Littérature

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, Le Sanctus : résumé, personnages et analyse

Ecrit par Les Résumés

Le Sanctus est une nouvelle écrite par E.T.A Hoffmann,  un auteur prussien, que l’on retrouve dans son recueil : Contes nocturnes. Explorons cette nouvelle du 19ème siècle ensemble.

Résumé détaillé de Le Sanctus de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann

Le catarrhe de Bettina

Le maître de chapelle s’inquiète pour le catarrhe de Bettina, mais le docteur ne semble pas préoccupé par sa santé. Il finit par révéler que Bettina ne pourra plus chanter une note dans toute sa vie, ce qui met le maître de chapelle dans un état de désespoir. Il accuse le docteur de mentir et pense qu’il a été séduit par l’organiste de la cathédrale pour le nuire. Il est déterminé à poursuivre sa nouvelle messe malgré cette mauvaise nouvelle. Le docteur se défend en assurant qu’il ne connaît pas l’organiste de la cathédrale. Il assure que sa condition est incurable et que Bettina ne pourra plus jamais chanter. Le maître de chapelle est désespéré et demande au docteur de lui donner de l’opium pour la tuer, car, selon lui, Bettina ne vit que pour chanter et ne devrait plus vivre sans cela. Le docteur refuse cette demande et rappelle au maître de chapelle que parler d’empoisonnement et de meurtre n’est pas approprié.

Une mal inexplicable par la science

Le docteur qui la soigne explique que c’est un état bizarre étant donné qu’elle parle librement, mais dès qu’elle veut élever sa voix jusqu’au chant, quelque chose étouffe le son, ou l’arrête de manière à lui donner un accent. Il croit que cette maladie est plutôt psychique que physique. Un autre personnage, le voyageur enthousiaste, explique que la maladie de Bettina est la répercussion physique d’une impression morale et qu’elle est dangereuse. Il compare son état à un papillon qui s’est pris dans les fils d’un double clavicorde et qui, en se débattant, produit des sons délicats, mais finit par mourir.

Une explication plausible

Le voyageur explique que Bettina était très populaire pour sa voix et qu’elle chantait souvent dans les thés. Il a eu peur que Bettina puisse s’épuiser, mais cela n’arriva pas. Toutefois, une autre catastrophe est arrivée : Bettina perd sa voix lors d’un dimanche de Pâques de l’année dernière. L’auteur se rappelle qu’il se trouvait parmi les ténors et qu’il a vu Bettina quitter les chanteurs pour se rendre à une autre église. Il a cherché à plaisanter avec Bettina en lui disant que c’était un péché qu’elle puisse quitter l’église en plein milieu du Sanctus. Par la suite, la pauvre malheureuse a perdu sa voix.
Il se sent responsable de ce qui est arrivé à Bettina, car il croit qu’il est l’enchanteur qui a causé cette malédiction. Il exprime sa tristesse d’avoir involontairement causé le malheur de Bettina.

L’histoire du voyageur

L’histoire de Bettina a fait penser au voyageur une histoire qu’il avait lue. Le maître de chapelle souhaite écouter l’histoire, mais le docteur s’en va.
L’histoire racontée par le voyageur décrit un siège de Grenade par les Espagnols, dirigés par Isabelle et Ferdinand d’Aragon. Les Espagnols progressent lentement, mais sûrement, et Isabelle fait construire un grand édifice en bois pour servir de cloître et d’église au milieu du camp. Les combats sont décrits comme des tournois plutôt que des combats sanglants et les victimes sont honorées comme des martyrs de la foi.

Zuléma

Un jour, Isabelle entend une voix unique et harmonieuse chanter pendant un service religieux. Elle et son entourage sont surpris et elle devient curieuse à propos de la chanteuse. Après le service, elle va voir la supérieure de l’église, Dona Maria, pour demander des informations sur la chanteuse. Dona Maria explique qu’un mois plus tôt, le général Aguilar avait planifié une attaque sur une terrasse extérieure utilisée comme promenade par les Maures. Pendant l’attaque, Aguilar a capturé un groupe de femmes, parmi lesquelles se trouvait une jeune femme nommée Zuléma qu’il avait déjà vu chanter lorsqu’il s’acquittait d’une mission auprès du roi Boabdil. Aguilar a décidé de l’emmener à Grenade. Cependant, un prêtre, le Père Agostino Sanchez, lui a conseillé qu’il serait préférable qu’elle se convertisse au christianisme avant de retourner chez les Maures, et Aguilar a accepté de la garder pendant un mois pour voir si elle se convertissait. Dona Maria expliquait qu’au départ, Zuléma ne faisait que des chants terribles et sauvages jusqu’au jour où elle se mit à essayer de jouer les accords de leur chœur. Don Maria a remarqué que l’esprit de Dieu se manifestait dans son chant et que cela ouvrait son âme à la grâce. Sœur Emmanuela, la maîtresse de chœur, fut envoyée pour aider Zuléma à entretenir cette étincelle sacrée. Au fil des chants religieux qu’elles entonnent ensemble, Zuléma finit par trouver la foi. Elle n’a pas encore été baptisée, mais elle a été autorisée à louer le Seigneur grâce à sa voix.

Le drame de Zuléma

Zuléma s’est convertie et, après son baptême, on lui donna le nom de Julia. Cependant, après son baptême, elle continua à chanter des chansons maures qui dérangèrent les autres chanteurs dans le temple. Emmanuela lui demanda de résister à l’ennemi secret de son âme, mais Zuléma persista à chanter en maures. La reine accompagnée de ses principaux officiers se rendit à l’église des nonnes pour y entendre la messe. Un mendiant, qui était en réalité un prisonnier maure fou, était présent à l’entrée et essaya de s’enfuir lorsque les gardes l’abordèrent. Il sortit un cistre de sous son manteau et joua une mélodie étrange qui effraya tout le monde. Pendant la messe, une des nonnes, Julia, fut tellement touchée par la musique qu’elle quitta le chœur pour aller retrouver le mendiant. La supérieure la mit en garde contre les pensées mondaines et lui dit que sa voix se briserait si elle quittait l’église. Julia disparut et l’église s’enflamma peu de temps après. Les Maures profitèrent de la confusion pour attaquer l’armée chrétienne, mais ils furent repoussés. La reine ordonna alors de construire une ville sur les cendres du camp, annonçant ainsi aux Maures que le siège ne serait jamais levé.

Le baptême des Maures

Cette ville, qui fut bâtie, existe encore, il s’agit de Santa-Fé. Pendant la construction de cette cité, les Maures continuaient d’attaquer les Espagnols. Un jour, durant un combat, Aguilar s’est retrouvé en face de Hichem, le mendiant qui a brûlé l’église et enlevé Zuléma. Il expliqua à Aguilar que depuis que Zuléma était revenue chez les Maures, elle avait perdu sa voix. Aguilar souhaitait disputer un combat loyal contre Hichem, mais celui-ci prit la fuite.

Assiégés, les Maures ont fini par capituler et ont ouvert les portes aux Espagnols. Ferdinand et Isabelle entraient dans Grenade jusqu’au moment où les chrétiens furent chassés par un groupe de Maure dirigé par Hichem. Aguilar le suivit des yeux et lui planta son épée. Les Maures se réfugièrent dans une bâtisse pour se protéger et décochèrent des flèches pour tuer les soldats chrétiens. Aguilar prit la décision de brûler la maison qui protégeait les Maures. Toutefois, Aguilar fut bouleversé en entendant la voix de Zuléma. Cette dernière sortie avec les Maures, se dirigea vers la reine et tomba inanimée dans ses bras. Ce jour-là, tous les Maures acceptèrent de se faire baptiser.

Conclusion

Le docteur revient en leur expliquant que Bettina a entendu toutes leurs conversations. Il leur fait savoir que si son état empire, cela sera de leur faute. Le voyageur est enthousiaste et se dit que c’est une bonne chose, mais le docteur n’en est pas sûr. Huit jours plus tard, Bettina se remet à chanter le Stabat mater de Pergolèse.

Présentation des personnages

Le maître de la chapelle est un homme qui se retrouve embêté étant donné que Bettina se retrouve privée de sa voix. Il fait venir le docteur en pensant qu’il ne s’agit pas de quelque chose de grave comme un petit rhume. Dans un premier temps, il refuse le verdict du docteur puis lorsqu’il se rend compte que Bettina est condamné, il invite le docteur à la tuer. Lorsque le voyageur lui raconte une histoire plus “spirituelle”, cet homme d’église est plus enclin à le croire, du fait de ses fonctions. Il n’a qu’un seul souhait : que Bettina se remette à chanter.

Bettina est une chanteuse pour l’église qui fait des solos. Elle se retrouve privée de sa voix sans aucune explication. Toutefois, à la fin de l’histoire, elle écoutera l’histoire du voyageur et finira par retrouver la voix comme par “magie”. Son histoire est similaire à ce qu’a vécu Zuléma.

Le docteur vient examiner Bettina, mais il se retrouve dépassé par ce cas qui le laisse perplexe. Bettina est capable de parler, mais elle est incapable de chanter. Lorsque le voyageur explique qu’il pourrait être “responsable” de cette extinction de voix sans le vouloir, le docteur, symbolisant la science, s’offusque et décide de ne pas écouter l’histoire.

Le voyageur est un homme qui vient donner une autre possibilité sur le mal qui semble avoir pris possession de Bettina. Il raconte la plaisanterie qu’il a faite à Bettina en ce dimanche de Pâques (“Ne savez-vous pas, […], que quitter l’église pendant le Sanctus est un péché qui ne reste pas impuni ?”). Il pense alors que, sans le vouloir, il peut être responsable de l’état de Bettina. Pour illustrer ses propos, il se met à raconter l’histoire qui est arrivée à une autre chanteuse du nom de Zuléma. Le voyageur incarne une voie plus mystique et plus spirituelle, en opposition à la solution médicale apportée par le docteur. Il est décrit comme un personnage enthousiaste.

Isabelle d’Aragon est la reine d’Espagne qui assiège Grenade avec son époux Ferdinand d’Aragon. Un jour, elle entend une femme chanter, il s’agit de Zuléma. La reine deviendra la marraine de Zuléma lorsque celle-ci sera baptisée. Isabelle finit par entrer victorieuse dans Grenade et Zuléma tombera inanimée dans ses bras.

Aguilar est un général d’Isabelle d’Aragon qui a combattu de nombreux Maures et remportait de nombreuses batailles. Un jour, alors qu’il fait des prisonnières, il reconnaît Zuléma qu’il avait déjà entendu chanter. Il décide de la renvoyer parmi les Maures, mais le Père Agostino Sanchez lui suggère de la garder auprès d’eux un mois afin de voir si elle trouve la foi. Aguilar est un homme bon, loyal et courageux.

Zuléma est une chanteuse musulmane qui a une voix merveilleuse. Elle est faite prisonnière par Aguilar. Elle finit par être captive auprès des chrétiens. En chantant, elle trouve progressivement la foi et décide de se faire baptiser afin de se convertir au christianisme. Elle reçoit le nom de Julia. Lorsqu’elle quitte l’église pour rejoindre le mendiant, Emmanuela, tout comme le voyageur pour Bettina, la met en garde contre les conséquences qui pourraient survenir si elle déserte le seigneur. Elle se met donc à perdre la voix. Finalement, elle se met à la retrouver, permettant aux Maures d’avoir la vie sauve afin de pouvoir se faire baptiser. Son histoire est similaire à celle de Bettina.

Hichem est le mendiant que Zuléma choisit de suivre. C’est lui qui décide de brûler l’église. Il se retrouvera nez à nez durant un combat contre Aguilar et lui révélera que Zuléma est toujours en vie, mais que leur “Dieu” la prive de sa voix. Hichem est le personnage antagoniste d’Aguilar. Il a tendance à être plus fourbe et à fuir le combat. Il finit par être tué par Aguilar.

Analyse de l’oeuvre

Dans Le Sanctus, nous pouvons constater de nombreuses dualités.

Dans un premier temps, nous avons le personnage du voyageur qui est en totale opposition au docteur dans la mesure où nous voyons un affrontement entre l’examen médical symbolisé et donc par conséquent scientifique, symbolisé par le docteur, et une maladie qui serait due à un “enchantement, causé par le voyageur. Ce qui est intéressant dans ce passage, c’est l’absence de preuve par rapport au docteur. Il annonce que Bettina est atteinte de catarrhe, une “inflammation aiguë ou chronique d’une muqueuse, surtout dans les voies aériennes supérieures (nez, pharynx), avec hypersécrétion non purulente de ses glandes” (Larousse) et précise qu’elle ne pourra plus jamais chanter. Il annonce cela et c’est comme ça point à la ligne. Toutefois, le voyageur apporte une explication irrationnelle en illustrant ces propos. En poursuivant la lecture, nous sommes amenés à penser que cette explication irrationnelle est la plus plausible des deux. Par ailleurs, dans cette confrontation entre le docteur et le voyageur, nous avons un cas de figure où la science capitule, laissant la possibilité au surnaturel d’apporter une explication qui dépasse l’entendement.

D’autre part, nous avons deux personnages symboliques : Aguilar qui symbolise le christianisme et Hichem qui incarne le paganisme ainsi que deux peuples, les espagnols et les Maures. L’affrontement entre ces deux personnages met en lumière le combat entre Dieu et le démon. D’autre part, Zuléma perd la voix lorsqu’elle abandonne l’église au profit des Maures, mais elle la retrouve lorsqu’elle doit protéger les Maures d’une mort certaine afin qu’ils puissent être baptisés. Ainsi, à travers elle, c’est comme si Dieu avait un plan plus grand que ce qu’un simple mortel peut comprendre. Dieu a privé la voix à Zuléma pour qu’elle n’enchante pas les Maures, mais il lui redonne sa voix pour qu’elle leur sauve la vie. Grâce à cette action, on peut penser que Dieu s’est “incarné” en Zuléma pour qu’elle puisse attendrir la reine et le roi espagnols afin que les combats cessent. D’autant plus qu’après avoir sauvé la vie des Maures, Zuléma tombe inanimée dans les bras de la reine comme si la force qui la maintenait, c’était en aller.

Si Bettina et Zuléma ont toutes deux leur voix qui est coupée, la raison n’est pas pareille. Pour le cas de Zuléma, on peut y voir un plan de Dieu plus vaste tandis que pour Bettina, nous y voyons clairement une sorte de “punition”. Toutefois, nous sommes en droit de nous demander si Bettina ne s’est pas elle-même infligée ce “mal”. En effet, lorsqu’elle se met à écouter l’histoire, “l’enchantement” disparaît comme “par magie” et elle se remet à chanter comme si de rien n’était. Nous pouvons alors nous demander si les propos du voyageur n’ont pas été captés par Bettina, pensant qu’en quittant le sanctus avant la fin, elle avait pêché.

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