Littérature

Annie Ernaux, La Place : résumé, personnages et analyse

Illustration de la couverture du dossier littéraire de l'oeuvre La Place d'Annie Ernaux
Ecrit par Les Résumés

Résumé de La Place de Annie Ernaux

Annie Ernaux est l’auteur et la narratrice du roman La Place. Cette auteure française décrit la fin de vie de son père, en commençant par le jour de sa mort, et le déroulé des obsèques. Annie Ernaux commence l’histoire de son père en décrivant, en quelques paragraphes, celle de son grand père. Ce dernier a vécu une vie rude, dédiée au travail et au fait de subvenir aux besoins de sa famille. A l’époque, les gens qui ne possédaient ni terres ni biens louaient un toit chez les fermiers aisés de la région, contre force de travail. Le grand père était charretier et avait commencé à travailler dès l’âge de 8 ans, 6 jours sur 7. Son fils, le père de la narratrice, a suivi le même chemin, contraint d’arrêt l’école à 12 ans et de devenir garçon de ferme. Il entre ensuite au régiment durant la guerre de 1914-18. En revenant, il se met à travailler à l’usine, alors que sa ville natale comme son processus d’industrialisation.
Le père d’Annie Ernaux se marie avec la mère de celle-ci, qui travaille aussi dans une usine. Ils ouvrent une épicerie. Au début très heureux de leurs gains, et du peu d’efforts physiques demandés comparé à leur vie à l’usine. Malheureusement, ils accordent trop souvent crédit à leurs clients et leurs finances en sont impactées. Ils retournent à une existence très sobre, se refusant beaucoup de plaisirs pour faire face à la nécessité, par peur de manquer. Le café-épicerie ne leur rapporte pas plus que leur paye d’origine à l’usine. Finalement le père de la narratrice retourne travailler sur un chantier. Ils gardent une petite clientèle mais se sont les plus démunis et ils continuent de faire souvent crédit.
Le père finit par être recruté dans une raffinerie et gagne bien sa vie. Il est promu et passe contremaître, en même temps qu’il poursuit le commerce du café-épicerie.
Le couple perd une petite fille, alors âgée de sept ans. En 1939, le père est trop vieux pour être appelé pour la guerre, et la mère de la narratrice est enceinte d’elle-même. Ils reviennent dans leur village natal, et leur vie d’ouvriers s’arrêtent. Le couple finit par acheter un nouveau fonds de commerce café-épicerie dans une autre ville et si établit définitivement. Annie Ernaux décrit la contradiction entre bonheur et aliénation de cette classe sociale. Le couple acquiert un mode de vie plus aisé, mais grâce à leur force de travail acharnée.

Présentation des personnages

Annie Ernaux : La narratrice, qui relate l’histoire de son père
Le père : Il est le personnage central de ce roman biographique
La mère : mère de la narratrice
Le grand-père

Analyse de l’œuvre

I – La figure paternelle au coeur d’un conflit de loyauté

Annie Ernaux évoque par la suite, avec une infinie pudeur, sa relation avec son père. On devine beaucoup d’affection mutuelle lorsque la narratrice fait part de la coupure de journal trouvée dans le portefeuille de son père : il s’agissait de l’article faisant apparaître le nom des bachelières admises à l’école normale des institutrices. Annie Ernaux avait été deuxième du classement.
Annie Ernaux mentionne également sa classe sociale d’origine, car elle est issue d’un milieu ouvrier, et son changement de classe social a instaurée une certaine distance non verbalisée avec son père. Annie Ernaux indique qu’elle a écrit un roman dont son père était le personnage principal et évoque une ” sensation de dégoût “. Il est possible d’interpréter son dégoût par le fait que la vie du père de Annie Ernaux était ” soumise à la nécessité “.
Le père de la narratrice avait probablement des facilités naturelles, ou une affinité pour l’apprentissage, car il a été décrit comme ” aimant apprendre “. Il est possible de déduire que le fait d’arrêter l’Ecole à 12 ans, était davantage un arrachement pour le père, qu’un soulagement. Ce n’était d’ailleurs pas sa propre décision, c’est le grand-père qui a choisi cette voie pour son fils, comme il était d’usage à l’époque. La vocation du père d’Annie Ernaux était de devenir garçon de ferme.

II – L’enfance du père de Annie Ernaux

Peu avant son décès, le grand-père, initialement dépeint comme un homme au caractère rude voire violent, rit sans cesse en regardant Annie, ” plein de gentillesse “. Le père d’Annie glisse, sans qu’il en ait l’autorisation, un quart d’eau de vie sous les draps du grand-père, lorsque ce dernier est sous l’hospice. L’on peut voir dans cet acte une forme de bienveillance ou de simple devoir moral d’un fils envers son père, qui veille à ce que ce dernier ait quelques plaisirs dans ces dernières heures. Il est possible de deviner aussi, en sous-texte, qu’une tendresse véritable unissait le père et le fils.

La vie que le couple menait en temps que paysans était en effet rude, jalonnée par très peu de plaisirs. Le couple du grand père et de la grand mère de la narratrice ne mangeaient pas tous les jours à leur faim. Cette donnée se comprend car ils ne se nourrissaient pas durant trois jours avant les grandes cérémonies : noces et communions, dans le seul objectif de profiter au maximum du moment. La mode de vie est quasi-primitif au sens où la nourriture revêt la plus haute importance, donnée logique et naturelle puisqu’ils en manquent et en dépendent comme tout un chacun. Lors d’un un jeu traditionnel populaire qui consiste à grimper en haut d’un poteau pour attraper un panier de victuailles suspendu, le père d’Annie Ernaux glisse et le grand père est très en colère. De cet état primitif, le couple se hissaient socialement et dans la dignité grâce à la religion et la propreté. La grand mère était une femme distinguée pour sa classe sociale, utilisant des apparats qui lui évitaient de se soumettre à des coutumes qu’elle jugeait probablement trop rustiques (l’utilisation d’un faux-cul pour ne pas uriner sous sa jupe comme il en était d’usage à l’époque et dans ce milieu là). L’environnement, le cadre de vie étaient moyenâgeux.
Le grand-père a retiré de l’école le père de la narratrice ,dès l’âge de 8 ans pour le faire travailler à la ferme car il le nourrissait, et considérait qu’il devait travailler pour lui aussi subvenir aux besoins du foyer.

Par la suite, Annie Ernaux commence à nous décrire l’enfance de son père. Celui-ci est dépeint comme ” gai de caractère. ”
Son père a connu la misère, le fait de travailler durement pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille tout au long de sa vie, et l’humiliation de ne pas avoir assez de clients dans le commerce qu’il tient. Lorsque le commerce commence à produire davantage de gains, le couple est traité de ” riches ” alors qu’ils ne gagnent pas à la hauteur de ce qu’ils travaillent.
Au fin du roman, le couple du père et de la mère de la narratrice profitent d’un meilleur confort car ils se sont enrichis, tout en souffrant d’une forme de honte persistante liée à leur origine sociale.
Le père d’Annie Ernaux est décrit comme un homme gai, dont il transparaît une certaine bonté. Mais il a un mépris des gens qui lisent, tout comme un rejet de ce qui touche au langage, comme une frustration de n’avoir pas eu accès à cet univers là. La narratrice subit de plein fouet cette contradiction. La narratrice fait par ailleurs état du gouffre qui commence à se creuser entre son père et elle-même, lorsqu’elle intègre le milieu petit-bourgeois. Toujours dirigeant d’un café-épicerie alors qu’il rêve d’ouvrir un café en plein centre. En sous-texte, elle évoque même le fait que son père pouvait ressentir une certaine jalousie à son égard, une envie qu’elle échoue dans ses études, ou, a contrario, une peur qu’elle échoue. Dans leur milieu, le travail ce n’est pas vraiment les études. Ils ont quasiment honte que la narratrice continue d’étudier à 17 ans. La narratrice, à cette période, lie une complicité avec sa mère, qui la comprend mieux. Mais il est possible d’analyser qu’avouée ou non, le père de la narratrice avait une réelle fierté envers sa fille, comme en témoigne la coupure de journal gardée dans son portefeuille. A 59 ans, il tombe malade, ses forces diminuent. Il persiste à ” faire honneur ” à sa fille, qui étudie pour devenir institutrice et amène dans leur maison des camarades d’un milieu social plus bourgeois.

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Les Résumés

4 Commentaires

  • C’est un résumé complet et une belle analyse qui s’offre à nous, cela nous permet de mieux comprendre ce livre ! Bravo et encore un grand merci !

  • De manière générale, ce livre est souvent salué pour sa qualité littéraire et la manière dont l’auteure réussit à captiver les lecteurs avec son style d’écriture sobre et précis. Annie Ernaux parvient à transmettre des émotions fortes tout en gardant une certaine distance et une réflexion analytique, ce qui crée une atmosphère unique.

    Beaucoup de lecteurs trouvent que “La Place” offre une perspective fascinante sur la classe ouvrière et ses réalités, permettant ainsi de mieux comprendre les enjeux sociaux et historiques de l’époque. L’exploration de l’identité, de la mémoire et de la transmission est également très appréciée, car elle offre une réflexion profonde sur la construction de soi et les héritages familiaux.

    Cependant, certains lecteurs peuvent trouver le récit trop introspectif ou lent, car il se concentre principalement sur les souvenirs et les réflexions de l’auteure. Il est important de prendre en compte que ce livre a une approche très personnelle et ne suit pas une structure narrative traditionnelle.

    En fin de compte, la meilleure façon de se faire une opinion sur “La Place” d’Annie Ernaux est de le lire soi-même. Chaque lecteur peut avoir une expérience différente et des attentes spécifiques vis-à-vis de l’ouvrage. N’hésitez pas à vous plonger dans ce livre et à découvrir par vous-même son univers singulier et sa portée littéraire.

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