Littérature

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal : résumé, thèmes et analyse

Page de couverture du dossier complet sur le recueil de poésie Les Fleurs du Mal de Baudelaire
Ecrit par Les Résumés

On ne saurait trop insister sur l’importance des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, un auteur français. Il s’agit d’une œuvre classique dans l’histoire de l’art européen, de la littérature française et du modernisme. Elle a laissé un héritage considérable qui a influencé d’innombrables écrivains, poètes, peintres et critiques. Ses images provocantes, son symbolisme complexe, sa vision iconoclaste du monde et ses évocations du monde souterrain séduisant et lubrique du Paris du XIXe siècle ont surpris, émoustillé, inspiré et captivé.

Résumé de Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire

Ce recueil est divisé en 6 grandes parties.

Spleen et Idéal

Les premiers poèmes de “Spleen et Idéal” examinent la situation du poète et le défi qu’il doit relever. Le poèmes “L’Albatros” suggère que le poète est incompris et persécuté en raison de sa personnalité unique. Il est également destiné à surmonter afin d’accomplir son devoir céleste. Comme il élève les spécificités du monde fini au niveau de l’infini dans sa poésie, il doit aussi s’élever lui-même. Cette idée est soulignée dans la chanson “Elévation”. Le locuteur exhorte l’auditeur à s’élever plus haut afin d’éprouver la joie d’apprendre “le langage des fleurs et de toutes les choses muettes”. Le quatrième poème, “Correspondances”, décrit comment le travail du poète consiste à découvrir le lien entre le fini et l’infini. La synesthésie, l’imbrication des sensations corporelles qui est la marque de l’infini sur le limité, est une notion qui est introduite dans le poème.

Les liens entre le passé épique et lointain et le présent sont examinés dans les quelques poèmes suivants. Le locuteur de “J’aime le souvenir de ces époques nues” se souvient d’une époque où l’humanité était à son apogée, avant que les gens ne commencent à vénérer le dieu de l’utilité. Le temps est montré comme le plus grand ennemi dans “L’ennemi” en utilisant l’analogie d’un jardin passant par plusieurs saisons. Le poète est soumis à la pression du temps pour accomplir sa tâche. Il détruit non seulement la vie de chaque personne mais aussi l’existence de l’humanité dans son ensemble.

Les poèmes suivants, “La Vie antérieure”, “Bohémiens en voyage” et “L’homme et la mer”, examinent comment le limité et l’infini, ainsi que le soi et l’Autre, se reflètent mutuellement. Le “Châtiment de l’orgueil” et “Don Juan aux enfers” traitent de la manière dont l’homme tombe en disgrâce à cause de son orgueil démesuré ou de son arrogance.

Le recueil de poèmes suivant examine la nature de l’amour romantique et de la beauté, souvent à travers le prisme de l’idéal de beauté du locuteur. La beauté elle-même dit dans le poème “Beauté” qu’elle a été “créée pour provoquer l’amour de tous les poètes” et qu’elle “fige la terre dans un miroir sans défaut”. Le locuteur de “Le Masque” est stupéfait de découvrir que la statue d’une dame qu’il adore a deux visages : la beauté factice de la “coquetterie subtile” et la beauté réelle qui sanglote sous le poids de l’existence.

De Profundis Clamavi, qui signifie en latin “Je pleure dans les profondeurs”, transforme une importante prière catholique pour exprimer le chagrin existentiel du locuteur face à la futilité de l’existence.

À partir de ce moment, les émotions du locuteur continuent de décliner, et le ton de morosité croissante est fréquemment souligné par des références à l’automne et à la fin du jour. L’attention du locuteur se détourne de la beauté qu’il découvre dans le monde extérieur pour se concentrer sur sa propre souffrance et son insatisfaction, qui commencent à refléter son découragement intérieur. Des poèmes tels que “Le chat”, “Les hiboux”, “La pipe” et “La musique” se concentrent tous sur une chose particulière et expliquent comment elle affecte les circonstances du poète et de l’humanité.

Enfin, la partie devient un état d’entière préoccupation avec l’ennui, l’autodestruction et la mort. Le locuteur est conscient que son caractère fondamental le condamne.

Tableaux parisiens

Le poète décrit son devoir dans “Paysage”, cette fois en termes de lieu, alors que débute “Tableaux parisiens”. La vue de la mansarde, qui le place entre la métropole en bas et le ciel sans limites en haut, et son objectif d’atteindre l’harmonie entre lui-même et le reste du monde sont intimement liés. Le soleil qui se couche sur la ville dans “Le soleil” est utilisé comme une métaphore de la conscience du poète. Le destin de toutes les choses mauvaises est honoré car il illumine tout de manière impartiale. Le poème suivant, “À une mendiante rousse”, poursuit le thème de l’élévation du méchant ou du dégradé. Le regard du poète dévisage une jeune fille affamée qui demande de la nourriture dans les atours d’une femme riche avant de lui dire de continuer à mendier alors qu’elle n’est pas vêtue. Comme le poète, la mendiante est une charognarde qui vit des restes qu’elle trouve (et du sens). Dans “Le cygne”, le poète se promène dans Paris en pleine rénovation. La photo d’un cygne qu’il a vu un jour à l’extérieur d’un magasin de poulets aujourd’hui démoli devient le poids d’un mythe et se transforme en une métaphore de ceux qui sont exilés et ont connu la perte, alors qu’il voyage vers l’intérieur dans un rêve de mémoire allégorique.

Dans “Les sept vieillards”, le poète est profondément troublé lorsqu’il voit surgir l’un après l’autre sept vieillards antipathiques et répugnants. En revanche, il se réjouit de voir la beauté qu’ont pu avoir autrefois les “traîtres [qui] étaient des dames” – les figures âgées, négligées et aux cadres tordus de “Les petites vieilles”.

Le poète est une fois de plus troublé par l’association étroite qu’il fait entre le calme éternel et l’obscurité infinie de ces individus aveugles dans “Les Aveugles”. Dans le poème “À une Passante”, qui se déroule dans une circulation bruyante, le temps semble s’arrêter lorsque le locuteur et une femme statuaire qui passe partagent un bref moment de contact visuel. Les possibilités de connexion qui auraient pu être mais n’ont jamais été réalisées sont suggérées par ce moment, qui se caractérise par “la grâce qui fait signe et l’extase qui tue”. Le locuteur de “Le Squelette laboureur” se demande si le destin de l’humanité – le travail et la souffrance éternels – peut être discerné en examinant le cadavre. Il commence ces réflexions en regardant des illustrations anatomiques provenant d’une source médicale.

“Crépuscule du soir” signale l’approche de l’obscurité et de tous ses périls. Dans l’obscurité, le vice s’éveille et se met au travail, et le destin est plus puissant et susceptible d’arracher l’âme au corps. Le locuteur de “Le jeu” examine les putes et les artistes d’un casino. Il envie leur commerce frénétique de marchandises car il les protège du néant et de la mort imminente qu’il connaît également. Dans “Danse macabre”, la mort fait une apparition féminine.

À minuit, le locuteur s’extasie devant la beauté d’une jeune fille qui danse, sans se soucier de savoir s’il s’agit simplement d’un “masque ou d’une imposture” dans “L’amour du mensonge”, ou si cela a une signification plus profonde. Dans “Rêve parisien”, le lecteur est accueilli dans l’esprit assoupi de l’auteur. Le monde magnifique de son rêve, où “ni le soleil ni la lune n’apparaissent, / et aucun horizon ne pâlit / pour éclairer de telles merveilles – de l’intérieur / chaque objet était radieux”, le déçoit à son réveil.

Dans “Le Crépuscule du matin”, lorsque la nuit fait place au jour, la vision du poète traverse les différents paysages de Paris au réveil. Alors que le vice se retire, l’âme reste dans le corps. Paris est dépeint comme un travailleur dans la dernière image.

Le vin

Le poème “L’âme du vin”, qui ouvre cette section, est dit par le vin. Il est représenté comme une force capable d’agir sur les gens et de les influencer, tout en possédant ses propres émotions, aspirations et besoins. “Chère humanité -/ chère et déshéritée !” s’exclame le vin dans la première strophe du poème. Le vin remercie l’humanité pour le travail qu’elle consacre à sa production, puis incite à la consommation. Il nous assure qu’il nous apportera “lumière et fraternité”, “bonheur”, “pouvoir” et désir lascif. Dans le dernier texte, le vin désigne la poésie comme le résultat de son histoire d’amour avec les humains. Pour que ce poème ” grandisse / et s’épanouisse comme une fleur aux yeux de Dieu “, le vin espère que les gens le boiront et en prendront soin.

Le locuteur du deuxième poème, “Le Vin des chiffonniers”, se souvient avoir vu une armée de chiffonniers ivres défiler dans les rues miteuses de Paris en “empestant le vin aigre”. La nature magique du point de vue de l’orateur élève leur passage. Les arches de la victoire apparaissent soudainement, et l’on peut entendre des tambours et des sonneries de clairon. Puis, ces parias de la société “marchent dans la gloire devant une foule qui les applaudit”.

Dans “Le vin de l’assassin”, un homme avoue avoir tué sa femme, admet avoir un besoin insatiable de vin et exprime sa joie d’avoir l’occasion de s’évanouir d’ivresse. Dans “Le vin du solitaire”, le poète-locuteur se réfère affectueusement au vin comme à “ma bouteille”, avec ses “longues courbes vertes”, comme s’il s’agissait d’une dame. Le vin, dit-il, est le “remède” qui parle à son âme. Dans le dernier poème, “Le vin des amants”, le locuteur exhorte sa bien-aimée (appelée “ma sœur”) à monter le vin avec lui comme s’il s’agissait d’un cheval. Ainsi, ils iront ensemble vers “le mirage lointain”, également appelé “son paradis idéal” !

Les fleurs du mal

Les douze poèmes de cette partie explorent en détail “le côté sombre de l’amour” (“Une martyre”). Dans le poème d’introduction, “La Destruction”, “le Démon” est établi comme la source des appétits et des désirs qui se manifestent dans le sexe et la romance. La poursuite des émotions “conduit [l’individu] hors de l’attention de Dieu… / là où les vastes / landes de l’ennui s’étendent indéfiniment”, c’est pourquoi elles sont intrinsèquement nuisibles à l’âme. Dans le poème suivant, “Une Martyre”, l’orateur médite sur une œuvre d’art qui dépeint graphiquement le pouvoir dévastateur du désir amoureux. L’illustration représente le corps nu et sans tête d’une jeune femme qui saigne sur un lit, sa tête étant juchée sur un tabouret voisin. L’auteur pense qu’elle a été assassinée par son petit ami parce qu’elle a refusé sa passion alors qu’elle était encore en vie.

Les trois poèmes suivants, “Lesbos”, “Femmes damnées : Delphine et Hippolyta” et “Femmes damnées”, traitent de l’homosexualité féminine comme d’un phénomène irrationnel. La locutrice de “Lesbos” est “choisie… parmi tous les mâles / pour chanter les secrets” de cette île où les dames s’adorent. Le locuteur de “Femmes damnées” décrit les lesbiennes comme “des vierges, des diables, des monstres, des martyrs, tous / de nobles esprits méprisant la réalité”, exprimant son amour et sa sympathie pour elles. Le locuteur dans “Femmes damnées : Delphine et Hippolyte”, en revanche, adopte un ton plus critique et exhorte ces deux amants à prendre le chemin de l’enfer qu’ils ont choisi en étant homosexuels.

Dans “Les deux bonnes sœurs”, le locuteur explique comment la Mort et la Débauche, les “femelles agréables”, sèment les graines de son chagrin par le désir avant de lui fournir le remède. Elles sont à l’origine de la “terreur perdue” qui fait l’objet du poème suivant, “La fontaine de sang”. Le locuteur de ce poème a l’impression que son sang “rend tout l’univers de la nature écarlate”, jaillissant de son corps indemne.

Puis, dans “Allégorie”, la Mort et la Débauche reviennent, cette fois-ci en semblant impuissantes face à la séduisante prostituée qui est au centre du poème. Elle présente son joli physique comme “un don merveilleux”, ce qui la rend “stérile” et “vierge”.

Contrairement à “Allégorie”, les trois poèmes suivants examinent les nombreuses damnations du locuteur. Le poète-chéri de l’orateur se joint aux “diablotins” qui ont créé l’univers pour ridiculiser les efforts artistiques du poète dans “La Béatrice”. Une dame ressemblant à un vampire se vante d’avoir la capacité d’asservir et de condamner à la fois les hommes et les anges dans “Les Métamorphoses du Vampire”. Elle prend ensuite deux formes différentes : d’abord, un signe de dégoût, ensuite, une métaphore du vide endeuillé. Lorsque le locuteur découvre que le paradis des amoureux du mythe ancien n’est plus ce qu’il était, la note d’optimisme du “Voyage à Cythère” est anéantie. La déesse grecque de l’amour Aphrodite ne règne plus sur l’île, qui est maintenant désolée, à l’exception d’un corps suspendu qui a été castré et partiellement dévoré par des animaux sauvages. Le locuteur reconnaît que le cadavre est le sien et le supplie de ne pas éprouver de répulsion. Le dernier poème, “L’Amour et le crâne”, est une métaphore de la façon dont les ruses de l’amour peuvent détruire les âmes faibles des gens.

La révolte

Les trois poèmes de cette partie traitent tous de sujets et de motifs issus de l’héritage chrétien. Le locuteur du premier poème, “Le Reniement de Saint-Pierre”, commence par reprocher à Dieu de ne pas agir de manière appropriée face à la souffrance humaine. Pire encore, le locuteur affirme que Dieu se complaît dans la souffrance humaine : “Comme un tyran gavé de viande et de vin, Il dort-/ le son de nos blasphèmes est doux à ses oreilles.” Puis l’orateur commence à parler à Jésus. Il raconte les événements entourant la crucifixion de Jésus, en soulignant l’agonie qu’il a dû vivre. Il affirme que lorsque Jésus était crucifié, Dieu se moquait de lui. Alors que Jésus était “enflammé de courage et d’espoir” dans les jours qui ont précédé sa mort, l’orateur l’implore ensuite de se souvenir de ces “jours merveilleux”. Il interroge Jésus sur son manque de regret. Dans le dernier verset, l’orateur exprime son mécontentement à l’égard d'”un monde où l’action ne fait pas de cadeau aux rêves”. Il dit que Pierre, le disciple de Jésus dans le Nouveau Testament, a raison de nier qu’il suit Jésus, et exprime le désir d’une mort brutale.
“Abel et Caïn”, le deuxième poème, revient sur le conte de l’Ancien Testament tiré du livre de la Genèse. Le locuteur s’adresse à la race d’Abel dans un vers et à la race de Caïn dans le suivant, créant ainsi une structure récurrente tout au long du poème. Assurant à Abel que “Dieu est ravi”, le locuteur l’exhorte à profiter de cette bonne fortune. L’orateur, en revanche, dépeint la douleur et la condamnation de la race de Caïn. Le schéma du poème se poursuit ici, bien que les rôles d’Abel et de Caïn soient maintenant inversés. Le locuteur exhorte la race de Caïn à “se lever… et à faire descendre Dieu sur la terre !” tout en dénonçant la race d’Abel et en suggérant que sa disparition est imminente.

Dans le dernier poème, “Les Litanies de Satan”, l’orateur prie Satan et le loue. Il se réfère à Satan comme au “Prince des exilés, Prince exilé”, le côté qui a été lésé dans le conflit entre Dieu et Satan. La phrase “Satan, aie pitié de ma grande douleur !” est répétée après chaque description du caractère ou des pouvoirs de Satan. Le “père adoptif de ceux qu’un Dieu courroucé/le Père banni de son paradis terrestre” est Satan. Dans la dernière partie, “Prière”, l’orateur prie pour rencontrer Satan sous l’arbre de la connaissance, l’arbre dont le fruit entraîne l’expulsion de l’humanité du jardin d’Eden.

La mort

Les six poèmes de cette partie adoptent des approches variées pour examiner l’idée de la mort. Les trois premiers poèmes, “La mort des amants”, “La mort des pauvres” et “La mort des artistes”, explorent comment chacun de ces trois archétypes voit la mort différemment et la vit réellement différemment. Dans “La mort des amants”, le locuteur décrit à sa dulcinée leur mort commune d’une manière belle et optimiste. Leurs corps les retiennent prisonniers, et leurs capacités limitées de perception, de compréhension et de connexion ont fait de leurs pensées des miroirs sales qui ont été obscurcis par la vie. La mort est un processus de nettoyage et d’émancipation ; elle ressemble même à une résurrection dans la mesure où ” un Ange, déverrouillant les portes, / viendra, fidèle et gai, pour restaurer / les miroirs ternis à la vie “.

Ce motif de la mort comme ouverture ou révélation se poursuit dans “La mort des pauvres”, avec l’inclusion de la notion que la mort est un réconfort et un baume pour les personnes fatiguées. Le poème pose la question suivante : “Qu’est-ce qui peut encore nous réconforter ?” et se termine en qualifiant la mort d'”entrée ouverte sur le Dieu inconnaissable”. Dans “La mort des artistes”, le locuteur qualifie la mort de “sinistre caricature”. L'”idole” que les artistes adorent est la mort. Ils produisent leur art en pensant à la mort, espérant produire des pièces qui se rapprochent de la beauté, de la majesté et de la profondeur de la mort. Le poème “La Fin de la journée” adopte le point de vue du poète. Le poète fatigué aspire aux “ténèbres réparatrices” du sommeil qu’est la mort, puisque la vie et la mort sont comme le jour et la nuit.

Dans “Le Rêve d’un curieux”, le locuteur décrit un rêve qui exprime sa crainte que la mort ne lui apporte pas le confort et la fraîcheur qu’il attend. Dans le dernier poème, “Le Voyage”, il est dit que les vrais voyageurs “partent pour partir”, à la poursuite de “l’attraction mystérieuse / que le hasard arrange dans les cieux”. Bien qu’ils fassent le tour du monde, ils sont consternés de n’être témoins que de variations de la même chose ennuyeuse : “bien que la dévastation ait pris de nombreuses formes, / nous nous ennuyions trop souvent, comme ici”. Ils découvrent par leur voyage que les individus ne sont que des “oasis de terreur dans le désert de l’ennui”, ou de l’ennui, et que le monde est “minuscule et ennuyeux”. La mort est abordée comme l’amiral du navire en voyage dans le passage final. Pour qu’ils puissent “plonger / en enfer ou au paradis – n’importe quel abîme ferait l’affaire – / au plus profond de l’inconnu pour trouver le nouveau”, le locuteur pluriel implore la Mort de les guider vers l’anéantissement de leur propre personne.

Présentation des thèmes abordés

Les thèmes abordés dans l’œuvre sont :

Spleen et idéal

Dans la partie des Fleurs du Mal intitulée “Spleen et idéal”, Baudelaire recherche l’idéal et semble parfois l’apercevoir, mais le spleen finit par triompher. Au-delà des limites de l’ordinaire, l’idéal est une vérité éternelle. Bien que certaines choses – la nature, les chats, le regard ou le parfum d’une femme, une statue magnifique – donnent au poète un aperçu de cette réalité, celle-ci est au-dessus de la simple apparence. La rate, c’est la chute, la défaite et l’éloignement de Dieu, c’est l’ennui, le désir et le chagrin terribles et indescriptibles. Lorsque la rate gagne, le temps passe lentement et la conscience s’émousse.

La luxure et le désir

Nombre des soi-disant “poèmes d’amour” de Baudelaire ressemblent davantage à des poèmes de luxure et de désir. En effet, sa fascination pour l’activité sexuelle et les femmes le pousse à agir de manière injuste. Il se perd, perd son autonomie et sa capacité de raisonnement, cédant à ses envies sans se soucier de l’état de son âme. Cependant, il est intéressant de noter que le fait de penser aux yeux, aux cheveux, au parfum, au corps et/ou aux bijoux de ces femmes lui fait vivre une transcendance dans laquelle ses sens s’unissent et il voit la beauté dans sa forme la plus élémentaire. Parfois, cependant, sa passion est liée à la mort, et la libération du sexe est analogue à la libération de quitter son corps mortel. Il a une fascination macabre pour le corps, le sexe et la mort.

La nature

Pour Baudelaire, la nature a plusieurs facettes. Elle reflète d’abord son angoisse intérieure. Le ciel devient sombre et l’avalanche tombe quand il est malheureux. La deuxième possibilité est qu’il s’agit d’une force extérieure, totalement insensible, qui se moque de l’agonie du poète tout en affichant sa propre beauté et son harmonie. Il peut être terrifié s’il croit avoir perdu la faveur. Troisièmement, la poésie détient la réponse aux plus grandes énigmes de la vie, y compris Dieu, et peut révéler son sens au poète qui sait le déchiffrer.

L’ironie

Dans l’esthétique de Baudelaire, l’ironie est essentielle. Il utilise l’ironie et joue avec la contradiction, l’antithèse, l’exagération et la litote tout en décrivant des sujets de la plus haute gravité, comme laisser un cadavre au milieu de la route ou laisser les vers manger son cadavre. Il parle de sujets étranges ou violents dans un vocabulaire brillant et beau. Il cherche le sublime et le spirituel dans le banal et le mondain ; il fait appel aux sens par le langage tout en se délectant de la difficulté de la tâche. Il découvre la beauté dans le hideux et la vie dans la mort.

Le temps

Le temps est implacable ; c’est un ciel sombre, un cadavre en décomposition et l’approche de l’hiver. En outre, c’est une horloge qui fait tic-tac et qui rappelle à l’auditeur que la vie est éphémère et qu’il ne doit jamais perdre cela de vue, comme c’est le cas dans le dernier poème de la partie “Spleen and Ideal”. Le passage littéral, mécanique et implacable des minutes, des jours et des années est une interprétation du temps avec laquelle Baudelaire jongle avec les périodes transcendantales au cours desquelles le temps semble s’arrêter ou devenir flexible. On peut élever son âme et résider dans une dimension temporelle distincte en pensant à la nature ou à Dieu, en éprouvant une libération sexuelle, en consommant de l’alcool ou de l’opium, en composant des poèmes ou en admirant des peintures et des sculptures.

La beauté

Pour le poète, la beauté idéale et la passion sont loin d’être la même chose. Baudelaire utilise des images de pierre, de fer et de diamants durs pour dépeindre la beauté idéale, qui est calme, distante et durable, comme une statue. Elle est étrange et énorme, mais finalement sans passion. L’homme peut échapper à l’ennui et à la douleur de la vie ordinaire en la contemplant et en atteignant l’infini. Cependant, une idolâtrie excessive peut être nuisible. La beauté dégage parfois un sentiment de péril, comme si elle poussait au bord de l’effondrement. Elle peut aussi avoir un caractère de deuil, car l’homme sait qu’il ne sera pas toujours capable de comprendre la beauté parfaite.

Analyse de l’œuvre de Charles Baudelaire : Les Fleurs du Mal

Les Fleurs du mal, une confession d’espoirs, de buts, d’échecs et de méfaits, tente de tirer la beauté du mal. Baudelaire pensait que la poésie contemporaine devait dépeindre les parties artificielles et contradictoires de l’existence, contrairement à la poésie classique, qui dépendait de la beauté paisible du monde naturel pour transmettre les sentiments. Il pensait que la beauté pouvait se développer naturellement, indépendamment de la nature et même encouragée par le péché. L’effet final est un contraste flagrant entre la “rate” et l'”idéal”, deux univers opposés. La rate représente tout ce qui est mauvais dans le monde, y compris la mort, le désespoir, la solitude, le meurtre et la maladie. (Le terme “rate” est un synonyme de “mauvaise humeur” et désigne un organe qui filtre les substances pathogènes de la circulation). L’idéal, en revanche, s’oppose à la dure réalité de la rate, où l’amour est accessible et où les sens sont réunis dans le ravissement.

Le but de la vie est d’éviter la réalité autant que possible par l’alcool, l’opium, les voyages et la passion. L’idéal est un état imaginaire d’euphorie, d’extase et de volupté où le temps et la mort n’ont pas leur place, ce qui atténue la dureté de l’échec et des regrets. Baudelaire utilise fréquemment des images sensuelles pour capturer l’émotion fervente de l’idéal. Cependant, lorsque le spleen reprend le contrôle, le locuteur est continuellement déçu. Sa peur de mourir, sa réticence à exercer sa volonté et l’étouffement de son esprit sont des compagnons constants. Baudelaire ne renonce jamais à rendre beau l’insolite, ce qui est merveilleusement illustré par la juxtaposition de ses deux mondes, même si le locuteur du poème est frustré par le spleen. La chair qui se désintègre a une valeur artistique.

La femme est la principale source de symbolisme dans les œuvres de Baudelaire, car elle sert souvent de pont entre l’idéal et le réel. C’est pourquoi le locuteur compare sa bien-aimée à un animal en décomposition et la prévient qu’un jour elle embrassera des vers à sa place, même s’il doit passer ses mains dans les cheveux d’une femme pour évoquer son monde parfait. Sa bien-aimée est à la fois une bénédiction sous la forme d’une perfection éphémère et une malédiction sous la forme d’un amour non partagé et d’une mort prématurée. Ainsi, les femmes représentent à la fois ce que Baudelaire décrit comme l’ascension vers Dieu et ce qu’il appelle le déclin constant vers Satan : elles sont à la fois les guides brillants de son imagination et d’horribles vampires qui accentuent sa sensation de spleen, ou de mauvaise humeur. Parce que Baudelaire assimile la femme à la nature, son effort pour capturer la poésie de l’artificiel a inévitablement exclu les femmes d’un rôle positif dans sa vision créative. Le résultat est un léger cas de sexisme.

L’existence de la mort est également évoquée à plusieurs reprises dans les poèmes de Baudelaire. Un intérêt amoureux potentiel dans “To a Passerby” s’avère être une mort effroyable. Les vampires, les démons et les monstres féminins rappellent fréquemment au locuteur sa mortalité. Cependant, le locuteur s’isole et se sent coupé de la société à mesure que le temps passe, notamment sous la forme d’un Paris récemment rénové. Dans ce sujet d’isolement, le locuteur est laissé seul à penser à des pensées horribles sur lui-même et à garder l’espoir d’une mort réconfortante. Baudelaire utilise des thèmes sacrés et fantastiques pour accentuer encore plus l’approche de la mort. Comme il pense avec ferveur que Satan est responsable de tout ce qu’il fait, le péché sert de sombre rappel de son absence de libre arbitre et de sa mort imminente.

Enfin, les aspects de terreur surnaturelle comme les fantômes, les chauves-souris et les chats noirs intensifient les effets néfastes de la rate sur la psyché. Les Contes d’émerveillement et d’imagination d’Edgar Allen Poe ont servi d’inspiration à Baudelaire, qui a trouvé dans l’utilisation de l’imagination par Poe un moyen de souligner le mystère et la tragédie de l’existence humaine. Par exemple, Baudelaire dépeint ce qu’il perçoit comme l’ambiguïté taquine des femmes dans trois poèmes distincts sur les chats noirs. De plus, le locuteur a l’impression que la mort est plus probable en raison de la présence de démons et de fantômes tourmentés, préfigurant la terreur et la solitude qui l’accompagneront.

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