Littérature

Edgar Allan Poe, Metzengerstein : résumé, personnages et analyse

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Ecrit par Les Résumés

Metzengerstein est une nouvelle d’Edgar Allan Poe qui a été publiée pour la première fois en 1832 à l’occasion d’un concours organisé par “The Philadelphia Saturday Courier”. En 1856, on retrouvera cette nouvelle dans Histoires Extraordinaires. À l’origine, la mère du baron jouissait d’une description, mais celle-ci fut supprimée. Découvrons ensemble cette nouvelle du 19e siècle qui a permis d’établir une certaine réputation à son auteur américain.

Résumé détaillé de Metzengerstein d’Edgar Allan Poe

La présentation du cadre par le narrateur

Le narrateur commence par nous expliquer ce qu’est la métempsycose, une croyance largement répandue dans la tradition hongroise de l’époque.
Puis il nous présente deux illustres familles qui, bien qu’elles soient voisines, sont en discorde depuis très longtemps à cause d’une prophétie : “Un grand nom tombera d’une chute terrible, quand, comme le cavalier sur son cheval, la mortalité de Metzengerstein triomphera de l’immortalité de Berlifitzing.”.
Historiquement, la famille Berlifitzing a toujours vécu dans la crainte que la prophétie ne se réalise tandis que la famille Metzengerstein jouissait de sa puissance en sachant que la prédiction leur était favorable.
Au moment où l’histoire commence, la famille Berlifitzing est représentée par Wilhelm Von Berlifitzing, un vieil homme infirme qui apprécie la chasse et les chevaux. Le jeune baron de dix-huit ans, Frédérick, devient le maître de la famille Metzengerstein lorsque ses parents trouvent la mort.

L’incendie dans les écuries de Berlifitzing

À la mort de ses parents, alors qu’il n’est âgé que de dix-huit ans, Frédérick devient le propriétaire d’un large domaine. Autant de pouvoirs en peu de temps et à un âge aussi jeune, on fait de lui un baron cruel connu pour ses débauches et ses écarts de conduite. Lorsqu’un feu se déclenche dans les écuries de la résidence Berlifitzing, Wilhelm trouve la mort et le jeune baron est accusé par le voisinage. Toutefois, pendant les faits, le baron était dans un de ses appartements, occupé à observer une tapisserie illustrant un combat entre ses ancêtres et la famille Berlifitzing. On y voit un cheval, appartenant à cette dernière, tué par un membre de la famille Metzengerstein.
Distrait par le tumulte dehors, le baron regarde par la fenêtre en direction des écuries de son rival en flamme avant de reposer ses yeux sur la tapisserie. À sa grande surprise, le cheval a changé de position. Effrayé par le regard de l’animal, le baron sort de la pièce. En allant dehors, il voit trois de ses palefreniers qui ont attrapé un cheval qui ressemble étrangement à l’animal de la tapisserie.

Un cheval pas comme les autres

Le cheval de couleur feu est gigantesque et semble n’appartenir à personne. Néanmoins, le front de l’animal a été marqué au fer par les initiales (W. V. B. Wilhelm Von Berlifitzing ?) mais lorsque les écuyers ont demandé aux membres de la famille Berlifitzing si cet animal leur appartenait, tous se sont accordés pour dire qu’ils ne l’avaient jamais vu.
Le jeune baron décide de prendre possession de ce cheval hors norme. Très vite, il délaisse ses domaines, décline les nombreuses invitations de la noblesse et passe la majeure partie de son temps avec son cheval. Frédérick noue avec cet animal une relation particulière. Il le place dans une écurie éloignée des autres chevaux et personne ne s’en occupe hormis le baron lui-même. Bien qu’il semble dépendant de ce cheval avec lequel il passe toutes ses journées, le baron semble être craintif face à cet animal. D’autant plus que l’animal est capable de réaliser des sauts qu’aucun autre cheval n’est capable de réaliser.

La Chute

Lors d’une nuit de tempête, le jeune baron se réveille et sort précipitamment pour rejoindre son cheval afin de partir avec lui vers la forêt. Inquiets, les domestiques attendent patiemment que leur maître revienne, mais un incendie se déclenche dans le palais de la famille Metzengerstein. Le feu devient incontrôlable, et ce, jusqu’au retour de Frédérick qui semble être effrayé en voyant que son cheval, devant le feu de son palais, ne recule pas et continue sa course folle. L’animal chevauche au cœur de l’incendie avec son cavalier qui meurt dans les flammes.
Le feu cesse, ne laissant qu’une couche de fumée “sous la forme distincte d’un gigantesque cheval” qui entoure le palais Metzengerstein.

Présentation des personnages

Wilhelm Von Berlifitzing n’est pas très présent dans cette nouvelle. C’est un vieux comte infirme qui porte une haine contre la famille Metzengerstein. Ce “vieux radoteur” a une passion pour la chasse et les chevaux. Il trouve la mort dans l’incendie de ses écuries.

Frédérick Metzengerstein est un jeune baron âgé de seulement dix-huit ans. À la mort de ses parents, il devient le maître d’un vaste domaine. C’est un personnage cruel et débauché connu pour ses écarts de conduite. Une relation se crée entre le cheval et le jeune baron. Ce dernier devient presque dépendant de son animal avec lequel il passe toutes ses journées. Toutefois, l’animal le conduira vers la mort.

Le cheval est un animal gigantesque et féroce de couleur feu. Lorsque le jeune baron prend possession de ce cheval qui semble n’appartenir à personne, il ne lui donne aucun nom. L’animal dispose de performances surnaturelles “on disait que parfois l’animal avait fait reculer d’horreur la foule curieuse devant la profonde et frappante signification de sa marque” et hors du commun “L’espace qu’elle franchissait d’un seul saut avait été soigneusement mesuré, et se trouva dépasser d’une différence stupéfiante les conjectures les plus larges et les plus exagérées”. Frédérick est fasciné par cette “bête” qui semble être l’incarnation du diable.

Analyse de l’oeuvre

Une nouvelle avec de nombreuses références

À travers cette nouvelle sous-titrée, “A tale in imitation of the German” (“Un conte à l’image de l’allemand”), Poe parodie, de manière implicite, les romans noirs à succès du préromantisme allemand et anglais. Tout comme les romans gothiques, l’histoire de Metzengerstein prend place dans un univers intemporel et mystérieux.
Les traits de ce jeune baron indiscipliné trouvent leur inspiration dans Mémoires d’un gentilhomme corsaire d’Edward John Trelawny. En effet, ce roman semi-autobiographique, Trelawny nous parle d’une de ses aventures qu’il a eues à Bombay lorsqu’il a lutté avec un cheval. Toutefois, après avoir dompté l’animal, Trelawny et le cheval parurent “ensemble en public comme deux personnes mariées” tout comme Metzengerstein dont “l’attachement pervers du baron pour sa monture de récente acquisition […] devint à la longue, aux yeux de tous les gens raisonnables, une tendresse horrible et contre-nature.”. L’allusion à Hérode est présente dans les deux histoires. Autant Trelawny que Metzengerstein ont une conduite qui fit “pâlir le renom d’Hérode”. Ce roi de Judée est connu pour sa cruauté extrême. En effet, pour s’assurer de n’avoir aucun rival et assurer son pouvoir, il a ordonné l’assassinat de son épouse Mariamne et de plusieurs de ses enfants.

La croyance en la métempsycose

Dans Metzengerstein, le cheval est vu comme un animal protecteur qui s’inscrit dans la croyance en la métempsycose. Le Larousse définit ce mot comme une ”Réincarnation de l’âme après la mort dans un corps humain, ou dans celui d’un animal ou dans un végétal.” et le Petit Robert comme une “doctrine selon laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs corps (humains ou animaux).”. Toutefois, Poe voyait en cette croyance une sorte d’aliénation mentale qu’il n’hésite pas à discréditer avec son narrateur dès le début de la nouvelle : “De ces doctrines elles-mêmes, de leur fausseté ou de leur probabilité, – je ne dirai rien. J’affirme, toutefois, qu’une bonne partie de notre crédulité vient, – comme dit La Bruyère, qui attribue tout notre malheur à cette cause unique – de ne pouvoir être seuls.”.
La prophétie “Un grand nom tombera d’une chute terrible quand, comme le cavalier sur son cheval, la mortalité de Metzengerstein triomphera de l’immortalité de Berlifitzing” est largement tourné au ridicule par le narrateur “Certes, les termes n’avaient que peu ou point de sens. Mais des causes plus vulgaires ont donné naissance – et cela, sans remonter bien haut, – à des conséquences également grosses d’événements.”. Ce dernier s’illustre comme un observateur sceptique concernant cette histoire dans laquelle il ne voit qu’une “superstition absurde”.

Comme nous l’illustrons dans le tableau ci-dessous, la croyance en la métempsycose règne tout au long de cette nouvelle d’Edgar Allan Poe :

Les évènements Le feu dans les écuries des Berlifitzing. Frédérick l’aurait déclenché La mort accidentelle du comte de Berlififizing Frédérick maîtrise l’animal avec lequel il noue une certaine relation La connaissance d’une certaine prophétie
Le lien avec la métempsycose Le cheval d’une tapisserie insère le passé dans le présent confirmant alors la prophétie Le jeune baron voit en ce cheval gigantesque, disposant d’un regard d’expression humaine, la réincarnation du comte La domination de cet animal dans lequel il voit le comte lui permet d’assurer une certaine suprématie sur la famille rivale tout en sachant que celui-ci sera la cause de sa mort. Lorsque le feu se déclenche au palais, le cheval s’élance dans le feu avec son cavalier Avec cette fumée qui a la forme d’un cheval, la prophétie est confirmée assurant le triomphe de Metzengerstein sur sa famille rivale

Le caractère fantastique de Metzengerstein apparaît avec cette puissance surnaturelle. Ce cheval gigantesque et incroyable, est-il réellement la réincarnation du comte Berlifitzing destiné à s’assurer que la prophétie s’accomplisse ? Si la nouvelle tente de faire comprendre au lecteur que ce cheval est animé par l’âme du comte afin de se venger de sa mort, les dires du narrateur cité plus haut nous invitent à être méfiants quant à cette prophétie et à ses éléments fantastiques qui sont insérés dans le texte. Se pourrait-il que le jeune baron ait rêvé lorsqu’il regardait la tapisserie ? Le fait que l’animal se jette dans les flammes avec son cavalier peut nous confirmer le caractère vengeur d’une puissance surnaturelle. Toutefois, nous pouvons trouver une explication logique. Lorsque le jeune baron revient de sa chevauchée en pleine nuit, l’animal semble être rapide. Nous pouvons nous demander si le cheval, pris de panique, a eu réellement le temps de s’arrêter. La mort du jeune baron ne serait alors qu’un simple accident.
La fatalité de cette nouvelle est propre à ce que l’on peut trouver dans une tragédie ou dans la mythologie grecque. Le déroulement de l’histoire et le dénouement qui vient confirmer la prophétie indiquent que tout était joué d’avance.

Le profil psychologique de Metzengerstein

Ce jeune débauché dont la conduite fait “pâlir le renom d’Hérode” indique clairement que nous avons à faire à un personnage dont la cruauté n’a pas d’égale.
Ce jeune baron orgueilleux qui dispose d’une “idée exagérée de son importance et de sa dignité” souffre d’une “anxiété accablante sur ses sens”. Le narrateur souligne sa “mélancolie morbide”. Sa disposition à faire le mal illustre clairement le dégoût profond qu’il a pour la vie. Poe n’hésite pas à faire allusion à Caligula pour définir le jeune baron : “De honteuses débauches, de flagrantes perfidies, des atrocités inouïes, firent bientôt comprendre à ses vassaux tremblants que rien, – ni soumission servile de leur part, ni scrupules de conscience de la sienne, – ne leur garantirait désormais de sécurité contre les griffes sans remords de ce petit Caligula.”. Ce personnage historique était connu pour son autoritarisme ainsi que ses nombreux “coups de folie”. Il a exécuté de nombreuses personnes de façons totalement arbitraires, il a pratiqué des relations sexuelles incestueuses. C’était un personnage nuisible et imprévisible.
Par ailleurs, il est intéressant de noter des similarités entre Metzengerstein et son auteur. Poe, tout comme le jeune baron, était soumis à la mélancolie et à de nombreux troubles nerveux. Le jeune baron peut aussi être comparé à un autre personnage d’Edgar Allan Poe, William Wilson qui était également un débauché.

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