Littérature

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, Le coeur de pierre : résumé, personnages et analyse

Image du dossier de lecture de la nouvelle Le Coeur de Pierre d'E.T.A Hoffmann réalisé par LesResumes.com
Ecrit par Les Résumés

Le cœur de pierre est une nouvelle fantastique de E.T.A Hoffmann. Ensemble, explorons cette nouvelle du 19e siècle qui apparaît dans le recueil Contes nocturnes.

Résumé détaillé chapitre par chapitre de Le coeur de pierre de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann

Chapitre 1

Le narrateur décrit un château imposant qui se trouve à environ une demi-heure de marche de la petite ville de G… Il attire l’attention des voyageurs qui passent par là et est entouré d’un grand parc. Le narrateur encourage les lecteurs à visiter le château en se faisant passer pour une connaissance du propriétaire défunt, un conseiller à la cour de G… Reutlinger. Le narrateur décrit plusieurs pièces du château avant de nous propulser dans le jardin avec des allées larges et bordées de hautes murailles, des bosquets et des statues. Il mentionne le jardinier qui indique un bois en forme de cœur avec un pavillon central en marbre. Au milieu du pavillon, se trouve un cœur de pierre rouge foncé avec l’inscription “IL REPOSE“.

En 180_, le jour de la Nativité de la Vierge, avant que l’inscription ne soit marquée, un vieil homme, Maximilien (le conseiller aulique Reutlinger), et une vieille femme, Julie (la conseillère intime Foerd), discutent devant ce cœur de pierre. La vieille dame lui demande comment il a eu l’idée de faire construire ce pavillon pour servir de tombeau à son cœur. Le vieux monsieur explique que cela lui apporte une certaine consolation et un repos lorsqu’il se sent triste, étant donné qu’il a souffert de nombreux maux. La pierre, étant restée froide comme de la glace, elle rafraîchira l’ardeur qui consume son cœur. En contemplant ce cœur de pierre, la vieille dame pleure. Le vieux monsieur lui prend la main. Il lui révèle qu’il l’aime toujours et qu’il est triste qu’elle l’ait quitté à cause de son caractère intraitable et vindicatif. La vieille dame se défend en lui rappelant qu’ils se sont éloignés à cause de son caractère et de sa croyance en des pressentiments erronés. C’est pour cette raison qu’elle a préféré un autre homme plus doux et plus flexible.

Maximilien se plaint de ne pas pouvoir s’attacher aux autres, car il a un “cœur de pierre” et croit que toutes les relations finissent par se briser contre lui. Julie le contredit en disant qu’il est connu pour être un généreux bienfaiteur et un défenseur de la justice. Maximilien explique alors qu’il a une “faculté” qui lui permet de lire les signes cachés de l’univers, mais qui le fait souffrir en même temps. Il avoue avoir chassé son neveu adoptif, qui n’avait que six ans, car il croyait qu’il n’était qu’un “scélérat” qui voulait sa perte. En effet, il a retrouvé l’enfant, qui s’appelle Max, qui jouait avec une pierre rouge taillée en forme de cœur qui devait être utilisée dans la sépulture. Maximilien s’est emporté contre lui, l’a repoussé et ne l’a jamais revu. En voyant l’indignation de Julie, il lui explique que les décisions du destin ne sont pas compatibles avec les délicatesses féminines.

Chapitre 2

Une fête costumée

De nombreux vieux monsieur, accompagnés de leurs familles, sont rassemblés dans le jardin. Ils sont costumés à la mode de l’année 1760. Cette mascarade est organisée tous les trois ans par un certain Reutlinger pour célébrer la fête du vieux temps. Les deux personnages principaux, Ernest et Willibald, se rencontrent dans une allée écartée et se moquent mutuellement de leur apparence.
Willibald loue l’idée de se déguiser pour se rappeler les temps passés. Il annonce être très attiré par la plus jeune des filles du conseiller intime Foerd, Julie. Willibald fait une déclaration d’amour exagérée à Julie, mais Ernest l’interrompt en lui disant que Julie s’apprêtait à venir, mais qu’en l’entendant, elle a fui, pensant qu’il se moquait d’elle. Ernest demande à son ami d’éviter de le compromettre.

L’ambassadeur turque

Willibald estime que tous ceux qui l’évitent finiront par se réconcilier avec lui dans le futur. Il ne souhaite donc pas parler de ce genre de choses. Ernest et Willibald se dirigent vers un arbre étrange qui se révèle être un massif de sureaux avec des perruques poudrées à blanc suspendues à ses branches. Ils découvrent plusieurs vieux messieurs, tous dispos et alertes, en train de jouer au ballon sur une pelouse entourée de buissons fleuris. Le conseiller Reutlinger est particulièrement adroit pour lancer le ballon. Soudain, on entend une musique discordante de fifres aigus accompagnés de tambours. Les joueurs s’interrompent immédiatement et remettent leurs habits et perruques.

Ernest se demande ce qui se passe et Willibald lui annonce que le baron d’Exter, qu’il surnomme l’ambassadeur turc du fait de son ancienne activité au sein de Constantinople, va faire son entrée. Il explique que sous ses airs grotesques, le baron d’Exter a ce quelque chose de mystique et de surnaturel, ce qui pourrait expliquer sa liaison intime avec Reutlinger. Tous deux sont des partisans de Mesmer.
Ils arrivèrent à la grille pour apercevoir l’arrivée du baron et de sa suite dont les membres “étaient noircis de suie pour représenter les esclaves africains”. Le baron d’Exter était accompagné du général de Rixendorf, le commandant de la ville de G…

L’arrivée de Harscher

Reutlinger, donne l’accolade au baron, Exter, qui ôte son turban. Pendant ce temps, un conseiller de commerce, Harscher, descend d’un cerisier en chantant. Il a passé sa jeunesse en Italie et est un amateur passionné de musique. Il est également fumeur de tabac d’Espagne. L’ambassadeur turc est accueilli chaleureusement et une jeune fille, Julie Foerd, s’approche du conseiller de commerce pour lui baiser la main. Cependant, l’ambassadeur s’interpose en s’écriant “Folies ! Extravagances ! “. Il embrasse la jeune fille, marche accidentellement sur les pieds du conseiller Harscher et entraîne Julie à l’écart.

L’histoire du chien des mers

Willibald se met à rire lorsqu’il comprend que l’ambassadeur turc est encore en train de raconter l’histoire du chien de mer à Julie “pour la millième fois”. Willibald la raconte à Ernest qui ne la connaît pas. Willibald lui raconte que l’ambassadeur Willibald possédait un palais sur le rivage du Bosphore, avec un superbe escalier en marbre de Carrare qui menait à la mer. Un jour, Exter était en méditation sur la galerie lorsqu’il a vu un chien de mer monstrueux arracher un jeune enfant des bras de sa mère. Il est descendu rapidement pour aider la femme en détresse. Il a avancé sur la dernière marche et a crié : “Apporte !” Le chien de mer est alors apparu avec l’enfant en sécurité dans sa gueule, qu’il a déposé aux pieds d’Exter. Il a ensuite plongé de nouveau sous l’eau sans attendre de remerciement.
Pour le remercier d’avoir sauvé son enfant, la femme turque a récompensé l’ambassadeur turc en lui donnant un petit saphir qui s’est révélé être le sceau du grand Ali.

La visite inopportune de Max

Après avoir raconté l’histoire, Ernst et Willibald se dirigent vers un cercle de personnes qui regardent une petite femme en costume bariolé qui sautille et chante qui n’est autre que la sœur aînée de Julie. Celle-ci commence à importuner les deux amis qui finissent par retrouver l’ambassadeur turc qui les amène dans le salon. Les convives assistent à des musiciens jouant ensemble sur des instruments tels que le piano, le violon, le théorbe et chante une grande scène italienne d’Anfossi. Tout à coup, la porte du salon s’ouvre brusquement et un jeune homme bien vêtu et de jolie tournure entre dans la pièce, troublé et hors d’haleine, il se jette aux pieds du général Rixendorf en disant qu’il l’a sauvé et qu’il ne sait comment le remercier. Le général paraît embarrassé et emmène le jeune homme dans le jardin pour le calmer.

La scène cause une surprise générale et tout le monde reconnaît que ce jeune homme est le secrétaire du conseiller intime Foerd, Max. Le conseiller intime Foerd ne sait pas ce qui est arrivé à Max, mais il compte en savoir plus. Il sort, suivi de Willibald. Les trois filles du conseiller agissent chacune de façon différente. Julie se met à tourner le dos à la société en laissant échapper quelques larmes. Clémentine continue de chanter le refrain et Clémentine s’exprime avec une “emphase affectée” tandis qu’elle tient fermement la main d’un jeune homme blond qui semble plus intéressé par le vin et le morceau de gâteau que par la citation.

Les péripéties de Max

Willibald est de retour dans le salon et les gens le questionnent. Il prétend ne rien savoir et se met à poser certaines questions sur Max aux gens présents dans le salon. Tous affirment que Max est connu pour être bien élevé, talentueux et subtil. Willibald raconte l’histoire.

Un jeune maître tailleur célébra sa noce avec pompe. Jean, le domestique d’un conseiller intime, fut désespéré en pensant à la présence de la jeune Henriette à la noce. Il décida de se rendre à la noce en tenue de soirée, mais il fut admis à la condition qu’il danse avec toutes les femmes que personne ne voulait. Henriette, qui fut engagée pour toutes les danses, oublia ses promesses pour danser avec lui. Cela entraîna une altercation générale et Jean fut finalement jeté en bas de l’escalier par les compagnons tailleurs. Il fut sauvé par Max qui s’engagea à lui rendre justice pour l’injure reçue.

Willibald explique que Max a eu l’idée de dessiner un grand et superbe bouc. Il l’a donné à Jean qui la placardé sur la porte de l’auberge des tailleurs. Celui-ci a été l’objet de plaisanteries pendant un jour. Les gens ont commencé à se demander qui était l’auteur de la caricature et lorsque la corporation des tailleurs a rassemblé toutes les informations nécessaires, Max a été dénoncé comme étant l’auteur. Il risquait l’incarcération.

Acquitté grâce au général Rixendofr

Désespéré après avoir consulté vingt avocats qui ont tous refusé de l’aider, Max alla voir son protecteur, le général Rixendorf, qui lui dit qu’il ne sera pas sauvé par les avocats, mais par lui-même. En effet, il a reconnu que le dessin de Max était bien réalisé. Il le félicita pour la manière naturelle dont il avait dessiné les différentes figures.

Le général Rixendorf, lui montra une blague à tabac où le dessin qu’il avait créé était reproduit presque sans variation. À son procès, Max expliqua qu’il n’avait pas eu l’intention de blesser la corporation des tailleurs. Il avait simplement copié le dessin original existant sur la blague à tabac. Il ne savait pas comment son dessin avait pu être placardé, étant donné qu’il ne l’avait jamais montré à personne. Max fut acquitté. Les personnages réagissent différemment à l’histoire, Clémentine trouve cela trivial tandis que Julie est à nouveau enjouée.

Chapitre 3

Le lendemain, on retrouve le conseiller aulique inanimé dans le jardin. Tout le monde essaie de le réveiller en vain. L’ambassadeur turc le “magnétise” et il revient à lui. Il lui explique qu’il aurait dû le laisser dormir étant donné qu’il a vu sa prochaine mort. L’ambassadeur le rassure et le conseiller aulique fait en sorte que les festivités puissent reprendre avant de s’éclipser avec l’ambassadeur turc et le général Rixendorf dans une chambre éloignée.

Le conseiller aulique leur confie l’expérience troublante qu’il a vécu lorsqu’il s’est baladé dans le jardin. Il s’est vu lui-même avec trente ans de moins et a fini par s’évanouir. Il pense que cela est un signe et il va finir par mourir. Rixendorf décide de quitter la pièce et, quelque temps après, il ramène Max, son neveu. Celui-ci est habillé avec des habits à lui. Il lui explique qu’il l’a habillé ainsi afin que Max puisse profiter de ces moments de festivités avec eux. Rixendorf demande au conseiller aulique de faire la paix avec son neveu. Néanmoins, le conseiller campe sur ses positions, au plus grand malheur de Max qui s’indigne qu’il ait un cœur de pierre.

Le conseiller aulique s’aperçoit que Julie et Max sont amoureux. Il capitule. Les parents de Julie, le conseiller intime Foerd et la conseillère intime Foerd sont heureux pour leur fille. Ils veulent que le mariage se fasse au plus vite. Toutefois, l’ambassadeur turc estime que Max doit d’abord avoir du “vécu”. Aussi, lui et son oncle lui conseillent de se rendre à Constantinople. Max s’exécute et lorsqu’il revient après plusieurs mois, il épouse Julie. Le jour de la Nativité de la Vierge 18_, Max et Julie observent le cœur du pavillon. Ils pleurent le conseiller aulique. Max décide de graver les mots “IL REPOSE” sur la pierre.

Présentation des personnages

Le conseiller aulique Reutlinger (Maximilien) est un homme qui manque énormément de confiance en lui. Il renonce à épouser la jeune fille qu’il aime, Julie. Plus tard, il refuse que le fils de son frère, Max, puisse épouser la fille de son aimée, Julie. Toutefois, il finit par comprendre que l’amour entre Max et Julie est aussi pure et intense que ce qu’il a perdu. Le conseiller aulique est un homme bon qui se cache derrière un cœur de pierre pour éviter de souffrir.

La première Julie est la conseillère intime Foerd. Elle était amenée à épouser le conseiller aulique. Néanmoins, lorsque celui-ci a renoncé à elle, Julie a fait le choix de vivre le bonheur domestique avec un autre, le conseiller intime Foerd avec lequel elle a eu trois filles : Nanette, Clémentine et Julie. Elle est malheureuse des agissements de Reutlinger et n’arrive pas à le comprendre. À la fin, elle est heureuse lorsque Reutlinger accepte enfin le mariage.

Max est le fils du frère de Reutlinger. Ce dernier l’a chassé et il ne l’a plus jamais revu. Toutefois, il est amoureux de Julie et désire l’épouser.

Julie est la fille du conseiller intime Foerd et de la conseillère intime Foerd. Elle est malheureuse étant donné que le conseiller aulique Reutlinger s’oppose farouchement au mariage entre elle et Max. Durant le chapitre trois, on s’aperçoit à quel point elle est troublée lorsqu’il s’agit de Max. Elle est décrite comme une jeune femme belle et charmante que beaucoup d’hommes convoitent (l’ambassadeur turc, Harscher, Willibald).

Exter est surnommé l’ambassadeur turc étant donné qu’il a fait l’ambassadeur de la cour à Constantinople. Il lui est arrivé de nombreuses histoires lorsqu’il séjournait là bas dont le chien des mers qu’il ne cesse de ressasser en montrant fièrement la bague d’Ali. C’est un petit homme rondelet qui, malgré son apparence grotesque, se révèle être un homme dôté d’une force mystique. Tout comme Reutlinger, c’est un adepte de Mesmer, le fondateur du magnétisme.

Dans cette nouvelle, nous avons également une myriade de personnages secondaires qui ne sont présents que pour rendre le récit plus vivant : Ernest et Willibald, Harscher, Jean et Henriette.

Analyse de l’oeuvre

Dans Le cœur de pierre, nous suivons l’histoire d’un mariage qui a mal tourné (Julie et Reutlinger), mais qui finalement est sauvé par les descendants des deux personnages principaux (Julie et Max). La scène se déroule dans une maison étrange, entourée de personnages secondaires divertissants. Cette histoire est une variation des thèmes récurrents de l’auteur prussien, tels que les histoires de famille tourmentées, les fantômes et les malédictions. Bien que ce récit ne soit pas explicitement comique, Hoffmann utilise habilement la parodie.

Le mystère est rapidement dévoilé et les personnages sont dépeints comme étant crédules et un peu ridicules face aux événements surnaturels qui se produisent. En avançant dans le récit, l’autodérision devient de plus en plus présente. En jouant avec ses propres procédés, Hoffmann parvient à se caricaturer avec finesse. Le cœur de pierre est un exemple de l’écriture du fantastique, avec des ambiances typiques, des clichés et des types idéaux qui ont contribué à faire de Hoffmann un auteur majeur de la littérature fantastique.

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