Littérature

Edgar Allan Poe, Morella : résumé, personnages et analyse

Pages de couverture de la fiche LesRésumés.com sur Morella d'Edgar Allan Poe.
Ecrit par Les Résumés

Morella est une nouvelle d’horreur écrite par l’auteur américain Edgar Allan Poe. Elle paraît pour la première fois dans le “Southern literary messenger” en 1840. Lors de sa première version, Morella réalisait un chant, un “hymne catholique” au moment de sa mort. Toutefois, ce chant fut supprimé dans les autres versions et placé dans le recueil “The raven and others poems”. Cette nouvelle a été traduite par Charles Baudelaire en français et placée dans le recueil de nouvelles : “Histoires Extraordinaires”. Explorons ensemble cette nouvelle d’horreur.

Résumé détaillé de Morella d’Edgar Allan Poe

L’histoire raconte l’expérience troublante et surnaturelle d’un homme avec sa femme, Morella. Dès leur rencontre, il ressent une étrange affection pour elle, bien qu’elle ne soit pas d’ordre romantique. Leur union est marquée par une profonde érudition de Morella et une fascination pour des écrits mystiques allemands, qui influencent également son mari. Avec le temps, la nature mystérieuse et oppressante de Morella le tourmente de plus en plus, jusqu’à ce qu’il en vienne à souhaiter sa mort.

Morella finit par mourir en donnant naissance à une fille, qui survit. Étrangement, cette enfant grandit en ressemblant de plus en plus à sa mère, non seulement physiquement mais aussi intellectuellement et spirituellement. Ce phénomène terrifie l’homme, qui commence à voir en sa fille la réincarnation de Morella.

Après plusieurs années, alors que la fille reste sans nom, l’homme décide de la baptiser. Au moment crucial, il est poussé par une force mystérieuse à prononcer le nom “Morella”. À ce moment-là, la fille s’évanouit en prononçant “Me voilà!”, confirmant la réincarnation de Morella. La fille meurt peu après, et l’homme découvre que le corps de la première Morella a disparu de sa tombe, le laissant hanté par cette présence mystérieuse pour le reste de ses jours.

Présentation des personnages

Le narrateur est celui qui nous raconte l’histoire toutefois, nous ne savons pas grand-chose sur lui. Il épouse Morella et devient “son écolier”. Cette dernière meurt en couches et il doit vivre avec cet enfant, sans lui donner de nom. Il finira par lui donner un nom le jour de son baptême à l’occasion de son dixième anniversaire. L’enfant trouvera alors la mort. Lorsqu’il ira déposer le cadavre de sa fille dans la même tombe que sa mère, il s’apercevra que cette dernière a disparu.

Morella est une très jolie femme qui jouit de nombreuses connaissances notamment sur les “écrits mystiques” et apprécie se livrer à l’étude des philosophes allemands Fichte et Schelling. Elle passe son temps à lire au lit et à enseigner à son mari des sujets relatifs aux questions d’identité et de l’être. Son état finit par se détériorer rapidement et avant de mourir en couches.

L’enfant est la fille du narrateur et de Morella. Elle se met à respirer pour la première fois lorsque sa mère expire son dernier souffle. Cette fille que le narrateur appelle “mon enfant” et “mon amour” a une croissance anormalement rapide. Par ailleurs, plus elle grandit, plus elle ressemble trait pour trait à sa mère, comme si elle et sa mère n’était en réalité qu’une seule et même personne. Elle finit par mourir lorsque son père, le narrateur, décide de la baptiser à l’occasion de son dixième anniversaire. En effet, en lui attribuant le nom de “Morella”, la jeune fille meurt avant de crier “Me voilà !

Analyse de l’oeuvre

L’inspiration de l’auteur et la ressemblance avec ses autres œuvres

Au cours de sa vie, Edgar Allan Poe a eu des relations avec de nombreuses femmes : Jane Stanard, Virginia Clemm, Mary Devereau… Ces femmes ont grandement inspiré les personnages de ses nouvelles. Virginia Clemm, sa cousine, avec laquelle il s’est marié en 1836 alors qu’elle n’était âgée que de treize ans, a inspiré Poe pour son personnage de Ligeia.
Il semblerait que Morella soit en partie autobiographique. En effet, pour créer son personnage, Edgar Allan Poe s’inspire de Mary Devereau, une femme qu’il a connue à Baltimore en 1831 et avec laquelle il s’est fiancé. Contrairement à Ligeia, Poe ne réalise pas une longue description minutieuse de Morella toutefois, il la présente comme une jeune femme séduisante, intelligente et pleine de vie. Cependant, à l’approche de sa mort, Morella, tout comme Ligeia, se concentre sur les “écrits mystiques” à la recherche d’un moyen pour dompter la mort.

Tout comme Metzengerstein ou Ligeia, Poe s’est inspiré de l’œuvre d’Edward John Trelawny, Mémoires d’un gentilhomme corsaire, dans lequel l’auteur nous confie l’empoisonnement de son épouse arabe, Zela, qui reçut des noix de muscade confites par une femme veuve française qu’il avait repoussé. L’auteur nous confie la lente détérioration physique de sa femme “De jour en jour, elle dépérissait, jusqu’à n’être guère qu’une ombre. Je ne l’ai jamais quittée, et dans ses moments de lucidité […] elle se tournait vers moi avec tendresse”. Dans Morella de Poe, la pollution psychique supplante les noix de muscade. Ligeia et Morella sont toutes deux des femmes inventées par Poe qui, grâce à leurs connaissances occultes et mystiques, aspirent à vouloir vaincre la mort. Dans ces deux histoires, le narrateur est l’époux de ses jeunes femmes qui rencontrent la mort.
Que ce soit l’époux de Morella, ou de Ligeia, ils nous font part de leurs peurs et de leurs craintes. Dans les deux histoires, nous assistons à une résurrection où la morte utilise un corps pour revenir à la vie. Toutefois, dans Ligeia, le corps est celle d’une femme morte, Lady Rowena, la seconde épouse du narrateur. Dans l’histoire de Morella, la femme morte utilise un corps vivant : sa fille, pour revenir d’entre les morts. On peut y voir une certaine forme de vampirisme. En effet, depuis l’au-delà, Morella aspire l’âme de sa propre fille pour venir y placer son âme et s’assurer un retour parmi les vivants.

Morella, un être dominateur et supérieur

Morella est une femme étrange et surnaturelle qui fait penser à un autre personnage dans l’œuvre de Poe : Ligeia. Tout comme elle, Morella est cataloguée par certains comme une sorcière, voire une vampire. C’est une femme qui jouit de nombreuses connaissances qui lui confèrent des pouvoirs. Le narrateur, lui étant inférieur intellectuellement, est complètement dominé par cette femme qui exige son respect, son attention et sa reconnaissance.
Si la femme surnaturelle a été utilisée comme un personnage d’horreur dans de nombreuses œuvres, la Morella de Poe suscite plus d’admiration que d’horreur. Nous n’avons pas à faire à une vampiresse qui viendrait se délecter des vivants, mais à une femme qui a réussi, du fait de la force de sa volonté, à se faire obéir, et ce, même par la mort. Cette volonté de puissance aurait été acquise par Morella en étudiant les philosophies allemandes. Nietzsche décrivait la volonté de puissance comme étant “l’effort pour atteindre la position la plus élevée possible dans la vie”.
Morella incarne donc le Űbermensh de Nietzsche : un être supérieur qui dépasse les limites ainsi que les attentes de l’humanité. C’est un être humain supérieur qui sait se faire obéir de la mort et imprègne son nouveau-né de son esprit en parvenant à dominer son corps jusqu’à ce qu’il devienne le sien. Devant cette résurrection christique, le narrateur est stupéfait.
Avec le baptême, le narrateur compte chasser la domination de son épouse défunte sur sa fille toutefois, le fait que son enfant meurt montre que Morella, avec les années, a réussi à dominer entièrement la fillette. Sans la puissance de Morella, l’enfant n’est plus.

Dans cette nouvelle de Poe, la femme est un mystère fascinant qui aspire l’homme et le soumet à elle. Le narrateur est sous l’emprise de sa femme, du fait de ses lectures, il devient, progressivement, obsédé par sa voix, et ce, “jusqu’à ce que cette mélodie de la langue s’infectât de terreur” puis il finit par révéler que “l’idéal du beau devenait l’idéal de la hideur”. En effet, le narrateur se rend compte de cette domination et face à cette soumission, il se confesse en révélant au lecteur : “Dirai-je que j’aspirais, avec un désir intense et dévorant au moment de la mort de Morella ?”. Le narrateur sait que seule la mort de sa femme lui permettra de retrouver sa liberté et son indépendance, toutefois, Morella lui fait comprendre qu’elle ne compte pas le laisser tranquille : “Ils n’ont jamais été, ces jours où il t’aurait été permis de m’aimer ; – mais celle que, dans la vie, tu abhorras, dans la mort, tu l’adoreras.

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