Littérature

Molière, Les Précieuses ridicules : résumé scène par scène et analyse

Page de garde sur notre résumé de Les Précieuses ridicules avec présentation des protagonistes et analyse de la pièce.
Ecrit par Les Résumés

Les précieuses ridicules est une pièce de théâtre écrite par Molière, un dramaturge français, et montée sur les planches pour la première fois en 1659. Elle entre dans le genre de la comédie, et se joue en un unique acte, écrit en prose. L’histoire met en scène Magdelon et Cathos, «  les précieuses ridicules », deux jeunes provinciales qui marchent sur Paris à la recherche de l’amour et de jeux d’esprit. Dans un premier temps, Gorgibus, souhaite marier sa fille et sa nièce à deux prétendants honnêtes. Cependant, Magdelon et Cathos s’entêtent à refuser le mariage, jugeant les deux hommes trop grossiers pour se conformer à leur idéal de la romance. Blessés dans leur estime, ces derniers fomentent un stratagème en vue de se venger des deux jeunes femmes. Ils envoient ainsi deux imposteurs interagir avec les « précieuses » qui tomberont rapidement sous le charme. La honte tombe ainsi sur Gorgibus, Magdelon et Cathos.

LES PERSONNAGES

Gorgibus : père de Magdelon et oncle de Cathos. Il incarne le stéréotype du « bon bourgeois ».

Magdelon et Cathos : respectivement fille et nièce de Gorgibus. Elles incarnent les « précieuses ridicules ». La tête remplie de scénarios de romans et soumise à l’influence des salons précieux, les font rêver d’une vie romanesque. Ce sont ces idées non pragmatiques qui les amènent à éconduire leurs prétendants La Grange et Du Croisy. En effet, elles considèrent que les tempéraments des deux hommes diffèrent entièrement de l’idéal imaginé à travers leurs lectures.

La Grange et Du Croisy : incarnent les « amants rebutés ». Vexés que Magdelon et Cathos ne les aient trouvés trop « grossiers », les deux hommes décident de se venger. Ils déguisent leurs valets en gentilshommes et les envoient conquérir les « précieuses ».

Mascarille et Jodelet : respectivement les valets de La Grange et Du Croisy. Ils représentent les instruments de vengeance de leurs maîtres. En bons imposteurs, ils se conduisent en gentilshommes et charment les naïves Magdelon et Cathos.

RESUME SCENE PAR SCENE

SCÈNE 1

Première rencontre entre les personnages. La Grange et Du Croisy se sentent outrés à cause de la manière dont Magdelon et Cathos les ont accueillis. Du point de vue de La Grange, ce manquement dans les bonnes manières résulte de la « préciosité » des jeunes femmes. A ce titre, il est nécessaire d’éduquer ces dernières au travers d’une vengeance. Ainsi, il déguise Mascarille, son valet en gentilhomme et l’envoie courtiser Magdelon à force de galanteries et de mauvais vers.

SCÈNE 2

Gorgibus s’enquiert des détails de la rencontre avec les deux prétendants. La Grange maintient ses bonnes manières, néanmoins son attitude démontre son mécontentement. Gorgibus, à la fois inquiet et curieux, demande Marotte, la servante des deux jeunes femmes, des éclaircissements quant à la situation.

SCÈNE 3

Marotte, la servante, informe Gorgibus que sa fille et sa nièce sont en train de parfaire leur maquillage. Le bon bourgeois perd contenance. En effet, les caprices et artifices des deux jeunes femmes sont des plus onéreux.

SCÈNE 4

Magdelon et Cathos entrent en scène. Gorgibus s’enquiert auprès d’elles à propos de l’entrevue. Les deux jeunes femmes s’empressent d’exprimer leur mécontentement : leurs prétendants sciemment oubliés de faire preuve de galanterie. Elles s’attendaient à ce que les gentilshommes ne les courtisent ; cependant, ils ont sauté cette étape cruciale pour tout de suite parler mariage. Influencées par leurs lectures à outrance des livres basés sur le modèle précieux, Magdelon et Cathos espèrent que leurs vies se déroulent comme dans les romans. Leurs fantaisies escaladent au point où elles demandent à ce qu’on les appelle désormais Polyxène et Aminte. Gorgibus est hors de lui. Il ordonne aux précieuses d’accepter le mariage. Dans le cas contraire, il les enverrait au couvent.

SCÈNE 5

Magdelon et Cathos expriment tout le mal qu’elles pensent de l’attitude de Gorgibus au travers de mauvais vers qu’elles pensent sophistiqués.

SCÈNE 6

Marotte entre en scène et interrompt la conversation entre Magdelon et Cathos. Elle leur informe de la visite d’un nouveau personnage : Le « marquis de Mascarille ». Le titre du nouvel arrivant impressionne d’emblée les deux jeunes femmes. Elles pressent leur servante d’accueillir leur invité dans les plus brefs délais. Puis, elles quittent les lieux en vue de se refaire une beauté.

SCÈNE 7

Le marquis de Mascarille fait une rentrée remarquable, transporté par ses deux porteurs. Lorsque ces derniers lui demandent rémunération, il les paie de soufflets.

SCÈNES 8 ET 9

Magdelon et Cathos entrent de nouveau en scène suite à l’annonce de Marotte. Elles entament une discussion des plus charmantes avec Mascarille. En effet, ce dernier les charme avec ses talents d’orateurs : il s’exprime par l’intermédiaire des mauvais vers qu’affectionnent les précieuses. Ces dernières se laissent lentement mais sûrement séduire.

SCÈNE 10

C’est au tour du vicomte de Jodelet d’entrer en scène, suite à l’habituelle annonce de Marotte. Mascarille se réfère à lui comme à un « vieil ami ». Il s’agit en fait du valet de Du Croisy.

SCÈNE 11

Jodelet se prend au jeu. Les deux hommes commencent à évoquer leurs souvenirs de guerres, des souvenirs des plus palpitants. Impressionnées, Magdelon et Cathos demandent à des musiciens de jouer du violon afin d’ajouter du romantisme à l’atmosphère.

SCÈNE 12

Les musiciens entrent en scène. Des serviteurs apportent des rafraîchissements. Une ambiance de bal se met graduellement en place. Les protagonistes entament une danse.

SCÈNE 13

Du Croisy et La Grange interrompent le bal improvisé. Furieux, ils affirment avoir cherché les deux hommes partout. Ils les brutalisent et insinuent que ces derniers ne sont que des imposteurs.

SCÈNE 14

Magdelon et Cathos ne comprennent en rien la situation : deux hommes, à leurs yeux, héroïques, acceptent de se faire battre sans rétorquer. Face à l’incrédulité des précieuses, Jodelet et Mascarille prétendent que la violence étant en dessous de leur personne, ils préfèrent se laisser faire.

SCÈNE 15

La Grange et Du Croisy entrent une nouvelle fois en scène. Ils établissent la vérité : les véritables identités de Mascarille et Jodelet ne sont autres que celles de leurs valets. Puis, joignant le geste à la parole, les bourgeois ôtent les apparats de leurs serviteurs. Ensuite, pour vanter leur ressentiment, La Grange et Du Croisy questionnent les Précieuses de manière sarcastique. Ainsi dépouillés de leurs apparats, les deux valets sont-ils encore à la hauteur de leur charme ? Leurs propos énoncés, les deux gentils hommes sortent de scène. D’un autre côté, les musiciens demandent à Mascarille et à Jodelet de payer leur performance ; cependant, les deux hommes sont sans le sou.

SCÈNE 16

Gorgibus fait son apparition. Sa colère envers les deux jeunes femmes subsiste. Magdelon et Cathos promettent de faire payer cette mascarade aux personnes responsables. Mascarille et Jodelet quittent la scène, le sentiment d’humiliation étreignant leur cœur.

SCÈNE 17

Gorgibus règle la note des musiciens. Il fulmine contre sa fille et sa nièce : sa famille est désormais entièrement humiliée. Le rideau tombe sur une réplique de Gorgibus qui chasse les précieuses sans ménagement : « Allez vous cacher, vilaines ; allez vous cacher pour jamais. »

ANALYSE DE L’OEUVRE

Les précieuses ridicules de Molière est une pièce comique de Molière qui tire sa beauté du «principe du déguisement transparent ». En effet, l’écriture joue sur deux dimensions : la connaissance des spectateurs, et l’ignorance des précieuses. D’une part, le public est informé de l’identité véritable des imposteurs. Les noms choisis par Molières donnent d’ailleurs des indices supplémentaires : « Mascarille » dérive de « Masque » ; tandis de « Jodelet » fait un clin d’œil à un célèbre comédien parisien. De plus, l’attitude et les propos de ces imposteurs ne siéent guère aux codes de bonne conduite des gentilshommes de l’époque. D’autre part, l’ignorance des précieuses face à cette imposture malgré les indices apparents ajoute au comique de l’histoire.

Molière, virtuose de la langue française, joue sur deux facettes de l’humour. Le jeu des acteurs (relatifs aux gestuelles et aux scènes de bastonnades) se joint à la maîtrise verbale. En effet, le texte contient de nombreux lazzi (plaisanteries saugrenues comme les jeux de mots ou encore les grimaces). En d’autres termes, l’analyse de la pièce révèle :

Molière écrit Les précieuses ridicules comme une satire du mouvement de la « préciosité ». Ce mouvement social, intellectuel et artistique du dix-septième siècle se rencontre dans de nombreux salons parisiens, dans le cercle de la marquise de Rambouillet. La ligne de pensée de ce mouvement repose sur la volonté à raffiner les mœurs d’une part, et les relations entre les hommes et les femmes d’autre part. La « préciosité » reprend plusieurs principes de la courtoisie médiévale. Par exemple, la gente féminine représente des objets de révérence, à courtiser avec diligence et galanterie. Par ailleurs, les hommes sont encouragés à impressionner les femmes à force de prouesses et d’héroïsme.

Le mouvement de « préciosité » influence l’écriture de la pièce. Ainsi, le raffinement reste visible dans plusieurs aspects des « Précieuses Ridicules » :

  • Le vocabulaire choisi par Molière est recherché. Les mots vulgaires et/ou ordinaires sont absents du texte.
  • La mise en scène et les costumes se distinguent également par leur raffinement.
  • Précieuses Ridiculesdémontrent d’un certain raffinement des sentiments. En effet, par l’intermédiaire des deux jeunes provinciales, Molière discute des normes du mariage du dix-septième siècle. Il argumente en faveur d’un amendement dans les coutumes de l’époque : les sentiments devraient entrer en ligne de compte, aux côtés des exigences mercantiles ou des séductions brutales.

Dans l’Europe du dix-septième siècle dominée par la gente masculine, le cercle des précieux offre aux femmes une opportunité de développer leurs opinions sur la sentimentalité. Cependant, cette tendance est encore mal reçue par les hommes. Ainsi, Molière joue sur le plaisir éventuel que ces derniers retireraient des mésaventures et de l’humiliation des deux jeunes femmes.

CONCLUSION

Les salons des précieux offrent aux femmes l’opportunité de discuter de thèmes  sujets controversés comme la littérature raffinée, les poèmes, ou encore les dialogues sur la galanterie et l’amour platonique (en opposition à l’amour romantique). Le mouvement précieux tend à rechercher le raffinement au détriment de la vulgarité. Au sein de ces cercles, les femmes avancent leurs aspirations à la romance, des sentiments qui dépassent les contraintes d’argent. Néanmoins, au fur et à mesure du développement de ces cercles, les membres commencent à donner plus de valeur à la forme s’à l’essence. Aussi, le discours mielleux et/ou incompréhensible est souvent ridiculisé par les personnes vivant en dehors de la communauté des précieux.

Dans sa satire, Molière pointe du doigt les manières non naturelles de converser des précieux : la forme « raffinée » et « recherchée » est plus importante que convoyer le sens en lui-même. Les deux jeunes provinciales désirent imiter les Parisiennes dans leur conduite et dans leur manière de parler. Elles se laissent naïvement berner par les « belles paroles » des deux imposteurs, témoignant d’un manque total de réflexion. En effet, elles succombent aux phrases toutes faites, tirées des romans dont elles s’abreuvent. Pourtant, elles sont persuadées d’être plus cultivées que leurs pairs. L’humour joue particulièrement sur ces exagérations.

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