que ses actes sont abominables, et que très rapidement il perd à nouveau la raison et se laisse aller à commettre les pires atrocités : il bat sa femme, tue son chat puis enfonce une hache dans le crâne de son épouse aimante.
La folie ainsi que le mal progressent petit à petit au fil de l’histoire. Le narrateur passer d’une violence gratuite – enlever l’œil de Pluton à coup de canif par exemple – à crime complètement volontaire. Il éprouve des remords, mais ils semblent n’être que temporaires. La folie s’apparente à une sorte de schizophrénie, maladie résultant très souvent d’une trop grande consommation d’alcool.
Autre fait intéressant dans la nouvelle de Poe, le choix du nom pour le chat noir. Pluton était le dieu romain des enfers et de la mort. Avec cette information, il est possible dès le départ de comprendre la tournure que vont prendre les événements.