Littérature

Edgar Allan Poe, Le Canard au Ballon : résumé, personnages et analyse

Le Canard au Ballon
Ecrit par Les Résumés

En avril 1844, Edgar Allan Poe, un auteur américain, a écrit un article de journal, Le Canard au Ballon (The Ballon-Hoax) dans lequel il relatait la traversée de l’Atlantique de huit hommes, dont Monck Mason, à bord d’un ballon dirigeable en seulement trois jours. Bien plus tard, on révéla que c’était un canular. Cette œuvre est disponible dans Histoires Extraordinaires. Résumé détaillé, présentation des personnages, analyse d’œuvre, découvrons cette nouvelle du XIXème siècle d’un voyage dans les airs écrite 28 ans avant Le Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne.

Résumé détaillé de Le Canard au Ballon d’Edgar Allan Poe

ÉTONNANTES NOUVELLES PAR EXPRÈS, VIA NORFOLK ! – L’ATLANTIQUE TRAVERSÉ EN TROIS JOURS ! – TRIOMPHE SIGNALÉ DE LA MACHINE VOLANTE DE M. MONCK MASSON ! – ARRIVÉE À L’ÎLE DE SULLIVAN, PRÈS CHARLESTON, S.C., DE MM. MASON, ROBERT HOLLAND, HENSON, HARRISON AINSWORTH, ET DE QUATRE AUTRES PERSONNES, PAR LE BALLON DIRIGEABLE VICTORIA, APRÈS UNE TRAVERSÉE DE SOIXANTECINQ HEURES D’UN CONTINENT À L’AUTRE ! – DÉTAILS CIRCONSTANCIÉS DU VOYAGE !” Cet article constitue le socle de cette histoire où l’auteur va s’attacher à décrire dans un premier temps les différentes étapes qui ont permis de construire ce fameux ballon dirigeable puis nous livrer les manuscrits du journal des membres de l’équipage.

Le Ballon

Cette partie vise à raconter aux lecteurs les différentes inventions réalisées par d’illustres ingénieurs dans la navigation aérienne.
On y parle tout d’abord de deux insuccès :

  • la machine de M. Henson “fondé sur le principe d’un plan incliné” dont la rotation des ailes ne permettait pas son vol. Les expériences ont même permis de prendre conscience que sans la rotation des ailes, la machine avait tendance à aller plus loin toutefois, plutôt que de voler, elle se dirigeait vers le sol.
  • l’idée de sir George Cayley d’ajuster un propulseur à un ballon fut intéressante cependant, les ailes n’étaient pas capables de mouvoir le ballon ou de faire en sorte qu’il vole.

M. Monck Mason a eu “l’idée d’appliquer le principe de la vis d’Archimède au projet de la navigation aérienne”. L’auteur réalise une très longue description de son ballon qu’il présente à l’Adelaïde-Gallery : “Sa longueur était de treize pieds six pouces, sa hauteur de six pieds huit pouces. Il contenait environ trois cent vingt pieds cubes de gaz, qui, si c’était de l’hydrogène pur, pouvaient supporter vingt et une livres aussitôt après qu’il était enflé, avant que le gaz n’eût eu le temps de se détériorer ou de fuir. Le poids de toute la machine et de l’appareil était de dix-sept livres, – donnant ainsi une économie de quatre livres environ. […] Il pouvait se tourner à plat et se diriger en haut et en bas, aussi bien qu’à droite et à gauche, et donner à l’aéronaute la faculté de transporter la résistance de l’air, qu’il devait, dans une position inclinée, créer sur son passage, du côté sur lequel il désirait agir, déterminant ainsi pour le ballon la direction opposée.”.

M. Mason a alors l’idée de concevoir un ballon afin de réaliser un grand voyage. Au départ, il n’avait le souhait que de traverser la Manche comme il l’avait déjà effectué avec le ballon le Nassau. Il est aidé de sir Everard Bringhurst, de M. Osborne, de Robert Holland, de M. Harrison Ainsworth et de M. Henson. L’auteur s’attache ensuite à nous décrire l’appareil de façon plus technique afin de mieux comprendre l’étendue du projet et son fonctionnement.
Le “samedi matin, 6 du courant” aux alentours de onze heures, le ballon est prêt à s’envoler dans la cour de la résidence de M. Osborne située dans la Galles du Nord.

Le Journal

Le Samedi 6 avril

Bien que tout soit prêt au petit matin, le brouillard a obligé l’équipage à attendre onze heures pour partir. Le ballon s’envole et ils commencent à se diriger vers le canal de la Manche. Il décide de s’élever le plus haut possible et grimpe à une hauteur de 15 000 pieds après seulement dix minutes. Vers onze heures et demie, l’équipage aperçoit le canal de Bristol. Alors qu’ils mettent le cap vers Paris, un accident survient et le ballon met le cap vers l’Océan Atlantique. Malgré les réticences des deux marins, tout l’équipage accepte la proposition de M. Ainsworth, celle d’atteindre la côte du Nord-Amérique. On nous décrit alors la traversée aérienne du ballon sur l’Océan Atlantique. Soumis au froid et souffrant de l’humidité, l’équipage est heureux que la nacelle soit assez large. Les membres s’allongent et utilisent leurs manteaux et des couvertures pour échapper au froid. Dans un Post-scriptum, M. Ainsworth nous livre ses sensations au cours de ce périple extraordinaire dans lequel les personnages rencontrent une tempête qui immobilise les navires.

Le Dimanche 7

M. Mason nous décrit leur périple pendant lequel la tempête s’est arrêtée aux alentours de dix heures. Après avoir joui de vents propices, il se rend compte que le ballon avance moins vite et M. Mason essaie de faire élever le ballon à une hauteur de 25 000 pieds sous les coups de midi afin de trouver “un courant plus direct”. Il note également qu’ils n’ont pas connu d’incident notable ce jour-ci. Le Post-scriptum de M. Ainsworth nous indique que malgré la hauteur (“égale à celle du Cotopaxi”), ils n’ont pas froid et ne souffrent d’aucune migraine ou de difficulté à respirer. Seul M. Osborne “s’est plaint d’une constriction de la poitrine” qui a rapidement disparu. Selon M. Ainsworth, ils ont réalisé la moitié de leur chemin et il en profite pour nous décrire l’Océan depuis les cieux.

Le Lundi 8

M. Mason explique qu’ils ont eu un petit souci avec la tige du propulseur. Par ailleurs, malgré des vents favorables, l’équipage s’est alarmé de quelques petits problèmes techniques dus à l’expansion du gaz. Ils ont donc été obligés de jeter quelques bouteilles à la mer. L’une d’entre elles a été recueillie par l’Atalante, un paquebot qui fait le service de New York. Dans son Post-Scriptum, M. Ainsworth nous annonce que le temps est calme aux alentours de deux heures du matin toutefois, n’ayant pas dormi depuis leur départ, il décide de faire un somme. Selon lui, ils sont proches des côtes américaines.

Le Mardi 9

M. Ainsworth annonce que l’équipage aperçoit la côte basse de la Caroline du Sud à une heure de l’après-midi. Ils ont enfin terminé leur périple.

Bien que le journal soit terminé, les détails de la descente nous viennent de l’échange entre M. Ainsworth et M. Forsyth. Le ballon est descendu vers la plage, non loin du fort Moultrie. Lorsqu’il fut sur le sol, les habitants sont allés voir le ballon, mais, malgré les dires de l’équipage, ce long périple d’environ soixante-quinze heures paraissait incroyable. Ce voyage extraordinaire se termina sans encombre et sans dangers sérieux apportant cette fameuse question “Quels magnifiques résultats, on en peut tirer, n’est-il pas superflu maintenant de le déterminer ?”.

Présentation des personnages

La nouvelle de Le Canard au Ballon d’Edgar Allan Poe, prenant les traits d’un récit journalistique en décrivant les étapes successives de la réalisation de la machine et du périple effectué par l’équipage, la description des personnages reste très succincte.

Nous avons en tout huit aventuriers :

Robert Holland et Monck Mason, deux célèbres aéronautes. Ce dernier est celui qui a le projet de créer le ballon dirigeable, plus grand, pour renouveler l’exploit qu’il a eu avec le ballon le Nassau. Il s’est entouré des meilleurs pour mener à bien son projet. C’est également lui qui tient à jour le journal afin d’avoir une idée de leur voyage.

Sir Everard Bringhurst et M. Osborne, un neveu de lord Bentinck, deux illustres gentlemen qui s’intéressent au progrès de l’aérostation et qui ont permis d’obtenir le patronage du ballon dirigeable.

Harrison Ainsworth est un auteur de nombreux romans, dont Jack Sheppard. Il apportera de nombreux Post-scriptums dans le journal et c’est grâce à lui que nous avons les détails sur leur atterrissage. C’est également lui qui propose de rejoindre les côtes américaines à l’aide du ballon dirigeable.

M. Henson est celui qui a inventé la dernière machine volante qui, malheureusement, ne volait pas vraiment. Il fut toutefois appelé par Monck Mason pour examiner le ballon dirigeable avant qu’il ne prenne son envol.

Les deux marins de Woolwich ne sont pas très présents dans l’histoire. Nous ne savons pas exactement pourquoi ils prennent part à l’aventure. Ils sont réticents à l’idée de traverser l’Océan Atlantique à bord du ballon dirigeable, mais se soumettent à la volonté du groupe.

Hormis ces 8 aventuriers, on nous parle d’un autre personnage qui ne prend pas part au voyage, George Cayley. Ce dernier a eu l’idée d’ajuster un propulseur à un ballon afin de pouvoir faire en sorte que sa machine soit capable de voler. Mais celle-ci en fut incapable.

Analyse de l’oeuvre

Bien que l’on considère aujourd’hui Le Canard au ballon comme une nouvelle, il fut, au départ, écrit comme “une vraie information”. En effet, que ce soit en français tout comme en anglais, le mot français “canard” peut signifier un récit absurde ou faux, généralement imprimé dans un journal.
Ce texte journalistique, qui plus tard s’est révélé être un canular, a été publié dans le Sun de New York, le premier des “journaux à un penny”.
Tout comme l’œuvre de John Locke, Moon Story, qui relate les découvertes imaginaires sur la lune par l’astronome John Herschel depuis son observatoire en Afrique, Poe a adopté une démarche scientifique en apportant énormément de détails afin que son œuvre Le Canard au Ballon paraisse réelle. Les gens qui se sont mis à lire l’histoire ont été nombreux à croire que cette histoire de ballon qui se dirigeait jusqu’aux côtes américaines était vraie.
Poe se met à rédiger une brève introduction : “ÉTONNANTES NOUVELLES PAR EXPRÈS, VIA NORFOLK ! – L’ATLANTIQUE TRAVERSÉ EN TROIS JOURS ! – TRIOMPHE SIGNALÉ DE LA MACHINE VOLANTE DE M. MONCK MASSON ! – ARRIVÉE À L’ÎLE DE SULLIVAN, PRÈS CHARLESTON, S.C., DE MM. MASON, ROBERT HOLLAND, HENSON, HARRISON AINSWORTH, ET DE QUATRE AUTRES PERSONNES, PAR LE BALLON DIRIGEABLE VICTORIA, APRÈS UNE TRAVERSÉE DE SOIXANTECINQ HEURES D’UN CONTINENT À L’AUTRE ! – DÉTAILS CIRCONSTANCIÉS DU VOYAGE !” qui suscite l’envie au lecteur d’en apprendre plus sur cette aventure incroyable. Ce qui est intéressant dans ce récit, c’est la suprématie de l’homme face à la nature. À cette époque, le ciel est le seul royaume que l’être humain n’a pas encore investi. En dominant le ciel, l’être humain devient le “maître” de la terre comme le souligne cette phrase : “ L’air, aussi bien que la terre et l’Océan, a été conquis par la science, et deviendra pour l’humanité une grande voie commune et commode.”. Toutefois, ce n’est pas la victoire de l’homme, mais une victoire de la science. Effectivement, grâce à elle, l’homme a été capable de concevoir une machine “dont [il] est absolument maître.”. Par ailleurs, du fait de cette suprématie de l’homme sur son univers, Poe utilise une question qui ne peut que souligner la puissance de l’homme et sur les progrès qu’il peut atteindre : “Qui osera dire maintenant qu’il y a quelque chose d’impossible ?
Après cette introduction visant à séduire le lecteur, Poe réalise deux parties. Une première plus technique, dans laquelle il intègre des personnages réels, qui permet d’expliquer, de manière vraisemblable, les différentes étapes de création du ballon. L’objectif de Poe est de réaliser le même exploit que Locke avec son histoire : faire croire à ses contemporains la véracité de cette histoire qui, malgré la démarche scientifique et les descriptions minutieuses, est absolument imaginaire.
L’accès au journal permet de suivre le voyage de ces huit personnages lors de la traversée de l’océan Atlantique depuis leur ballon dirigeable. Les Post-Scriptums de Ainsworth permettent de susciter des émotions face à leur incroyable épopée.
Grâce à cette nouvelle, Poe montre à quel point il est facile de manipuler les masses.

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