Résumé partie par partie du roman Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar
Les titres des six parties sont composés de mots latins nous rappelant régulièrement au cours du récit qu’il est écrit par un Romain, dans un temps et un contexte éloignés de notre monde contemporain, malgré les parallèles intemporels envisageables.
Partie 1 : Animula, vagula, blandula(Petite âme errante, accueillante)
Le roman commence avec le récit de la visite d’Hadrien chez son médecin, Hermogène. L’empereur a 60 ans. Il est malade, il fait la liste des choses auxquelles il doit renoncer. Il cherche un sens à sa vie et à sa mort approchante.
Il parle de sa jeunesse, des personnes, des batailles et des lectures importantes au cours de sa vie.
Partie 2 : Varius, multiplex, multiformis (Varié, multiple, changeant)
Né en Espagne à la fin du Ier siècle, Hadrien a 12 ans lorsque son père meurt. Le futur empereur de l’Empire romain, Trajan, est alors son tuteur.
Il évoque son expérience de juge à Rome, son règne en Syrie, et sa participation aux guerres contre les Daces puis les Sarmates.
Hadrien parle de la gloire, mais aussi des atrocités de la guerre. À la mort de Trajan, à la suite des manipulations de Plotine, l’épouse de celui-ci, il devient Empereur.
Partie 3 : Tellus stabilita (La Terre trouve son équilibre)
Les incertitudes rongent Hadrien. Sans proximité avec sa femme Sabine, il se consacre à son rôle d’empereur. Il porte des projets de pacification. Il souhaite consolider l’empire plutôt que de continuer à l’étendre. Il ordonne la fin des guerres contre les Parthes, les Égyptiens et les Sarmates.
Passionné de culture grecque, il rêve et agit pour la paix, l’ordre et la justice. Il est soucieux de l’amélioration des conditions de vie des femmes et des esclaves.
Partie 4 : Saeculum aureum (Siècle d’or)
Hadrien a 40 ans, il est à l’apogée de son règne lorsqu’il rencontre un jeune berger grec, Antinoüs. Celui-ci devient son amant. Hadrien considère cette période de vie comme étant la plus heureuse pour lui.
Antinoüs, jeune homme de 20 ans veut prouver son amour pour Hadrien en suivant un rituel de sacrifice. Il finit noyé dans le Nil et laisse Hadrien désespéré.
Partie 5 : Disciplina Augusta (Discipline auguste)
Bouleversé par le deuil, Hadrien se concentre sur l’administration de l’Empire pour gérer sa souffrance. Il voyage, promulgue des lois, fait construire des monuments, des statues, une ville…
Il fonde même un culte élevant Antinoüs au rang de divinité.
Il déroge à ses principes pacifistes en réprimant la révolte juive. Il fait détruire la ville de Jérusalem et provoque de nombreux morts. Accablé par cet épisode, il réfléchit à sa succession. Il adopte Antonin, un homme vertueux, à qui il demande d’adopter Marc Aurèle.
Partie 6 : Patienta (Patience)
Il sent la mort l’approcher et pense même au suicide. Il attendra cependant la fin en faisant face à sa santé défaillante.
Il met de l’ordre dans les affaires publiques afin de transmettre un Empire organisé à Antonin.
Reclus dans la cité de Tibur, rongé par la maladie et la mort approchant, Hadrien écrit ses mémoires sous la forme d’une lettre adressée à Marc Aurèle. Le roman Les Mémoires d’Hadrien est constitué par cette longue lettre.
Présentation des personnages
Ce roman est un récit historique, une autobiographie fictive de l’empereur Hadrien qui règne sur l’Empire romain de 117 à 138.
Hadrien est donc le narrateur. Il évoque et décrit sa vie à la première personne. Tous les personnages sont des personnages historiques.
La liste est cependant non exhaustive, elle reprend les principaux protagonistes au sein d’une énumération beaucoup plus nombreuse.
Marc, qui devient Marc Aurèle
Hadrien le fait adopter par son propre fils adoptif Antonin. L’adoption est une coutume fréquente au temps des Empereurs romains antiques.
Il sera donc empereur après lui. Hadrien s’adresse à lui dans ses mémoires.
Hermogène
C’est le médecin d’Hadrien.
Aelius Afer Adrianus
C’est le père d’Hadrien. Il meurt quand il a 12 ans.
Trajan
C’est l’empereur qui précède Hadrien et qui l’a adopté sur le tard. Lui-même a été adopté par Nerva.
Sabine
C’est l’épouse d’Hadrien qui ne devient impératrice qu’à la mort de la femme de Tarjan, Plotine.
Plotine
C’est l’impératrice, épouse de Trajan. C’est elle qui a oeuvré pour qu’il arrive au pouvoir. C’est une grande amie pour Hadrien et une précieuse et importante conseillère.
Lusius Quiettus
C’est un ennemi d’Hadrien qui a tenté de l’assassiner. Il est exécuté avec ses complices.
Lucius
C’est un ami et amant d’Hadrien, qui l’adopte et lui donne le nom d’Aelius César. Lucius meurt et Hadrien fait adopter son fils par Antonin.
Antinoüs
C’est un jeune Grec, amant et grand amour d’Hadrien. Il se suicide pour prouver son amour à Hadrien à l’âge de 20 ans.
Antonin
C’est la futur empereur Antonin, dit le Pieux. Hadrien l’adopte alors qu’il a déjà 50 ans et il lui fait adopter Marc Aurèle (ainsi que le fils de Lucius).
Analyse de l’œuvre
L’auteure
Un éclairage succinct sur l’auteure donne des informations pour comprendre son œuvre. Marguerite Yourcenar, une auteure française du 20ème siècle, nait en 1903 d’un père français et d’une mère belge qui meurt dix jours après l’accouchement.
Elle reçoit une éducation originale et humaniste, d’autant plus pour une jeune fille de cette époque. Elle suit les voyages et les passions de son père pour la Grèce antique notamment.
C’est la première femme reçue à l’Académie française en 1980.
Ancrage temporel de l’œuvre
Si le roman a pour cadre temporel l’Empire romain antique, il entre en résonance avec son temps de rédaction et de parution.
En 1951, date de sa sortie auprès du public, le monde sort d’une guerre ayant mis en scène la barbarie nazie et les atrocités liées aux guerres. L’Occident s’interroge alors sur les fondements de sa civilisation.
Marguerite Yourcenar utilise un passé lointain pour mettre en abyme le sens de la vie contemporaine.
Elle renseigne le lecteur sur la vie antique sans asséner de lourds exposés. Ses recherches historiques et son érudition ne sont jamais exhibées. L’empereur évoque son quotidien en évoquant des détails qui ciblent la cuisine ou les vêtements, au gré de son récit. Chaque élément s’insère dans un vaste ensemble.
Hadrien évoque des éléments propres à son époque et nous fait rentrer dans son univers. On se retrouve à suivre la pensée et la logique de cet homme qui, d’une part, par exemple, loue les mérites de l’esclavage, mais d’autre part est soucieux de la condition des esclaves.
Les années littéraires 1950-1960 sont marquées par le Nouveau Roman et de nouvelles compositions stylistiques. Cependant, l’auteure choisit de traiter des sujets intemporels en utilisant des thèmes et une structure littéraire des plus classiques.
Une biographie
L’œuvre est présentée comme un roman épistolaire écrit par Hadrien, à la fin de sa vie, à son successeur Marc Aurèle, âgé de 17 ans. Le roman oscille entre le destin individuel d’Hadrien, simple mortel et le destin collectif, de l’Empire, à la tête duquel Hadrien se trouve propulsé comme égal des Dieux.
Hadrien, tout en étant Empereur cherche à cette étape de sa vie à réfléchir sur lui-même et de manière générale sur le sens de la vie. Il mène de nombreuses réflexions sur le sens de la vie où s’entremêlent des analyses psychologiques, sociales, culturelles, politiques.
En liant analyses psychologiques autocentrées et réflexions littéraires et politiques plus générales, l’auteure penche alors vers ce que l’on qualifie d’essai sur le plan littéraire.
Hadrien ne parle pas seulement de sa vie, ne donne pas uniquement des nouvelles de sa santé. En ne masquant aucun détail de son parcours politique, de son caractère ou de sa vie amoureuse, il ne se met pas toujours en valeur.
S’il se montre parfois patient, doux et visionnaire, il peut aussi être dur et violent, pour punir des traîtres ou des peuples qui se soulèvent contre l’Empire.
L’attraction pour l’autre, révélateur de soi-même
Au cours de sa lettre, Hadrien montre sa fascination pour l'”Autre”.
L’autre est représenté par de nombreuses figures :
- D’abord au sein de son Empire
Il se montre curieux de l’arpenter pour mieux le connaître. C’est un Empereur voyageur qui passe une grande partie de sa vie sur les routes du large territoire qu’il gouverne.
- Les autres civilisations
Hadrien se montre curieux des “Barbares”, tels qu’on appelle les peuples extérieurs à la civilisation romaine. Curieux de les situer, de comprendre leurs différences, sur tous les domaines imaginables : aussi bien sur le climat, que sur la faune, que sur leur “race”, que sur leurs coutumes.
Il voit les barbares comme un miroir de soi-même : s’interroger sur leur perception est un chemin de compréhension de soi-même.
- Une place à part est faite à la culture grecque
“C’est en grec que j’aurai pensé et vécu”. Hadrien est fasciné par les Grecs, leurs philosophes et la puissance de leur culture. Il s’en imprègne dès sa jeunesse et tout au long de sa vie.
- L’amoureux
Une large place est faite à l’amour et notamment à sa passion pour Antinoüs. Hadrien écrit sur sa passion lors du vivant de son amant et analyse le manque cruel laissé par sa disparition tragique.
La place de la mort
En plus de la place faite à l’amour, celle de la mort est omniprésente. Les deux se rejoignent dans la description de sa relation avec Antinoüs.
L’Empereur au crépuscule de sa vie, au corps défaillant, à la santé incertaine est confronté à sa propre mort. Cependant, tout au long du roman, il l’évoque aussi concernant des membres de sa famille, des membres du pouvoir (comme Plotine qui cumule les deux cas), de ses amours et des conséquences des guerres menées.
Envisageant le suicide pour mettre fin à sa vie terrestre, il laisse ses proches l’en dissuader et décide d’entrer “dans la mort les yeux ouverts”, en l’affrontant.
La place du pouvoir
Un des thèmes principaux du roman gravite autour du pouvoir. Au bilan de sa vie et destinant cet ouvrage à son jeune successeur, il disserte sur les enjeux du pouvoir.
Il s’oppose à la gouvernance de son prédécesseur Trajan qui a fait de la guerre et des conquêtes son cheval de bataille en s’appuyant sur l’autorité concédée par sa posture.
Hadrien a mis la pacification au cœur de son règne. Il s’est engagé à maintenir le limes sans chercher à agrandir l’Empire par de nouvelles guerres de conquêtes. Il a œuvré pour la sérénité et l’amélioration de l’administration pour plus d’efficacité.
L’Empereur est un empereur mécène soucieux des beautés du monde, de sa responsabilité dans l’héritage. Il est conscient de la puissance des civilisations, des traces qu’elles laissent, à l’image de la magnificence grecque.